Denise Morelle

Denise Morelle
Nom de naissance Marie Yvonne Gertrude Denise Morel
Naissance
Montréal (Canada)
Nationalité Drapeau du Canada Canadienne
Décès (à 58 ans)
Montréal
Profession Comédienne
Films notables Françoise Durocher, waitress
Il était une fois dans l'Est
Tout feu, tout femme
L'île jaune
Le soleil se lève en retard
Séries notables Septième nord (1963-67)
Bidule de Tarmacadam (1966-70)
La Ribouldingue (1967-71)
Terre humaine (1978-84)
Frédéric (1979-80)
Les Fils de la liberté (1981)
Les Girouettes (1981-83)

Denise Morelle, née Denise Morel, est une actrice québécoise née le [1] dans le quartier Guybourg (arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve) à Montréal (Canada) et assassinée le [2] dans des circonstances troubles dans l'arrondissement Ville-Marie à Montréal.

Artiste aux multiples talents (chant, comédie, danse), elle a connu une importante carrière de comédienne au théâtre, au cinéma et à la télévision, particulièrement dans des concepts télévisuels de fiction de Radio-Canada. Madame Morelle a également décroché plusieurs rôles au grand écran, mais sa carrière cinématographique a toutefois été plus modeste que sa carrière au théâtre et à la télévision. Elle faisait partie des comédiennes de la garde rapprochée de la dyade André Brassard et Michel Tremblay, ce qui lui permettra de décrocher des rôles d'envergure, principalement au théâtre.

Décrite comme une femme drôle, travailleuse et généreuse, Denise Morelle est considérée comme une comédienne pionnière de l'industrie du théâtre et ayant fait partie des débuts de la télévision québécoise dans les années 1950. L'apogée de sa carrière a été du début des années 1960 jusqu'au début des années 1970. Ensuite, elle a davantage participé à des productions théâtrales, au théâtre du Rideau vert, d'Aujourd'hui ainsi qu'une multitude de théâtres estivaux. Elle a fait partie des premières comédiennes à assurer un rôle principal dans une production fictionnelle éducative pour enfants à la télévision de Radio-Canada. Connue et appréciée du public québécois et de ses collègues, elle était toutefois reconnue pour être secrète, à la fois avec ses collègues et ses admirateurs, et pour ne dévoiler que peu d'informations sur sa vie personnelle. À cet effet, elle a accordé peu, voire aucune, entrevue médiatique durant sa carrière. Denise Morelle n'a jamais eu de gérant, d'assistant ou d'imprésario. Elle gérait elle-même son agenda et toutes les demandes professionnelles. Autre fait inusité, la comédienne n'a jamais conduit, ni même possédé un permis de conduire.

Biographie

Ascendance, généalogie et origines

Denise Morelle, née Denise Morel, est née de l'union d'Églantine Bourcier (1896-1953) et de Henri Morel (1891-1960). Les parents de Denise Morelle se sont mariés le 11 février 1920 en l'Église La-Nativité-d'Hochelaga dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Le couple donne naissance, en août 1920, à leur premier enfant Roger, conçu hors mariage, fait plutôt rare à cette époque. Denise Morelle constitue la troisième enfant du couple, après la naissance de Gilbert en novembre 1921, et est issue d'une famille de sept enfants où l'on chantait et dansait en toutes occasions.

Ses grands-parents maternels, natifs de la petite municipalité de Sainte-Anne-des-Plaines, au nord de Montréal, sont Joseph Bourcier (né en 1855) et Amanda Gagné (née en 1856) et ses grands-parents paternels sont Elie Morel (1851-1921) et Amanda Octeau (1861-1958).

Elle a quatre frères, Roger (1920-1997), Gilbert[3] (1921-2012), Gaston[4] (1928-2013) et Fortunat-Fernand Morel (1929-1929), ce dernier décédé moins d'un mois après sa naissance, de même que deux sœurs, Huguette et Pierrette (1924-2022). Cette dernière a participé en 1990 à l'émission Dossiers Mystère diffusée sur les ondes de TQS, une adaptation québécoise de Unsolved Mysteries, animée par le comédien Jean Coutu (père de la comédienne Angèle Coutu)[5]. Dans l'entrevue qu'elle a accordée dans le cadre de cette émission, la sœur de Denise Morelle revient sur la visite - fatale - qu'elle a faite à l'appartement de la rue Sanguinet à l'été 1984. Elle mentionne que ce n'était pas dans les habitudes de sa sœur de se rendre dans des endroits obscurs et non sécuritaires. Elle suppose donc qu'il y avait un individu à l'intérieur de l'appartement qui aurait pu lui avoir fait du mal. Denise Morelle n'a pas eu d'enfants et ne s'est jamais mariée.

À son décès, elle était célibataire et habitait avec un ami dans un appartement sis le carré Saint-Louis (square Saint-Louis) à Montréal, situé dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Elle est décédée en juillet 1984 à l'âge de 58 ans à Montréal.

Études et formation

Issue d'une famille de chanteurs, Denise Morelle souhaitait au départ être chanteuse, mais sa formation académique l'amena plutôt vers une carrière de comédienne. Ses talents en performance vocale lui auront servi à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière à la télévision et au théâtre, notamment pour son rôle de Dame Plume dans l'émission pour enfants La Ribouldingue. Elle a suivi des cours de chant avec le professeur Philippe Parent à cette époque.

Morelle a suivi une formation en théâtre à l'École des Compagnons de Saint-Laurent qui a servi d'école pour toute une génération de jeunes comédiens et metteurs en scène qui ont contribué à populariser le théâtre au Québec. Son passage à cette École lui aura permis de monter pour la première fois sur les planches en 1952. Elle a aussi étudié au Conservatoire Lasalle, école à l'époque affiliée à l'Université de Montréal (de 1920 à 1972) où on décernait des diplômes universitaires aux adultes ayant complété quatre années d'étude au conservatoire. L'envie de se perfectionner incite la comédienne à suivre des cours de ballet, de danse moderne, d'expression corporelle, d'art dramatique, de chant, de solfège, d'expression vocale et musicale.

Carrière théâtrale

Elle monte sur scène pour la première fois en 1952 dans la pièce théâtrale Noces de sang de Federico García Lorca. Elle se fait particulièrement remarquer par le public pour son rôle dans la pièce de Jacques Languirand, Les grands départs, en 1958.

