Géographie du Nord-Pas-de-Calais![]() Le Nord-Pas-de-Calais est une petite région française constituée de deux départements, le Nord au Nord-Est et le Pas-de-Calais au Sud-Ouest. La région est composée de plaines (à l'Est : Flandre et plaines maritimes), le bas-pays et, de plateaux et collines (Avesnois, Artois, Boulonnais). Avec une superficie de 12 414 km2, la région représente 2,3 % du territoire français. La région est frontalière avec 350 kilomètres de frontière avec la Belgique et également littorale avec plus de 140 kilomètres de littoral (falaises, massifs dunaires et estuaires picards) en limites Ouest et Nord des deux départements, face au Kent (Royaume-Uni), ouvert sur la Manche et la mer du Nord. Avec quatre millions d'habitants, la région a une densité de 320 habitants par kilomètre carré ; c'est la seconde densité française la plus élevée après celle de l'Île-de-France, ce qui explique aussi un contexte très urbain et artificialisé. Les axes de transports, zones d'activité et villes y couvrent 13 % du territoire et les grandes agglomérations y polarisent deux tiers du territoire régional. La région totalise près de la moitié du stock national de friches industrielles. Néanmoins l'agriculture, intensive, occupe l'essentiel du paysage (70 % environ du territoire contre 53 % en France). Sur 2,3 % du territoire de la France métropolitaine, cette région correspond à 3 % de la surface agricole nationale. Régions naturelles et pays traditionnelsIl y a trois grandes régions géohistoriques dans le Nord-Pas-de-Calais (Flandre, Artois et Hainaut) et trois plus petites (Boulonnais, Calaisis et Cambrésis). Aux XVe et XVIe siècle, les Pays-Bas bourguignons[1] puis habsbourgeois (dont le comté de Flandre faisait partie, comme l'Artois et le Hainaut, entre autres) sont souvent appelés les Flandres au pluriel par le reste de l'Europe. Après la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), le sens du terme Flandres tend à se restreindre aux Pays-Bas méridionaux puis aux Pays-Bas espagnols, dont la Flandre proprement dite, l'Artois et la Hainaut faisaient partie[2]. C'est aussi à cette époque qu'apparait l'expression Flandre française pour désigner la partie du comté de Flandre, bien qu'espagnol, où on parlait français et picard, alors que le flamand était utilisé dans le reste du comté de Flandre, hormis par la grande bourgeoisie et l'aristocratie flamandes qui ont toujours parlé français. À partir du règne de Louis XIV, l'actuel Nord-Pas-de-Calais est connu sous le nom de Pays-Bas français[3] (ex Pays-Bas espagnols) et comprend les provinces de Flandre (Flandre française, Hainaut français et Cambrésis) et d'Artois et, la portion Nord-Ouest de la province de Picardie (Calaisis, Boulonnais, Montreuillois et Nord du Ponthieu).
