La famille de Fieubet est une famille française de la noblesse de robe de l'Ancien Régime, implantée à Toulouse et à Paris du XVIe au XVIIIe siècle. Ses membres sont des magistrats des deux parlements de Toulouse et de Paris et des administrateurs au service du roi, insérés dans un dense réseau de familles alliées. Ils sont propriétaires de seigneuries dans le pays toulousain et le Blésois, ainsi que d'hôtels particuliers à Toulouse et à Paris. Ils soutiennent les hommes de lettres de leur temps. La famille s'éteint au cours du XVIIIe siècle.
A l'origine, Toulouse et le Languedoc
Les Fieubet possèdent les seigneuries de Castanet et de Caumont et accèdent au secrétariat des Etats de Languedoc en 1586[1]. Ils acquièrent ensuite des charges au Parlement de Toulouse où ils occupent le premier rang avec Gaspard de Fieubet, premier président au Parlement de Toulouse de 1653 à 1686[2]. Il est le relais de la politique royale dans le Midi, notamment contre les protestants[3].
Son père, Guillaume de Fieubet, est mort avant d'avoir pu occuper sa charge de premier président du Parlement de Provence. Cette branche est alliée aux principales familles parlementaires de Toulouse : les Maniban, les Mauriac, les d'Ossun, les Cassaigneau, etc[2].
Parlementaires et financiers en réseau
Une branche de la famille s'installe au cours du XVIIe siècle à Paris. Ses membres entrent au service du roi, s'occupant de finances. Ainsi, Gaspard II de Fieubet est trésorier de l'Épargne, comme son beau-père Jean Ardier. Par leurs alliances réitérées avec la famille Ardier et la famille Blondeau, les Fieubet sont directement liés avec le milieu de la ferme des gabelles, tenue par la compagnie de Thomas Bonneau. Ces réseaux familiaux sont à la fois des serviteurs de l'État et les bailleurs de fonds de la monarchie, qui a constamment besoin d'argent[4]. En décembre 1651, les trois trésoriers de l'Épargne, alliés aux Fieubet, ont ainsi 11 millions de livres de créances sur l'État[5].
Un buste en marbre de Gaspard II de Fieubet a été réalisé en 1644. Il fait partie des collections du musée du Louvre et est localisé au château de Versailles[6].
Néanmoins, les Fieubet restent une famille de la robe moyenne : ils n'accèdent pas aux secrétariats d'État ni aux titres de noblesse élevés, ils sont peu nombreux à entrer dans l'armée et n'accèdent pas à l'épiscopat[2].
Riches propriétaires
Les Fieubet accumulent les seigneuries. Ils sont seigneurs de Castanet, de Caumont, de Cendray, de Ligny, de Nevillon, de Launac. Gaspard Ier de Fieubet acquiert la vicomté du Monteil vers 1645, mais les Fieubet la revendent vite, en 1657[12]. De la famille Ardier, ils héritent de la vicomté de Beauregard et de la seigneurie de Vineuil, près de Blois[13]. Le château de Beauregard est richement meublé[8] et comporte une galerie de portraits de personnages illustres[14].
La branche toulousaine se termine la première, en 1711, avec la mort sans postérité de Gaspard de Fieubet, conseiller au Parlement de Toulouse[2]. Il est membre de l'Académie des Jeux Floraux[19]. La branche parisenne dure deux générations de plus et se termine avec la mort, en 1767 d'Arnaud-Pierre de Fieubet, brigadier des armées du roi, un des seuls de la famille à être entré dans la carrière des armes[2].
Personnalités et propriétés
Dalle funéraire d'Arnaud de Fieubet dans l'église de Mervilla (Haute-Garonne)
Dalle funéraire d'Élisabeth de Fieubet (morte en 1656), de son mari Nicolas de Nicolaï et de leur fils dans l'église de Goussainville
Cette généalogie est établie d'après deux sources :
Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
Jules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.
Etienne de Fieubet, seigneur de Castanet et de Caumont, époux de Marie de Roquette, fille de Jacques de Roquette.
Etienne de Fieubet, seigneur de Castanet et de Caumont, époux de Girarde de Gaude.
Arnaud de Fieubet (mort en 1599 ou le 13 décembre 1628), secrétaire des Etats de Languedoc à partir de 1586, époux de Jeanne de Madron.
Louis-Gaspard de Fieubet (1690 - 27 février 1762), seigneur de Beauregard, de Vineuil et de Castanet, conseiller au Parlement de Paris, époux de Marie-Anne du Molin, fille de Pierre du Molin.