Elle fut l'une des actrices fétiches des prolifiques auteurs Michel Tremblay et André Brassard. Michel Tremblay a d'ailleurs écrit spécialement un rôle pour elle, celui d'Yvette Beaugrand, une bourgeoise qui rêve de devenir cantatrice, dans la pièce de théâtre L'Impromptu d'Outremont, présentée en grande pompe au Théâtre du Nouveau Monde. Dans cette production, Denise Morelle a joué aux côtés de Rita Lafontaine, Monique Mercure et Ève Gagnier.

Dans un vibrant hommage manuscrit[6] rendu à la comédienne dans le contexte de son décès, la metteur en scène Mona Latif-Ghattas écrit: « Denise Morelle ou l'art d'être réelle. Présence convaincante parce qu'indiscutablement tangible, elle n'était pas de la race des oiseaux mais de celle des terres, réimposant à la vie l'image même de la vie, sans discrétion sans disgression sans artifice, habillant ses costumes comme d'autres habillent les songes, de sa voix mi-chanteuse mi-conteuse elle parlait au présent forçant l'oreille la plus dure à l'entendre. » Latif-Ghattas poursuit : « Réelle comme un poème, Denise Morelle donnait. On la voyait on la croyait. Quand elle entrait sur scène, entrait avec elle un personnage instantané, dans une parfaite clarté d'Existence fictivo-réelle, permettant au spectateur ce double jeu constant des perceptions, dynamique de base d'un acte théâtral parfait. Denise Morelle n'avait pas besoin d'aguicher le public, elle l'accrochait d'emblée, dès son entrée en scène. Puis elle sortait, magique, laissant sur son passage cette aura de l'autre-Soi, cette Denise-Autre-Denise qu'on ne pouvait oublier ni lors des scènes qui suivaient la sienne, ni à la fin de la représentation, ni en sortant du théâtre. »

À la Place des Arts du 14 au 25 septembre 1971, au Centre Culturel de Sherbrooke le 29 septembre 1971, au Centre National des Arts du 4 au 9 octobre 1971, au Centre Culturel de Shawinigan le 13 octobre 1971 et au Grand Théâtre de Québec le 16 octobre, Denise Morelle fait partie de la distribution de la pièce théâtrale « ... et mademoiselle Roberge boit un peu ». Dans cette production signée par Productions Paul Buissonneau, Denise Morelle incarne Célia Roberge Adams qui fait partie d'une fratrie de trois sœurs. Les deux autres sœurs, Catherine et Anne Roberge, sont interprétées respectivement par Béatrice Picard et Andrée Lachapelle[7].

En 1972, Denise Morelle participe - par des extraits qui la mettent en vedette et qui ont marqué sa carrière - au court métrage Théâtre de fond de cour (Backyard Theatre)[8] qui expose l'influence marquante du dramaturge Michel Tremblay et du metteur en scène André Brassard sur l'émergence d'un théâtre propre au Québec durant les années 1960, en plein cœur de la Révolution tranquille. De l'usage du joual jusqu'à leur humour particulier, en passant par des figures emblématiques telles les Belles-sœurs, leur univers créatif est présenté en anglais à l'aide d'entretiens étonnants, d'extraits d'œuvres célèbres et de scènes improvisées. Ce court métrage s'inscrit dans une période importante pour le théâtre québécois puisqu'entre 1965 et 1975, le théâtre québécois a connu un important essor, qu'il est devenu un instrument de premier plan dans l'affermissement de notre culture et dans la transformation de notre société[9]. Également en 1972, aux côtés de Gérard Poirier, de Béatrice Picard, d'Edgar Fruitier, de Jacques Lorain et de plusieurs autres comédiens, Denise Morelle incarne le rôle de madame Rémy, une infirmière, dans la comédie théâtrale Knock, de Jules Romains. L'histoire se déroulait dans une petite localité du centre de la France.

À l'hiver 1983, Denise Morelle prend part à la pièce de théâtre Cardinal, Cardinal, Cardinal & Cie de Victor-Lévy Beaulieu présentée au Théâtre d'aujourd'hui. Dans cette production, Denise Morelle joue aux côtés entre autres de Vincent Bilodeau et de Gaétan Labrèche et y incarne le rôle de Bernadette Soupirou.

Dans la même année, Morelle participe au spectacle Dernier Round. La metteur en scène Mona Latif-Ghattas raconte son souvenir de cette production : « À Montréal il y a pour moi un lieu marqué, où je [...] vis passer [Denise Morelle] pour la dernière fois sur la scène du théâtre Port-Royal. Le spectacle s'intitulait le Dernier Round, quelle ironie. Elle a laissé à jamais une présence unique, à droite, côté cour de la scène, à gauche, côté jardin du cœur. Pour moi, à jamais, elle a laissé ici quelques ondes passantes, volant dans l'atmosphère, témoignant, dans mon souvenir de son corps et de sa voix, que la vie d'un personnage ne peut atteindre l'art que si elle nous renvoie à la profonde réalité. »

Quelques mois plus tard, à l'été 1983, un an avant son décès, Denise Morelle fait partie de la distribution théâtrale de la comédie Esprit de femme présentée au Bateau-théâtre L'Escale à Saint-Marc-sur-Richelieu en Montérégie. Esprit de femme est un texte de Noël Coward, un dramaturge britannique, adapté par Jean-Claude Germain, prolifique scénariste et dramaturge. Dans cette pièce de théâtre comique, Denise Morelle joue entre autres aux côtés de la comédienne dès lors connue par le public, Béatrice Picard. C'est la dernière fois que Denise Morelle a eu le plaisir de côtoyer sa partenaire de théâtre Béatrice Picard avant la fin de sa vie. Anecdote de cette expérience au théâtre à l'été 1983, tirée de la biographie de Béatrice Picard publiée aux éditions La Presse à l'automne 2018 :

« Béatrice [Picard] garde un souvenir désagréable de cette production. Elle dit : " l'un des comédiens arrivait toujours sans saluer personne, et il quittait le théâtre sans dire un mot. Il fallait compenser pour s'ajuster à cette personne qui jouait toute seule et qui visiblement avait envie d'être ailleurs. Le théâtre, c'est comme un orchestre, si quelqu'un joue à contre-temps, ça jette tout par terre. Depuis cet été-là, je demande toujours à connaître la distribution avant d'accepter un rôle. Partager la scène avec quelqu'un qui est imbu de lui-même, ou drogué, paqueté, ça ne m'intéresse pas du tout. " »

À la fin du printemps 1984, Denise Morelle a participé à la première lecture de la production Albertine, en cinq temps de Michel Tremblay, en prévision des premières répétitions qui devaient avoir lieu en août 1984. La production a finalement été présentée à compter du printemps 1985. Compte tenu des circonstances troublantes qui ont empêché Denise Morelle d'incarner Albertine à 50 ans, c'est Amulette Garneau qui a assuré le rôle pour la première d'octobre, au Centre national des arts. Comme en fait foi le programme officiel de la pièce de Tremblay imprimé en mai 1985, celle-ci a été dédiée à la mémoire de Denise Morelle.