Les noms de ces anciens pays et provinces du Nord-Pas-de-Calais restent très usités encore aujourd'hui, notamment avec la réintroduction de la notion de "pays" de région[7]. Les districts phytogéographiquesPour le botaniste[8], les districts phytogéographiques sont
Occupation de l'espaceRégion de faible altitude et constrastes, le Nord-Pas-de-Calais peut toutefois se diviser en deux parties. Des caps (cap Gris-Nez et cap Blanc-Nez) à l'Avesnois, en passant par les collines de l'Artois et de la Thiérache, une grande partie Ouest et Sud - près de 60 % de la superficie du territoire - offre des paysages vallonnés et bocagers. La densité humaine y est proche de la moyenne nationale française. La partie Nord-Est de la région, en revanche, appartient à la grande plaine nord-européenne qui s'étend jusqu'à l'Oural. Les reliefs (mont Cassel, mont des Cats...) y sont faibles et dispersés. Dans cette grande plaine, qui représente à peu près 40 % de la superficie régionale, se concentrent les trois-quarts de la population et l'essentiel de l'activité industrielle. L'activité humaine y est favorisée non seulement par le faible relief mais également par un intense maillage de réseaux de transports : fleuves et canaux à grand gabarits, autoroutes (A1, A16, A23, A25, A26), voies ferrées à grande vitesse, aéroport de Lesquin. AgricultureGrandes caractéristiques de l'agriculture régionaleCette région est caractérisée par une agriculture très intensive, et des grandes cultures (céréales, betteraves, pomme de terre…) qui occupent une grande part du paysage. De 1988 à 2000, le nombre d'exploitations agricoles a chuté de 31 156 à 18 036, pour une surface agricole utile (SAU) moyenne qui passait de 28 ha en 1988 à 46 ha en 2000[9]. Le nombre d'exploitations (15 049 exploitations agricoles soit 2,8 % du total national) n'est pas très élevé, mais la surface moyenne en est de 50,9 ha (Eurostat, 2003), soit plus que la moyenne nationale de 45,3 ha (Eurostat, 2003). 818 928 ha étaient cultivés dans la région en 2005, pour un total de 27 312 013 en France[10]. 3,3 % du cheptel national est élevé dans le Nord-Pas-de-Calais et la part des cultures permanentes dans la SAU régionale n'est que de 0,1 % (contre 3,8 % en France)[11]. La SAU est 68,5 % du territoire régional (contre 54,1 % en France). Selon Eurostat (2002), 19 % des exploitants agricoles avaient en 2002 d'autres revenus que ceux de l'exploitation (contre 24 % en France). L'agriculture présente des dominantes qui varient selon les petites régions : ![]()
Pollution des sols et de l'eauToute la région est (comme la région Bretagne) classée « vulnérable » au titre de la directive Nitrates qui impose dans ces zones de mettre en œuvre un « programme d'actions » (le 4e programme doit démarrer en 2009, après un bilan[12] des programmes d'action précédents et après une consultation du public[13] (close au ). La région est aussi classée à risque pour le phosphore par la convention OSPAR[14]. Ces nitrates et phosphates ont aussi une origine urbaine, voire localement industrielle, prises en compte par d'autres directives et programmes, avec l'aide de l'Agence de l'eau pour tenter d'atteindre l'objectif de bon état écologique de la Directive cadre sur l'eau et la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin. Développement ruralLa région dispose d'un Document régional de développement rural (2007-2013)[15] et un travail de prospective à horizon 2020 au regard des modifications de la PAC (Politique agricole commune) a été fait par le Conseil régional[16]. L'activité agricole et l'agroalimentaire représentaient vers 2005 70 000 emplois environ (4 % des actifs, soit le cinquième rang des régions françaises pour l'emploi agroalimentaire), mais environ 1 000 emplois disparaissent par an par non-remplacement des chefs d'exploitation. 49 000 exploitations existaient en 1970, contre environ 15 000 aujourd'hui (dont 12 000 dites « professionnelles »)[17].