Gaspard Pierre Louis de Fieubet (1714 - 5 août 1731), seigneur de Vineuil.
Arnaud-Pierre de Fieubet (1700 - 25 mai 1767), seigneur de Sivry, brigadier des armées du roi, époux de Catherine-Henriette Feydeau, fille de Henri Feydeau.
Gaspard-Louis de Fieubet (26 mai 1732 - mars 1750).
Catherine-Henriette de Fieubet (née le 20 août 1733), épouse le 2 mai 1732 Mathias Raoul comte de Gaucourt, maréchal de camp.
Élisabeth-Antoinette de Fieubet épouse le 20 août 1722 Antoine-Louis Lefèvre de Caumartin, maître des requêtes, conseiller d'État, dont postérité
N... (mort en janvier 1686) seigneur de Marrival ;
Gaspard de Fieubet, mort sans alliance le 16 septembre 1722, seigneur de Soisy, maître des Comptes (1697) président en la Chambre des Comptes (1705-1721).
Louise de Fieubet (morte en novembre 1698), épouse de Jean de Longueil, président à mortier au Parlement de Paris.
Anne de Fieubet, chevalier de Malte le 20 juillet 1635.
Guillaume de Fieubet (1585-1636), premier président du Parlement de Provence épouse le 2 février 1622 Marguerite de Saint-Pol, fille de Jacques de Saint-Pol, maître des requêtes.
Gaspard de Fieubet (1622- 8 novembre 1686), premier président du Parlement de Toulouse, époux de : 1- le 3 mars 1648 Marguerite de Gameville (morte le 30 janvier 1671), fille de Philippe de Gameville seigneur de Montpapou 2- le 5 mars 1680 Gabrielle-Éléonore de Nogaret de La Valette (morte le 2 décembre 1708), fille de Jean de Nogaret de La Valette.
Marie-Marguerite de Fieubet, épouse de Jean-Guy de Maniban, président à mortier au Parlement de Toulouse.
D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent et en pointe d'une montagne isolée de même[20]
À l'époque moderne, les armoiries de ce type sont nombreuses. Le chevron d'or sur champ d'azur est la pièce honorable la plus utilisée, parce qu'il représente l'idée d'élévation. Il est souvent accompagné d'un meuble en pointe[21].
Voir aussi
Bibliographie
François Bluche, Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Economica, (1re éd. 1960), 481 p. (ISBN2-7178-0988-0).
Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
Daniel Dessert, L'argent du sel. Le sel de l'argent, Paris, Fayard, , 301 p. (ISBN978-2-213-66276-3).
Charles Frostin, Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV : Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-3211-3, lire en ligne).
Mathieu Stoll, Servir le Roi-Soleil. Claude Le Peletier (1631-1711) ministre de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 416 p. (ISBN978-2-7535-1705-9).
Jules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.
↑Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
↑ abcde et fJules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.
↑Jack Thomas, « Rendre ceux de la RPR invisibles et muets : le parlement de Toulouse, les grands jours de Nîmes et les protestants (1656-1682) », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, vol. 126, no 1, , p. 105–122 (lire en ligne, consulté le ).
↑Daniel Dessert, L'argent du sel. Le sel de l'argent, Paris, Fayard, , 301 p. (ISBN978-2-213-66276-3).
↑Olivier Poncet, « Trésor de l'Épargne, trésor royal », Dictionnaire de l'Ancien Régime, , p. 1227-1230.
↑Flavie Leroux, Les maîtresses du roi. De Henri IV à Louis XIV, Ceyzérieu, Champ Vallon, coll. « époques », , 422 p. (ISBN979-10-267-0852-0).
↑ ab et cFrançois Bluche, Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Economica, (1re éd. 1960), 481 p. (ISBN2-7178-0988-0).
↑Mathieu Stoll, Servir le Roi-Soleil. Claude Le Peletier (1631-1711) ministre de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 416 p. (ISBN978-2-7535-1705-9).
↑Charles Frostin, Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV : Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-3211-3, lire en ligne).
↑Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN978-2-87673-547-7).
↑Z. Toumieux, « La vicomté du Monteil », Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, vol. 9, , p. 65-273 (lire en ligne).
↑Agnès Chabat-Beylot, « Le château de Beauregard au temps des Ardier », Mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, vol. 50, , p. 139-150 (lire en ligne).
↑Nicolas Vernot, « La signification des armoiries françaises à l’époque moderne : nouveaux axes de recherche », Revue française d’héraldique et de sigillographie - Études en ligne, no 5, , p. 1-24 (lire en ligne [PDF]).