Morelle, l'été de son décès, jouait au théâtre d'été de Sainte-Adèle, dans les Laurentides, dans la pièce théâtrale Les Larrons font l'occasion, aux côtés, entre autres, de Guy Nadon, de Roger Lebel et de René Gagnon. Elle incarnait une quinquagénaire allumeuse. La comédienne devait prendre part à ce théâtre jusqu'au 1er septembre 1984 et participer à la première montréalaise le 1er octobre au Centre national des arts, mais son destin en décida autrement. Elle aura fait, finalement, seulement quelques représentations. Le metteur en scène de la pièce théâtrale, Sébastien Dhavernas, a remplacé Denise Morelle au pied levé par la comédienne Louise Rémy pour le reste de la période estivale. Toutefois, la représentation du mardi - journée de l'assassinat de Denise Morelle -, a été annulée. La comédienne en intérim a travaillé toute la nuit de mardi à mercredi en vue de remplacer Denise Morelle pour les représentations subséquentes. Denise Morelle a également fait partie de la distribution de la deuxième reprise de la pièce de théâtre de Michel Tremblay Les Belles-sœurs, en 1971, en incarnant le rôle de Lisette de Courval, aux côtés de Denise Filiatrault, de Janine Sutto, de Danièle Lorain et de Monique Mercure.

C'est en ces mots que Raymond Bertin, journaliste, qualifie le jeu de Denise Morelle : « Actrice au talent naturel, au tempérament généreux, rieuse et les pieds sur terre, elle incarne ses personnages avec un mélange d'autorité et de fragilité, de naïveté et de total don de soi[10]. »

Carrières télévisuelle et cinématographique

La comédienne Denise Morelle a connu une vive carrière à la télévision, notamment en incarnant des protagonistes au sein d'émissions pour enfants à la télévision de Radio-Canada. C'est d'ailleurs par l'entremise de ces rôles célèbres au petit écran qu'elle s'est fait connaître par le public. À l'aune de ses carrières à la télévision et au théâtre, Denise Morelle a connu une discrète carrière au cinéma, en incarnant souvent des rôles accessoires. Son plus marquant rôle au grand écran a été dans la production L'Île jaune en 1975, qui fut l'une de ses dernières participations à une production cinématographique, son dernier rôle étant celui de Colette dans Le soleil se lève en retard du réalisateur André Brassard.

Carrière télévisuelle

Elle a séduit et marqué toute une génération avec ses rôles de Mame Bouline dans Bidule de Tarmacadam (1966-1970) et de la cantatrice horripilante Dame Plume dans La Ribouldingue. Elle a également interprété la terrifiante sorcière à la voix éraillée aux côtés de Fanfreluche (Kim Yaroshevskaya). Denise Morelle a également joué aux côtés de Dominique Michel et de Denise Filiatrault dans la populaire émission de fiction Moi et l'autre, diffusée à la télévision de Radio-Canada de 1966 à 1971. Dans les années 1970, Denise Morelle a tenu le rôle de tante Clara dans le populaire feuilleton Symphorien, diffusé de septembre 1970 à avril 1977. Dans le cadre de cette production, Denise Morelle a interprété son rôle aux côtés de Janine Sutto, Gilles Latulippe, Juliette Huot, Denise Proulx, etc.

En 1977, Denise Morelle participe à la version anglaise des Belles-Sœurs de Michel Tremblay diffusée sur les ondes de CBC en incarnant le rôle de Lisette De Courval. Lisette de Courval aime se prétendre différente des autres belles-sœurs. Elle se considère plus cultivée et plus riche que les femmes qu'elle côtoie. Elle a visité l'Europe avec son mari et elle en a gardé l'accent des Français, qu'elle tente d'imiter tant bien que mal[11]. À ses côtés, Anne-Marie Ducharme, Monique Mercure, Michelle Rossignol, André Saint-Laurent, Amulette Garneau et Denise Proulx.

Pour la saison 1980, Denise Morelle tient le rôle de Develine Gladu dans le téléroman Frédéric scénarisé par Claude Fournier et diffusé à Radio-Canada puis en France sur TF1. En 1983, Denise Morelle décroche le rôle de Gertrude Jacquemin dans la série télévisée Terre humaine à Radio-Canada, incarnant la mère de Frédéric Jacquemin, interprété par Aubert Pallascio.

L'année de son décès, en 1984, Denise Morelle a fait une apparition dans l'émission Les grands esprits diffusée à Radio-Canada, en interprétant le rôle de George Sand aux côtés d'Edgar Fruitier, de Jean Marchand, de Germain Houde et de Jacques Galipeau.

Denise Morelle, au printemps 1984, avait signé un contrat pour faire la voix hors-champ d'une vieille dame qui commente hebdomadairement tout ce qui se trame dans les parages de la nouvelle émission intitulée À plein temps, une série de 36 émissions sur les relations parents-enfants. Les tournages de l'émission devaient débuter le 2 juillet 1984, mais un conflit impliquant la production de l'émission et les marionnettistes a retardé le début de la production. L'assassinat de Denise Morelle, quelques semaines plus tard, a une fois de plus retardé le début du tournage puisque la production devait assurer le remplacement de la comédienne par une autre. Parmi les autres comédiens qui avaient signé un contrat pour cette production, il y avait Louison Danis, Roger Léger, Gildor Roy, Diane Lavallée, Marie-Soleil Tougas, Claude Prégent, Suzanne Champagne, Diane Jules, Gilbert Sicotte, Johanne Fontaine et plusieurs autres. L'émission a finalement été diffusée du 21 septembre 1984 au 14 avril 1988 à la télévision de Radio-Canada puis rediffusée à la télévision de Radio-Québec (Télé-Québec depuis 1996).