Le nombre d'exploitations a chuté de 4,5 %/an de 1988 à 2000, plus vite qu'au niveau national (au profit de l'agrandissement des exploitations et moindrement de l'urbanisme)[17]
Pour ce qui est du chiffre d'affaires de l'agroalimentaire, la région est la deuxième de France, derrière la région Île-de-France (26,5 milliards d'euros) mais loin devant la Bretagne (11,3 milliards d'euros), les Pays de la Loire (7,9 milliards d'euros) et la région Rhône Alpes (7,8 milliards d'euros). Elle compte pour 14 % du chiffre d'affaires des IAA nationales[17]. Les espaces naturelsEspaces forestiersLa surface boisée régionale (forêt, bois, bosquet et peupleraie) est de 117 500 ha soit 9 % du territoire, soit le taux le plus faible de France. La forêt du Nord de la France est essentiellement composée de feuillus (chêne, frêne, hêtre et autres essences précieuses). Sur les 15 dernières années (période 1988-2003), la surface forestière s’est néanmoins accrue de 16 %, le plus fort taux de reboisement de France, la moyenne nationale étant de 4 %[18]. Par rapport à 1907, la surface boisée régionale a augmenté de 30 % (45 % dans le Pas-de-Calais). Une volonté politique régionale souhaite regagner des surfaces boisées notamment dans un cadre d'amélioration écologique. Liste des forêts de plus de 500 ha[19] : Pas-de-Calais :
Nord :
Sites classés Espaces et parcs naturelsRelief et sommetsLe relief est faible (moins de 271 mètres à la limite des Ardennes) et une partie de la région fait partie du plat pays flamand. Le relief est néanmoins contrasté : du nord au sud se succèdent :
Il faut noter l'incidence de l'exploitation du charbon sur la topographie et le fonctionnement hydrogéologique de la région. On estime à près de 2 milliards de mètres cubes le volume des charbons et terres extraits. Il en résulte des affaissements miniers ; certains secteurs ont perdu jusqu'à 24 mètres d'altitude[20].
Les monts de Baives (40 hectares) se situent à l'extrémité sud-est du parc naturel régional de l'Avesnois. D'une altitude proche de 220 mètres, formé sur un ancien massif corallien âgé de plus de 370 millions d'années, ce site est constitué des dernières pelouses calcicoles du département du Nord.
Dans le Boulonnais, des hauteurs supérieures à 200 m ou proches sont aussi répertoriées :
Hydrographie![]() Rouge : Aa Orange : Slack Bleu foncé : Wimereux Vert clair : Liane Jaune : Canche Rose : Authie Marron : Yser Bleu clair : Lys (affluent de l'Escaut) Vert foncé : Scarpe (affluent de l'Escaut) Violet : Escaut Bordeaux : Sambre (affluent de la Meuse) Gris : Oise (affluent de la Seine) Le territoire régional est inclus dans le Bassin Artois-Picardie. Les eaux superficielles sont constituées de fleuves et rivières mais également de marais (marais audomarois, marais arrière-littoraux…). Une partie de la région a été l'objet de travaux de drainage important, avec la création de canaux et de wateringues pour permettre l'exploitation agricole des terres (polders). Les eaux souterraines constituent un important réservoir d'eau potable. FleuvesRivières
LacsParmi les lacs de la région :
RisquesLe territoire est soumis à des risques d'inondations, de coulées de boue, de submersion pour la partie littorale (Calaisis par exemple), d'affaissements miniers. Les risques sismiques sont relativement faibles dans la région : le zonage mis en place en [21] classe 220 communes de la région comme ayant un risque sismique « très faible », 1011 en sismicité « faible » et les 315 communes restantes avec un risque « modéré ».
EnvironnementComme les cahiers de l'environnement régional[22], Le SRADT en 2006 dressait le constat d'un « environnement régional, globalement très dégradé », incluant « des situations d'irréversibilité (exemple des problèmes hydro-géologiques de l'ex Bassin-Minier), des situations de dégradations importantes des ressources (exemples de la biodiversité), et des problèmes croissants sur certaines thématiques (eau) ». En raison de sols bouleversés par l'agriculture[23] et les guerres, malgré quelques études basées sur la palynologie[24], le paléoenvironnement et les paysages de la Préhistoire au Moyen Âge sont encore assez mal connus. Cependant, du point de vue de l'Écopotentialités, par sa position biogéographique et la richesse de ses sols, la région a un potentiel élevé de biodiversité, qui peut s'appuyer sur une diversité paysagère importante[25].
Impact dû au développement industriel : le Nord et le Pas-de-Calais furent le berceau d'un développement industriel fondé sur l'agriculture (intensive depuis le milieu du XXe siècle) et une pêche également intensive.
