Érable sycomoreAcer pseudoplatanus Acer pseudoplatanus
Érable sycomore.
Répartition géographique L’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) est une espèce d'arbres de grande taille de la famille des acéracées fréquente en Europe. Il appartient à la section Acer de la classification des érables selon de Jong (1976). Il s'agit d'un arbre à croissance rapide les premières années, et qui rejette facilement de souche quand il est coupé. L'érable sycomore ne doit pas être confondu avec l’espèce voisine Acer platanoides, l'érable plane ou érable platane dont le bout des feuilles est plus acéré. Selon l'ENGREF[1] l'érable sycomore serait plus sensible à la maladie de la cime mais moins exigeant en lumière et moins xérophile que l'érable plane. On l'appelle parfois faux platane, grand érable, ou érable de montagne, plus rarement érable blanc. Historique et dénominationL'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1753[2]. Synonymie
ÉtymologieSon nom commun de sycomore lui vient de la ressemblance supposée des feuilles avec celles du figuier sycomore ou figuier d'Égypte (du grec συκóμορος, lui-même composé des mots συκον (la figue) et μόρον (la mûre), les feuilles de ce figuier rappelant aussi celles du mûrier). Le nom de genre Acer, donné par Linné à tous les érables, signifie « dur » en latin, se rapportant aux propriétés du bois. L'épithète spécifique pseudoplatanus signifie « faux platane », découlant de l'aspect des feuilles qui rappellent faussement, ou vaguement, celles du platane. L'érable plane a quant à lui des feuilles bien plus ressemblantes à celles du platane, et a donc reçu le nom de platanoides, car ce fut pour Linné le caractère de détermination le plus évident concernant ces deux espèces d'érables. DescriptionL'érable sycomore est un grand arbre à tige élancée, pouvant atteindre 35 à 40 m de haut et un diamètre de 3,5 m (à 1,5 m de hauteur au-dessus du sol). Sa durée de vie peut atteindre les 500 ans.
L’écorce est d’abord lisse et gris jaunâtre, puis gris rougeâtre et de plus en plus foncée sur les arbres âgés où elle se détache en s’écaillant en larges plaques, ce qui différencie cette espèce de l'espèce proche Acer platanoides (érable plane). Les feuilles, opposées (comme chez tous les érables), caduques, sont palmées avec cinq lobes pointus, à dents obtuses, séparées par des sinus aigus. Ces feuilles, à long pétiole (légèrement cordiforme à la base), sont glabres et vert sombre à la face supérieure, vert glauque portant des poils sur les nervures à la face inférieure. Il ne fleurit que vers 20 à 25 ans. Les fleurs de couleur vert jaune, groupées en panicules tombantes, apparaissent après les feuilles, à la différence de celles de l'érable plane dont les fleurs groupées en corymbes dressés apparaissent avant les feuilles. Elles ont cinq sépales soudés, cinq pétales et huit étamines dressées. Les fruits sont des disamares dont les ailes sont écartées, formant un angle beaucoup moins ouvert que celles des disamares de l'érable plane. Autécologie et écologieIl préfére des sols riches et plutôt calcaires à modérément acide. On le rencontre en général en peuplements disséminés au milieu des autres espèces. C’est notamment un compagnon du hêtre et du sapin sous des climats frais et humides. On le considère généralement comme une essence de demi-ombre qui supporte assez bien l'ombre[4]. Cependant, comme le frêne élevé, il possède une stratégie de croissance et de captation de la lumière typique d’une essence de trouée, qui le rend également apte aux systèmes bocagers. Plus la lumière est disponible, plus il croît vite et de manière importante. Il ne peut, comme le hêtre, réduire sa croissance fortement quand il manque de lumière et ainsi attendre longtemps le retour d'une situation plus ensoleillée. Il montre néanmoins sous le couvert d'autres arbres (au stade buissonnant notamment) une relative plasticité en sur-développant la feuillaison du sommet de la couronne, avec un houppier en forme de parapluie pour mieux capter la lumière[5]. On le trouve jusqu'à 1 600 m d'altitude (notamment dans les hêtraies sapinières matures des Pyrénées). C'est une essence parfois abondante (en taillis sous futaie notamment), mais toujours disséminée, mélangée avec d'autres espèces (hêtre et sapin le plus souvent). Dans la moitié nord de son aire, en plaine, on le trouve dans les chênaies-charmaies au sol riches et frais, dans les forêts ripicoles mais aussi dans les boisements spontanés des friches anthropiques où il se comporte alors en essence pionnière de lumière. Dans des conditions favorables, il fait preuve d'une bonne régénération naturelle soit à partir des graines qui se disséminent relativement bien par anémochorie, soit à partir des rejets de souches. Cet arbre pousse parfois spontanément sur des friches polluées où des chercheurs se demandent quels arbres utiliser pour la phytoremédiation. On a par exemple montré, pour des retombées aériennes, que le plomb (marqué par l'isotope 210Pb) et le zinc (isotope 65Zn) se déplacent de manière très différente dans les cellules du phloème d' Acer pseudoplatanus : Le Zn se déplaçant facilement verticalement et horizontalement dans l'arbre, mais le plomb ne s'y déplaçe pas (ou mal, hormis dans la feuille sur laquelle il a été appliqué)s[6]. Aspects sylvicoles et utilisationsSans être véritablement un « bois précieux » (il est classé « bois noble » ou « semi-précieux »), il est recherché par les sylviculteurs qui essaient de le favoriser, car c'est un bois dur et très homogène, clair et de couleur jaune-blanc à blanc, facile à travailler, précieux quand il est de belle qualité et encore avantagé par un fût souvent presque parfaitement cylindrique et une croissance initiale très rapide.
