Eadweard MuybridgeEadweard Muybridge
Eadweard Muybridge, pseudonyme d'Edward James Muggeridge, né le à Kingston upon Thames dans la banlieue de Londres, et mort dans sa ville natale le , est un photographe britannique, renommé pour ses décompositions photographiques du mouvement (zoopraxographie, littéralement « description de la locomotion animale »). CarrièreDébutsIl part aux États-Unis en 1855 en passant, comme la plupart des émigrants, par New York, puis Las Vegas, où il commence à travailler. Eadweard Muybridge devient libraire-éditeur . Un grave accident de diligence en 1860 peut être vu comme l'explication d'un tempérament fantasque et morne, au point que certains le considéreront plus tard comme dérangé. Après quelques courtes semaines d'hospitalisation sur place au Texas, il reprend son voyage vers l'Angleterre où il se rendait pour l'édition. D'abord très diminué dans ses capacités d'attention, il y est pris en charge par un spécialiste réputé, Sir William Gull, puis étudie la photographie pendant sept ans, en partie dans le contexte de sa thérapie de réhabilitation. Il y fait des investissements considérables pour obtenir le matériel photographique le plus performant de l'époque. Ses études terminées, il est de retour à San Francisco en 1867. Le 19 octobre 1874, le San Francisco Examiner révèle que le photographe est accusé d'avoir assassiné l'amant de sa femme, également père de celui qu'il croyait être son enfant. Il est inculpé puis finalement relâché, notamment grâce à ses relations avec Leland Stanford, à l'époque gouverneur de Californie[1]. Cet épisode inspire à Philip Glass la pièce de théâtre musical The Photographer en 1982 . À cette époque, la photographie en relief stéréoscopique est en vogue. Eadweard le constate et se fait un nom en créant un studio de photographie itinérant, avec lequel il photographie les environs de San Francisco. Son panorama à 360° de la ville (réalisé en 1877) devient célèbre[2],[3]. L'élite californienne l'engage régulièrement pour des portraits, mais sa renommée grandit par sa collaboration avec le United States Coast Survey en tant que photographe paysagiste. Ses reportages sur la guerre indienne entre le gouvernement américain et les Modocs, ainsi que les premières photos du parc national de Yosemite font sensation. Elles seront primées en 1867. La même année, il devient le photographe officiel de la présence militaire américaine en Alaska. Entre 1868 et 1873, il arpente le Far West, où il réalise 2 451 clichés . Décomposition du mouvementParmi ses nombreux et riches clients, figure Leland Stanford, passionné par les chevaux de course, éleveur et entraîneur. C'est par ce personnage que Muybridge prend connaissance de la polémique sur le galop du cheval. À l'époque, en 1872, le physiologiste français Étienne-Jules Marey, pionnier quant à lui de la chronophotographie, affirme dans son livre La Machine animale publié à la librairie Germer Baillière que le cheval au galop n’a jamais les quatre fers en l’air au cours des phases d’extension - ainsi que les artistes le représentent depuis des siècles - une vision vivement repoussée par les savants de l'époque et dont l'énoncé le plus simple est la représentation picturale traditionnelle qui montre des chevaux au galop avec leurs quatre pieds décollés du sol d'un même élan, comme lors d'un saut, ainsi que le montre Le Derby d'Epsom (1821) de Théodore Géricault. Un prix est offert à qui résoudra le mystère et Muybridge se propose de le gagner en utilisant la photographie. Le 18 juin 1878, devant la presse convoquée, il dispose vingt-quatre appareils[4] , [5] (des chambres photographiques) le long d'une piste équestre blanchie à la chaux. Le procédé photosensible choisi par Muybridge est le collodion humide, qui permet des temps de pose rapides mais qui doit être préparé quelques minutes avant son utilisation. Chaque appareil photographique est enfermé dans un petit laboratoire photographique où un opérateur se tient prêt à enduire de collodion la plaque de verre et d'en charger la chambre photographique. De minces fils tendus sur le parcours d'un étalon, nommé « Occident », cheval de course du gouverneur Leland Stanford, sont heurtés violemment par son poitrail lancé au galop et se détachent après avoir déclenché à distance les chambres photographiques l'une après l'autre. De nombreux essais sont nécessaires, se soldant parfois par la casse des précieuses chambres[6]. Enfin, Muybridge obtient les fameux clichés qui confirment la théorie de Marey en la précisant : il n'y a pas décollage des quatre fers lors des phases d’extension du cheval au galop. Le décollage intervient en fait lors de la phase de regroupement[7]. Il s'intéresse dès lors au mouvement, animal et humain. Il reprend en 1879 le principe du disque tournant du belge Joseph Plateau, le phénakistiscope (1832), qu’il améliore en mettant au point le zoopraxiscope, qui recompose le mouvement par la vision rapide et successive des phases du mouvement et qui est présenté en 1881 au public européen durant deux ans. Cet appareil se compose d'une grande lanterne de projection sur grand écran, d'un disque de verre présentant sur son pourtour des silhouettes peintes ou imprimées tirées de ses photographies instantanés, dès lors que les figures doivent être allongées pour compenser leur déformation due à l'appareil[8], et d'un disque fenêtré tournant en sens inverse, servant d'obturateur[9]. En 1881, il projette l'unique de ses disques constitué de photographies, qui figurent les mouvements successifs, mais reconstitués image par image, d'un squelette de cheval[10]. Cet appareil fait partie du précinéma. Ses travaux le posent en précurseur du cinéma. La photographie oscille entre science et art, chose discutée dans les milieux intellectuels de l'époque. Muybridge appartient à cette génération qui utilise la photo comme témoignage scientifique sûr et objectif. En 1887 est édité son plus important ouvrage, Animal Locomotion (en), en 11 volumes qui contiennent 4 202 photographies prises entre 1872 et 1885. Il aurait alors réalisé entre 1885 et 1887 plus de 30000 photographies. Il parcourt l'Amérique et l'Europe, puis meurt en 1904 en Angleterre. Exposition universelle de ChicagoÀ l'Exposition universelle de 1893, Muybridge donna une série de représentations sur la Science of Animal Locomotion dans le Zoopraxographical Hall, construit spécialement dans ce but dans la section « Midway Plaisance » du parc. Il utilisa son zoopraxiscope pour montrer ses films à un public payant faisant de ce pavillon, la toute première salle de cinéma commerciale[11]. Œuvres
Dans la culturePlusieurs œuvres et artistes se sont inspirés des travaux de Muybridge et de l'effet Marey, tels que :
Galerie
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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