Ce passé explique qu'évaluer et traiter la pollution de flux et de stock de l'eau, de l'air et des sols, la fragmentation écologique y demandent plus de moyens qu'ailleurs. Certaines pollutions, par les métaux lourds par exemple sont en diminution régulière depuis les années 1980[27], mais d'autres problèmes, nouveaux se posent (perturbateurs endocriniens, nouveaux polluants, espèces invasivesl'arrivée d'espèces invasives[28], fragmentation écologique…). Cette région a souvent été pionnière en matière d'expérimentation du développement soutenable avec par exemple le premier Parc naturel régional de France (et le plus peuplé), l'inscription du principe du développement durable (dès 1992/1993 par Marie-Christine Blandin) dans le préambule du plan régional et du contrat de plan État-Région, le développement de l'éolien, de la HQE[29] (avec le lycée de Calais), du traitement des friches industrielles par un établissement public foncier (EPF) et de corridors biologiques au milieu des années 1990. Elle publie régulièrement des évaluations de la soutenabilité de son développement, parfois avec l'Insee[30] Le conseil régional a en 2003 décidé d'adopter l'indice de développement humain comme indicateurs de soutenabilité (parmi d'autres)[31]. De même pour la transition écologique et sociale, la notion de transition écologique étant également soutenue par l'ARF et retenue par la Conférence environnementale (2012)[32]. Selon le conseil régional, les phénomènes régionaux dominant le foncier et affectant fortement l'environnement sont ceux de l'artificialisation des sols et de la fragmentation écologique des milieux, au détriment du foncier agricole notamment[33]. L'empreinte humaine est ancienne, puisqu'il semble que la déforestation d'une partie de la région était entamée dès la fin de la Préhistoire[34], et que le canal de Noeufossé qui - en reliant deux bassins versants (ceux de la Lys et de l'Aa) - empêche les migrations nord-sud d'animaux non-volants, a été creusé il y a environ 1000 ans. Les priorités environnementales du SRADDT () sont données à la biodiversité au travers d'une trame verte et bleue régionale, la maîtrise de la périurbanisation, et la lutte contre le réchauffement climatique au travers d'un « plan climat régional », avec une volonté de « mettre en cohérence les outils de planification (SCOT Schéma de cohérence territoriale, PLU Plan local d'urbanisme, PLH Plan local de l'habitat) ». Le CPER et le PO ont pour cela un chapitre « Développer une gestion économe de l’espace et constituer une infrastructure naturelle plurifonctionnelle reliant les cœurs de nature »[35]. ![]() La région compte, en 2011, trois parcs naturels régionaux : Scarpe-Escaut, Caps et Marais d’Opale, Avesnois couvrant 24 % du territoire, regroupant 21 % des communes et 12,5 % de la population ; 80 % de la faune et de la flore connues dans la région y sont présents en 2011[36]. Selon la DREAL, En 2008, on comptait également cinq réserves naturelles nationales, plus de vingt réserves naturelles régionales (dont certaines seront regroupées), 37 sites désignés au titre de Natura 2000. Début 2009, la superficie de ZPS et ZSC était de 33 350 ha, soit 2,67 % du territoire régional. Un projet de parc naturel marin des trois estuaires est en cours de développement avec l'Agence des aires marines protégées et parcs naturels marins. Localement, des formations rocheuses très originales existent dans le Chanel ; les « ridens »[37]. Depuis 2007, un appel à candidatures financé par l'ADEME et la Région propose aux territoires de projet des aides pour la mise en place de Plans Climat Territoriaux (PCT). Début 2011, 17 territoires débutaient ainsi leur PCT ou avaient engagé une dynamique de PCT, pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre et s'adapter au changement climatique. Le , un groupement d'intérêt scientifique (GIS) sur l'étude et la conservation de la biodiversité en Nord-Pas-de-Calais a été présenté au public, à