Le costume de Dame Plume, personnage célèbre incarné par Denise Morelle, est conservé par Radio-Canada et considéré comme faisant partie du patrimoine de la télévision québécoise. En 2012, le Musée de la civilisation de Québec acquiert de nombreux costumes phares de la Boîte à surprises, dont celui de Dame Plume.

Carrière cinématographique

Denise Morelle a participé aux productions cinématographiques Hangar 54 (téléfilm diffusé dans le cadre des Beaux dimanches) réalisé par Roger Fournier et paru en 1967, L'Île jaune réalisé par Jean Cousineau et paru en 1975, Il ne faut pas mourir pour ça réalisé par Jean-Pierre Lefebvre et co-écrit par Marcel Sabourin paru en 1967, Les maudits sauvages réalisé par Jean-Pierre Lefebvre et paru en 1971. Dans cette production, Denise Morelle incarnait une paysanne de la Nouvelle-France des années 1630, et dans laquelle elle a eu l'occasion de jouer aux côtés de Gaétan Labrèche, Marcel Sabourin, Pierre Dufresne, et Rachel Cailhier. Elle a également collaboré en 1973 au film Il était une fois dans l'Est réalisé par André Brassard et scénarisé par Michel Tremblay. Cette production cinématographique - avant-gardiste pour les années 1970 - met en vedette Denise Filiatrault, Michelle Rossignol, Frédérique Collin, André Montmorency et Amulette Garneau et démontre l'émancipation sociale qui se dessine post-Révolution tranquille. En 1975, Denise Morelle participe à la production cinématographique Confidences de la nuit (L'Amour blessé) réalisé par Jean Pierre Lefebvre. Ce film a d'ailleurs été en nomination au prestigieux Festival de Cannes.

Décès

Assassinat

Carte

Denise Morelle fut battue, brûlée, agressée sexuellement et assassinée le mardi et son corps fut découvert le lendemain au 1689, rue Sanguinet (carte géographique 1), à Montréal. Elle a alors été attaquée par son agresseur qui, après l'avoir rouée de coups de poing, se serait acharné sur elle, la frappant avec un objet contondant - un tuyau en fer chaud - avant de l'étrangler d'abord avec ses mains, puis avec une mince corde. Son agresseur est également parti avec l'argent que Denise Morelle avait retiré au guichet automatique, quelques minutes avant de se rendre à l'appartement, abandonnant le cadavre sur les lieux.

L'avant-meurtre

Denise Morelle ne revenait à Montréal que les dimanche et lundi, journées de relâche au théâtre d'été de Sainte-Adèle, où elle jouait pour tout l'été 1984 avec plusieurs autres comédiens. Or, elle avait confié à son collègue René Gagnon qu'elle souhaitait, le samedi précédant son assassinat, rester à Sainte-Adèle pour se reposer et qu'elle ne reviendrait pas à Montréal. Cependant, le lundi suivant, Denise Morelle lui téléphone pour lui dire que, finalement, elle avait décidé le dimanche de revenir à Montréal pour visiter des appartements dans l'objectif de déménager. À ce moment, elle cohabitait avec un ami, Jocelyn Cossette, pour réduire les frais de location de l'appartement. Son loyer était de plus en plus coûteux, sa relation avec son colocataire s'était détériorée et elle souhaitait se rapprocher du centre-ville de la métropole.

Le dimanche 15 juillet 1984, Denise Morelle est de retour à Montréal. Sachant qu'elle souhaite déménager, plusieurs de ses amis lui recommandent des adresses où des appartements sont à louer. Elle souhaite toutefois faire ses propres recherches, dans les journaux.

Le mardi 17 juillet en matinée, Morelle déniche, dans une annonce classée d'un journal, un appartement qui semble l'intéresser, situé sur la rue Henri-Julien. Ironie du sort, Denise Morelle se fait recommander par le propriétaire de l'appartement de la rue Henri-Julien de visiter celui situé sur la rue Sanguinet. Il lui mentionne que la porte est déverrouillée et qu'il la rappellera le lendemain pour connaître ses impressions sur sa visite des lieux.

Chronologie

Carte

À 14 h 30, la journée de l'assassinat, Denise Morelle se rend à la Banque Laurentienne, située au 3823 boul. Saint-Laurent, pour effectuer un retrait bancaire au montant de 200 $, et se dirige à pied vers le 1689, rue Sanguinet (carte géographique 2). En pénétrant dans l'appartement pour le visiter, il n'y pas de courant électrique et la comédienne entame la visite dans la pénombre.

Durant la visite de la comédienne dans l'appartement locatif, un individu se trouve à l'intérieur, de manière inopinée. Ce dernier, reconnu coupable plus de 20 ans après le meurtre, squattait l'appartement depuis quelques jours afin d'y trouver refuge pour consommer des stupéfiants. L'enquête déterminera qu'il ne connaissait pas personnellement Denise Morelle, il savait toutefois qui elle était par l'entremise de ses rôles célèbres joués à la télévision et au théâtre.

À 18 h 30, le comédien René Gagnon avait habitude de voyager avec Denise Morelle pour la route de Montréal à Sainte-Adèle, pour se rendre au théâtre d'été dans lequel ils jouaient pour la période estivale 1984. En outre, le 17 juillet, Denise Morelle ne se présentera jamais au rendez-vous, près du Mont-Royal, que s'étaient donné vers 19 h les deux comédiens pour entreprendre la route. René Gagnon, très inquiet, se rend tout de même à Sainte-Adèle, comme prévu, espérant la trouver sur place. En outre, la représentation du 17 juillet a été annulée considérant l'étrange absence de Denise Morelle et considérant également que son personnage était indispensable à la logique de l'histoire. Arrivé sur place, René Gagnon se fait accrocher par le metteur en scène, ce dernier espérant qu'il aurait des nouvelles à donner concernant leur collègue. Une autre comédienne, Louise Rémy, a assuré l'intérim du personnage interprété par Denise Morelle, pour assurer la continuité de la pièce théâtrale. Les comédiens de la pièce, consternés face à son étrange absence, ont alors alerté les policiers et ont téléphoné tous les hôpitaux de Montréal dans l'espoir d'avoir de ses nouvelles, en vain.

