Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[2].
Explication de cette gravure dans le manuscrit du musée du Prado : Los duendecitos[3] son la gente más hacendosa y servicial que puede hallarse: como la criada los tenga contentos, espuman la olla, cuecen la verdura, friegan, barren y callan al niño; mucho se ha disputado si son Diablos o no; desengañémonos, los diablos son los que se ocupan de hacer el mal, o en estorbar que otros hagan el bien, o en no hacer nada. (Les petits lutins sont les gents les plus habiles et serviables que l'on puisse trouver : comme la servante les satisfait, ils écument la marmite, cuisent les légumes, récurent, balaient et font taire l'enfant ; on a beaucoup discuté pour savoir si ce sont des Diables ou non ; ne nous trompons pas, les diables sont ceux qui s'occupent de faire le mal, ou d'empêcher que les autres fassent le bien, ou poussent à ne rien faire )[4].
Manuscrit de Ayala : Los frailes y monjas tienen francachelas[5] de noche para cantar bien de día. (Les frères et sœurs font dans banquets la nuit pour bien chanter le jour)[4].
Manuscrit de la Bibliothèque nationale : Los frailes tienen sus comilonas a solas de noche con las monjas; ellos friegan los platos y ellas soplan la lumbre. (Les frères font leurs gueuletons seuls la nuit avec les sœurs ; ils lavent les plats et elles soufflent la lumière)[4].
Goya dessine encore une satire des religieux, représentés comme des lutins.
Technique de la gravure
L'estampe mesure 212 × 150 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm.
Goya a utilisé l'eau-forte et l'aquatinte brunie. Dans l'angle supérieur droit : « 78 ».
Le dessin préparatoire est à la sanguine. Dans l'angle supérieur droit, au crayon : « 6 ». Dans l'angle inférieur gauche, au crayon : « 55 ». Le dessin préparatoire mesure 204 × 144 mm.
Catalogue
Numéro de catalogue G02166 de l'estampe au Musée du Prado.
Numéro de catalogue D04367(r) du dessin préparatoire au Musée du Prado.
↑Duende : “Esprit qui pour le peuple, infeste les maisons et fait des espiègleries, causant en elles des bruits” (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791). Le mot « duende » apparaît fréquemment comme synonyme de « frère » dans la littérature satirique de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
↑Francachela : “Fête, banquet, repas” (Esteban Terreros y Pando, Diccionario castellano con las voces de ciencias y artes, Madrid, 1786-1793).
Annexes
Bibliographie
(es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t. III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371 p. (ISBN978-84-500-5016-5).
(es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), « Francisco de Goya. Los Caprichos ».
(es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN84-86630-11-8).
(es) Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN84-604-9323-7), « Dibujos y Estampas ».
(es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid, Alianza Editorial, , 238 p. (ISBN84-206-7032-4).