l'occasion d'une présentation des 10 projets retenus par un appel à projets Région/FRB sur le thème de la biodiversité, appel renouvelé en 2011 pour d'autres projets[38]. En application de la loi Grenelle II, un SRCE est en 2012 en cours d'élaboration[39], présenté en plénière le après rédaction par l'État et la Région, en intégrant les données et le travail déjà effectué sur le thème de la Trame verte et bleue (TVB) depuis les années 1990, ce pourquoi ce Schéma s'appelle « SRCE-TVB »[39] et diverses contributions issues de la concertation (avant phase de consultation). Des cartes ou annexes supplémentaires, informatives pourront aussi enrichir et accompagner le SRCE. Littoral et milieu marinLa Côte d'Opale, sur (147 km) est caractérisée par une grande variété de milieux dont beaucoup soumis à une pression anthropique importante[40],[41],[42]. Ils sont pour 75 % environ encore considérés de grande valeur écologique. De vastes espaces dunaire (9 600 ha bordent le trait de côte sur 74 km[43], dominant le paysage littoral picard au sud de Boulogne-sur-Mer, et de la frontière belge aux contreforts du cap Blanc-Nez). Le massif dunaire couvre au total 9 600 ha de dunes (sur 74 km de côte). Une dynamique naturelle dunaire est encore localement présente, avec successions des dunes embryonnaires et dunes blanches aux dunes boisées, en passant par dune grise et ses pannes dunaires puis les pelouses dunaires et manteaux d'argousiers et buissons arrières dunaires[43]. La dune tend cependant globalement à se stabiliser à la suite des plantations de millions d’Oyats faites dans la seconde moitié du XXe siècle. Ceci se fait au détriment des milieux dunaires pionniers et au profit de l'embuissonnement. Les dunes de Wissant, celles du Fort-Vert et de l’est dunkerquois composent des paysages exceptionnels et abritent quelques espèces très rares dont la parnassie, l’épipactis des marais et le saule nain considérés comme espèces-reliques de la dernière glaciation.
Depuis les années 1980-1990 de nombreux outils de protection sont appliqués à ce territoire[44] et de gestion, et est l’un des trente cinq territoires pilotes européens, sélectionnés par la Commission Européenne en 1995 comme zone de démonstration sur l'aménagement intégré des zones côtières[43]. Une partie du littoral est considérée comme surfréquentée[43] nécessitant périodiquement des restaurations de milieux. Grâce au Conservatoire du littoral, une partie des milieux dunaires et littoraux est protégée. Le littoral est un corridor de migration aviaire d'importance paneuropéenne. L'estran côtier (zone de nourrisserie pour les juvéniles de poissons plats, et autrefois riche en crevette grise est la continuité écologique la mieux conservée. Le littoral abrite encore de nombreux milieux de grande qualité écopaysagère, faiblement touchés par l'agriculture intensive, mais qui ont été fortement isolés du reste de la région par la construction de l'Autoroute A16 aussi dit l'autoroute des estuaires. L'érosion marine est importante, et probablement exacerbée par la montée de la mer et l'urbanisation. Bien que moins que la Belgique et les Pays-Bas, cette région sera parmi les premières à être en partie submergée en cas de montée importante de la mer[46]. Zones humidesLes zones humides de la région régressent fortement depuis le haut Moyen Âge, à la suite de la poldérisation de la Flandre maritime et des grands travaux de drainage. « Les zones humides ont historiquement occupé de vastes étendues dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment du fait de la planitude d'une grande partie de la région. Les plaines et les vallées humides étaient nombreuses jusqu’à une époque parfois proche et sans les interventions sur l’hydraulique, la région serait, en toute vraisemblance, constituée de zones inondables sur environ 30 % du territoire (Dubois, 2002) »[47]. D'environ 30 % du territoire au haut Moyen Âge[48], la superficie des zones humides est tombée