Un sous-ensemble U de X est dit « séquentiellement ouvert » si toute suite (xn) de X qui converge vers un point de U « appartient à U à partir d'un certain rang »[1].
Un sous-ensemble F de X est dit « séquentiellement fermé » si la convergence d'une suite (xn) de F vers x implique que x appartient à F.
Le complémentaire d'un sous-ensemble séquentiellement fermé est séquentiellement ouvert et vice-versa. Tout ouvert (resp. fermé) de X est séquentiellement ouvert (resp. fermé) mais les réciproques sont fausses en général, ce qui motive la définition suivante.
L'espace X est dit séquentiel s'il satisfaisait l'une des conditions équivalentes suivantes :
tout sous-ensemble séquentiellement ouvert de X est ouvert ;
tout sous-ensemble séquentiellement fermé de X est fermé.
Les espaces « qui peuvent être définis complètement ne connaissant que leurs suites convergentes » ont fait dans les années 1960 l'objet de nombreuses études, que S. P. Franklin a synthétisées et généralisées[4],[5].
Les sous-ensembles séquentiellement ouverts forment une nouvelle topologie sur X ; l'espace est séquentiel si et seulement si sa « topologie séquentielle » (plus fine a priori) coïncide avec sa topologie originelle[6].
Moins trivialement, les propriétés suivantes sont équivalentes[6] :
pour tout espace topologique Y et toute application f : X → Y, f est continue si (et seulement si) elle est séquentiellement continue en tout point x de X, c'est-à-dire que pour toute suite de points (xn) convergeant vers x, la suite (f(xn)) converge vers f(x).
Exemples
Tout espace métrisable est séquentiel, en particulier tout espace discret.
Tout CW-complexe aussi (comme quotient d'un espace métrique), sans être nécessairement à bases dénombrables de voisinages (cf. le bouquet de cercles ℝ/ℤ).
En anglais «sequential closure»; on verra ci-dessous que traduire littéralement par «fermeture séquentielle» serait maladroit.
Soit un sous-ensemble d'un espace , l'adhérence séquentielle est l'ensemble :
c'est-à-dire l'ensemble de tous les points pour lesquels il existe une suite d'éléments de qui converge vers . (C'est un sous-ensemble de l'adhérence ordinaire .)
Une partie est donc séquentiellement fermée si et seulement si elle est égale à son adhérence séquentielle.
L'application
est appelée opérateur de fermeture séquentielle.
Elle partage des propriétés avec l'adhérence ordinaire, notamment :
l'ensemble vide est séquentiellement fermé :
toute partie est incluse dans sa fermeture séquentielle :
Autrement dit : l'adhérence séquentielle d'une partie A de X n'est pas toujours séquentiellement fermée.
La plus petite partie séquentiellement fermée de X contenant A (l'adhérence de A pour la « topologie séquentielle » définie ci-dessus) s'obtient en itérant cette construction par récurrence transfinie[12] :
On appelle ordre séquentiel de la partie A le plus petit ordinal α pour lequel A(α) est séquentiellement fermé et ordre séquentiel de l'espace X la borne supérieure des ordres séquentiels de ses parties. Ces ordres sont au plus égaux au premier ordinal non dénombrable.
Si X est séquentiel on a donc :
Espace de Fréchet-Urysohn
Les espaces de Fréchet-Urysohn[13] – d'après Maurice Fréchet et Pavel Urysohn – sont ceux pour lesquels l'adhérence séquentielle coïncide avec l'adhérence ordinaire, c'est-à-dire :
Autrement dit : ce sont les espaces séquentiels dont l'ordre séquentiel est égal à 1.
Un espace est de Fréchet-Urysohn si et seulement si chacun de ses sous-espaces est séquentiel.
Également, un espace X est de Fréchet-Urysohn si et seulement si, pour tout espace topologique Y, toute application f : X → Y et tout point x de X, f est continue au point x si (et seulement si) elle est séquentiellement continue en ce point[14], c'est-à-dire si f(un) tend vers f(x) pour toute suite (un) qui tend vers x.
Exemples.
Tout espace à bases dénombrables de voisinages est de Fréchet-Urysohn.
Un exemple d'espace de Fréchet-Urysohn qui n'est pas à bases dénombrables de voisinages est le bouquet de cercles ℝ/ℤ.
Le prototype d'espace séquentiel qui n'est pas de Fréchet-Urysohn est l'espace d'Arens[15]. Plus précisément : un espace séquentiel est de Fréchet-Urysohn si et seulement s'il ne contient pas de copie de cet espace[8] et on peut l'utiliser pour construire, pour tout ordinal α ≤ ω1, un espace séquentiel dont l'ordre séquentiel est égal à α[16].
↑C'est-à-dire qu'il existe N tel que xn est dans U pour tout n ≥ N.
↑(de) J. von Neumann, « Zur Algebra der Funktionaloperationen und Theorie der normalen Operatoren », Math. Ann., vol. 102, no 1, , p. 370-427 (lire en ligne), p. 380
↑(en) D. H. Fremlin, Measure Theory, vol. 4, Torres Fremlin, , 945 p. (ISBN978-0-9538129-4-3, lire en ligne), chap. 4A2 (« Appendix, § General topology »), p. 331
↑(en) V. V. Fedorcuk, « Fully closed mappings and the consistency of some theorems of general topology with the axioms of set theory », Math. USSR, vol. 28, , p. 1-26
↑(en) Alan Dow, « Sequential Order », dans M. Pearl Elliott, Open Problems in Topology, vol. II, Elsevier, (ISBN9780080475295, lire en ligne), p. 125-127
↑Selon (en) Woo Chorl Hong, « Some necessary and sufficient conditions for a Fréchet-Urysohn space to be sequentially compact », Commun. Korean Math. Soc., vol. 24, no 1, , p. 145-152 (lire en ligne), ces espaces sont appelés
↑(en) A. V. Arhangel'skiĭ et S. P. Franklin, « Ordinal invariants for topological spaces », Michigan Math. J., vol. 15, no 4, , p. 506 (lire en ligne)