«Quand Denise disait quelque chose, elle le faisait, toujours. Sa réputation était sans taches. Quand je suis arrivé au théâtre et que personne ne savait où elle était, moi en tout cas j'étais convaincu que quelque chose de très grave s'était produit», a confié René Gagnon dans une entrevue accordée dans une émission spéciale sur le meurtre de Denise Morelle, 6 ans après le meurtre.

La troupe de théâtre connaîtra le dénouement, en même temps que le Québec, le lendemain. Denise Morelle n'avait indiqué à personne de son entourage qu'elle comptait aller visiter l'appartement sur la rue Sanguinet, à Montréal. Toutefois, le lendemain de la visite, le propriétaire de l'appartement téléphone au domicile de Denise Morelle, qu'elle partageait avec un ami. Il souhaite avoir les commentaires de Denise Morelle à la suite de sa visite de l’appartement. Il demande à lui parler, mais le colocataire de Morelle dit être sans nouvelle d'elle depuis déjà 24 heures. L'ami et colocataire de Morelle contacte les policiers qui se rendent à l'appartement de la rue Sanguinet, où ils font la macabre découverte du corps inanimé de la comédienne.

Vers 16 h, le 18 juillet 1984, le corps de Denise Morelle est découvert par des patrouilleurs du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (devenu en 2002 le Service de police de la Ville de Montréal). Chaque pièce de l'appartement est alors minutieusement fouillée et le corps est transporté dans un laboratoire de Montréal à des fins d'analyse.

Au sujet de la production théâtrale estivale de 1983, Mona Latif-Ghattas témoigne ceci avec véhémence: « Je n'irai pas au théâtre de Sainte-Adèle voir le spectacle où Denise Morelle jouait au moment de sa mort. En ce moment où j'écris, je ne me souviens même plus du titre de la pièce. Joli lapsus de ma mémoire. Pourtant, j'aurais voulu donner mon souffle un soir à madame Louise Rémy qui a eu cette force insensée de remplacer Denise Morelle à pied levé dans des circonstances aussi tragiques. Mais je n'irai pas. C'est un geste politique. L'administration de ce théâtre n'a pas jugé nécessaire de suspendre le temps. Il n'y a pas eu à ce théâtre un Moment Denise. La finance a décrété que le show must go on. Soit. Que les singes dansent jusqu'à épuisement. Que le show continue sans aucun arrêt, blessant sur son passage la mémoire de Denise et l'émotion des comédiens qui jouaient auprès d'elle. L'argent fait le bonheur, ça doit être vrai pour certains. L'art n'est qu'un divertissement, ça doit être vrai pour d'autres. Les comédiens ne sont que des machines à paroles, cela semble évident pour les administrateurs. J'ai envie de perdre la foi. Parce que j'aime le théâtre. Et que je respecte infiniment les comédiens. Ils ont continué à jour par la force de ce sens du devoir qui leur permet de traverser les plus grandes violences. Je sais que certains d'entre eux ont voulu suspendre le temps d'un moment pour Denise. Ce n'est pas eux qui détiennent le pouvoir, c'est évident. Comme tous les créateurs, ils sont pauvres parmi les pauvres, voilà pourquoi ils créent. Je me demande si un jour nous mourrons tous, écrasés sous le seau d'or du monde matériel. Mais cet après-midi, une comédienne qui jouait auprès de Denise avant que le destin ne modifie la vie, avait dit qu'elle était prête à donner trois semaines de son salaire pourvu qu'on arrête quelques jours le spectacle en mémoire de Denise Morelle et par respect pour Louise Rémy ».

Médiatisation

Lorsque les médias annoncent à la population l'agression sauvage et mortelle de la comédienne, c'est la consternation et l'industrie culturelle est en deuil. Le meurtre de Mme Morelle a fortement ébranlé le Québec et la communauté artistique québécoise. Le crime dont elle a été victime a été qualifié, par les analystes criminalistes des médias, comme un des plus terribles. Étant donné que le meurtre est demeuré irrésolu pendant plus de vingt ans et qu'il constituait un profond mystère, l'affaire Morelle a ressurgi à une pléthore de reprises dans les émissions d'affaires publiques. Plusieurs années plus tard, le procès de l'assassin de la comédienne a occupé une place prépondérante dans l'actualité québécoise.

Dans le journal Télé Radio-Monde, La Presse et le Journal de Montréal, plusieurs personnalités publiques se sont prononcées au sujet du décès tragique de Denise Morelle :

Personnalité publique Témoignages post-meurtre de personnalités publiques dans les médias
Danielle Bissonnette, comédienne et amie « Lundi, le 16 juillet dernier, je me suis rendue à l'Union des Artistes (UDA) où j'ai rencontré Denise tout à fait par hasard. Nous avons décidé d'aller prendre un café ensemble et nous avons jasé pendant un bon bout de temps. Nous avons eu une discussion comme jamais nous avions eu... Puis, Denise m'a demandé d'aller la reconduire pour un rendez-vous. Ce n'est que le surlendemain que j'ai appris la terrible nouvelle. J'étais à Shawinigan, dans un magasin de tapis, et lorsque je suis arrivée, les gens de l'endroit m'ont appris qu'une de mes consœurs avait été assassinée. Je leur ai alors demandé qui c'était. Ils ne se souvenaient pas exactement du nom. Puis, un homme a déclaré, tout d'un coup son nom. Je me suis mise à hurler, à crier, à pleurer, à trembler. »
Rose Ouellette, dite La Poune

Comédienne

« Bien que je n'ai jamais côtoyé Madame Morelle de qui on m'a toujours dit beaucoup de bien, surtout qu'elle était une bien brave fille, je trouve qu'une affaire comme celle-là, c'est terrible ! Je suis peinée par ce qui lui est arrivé. Je sais bien qu'un jour il faut tous y passer, mais mourir d'une façon aussi violente, c'est malheureux ! Qu'on reproche des choses à une personne, qu'on lui en veuille, mais sans toute cette violence... Ça me fait de la peine pour les siens, car Denise Morelle était une bien brave fille. »
Gaétan Labrèche, comédien et père de Marc Labrèche « Je suis profondément choqué et bouleversé. J'ai souvent eu l'occasion de jouer avec elle. C'était une grande comédienne et une amie intime. »

---

Gaétan Labrèche et Denise Morelle ont d'ailleurs travaillé étroitement ensemble dans la pièce Cardinal, Cardinal, Cardinal & Cie de Victor-Lévy Beaulieu présentée à l'hiver 1983 au Théâtre d'aujourd'hui, environ 18 mois avant le décès de Denise Morelle.