à moins de 1 % du Bassin Artois-Picardie (à comparer à 8 % environ du territoire en France)[49]. Hormis pour les ruisseaux et une grande partie des petites rivières, la presque totalité des berges ont été fortement artificialisées par la canalisation, rectification ou détournement de nombreuses sections de cours d'eau. Il reste deux vastes zones humides d'importance nationale ou internationale, en Scarpe-Escaut (Zone humide d'importance nationale) et le Marais audomarois (classé au titre de la Convention de Ramsar). Les étangs les plus vastes, suivis dans le cadre de la directive cadre sur l'eau, sont l'Val-Joly à Eppe-Sauvage, l'étang du Vignoble à Valenciennes, la mare à Goriaux (affaissement minier) à Raismes et l'étang du Romelaëre à Saint-Omer ainsi que les plans d’eau d’Ardres, Brèmes-les-Ardres et Guînes. Les eaux du bassin minier évacuées vers la mer par le canal de Noeufossé s'ajoutent à celles du drainage des polders de flandre maritime et des marais drainés de l'Audomarois et du Calaisis. S'ajoutent à ces séquelles industrielles les séquelles de guerre ; celles des deux guerres mondiales. Canaux et rivières ont été très dégradés aux XIXe et XXe siècles et sont localement colonisés par plusieurs espèces invasives[50],[51]. Sur le bassin Artois-Picardie onze espèces de poissons d'intérêt piscicole font l'objet de mesures de conservation : la lamproie de rivière, la lamproie de Planer, l’anguille, le barbeau fluviatile, le chabot, la bouvière, la vandoise, le brochet, le saumon atlantique, la truite de rivière et la loche de rivière. Seule la lamproie de Planer a augmenté son occurrence dans les échantillonnages faits par le CSP devenu ONEMA ; passant d'une capture dans 37 % des échantillonnages en 2004 contre 13 % en 1995 ; hotu, lamproie de rivière, flet, ide mélanote, saumon de fontaine et saumon atlantique n'étant présent que dans moins de 1 % des pêches électriques. Les anguille, la perche, le goujon, le gardon et le chabot ont des populations qui semblent stabilisées pour cette période[52]. Un SDAGE vise à retrouver le « bon état écologique des eaux » pour 2015. Cette région pourrait jouer un rôle important dans la restauration des populations d'anguille européenne dont elle a abrité d'importantes populations jusque dans les années 1960-1970. En 2008/2010, un projet de Parc naturel marin des trois estuaires est à l'étude avec l'Agence des aires marines protégées. L'Agence de l'eau a (en 2009) publié une cartographie des zones à dominante humide pour la région[53]. Forêts, boisementsSurfaces et Taux de boisement[54] : Les forêts de cette région ont depuis plus de 1 000 ans fortement reculé, au profit de l'agriculture et/ou ont été détruites ou dégradées par les guerres ; la surface forestière (rétrospectivement estimée à 600 000 hectares sous l'époque romaine) n'était plus que de 60 000 ha environ au début du XIXe siècle[55]. Le taux de boisement est ensuite remonté, mais avec de fortes variations selon les communes et cantons[56] en raison notamment de primes à l'enrésinement et à la populiculture qui des années 1960 aux années 2000. De plus, il a moins augmenté et plus lentement que dans les autres régions. Après une phase de forte régression forestière qui a suivi le haut Moyen Âge, la surface boisée a gagné 30 % au XXe siècle. Dans le Nord, des peupleraies artificielles couvraient au début des années 2000 environ 18 000 hectares soit près de deux fois la taille de la plus grande forêt régionale (forêt de Mormal), mais avec un taux variable (près de 0 % dans le Dunkerquois, pour 1,3 % dans le Nord et 0,7 % dans le Pas-de-Calais, selon l'enquête Agreste-SAA, 2002)[57]. En 2010, alors que 27 % environ de la France était boisée, le Nord-Pas-de-Calais était encore la moins boisée de France (avec environ 7 à 8 % de la région boisée sur environ 100 000 ha (privés 65 % environ, et propriété de collectivités ou d'établissements publics[58] pour 13 %, le reste étant domanial (32 %) et