MaladiesSur les lisières plus exposées aux aléas climatiques (sécheresse, chocs thermiques, exposition aux UV et à l'ozone…) ou à l'ombre de dominants, il est souvent victime de deux maladies fongiques. Les deux affections principales sont :
Les attaques de la maladie dans un peuplement s'arrêtent spontanément sans intervention humaine quand il n'y a plus d'épisode de sécheresse / canicules récent. Aucune mesure curative n'est connue. la prévention consiste à bien prendre en compte les caractéristiques autécologiques de cet érable, en particulier qu'il apprécie un demi-ombrage, une répartition disséminée dans l’espace et un sol plutôt riche, frais, aéré et profond[9]. La pollution de l'air et le climat urbain (air nocturne plus doux, air déshydraté) pourraient être un autre facteur d'exacerbation de ces maladies.
DistributionCette espèce est répandue en Europe centrale et occidentale : France métropolitaine (y compris en Corse), Benelux, Allemagne, Suisse, Autriche, Roumanie, Bulgarie, Pologne, Russie, ainsi qu’autour de la Méditerranée (Espagne, Portugal, Italie, Albanie, ex-Yougoslavie, Grèce), en Asie Mineure (Turquie) et dans la région du Caucase. Préférant les climats frais et humides, il pousse en plaine et à moyenne altitude dans la partie septentrionale de son aire de distribution (comme en Belgique et dans le quart nord-est de la France), tandis que c’est typiquement un arbre des zones montagneuses dans la partie méridionale de son aire. On le rencontre jusqu’à une altitude de 1 500 à 1 900 m en France. Introduit et naturalisé ailleurs. UtilisationL'érable sycomore est cultivé comme arbre d’ornement. Il est notamment planté comme arbre d’alignement le long des routes, ainsi que dans les parcs. Il en existe de nombreuses variétés à feuilles décoratives, panachées ou plus ou moins profondément découpées. Il est également très utilisé comme essence de reboisement car sa croissance est rapide et son bois de grande qualité. Les forestiers le classent parmi les feuillus précieux et préconisent de le planter en mélange avec d'autres essences à croissance rapide telles que le frêne et le merisier. Son bois, blanc et assez dur, est utilisé en ébénisterie et en tournage, ainsi qu'en lutherie : dos, éclisses et manche de violon (sycomore ondé). Il servait autrefois à la fabrication des sabots. Il fournit un excellent bois de chauffage. Son nom est donné à un des parfums conçus par Gabrielle Chanel en 1930 en souvenir des érables des jardins de son enfance en Auvergne[10]. Variétés décoratives
SymboliqueLe Sycomore est symbolique du chagrin d'amour dans le théâtre shakespearien, et plus largement, dans le théâtre élisabéthain. Cela proviendrait du jeu de mots Sickamour (sick : malade en anglais). Par exemple, dans Othello, dans la célèbre "Chanson du Saule" (IV, 3), la servante Barbara évoquée par Desdémone "venait s'asseoir en pleurant près d'un sycomore" (traduction Y. Bonnefoy, édition Folio théâtre, p. 399). Implication dans une maladie mortelle chez les chevauxLes plantules et les disamares (fruits ressemblant à des « hélicoptères ») de l'érable sycomore semblent à l'origine d'une maladie mortelle fulgurante chez les chevaux, apparue dans les années 2000. La myopathie atypique des équidés (MA)[11],[12] semble provoquée par une toxine, l'hypoglycine A, produite par les samares et dont l'ingestion déclenche chez les chevaux des symptômes proches d'une autre maladie équine connue, la myoglobinurie. Des recherches sont actuellement encore en cours, mais la relation entre cette maladie et l'érable sycomore (en Europe) ou l'érable negundo (en Amérique du Nord) semble établie[13],[14]. Voir aussiArticles connexesLiens externes
Notes et références
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