Alys Robi, chanteuse « J'avais beaucoup de respect pour elle. Je l'admirais surtout parce qu'elle avait réjoui le cœur des enfants en incarnant Dame Plume dans la Ribouldingue »
Michel Tremblay, dramaturge « Pendant une partie de l'été, à la suite de cette tragédie, on s'est demandé si on allait pouvoir faire la pièce [Albertine, en cinq temps dont les répétitions devaient commencer en août 1984 et dont Denise Morelle avait décroché un important rôle]. Tout le monde était ébranlé, dans l'équipe. Nous aimions tous Denise... »

Au moment du meurtre de Denise Morelle, John Turner était le premier ministre du Canada et René Lévesque était le premier ministre du Québec. Jean Drapeau était alors le maire de la Ville de Montréal.

À l'été 2008, la production de l'émission Un tueur si proche, diffusée sur les ondes de Canal D, s'intéresse à l'assassinat de Denise Morelle. Une émission de 60 minutes est consacrée à la reconstitution fictive du meurtre de Denise Morelle et fut diffusée une première fois le vendredi 17 octobre 2008. L'émission Un tueur si proche est un classique de Canal D, une chaîne de télévision spécialisée québécoise, et met en scène des histoires qui ont remué le public québécois. Tournée à la manière d'une fiction, avec du suspense et des personnages troublants, la production originale fait aussi appel à des proches et à des experts pour bien comprendre l'ampleur du drame[12].

Funérailles

Près d'un millier de personnes ont assisté aux funérailles de la comédienne, rapporte les journaux le lendemain des célébrations. La dépouille de Denise Morelle a été exposée deux jours et ses funérailles religieuses se sont tenues le lundi 23 juillet 1984 à l'Église St-Clément à Montréal, 6 jours après son décès. Le célébrant de la cérémonie funèbre était l'abbé Champlain Précourt, ce dernier décédé subitement le 1er mai 2005 à Saint-Elphège[13]. De nombreuses personnalités publiques et admirateurs ont assisté à la cérémonie funèbre, pour lui rendre un dernier hommage. L'Église où était célébrée la messe ne suffisait pas à contenir tous les amis, parents, admirateurs et la foule de curieux qui ont ainsi tenu à rendre un dernier hommage à la comédienne.

Parmi les personnalités publiques qui ont tenu à rendre hommage à leur consœur : Jean Duceppe, Pascal Renais, Gaétan Labrèche, Monique Mercure, Albert Millaire, André Montmorency, Juliette Huot, Murielle Millard, Julien Bessette, Gaétan Poirier, Jean-Louis Roux, Benoît Marleau, Rita Lafontaine, Robert Rivard, Daniel Roussel, Monique Lepage, Gisèle Dufour, René Caron, Michel Tremblay et plusieurs autres.

Citation de la metteur en scène Mona Latif-Ghattas, qui a publié un hommage à Morelle: « En ce matin du 23 juillet, gris et lourd comme le coeur de plusieurs artistes venus dire adieu à cette grande Dame du théâtre, la foule multicolore des fantômes de Denise était là, amassée de partout, groupée dans la rue, sur le porche et dans l'église comme dans un costumier vivant. Des dizaines de femmes en couleurs étaient là, placées dans cette mise en scène naturelle d'un événement de la vie, Chœur de Belles-sœurs qui ne pouvait pleurer, car en pleurant Denise il prenait le risque de pleurer sur lui-même. La plus belle expression de cette foule ce jour-là était d'être réelle. Curieuse. Colorée. Regardant, reconnaissant et accostant les artistes qui étaient là pour rendre hommage à un membre de leur famille. Par son comportement, cette foule confirmait à Denise qu'elle avait réussi à incarner son monde avec une infinie justesse ».

La dépouille de Denise Morelle est inhumée au cimetière Côte-des-Neiges à Montréal.

Enquête criminelle

Nonobstant la fouille minutieuse exercée par les enquêteurs sur les lieux du crime, les seules pièces à conviction retrouvées sont un carton d'allumettes, un bout de corde, une barre de fer et une empreinte de pied tachée de sang. Les vêtements (blouse, pantalons courts et sous-vêtements) — souillés de sang et de spermes du meurtrier — de Denise Morelle ont également été conservés, à la lumière des nouvelles informations dévoilées en 2007 par les autorités policières et judiciaires. Le crime de Denise Morelle est demeuré irrésolu pendant 23 ans. Le 30 avril 2007, un reportage diffusé au réseau TVA et signé par Jean-François Guérin et Claude Poirier, dans le cadre de l'émission Qui a tué?, a permis d'accélérer l'enquête criminelle associée au meurtre de Denise Morelle. Au moment de la diffusion du reportage, les policiers du SPVM étaient déjà sur une piste sérieuse pour épingler l'assassin.

Le rapport médico-légal du meurtre de Denise Morelle soutient qu'au moment de découvrir le cadavre, la victime portait encore sa blouse, mais ses pantalons courts avaient été enlevés. Les pantalons étaient déchirés, la fermeture était cassée et imbibée de sang. Ce rapport témoigne également d'une attaque brutale presque indescriptible. La Cour a décidé de reprendre quelques-unes des constations du pathologiste, dont le fait que la victime a subi un traumatisme grave au niveau du visage et du crâne par un objet contondant, des lacérations au cuir chevelu, de multiples fractures du crâne et du nez, différents traumatismes au niveau du cou, de la paroi vaginale. Le pathologiste a conclu que la cause du décès était attribuable à l'effet additionné de deux traumatismes potentiellement fatals : d'une part, un traumatisme grave du crâne et du cerveau par impacts violents à la tête et au visage avec objet contondant, et d'autre part un traumatisme grave au niveau des structures du cou par pressions et manipulations. Le rapport médico-légal fait également état de contusions profondes et éraflures au niveau des paupières, aux lèvres et au menton, de même qu'une fracture d'une dent inférieure du côté gauche et une dislocation de l'index gauche et contusions au dos et aux deux mains.