géré par l'ONF, avec comme cadre). Pour 36 000 ha de forêts publiques (dont 4 500 de collectivités ou d'établissements publics). Si on ne retenait que les massifs forestiers de plus de 1 000 ha (néanmoins fragmentés par des routes), il y en a huit. Un Plan forêt régional[59],[57] vise à doubler la superficie boisée de la région en 30 ans, dont en promouvant l'agrosylviculture et le boisement de friches industrielles. Biogéographie : C'est dans l'est de la région, aux pieds du massif ardennais, que la forêt est la plus présente (25,5 % du paysage, soit presque l'équivalent de la moyenne nationale[57]). L'histoire et une forte démographie expliquent donc que cette région soit celle qui dispose du plus bas taux d'espace forestier par habitant en France. Les taux de boisement n'y étaient (en 2000) que de 8,8 % pour la région Nord-Pas-de-Calais, à comparer aux 16,6 % de la Picardie voisine (source : Agreste, 2000). Depuis , un schéma régional de gestion sylvicole (SRGS) cadre les orientations forestières[60]. Depuis les années 1990, l'EPF a planté plus de 10 millions d'arbres sur plusieurs milliers d'hectares de friches réhabilitées. Plusieurs plans encourageant le boisement se sont succédé, avec en 2008 un appel à projet Trame verte et bleue ; Corridors boisés qui permet, à certaines conditions, de financer la création de massifs boisés, bosquets, boqueteaux, bandes boisées, et ripisylves ; ces espaces doivent être constitués d'essences régionales, s'insérer fonctionnellement dans le remaillage écologique de la région et faire l'objet d'un plan de gestion durable sur une durée de 10 ans à renouveler[61],[62]. Valeur écologique : Bien que fragmentée et ne couvrant que 7 à 9 % (selon les sources et définitions retenues) de la région, la forêt y constitue plus de la moitié des espaces naturels régionaux et environ 70 % des surfaces en ZNIEFF (sur 321 ZNIEFF, 170 sont enforestées pour tout ou partie). 18 sites sur 32 proposés et 28 retenus dans le réseau Natura 2000 sont des forêts[57] 1/3 des espèces régionales protégées dont une centaine sont considérées comme menacées en 2010 ont trouvé refuge dans les forêts qui abritent par exemple 31 % de la flore patrimoniale d’intérêt majeur (sur 7 % environ du territoire)[57]. 150 associations floristiques sont décrites par le guide des végétations forestières et préforestières de la région Nord-Pas-de-Calais. La surfréquentation des forêts est localement importante ; ce sont, selon l'ONF, dans les années 1990, environ six millions de personnes qui visitaient chaque année les dix forêts domaniales du Nord (22 100 ha)[57]. Les Réserves naturelles régionales et espaces naturels sensibles (ENS) incluent aussi plus de 1000 ha de zones boisées définitivement protégées[57]. Essences : les espèces régionales forestières ou bocagères les plus courantes sont : aulne glutineux, bouleau verruqueux, bouleau pubescent, charme, chêne pédonculé, chêne sessile, érable champêtre, érable sycomore, frêne commun, hêtre, merisier, orme champêtre, peuplier tremble, saule (nombreuses espèces et hybrides), tilleul à petites feuilles. Le châtaignier et le néflier sont plus rare, car nécessitant des conditions acides plus rares dans cette région. La strate buissonnière qui les accompagne naturellement est notamment constituée d'aubépine, bourdaine, cornouiller sanguin, églantier, fusain d'Europe, groseillier, houx, cerisier à grappes, nerprun purgatif, noisetier, prunellier, sureau noir, troène commun, viorne obier ou viorne mancienne. Le saule est aussi très présent et traditionnellement taillé en têtards (Saule blanc, saule cendré, saule marsault, saule des vanniers, saule à oreillette). BiodiversitéAvec des conditions pédoclimatiques très favorables, des sols parmi les plus riches et productifs d’Europe (plaines ou plateaux de l'Arrageois et du Cambraisis), la région accueillait autrefois une biodiversité élevée, ainsi que des habitats pour certains exceptionnels (dunes notamment).
