Lors de la construction de la fontaine, le boulevard de Sébastopol se prolongeait vers le Sud et englobait tout cet axe, y compris l'actuel boulevard Saint-Michel, alors appelé « boulevard de Sébastopol (rive gauche) », jusqu'au carrefour de l'Observatoire (croisement avec l'avenue de l'Observatoire). La fontaine se trouvait donc sur le boulevard de Sébastopol, et était aussi appelée « fontaine de Sébastopol ».
La première idée a été d'ériger une énorme statue de Napoléon Ier mais elle fut abandonnée, et devant l'insistance de la commission municipale — qui voulait rappeler le souvenir de la chapelle Saint-Michel en la Cité, démolie en —, ce fut finalement la lutte du Bien contre le Mal qui fut retenue comme programme : l'archange Michel terrassant le Diable dans un arc de triomphe entouré de chimères (ou dragons) ailées[2].
L'emplacement de la fontaine Saint-Michel était ingrat[2] : en contrebas du pont Saint-Michel, contre un pignon très haut et mal éclairé, orienté plein nord.
La fontaine a été conçue par l'architecte Gabriel Davioud, aidé de Flament et Simonet, inspecteurs des travaux[3]. Les travaux de fontainerie ont été exécutés par Halo sous la direction de l'ingénieur Belgrand[4]. La statue de Saint-Michel a été fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[5],[6],[7],[8].
Cette fontaine, dont le chantier a commencé en , fut inaugurée le [9]. Elle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].
« L'AN MCMXLIV DU 19 AU 25 AOÛT APRÈS CINQUANTE MOIS D'OCCUPATION ALLEMANDE LE PEUPLE DE PARIS À L'APPROCHE DES ARMÉES LIBÉRATRICES SE SOULEVA CONTRE L'OPPRESSION »
chimère de droite :
« À LA MEMOIRE DES SOLDATS DES FORCES FRANÇAISES DE L'INTÉRIEUR ET DES HABITANTS DES Ve ET VIe ARRONDISSEMENTS QUI SUR CES LIEUX TROUVÈRENT LA MORT EN COMBATTANT »
Réception critique
La critique a été globalement négative[2] à l'inauguration de la fontaine en .
Bien que certains aient tenté de défendre la fontaine en comparant sa polychromie à celle des fontaines italiennes du XVIIIe siècle[13], son style éclectique a été attaqué pour son incohérence ainsi que la trop grande profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel[14].
L'emplacement de la statue devant un mur a également été critiqué[15] ; on aurait préféré la voir au centre de la place. En fait, la fontaine Saint-Michel est la dernière fontaine-mur construite à Paris dans la tradition renaissante, ouverte par la fontaine Médicis au XVIIe siècle et poursuivie au XVIIIe siècle avec la fontaine des Quatre-Saisons. Les fontaines monumentales postérieures à la fontaine Saint-Michel sont isolées au centre de places ou de squares.
« Dans ce monument exécrable, On ne voit ni talent ni goût, Le Diable ne vaut rien du tout ; Saint Michel ne vaut pas le Diable. »
— quatrain anonyme consacré aux sculptures de la fontaine Saint-Michel[16],[17]
↑Nicolas Jacquet, Curiosités du Paris haussmannien : coutures et secrets de fabrication d'une capitale, Paris, Parigramme, , 191 p. (ISBN978-2-84096-852-8).
Laurent Baridon, « Sculpter l'indicible : Crises de l'allégorie autour de », Romantisme, no 152, , p. 87–107 (DOI10.3917/rom.152.0087, lire en ligne), en particulier « La fontaine Saint-Michel à Paris : Un programme allégorique en » p. 88–92.
Dominique Jarrassé, chap. III « Les fontaines et le décor urbain », dans Gabriel Davioud, architecte : – (catalogue de l'exposition à la mairie du 16e arrondissement et à la mairie du 19e arrondissement, –), Paris, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, , 111 p. (BNF34686579), p. 43–54, en particulier p. 45–46 pour la fontaine Saint-Michel.
Dominique Jarrassé, « La fontaine Saint-Michel : Le classicisme controversé », Archives d'architecture moderne, no 22, , p. 80–87.
Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN978-2-915345-05-6).
Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN2-905-118-80-6).