Hypothèses d'enquête
Hypothèses préconisées par les enquêteurs
Hypothèses Preuves accumulées et informations factuelles Conclusion d'enquête
VOL Lors de la découverte du cadavre, la bourse de Denise Morelle était répandue dans la pièce. Les enquêteurs ont déterminé qu'il manquait une somme quelconque au montant que la victime (200 $) avait retiré précédemment à une banque située à 10 minutes de marche. Les enquêteurs croient que le suspect aurait pu épier Denise Morelle jusqu'au 1689 rue Sanguinet pour voler son argent. PISTE NON FONDÉE
SUSPECT INTOXIQUÉ Un livreur du restaurant Le Poulet Doré, stationné près du lieu du crime, aurait aperçu un individu louche dont les vêtements étaient tachés de sang. Il l'aurait aperçu entre 16 h 30 et 17 h 30, ce qui coïncide avec l'heure du meurtre. Les enquêteurs croient que l'assassin aurait pu trouver refuge dans l'appartement pour consommer des stupéfiants. PISTE FONDÉE
PROCHE DE LA VICTIME Claude David, un visiteur qui souhaitait peut-être éventuellement louer l'appartement, qui était sur les lieux du crime la veille du meurtre, dit avoir ressenti une présence étrange lorsqu'il s'est rendu au 1689, rue Sanguinet. Il a quitté les lieux avant la fin de la visite, suivant son intuition. Si Denise Morelle s'est rendue jusqu'au hangar (où son corps a été retrouvé), au fond de l'appartement, c'est qu'elle n'avait pas de crainte à continuer la visite et qu'elle était potentiellement accompagnée d'une personne pour visiter avec elle. Elle était reconnue pour être craintive et ne pas s'aventurer inutilement. PISTE NON FONDÉE

Étant donné la relation moins bonne depuis un moment entre Denise Morelle et son colocataire, Jocelyn Cossette, et parce que c'est ce dernier qui a alerté en premier les policiers, il a rapidement été identifié comme une personne d'intérêt par les autorités. Il a toutefois un solide alibi: l'après-midi du mardi 17 juillet 1984, il a travaillé dans son magasin de musique et des clients ont témoigné de sa présence sur les lieux. Il n'a quitté son travail qu'à la fermeture du centre commercial, à 22h. Il a pris une courte pause sur l'heure du souper et à titre de preuve, il présente une facture d'une cantine sur laquelle il est indiqué qu'il a acheté, vers 18h, un beigne et un café. Il est finalement écarté de la liste des suspects potentiels.

C'est grâce aux avancées technologiques que le meurtre fut résolu. Depuis le début des années 1990, le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) a recours aux tests ADN à partir de robots capables d'effectuer cinq fois plus de tests qu'un spécialiste chevronné.

En 2005, la police de Montréal pensait avoir réussi à épingler l'assassin de Denise Morelle et a demandé au LSJML de comparer l'ADN de son suspect avec le matériel biologique recueilli sur les lieux du crime 20 ans plus tôt. Le biologiste judiciaire Michel Hamel prépare les échantillons en vue du test ADN et le résultat s'avère négatif. En outre, le dossier a, dès lors, été intégré à la Banque nationale de données génétiques, inaugurée en 2000. Cette base de données pancanadienne contient deux types de fichiers, celui de criminalistique (qui renferme environ 50 000 profils génétiques obtenus sur les lieux de crimes non résolus) et celui des condamnés qui regroupe quelque 165 000 profils de personnes reconnues coupables[14].

Les enquêteurs de l'époque avaient conservé du poil pubien sur lequel se trouvait du sperme, lequel avait été conservé en guise de preuve aux archives des crimes non résolus, ce qui a permis aux enquêteurs, 20 ans plus tard, de concorder l'ADN à celui du tueur de Denise Morelle.

Dans les mois qui suivent ce test négatif, les enquêteurs accumulent les preuves nécessaires pour boucler le dossier et appréhender le meurtrier. Un banal vol avec effraction, commis en 2005 par l'assassin de Denise Morelle, a permis aux enquêteurs de le retracer. L'empreinte génétique recueillie dans l'affaire Morelle est automatiquement comparée aux profils répertoriés dans la bande de données. L'empreinte correspond à celle de Gaétan Bissonnette. Ce dernier fut reconnu coupable du viol d'une femme en 2003 et d'un vol avec effraction en 2005, après quoi le juge avait exigé un prélèvement de son ADN, permettant un dénouement au dossier du meurtre de Denise Morelle, 23 ans plus tard. Bissonnette habitait depuis février 2002 au sous-sol de la 21e Avenue, dans l'arrondissement de Rosemont. Dans le quotidien La Presse, daté du 9 août 2007, le journaliste Tristan Péloquin revient sur le passé du tueur. Allant à la rencontre de son voisin, ce dernier décrit à Péloquin un souvenir de celui qui a tué Morelle : « Une fois, [Bissonnette] est sorti dehors et a accroché ses vêtements à un fil juste devant ma fenêtre. Quand je les lui ai rapportés, il m'a menacé de son poing. Il était en furie, sans raison apparente. Depuis, je ne lui ai plus jamais adressé la parole ».

Le meurtre est demeuré irrésolu pendant plus de 23 ans. Le , la police de Montréal annonçait l'arrestation et la comparution imminente de Gaétan Bissonnette, un individu âgé de 49 ans[15] qui cumulait à l'époque plus de 15 comparutions devant les tribunaux pour divers méfaits et crimes. Sa « carrière » criminelle a débuté en 1980, quelques années avant de s'en prendre à Denise Morelle. L'homme, connu des milieux policiers, a été formellement accusé de meurtre prémédité le 9 août et a plaidé coupable à une accusation réduite de meurtre au second degré le 16 novembre 2007 et le 30 novembre 2007 il fut condamné à perpétuité avec 20 ans de détention ferme[16].

Procès et verdict

Gaétan Bissonnette, l'assassin de Denise Morelle, a avoué sa culpabilité à une accusation réduite de meurtre au deuxième degré. Il était initialement accusé de meurtre prémédité. Au moment de commettre le meurtre de Denise Morelle, il avait 26 ans. Il est dès lors décrit comme un individu avec un lourd passé judiciaire et de consommation de stupéfiants. Il est condamné pour la première fois en 1976 alors qu'il était âgé de 18 ans. Il s'ensuit une série de dix-neuf autres condamnations. La dernière à avoir été enregistrée remonte à juin 2006 après quoi il est condamné à purger deux ans moins un jour d'emprisonnement pour un vol commis par effraction. Notons qu'en 1982, il est condamné pour voies de fait avec intention de voler.