Pour améliorer la connaissance, l'évaluation et la restauration de la biodiversité, le Conseil régional avec d'autres collectivités, l'État (DREAL), les CPIE et de nombreuses associations à vocation naturaliste se sont dotés (depuis les années 1990) d'outils d'observation s'appuyant notamment sur un SIG, le réseau « RAIN » des « acteurs de l'information naturaliste »), des outils de restauration, protection et gestion des milieux naturels et ruraux (Conservatoire d'espaces naturels, Conservatoire du littoral, Conservatoire botanique national de Bailleul, Conservatoire faunistique…) qui ont en 2008 permis d'acquérir ou réglementairement protéger 22 000 hectares de zones naturelles, avec 360 000 hectares en protection contractuelle (par le biais de contrats de gestion pour l’entretien courant des sites, par pâturage ou fauche, selon un cahier des charges respectueux de l’environnement) et 2 500 hectares de bande côtière préservée dans un contexte de fortes pressions touristique et urbaine. Un Observatoire régional de la biodiversité (créé en 2010) a publié en 2011 un premier état-zéro régional[67]. 5 espèces sont en danger critique d’extinction au niveau international (Rana arvalis (Grenouille des champs), Dermochelys coriacea (Tortue luth), Porzana parva (Marouette poussin), Porzana pusilla (Marouette de Baillon), Anguilla anguilla (Anguille européenne dont les populations se sont récemment effondrées)). Malgré la politique d'encouragement aux corridors biologiques, au boisement, à la trame verte et bleue (TVB) et un nombre de réserves naturelles régionales (RNR) plus élevé qu'ailleurs, la région perd encore environ une espèce de plantes tous les deux ans. De nombreux invertébrés y ont disparu. Les champignons ont beaucoup régressé sur une grande partie du territoire, même si on en compte encore environ 5 200 espèces différentes selon le dernier inventaire mycologique[68].
Biodiversité allogèneBeaucoup d'espèces exotiques ont été introduites dans cette région de passage, notamment via les ports et les canaux. Certaines sont devenues envahissantes ou invasives (exemples : renouée du Japon, renouée de Bohême, Ailante glanduleux, Berce du Caucase, Aster lancéolé, Balsamine géante, Balsamine de Balfour, Solidage du Canada, Solidage glabre, Robinier faux-acacia, érable négondo, érable à feuilles de vigne, mahonia à feuilles de houx, Phytolaque d'Amérique, peupliers baumiers et autres peupliers issus de clones introduits, cerisier tardif…[57]). Selon l'Observatoire régional de la biodiversité, la région comptait en 2011 14 espèces animales invasives avérées (et 29 potentiellement envahissantes, dont le Frelon asiatique depuis 2012) et 29 plantes invasives avérées (et 26 potentiellement envahissantes)[70]. Plusieurs espèces invasives sont en progression depuis les années 1970. Ce sont notamment des espèces aquatiques profitant dans le nord de la France des canaux et fossés, telles que jussies : Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides, Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum), Hydrocotyle fausse-renoncule (Hydrocotyle ranunculoides), des élodées (Elodea canadensis, Elodea nuttallii), les lenticules (Lemna minuscula et L. turionifera), l’Azolle fausse-filicule (Azolla filiculoides). Des espèces terrestres sont également diffusées le long des routes, friches, berges (Renouée du Japon), etc dont Lagarosiphon élevé (Lagarosiphon major), l'Egéria dense (Egeria densa), l'Orpin de Helms (Crassula helmsii)[71],[28]. Notes et références
Pour approfondirBibliographie
Articles connexes
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