Le procès, qui s'est déroulé les 16, 20 et 30 novembre 2007 au palais de justice de Montréal, déterminera qu'au moment où le meurtre est survenu, le tueur de Denise Morelle était en libération conditionnelle depuis le 14 juin 1984. Environ un mois après avoir commencé sa libération conditionnelle, il a tué Denise Morelle. Le soir même de l'assassinat de la comédienne, il respecte ses contraintes de libération en se présentant aux autorités. Un mois plus tard, le 18 août 1984, il agresse sexuellement une deuxième victime, et encore une fois, il se livre aux autorités comme si de rien n'était. Pour cette agression, il fut arrêté seulement 4 jours plus tard, mais aucun lien avec le crime de Denise Morelle n'avait été fait par les policiers.

Le magistrat, à la suite de la prononciation de la peine d'emprisonnement à vie avec un minimum de 14 ans de pénitencier sans possibilité de libération conditionnelle, avait jugé la peine insuffisante et le juge a pris l'affaire en délibéré pendant une heure avant de rendre sa sentence. Dans son jugement le juge James Brunton, de la Cour supérieure, a expliqué que même s'il a plaidé coupable à une accusation, Gaétan Bissonnette a commis un crime qui s'apparente davantage à un meurtre prémédité, parce que Denise Morelle a été tuée dans un contexte d'agression sexuelle particulièrement brutale.

Le juge James L. Brunton a décrit Gaétan Bissonnette comme un homme avec un lourd passé judiciaire aux prises avec un sérieux problème de violence et qu'il n'avait jamais été traité. Bissonnette n'a eu aucune réaction lors du prononcé de la sentence. Il pourra demander une liberté conditionnelle lorsqu'il aura 70 ans, en 2027.

Quatre neveux et nièces, de même que le frère de la victime, Gaston, étaient présents au palais de justice au moment où la sentence a été prononcée. Ils se sont dits heureux et satisfaits du verdict et ont remercié le juge Burton. Le procès a notamment été couvert par la journaliste judiciaire québécoise Isabelle Richer[17],[18].

Héritage de Denise Morelle

Parc Denise-Morelle

Six ans après sa mort, le 4 juillet 1990, la Ville de Montréal a baptisé un parc en son honneur, le parc Denise-Morelle, situé sur la rue Rivard, dans le quartier Plateau Mont-Royal au nord de la rue Marie-Anne. Le petit parc, paisible et discret, abritant une structure pour enfants et des sentiers avec arbres, représente la bienveillance, la tranquillité et l'amour pour les enfants de celle qui a interprété l'exubérante Dame Plume, à la télévision de Radio-Canada. L'aire de jeu est destiné aux enfants de 18 mois à 5 ans. Il y est accessible via la station de métro Laurier.

Ce lieu est l'objet, encore aujourd'hui, de dénonciations par les citoyens. Le parc, initialement prévu pour les riverains et les familles, est en outre fréquenté par une vaste population délinquante. Les usagers ne s'y sentent pas en sécurité et le parc ne favorise pas une vie de quartier paisible et harmonieuse. Pour pallier ce fléau, un projet domiciliaire est en développement, habitation Denise-Morelle, dont l'objectif est de construire sur le site du parc une tour d'habitation.

En 2018, la Ville de Montréal, sous le gouvernement de Valérie Plante, a annoncé la réfection majeure de certains parcs sur le territoire montréalais, dont celui de Denise-Morelle, avec plus de 20 millions de dollars investis pour y parvenir. Ces travaux de réfection devraient s'échelonner jusqu'en 2021[19].

Costume mythique de Dame Plume

En 2012, la Société Radio-Canada offrait une première importante donation au Musée de la civilisation, composée principalement de costumes des personnages d’émission jeunesse tels que Sol et Gobelet, la Souris verte, Bobino, La Ribouldingue, Fanfreluche, le Pirate Maboule, Picolo, Bouledogue Bazar et Nic et Pic.

Parmi ces costumes, nous retrouvons l'original de Dame Plume, enfilé durant plusieurs années par Denise Morelle. Le costume et la perruque sont préservés dans des lieux sécuritaires, et ce, dans des conditions de conservation muséologique.

Filmographie

Cinéma

Télévision

Théâtre

Notes et références

  1. « Acte de baptême de Denise Morelle », sur Cinéartistes (consulté le )
  2. Martha Gagnon, « La comédienne Denise Morelle est battue à mort dans un logement de la rue Sanguinet », La Presse,‎ , A3 (lire en ligne)
  3. « Gilbert Morel - Avis de décès – Nécrologie, Montréal, Laval et la Rive-Sud - Rechercher - Urgel Bourgie / Athos », sur www.urgelbourgie.com (consulté le )
  4. « Avis de décès - MOREL, Gaston », sur La Corporation des thanatologues du Québec (consulté le )
  5. « Émission Dossiers Mystère - Le cas Denise Morelle », sur youtube.com, (consulté le )
  6. Mona Latif-Ghattas, « Hommage à Denise Morelle », Jeu - Revue de théâtre,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  7. « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
  8. Office national du film du Canada, « Théâtre de fond de cour » (consulté le )
  9. Pierre Lavoie, « Québec/bilan tranquille d'une révolution théâtrale », Jeu - Revue de théâtre,‎ Été-automne 1977 (lire en ligne)
  10. Michel Vaïs (dir.), Dictionnaire des artistes du théâtre québécois, Montréal, Québec Amérique, , 422 p. (ISBN 9782764406212 et 2764406215, OCLC 191759798, lire en ligne), p. 285
  11. « Gabrielle Jodoin et Lisette de Courval », sur Les Belles-sœurs (consulté le )
  12. CanalD, « Un tueur si proche » (consulté le )
  13. « Champlain PRÉCOURT », sur www.genealogiequebec.com (consulté le )
  14. Harold Gagné, « La preuve parfaite », sur Sélection du Reader's Digest (consulté le ).
  15. Meurtre de Denise Morelle : un suspect épinglé, La Presse (Montréal), , consulté le
  16. Radio Canada http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/11/30/004-verdict-meurtre-morelle-prison.shtml?ref=rss
  17. Radio-Canada ICI.Radio-Canada.ca, « Le verdict est tombé », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  18. « Gaétan Bissonnette plaide coupable », sur TVA Nouvelles (consulté le )
  19. « PTI 2019-2021 : des travaux d'infrastructures en perspective », Le Plateau,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

  • Ressource relative à l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata :