La démographie de la Géorgie obéit depuis plus d'un siècle à différents facteurs exogènes (changements de nature de souveraineté et sécessions délimitant des territoires géographiques différents[11]) et aux facteurs endogènes propres à la dynamique des populations qui y résident[12].
Facteurs exogènes
Variations de territoire géographique
L'Empire russe, qui avait annexé le royaume de Géorgie en 1801, maintient jusqu'en Tiflis comme capitale du Caucase et développe la présence d'ethnies sud-caucasiennes et nord-caucasiennes sur le territoire géorgien. Après sa chute, les tentatives de structures transcaucasiennes ( à ) éclatent devant les nationalismes arménien, azerbaïdjanais et géorgien, ainsi que devant la pression de l'Empire ottoman. Des territoires entiers sont contestés et donnent lieu à des guerres (Ardahan, Artvin, Lorri, Zaqatala...) ou attribués à la Géorgie par des traités internationaux et non respectés (Hopa, Rize et traité de Sèvres).
Au cours des différents changements de souveraineté qui ont concerné le territoire géorgien, Empire russe (1801-1917), Haut Commissariat à la Transcaucasie (1917), république démocratique fédérative de Transcaucasie (1918), république démocratique de Géorgie (1918 à 1921) — avec la création le d'une Commission centrale des statistiques[14] —, république socialiste soviétique de Géorgie (1921 à 1990) — avec la centralisation à Moscou de toutes les activités statistiques[14] —, république de Géorgie (depuis 1990), les données démographiques délivrées ont été constituées à partir de critères différents pour des raisons techniques et pour des raisons politiques[14].
La création de l'Office national des statistiques de Géorgie et son indépendance acquise le [15] sont présentées comme une garantie d'alignement des données démographiques géorgiennes sur les normes internationales[16].
Évolution de la population (recensements de 1939 à 2014, estimations ensuite)
L'évolution de la population entre les recensements de 1939 et de 2014 laisse apparaître la forte émigration des années 1990 entraînée par les facteurs exogènes et celle des années 2000 principalement entraînée par des facteurs endogènes (migrations rurales, migrations économiques vers les pays étrangers, taux de natalité...)[17].
Évolution de la répartition par région administrative (recensements de 2002 et 2014)
L'évolution de la population dans les régions administratives est inégale, même si elle se traduit par une baisse régulière à l'exception de la capitale Tbilissi[1].
Population au recensement 2014 et évolution par rapport au recensement 2002
Concernant les Kurdes (non Yezidis), les Grecs du Caucase et les Abkhazes des populations de 1 161 personnes, 5 689 personnes et 4 551 personnes étaient apparues dans les publications préliminaires du recensement de 2014 : elles ne figurent plus dans la publication officielle du .
Concernant les Juifs de Géorgie, une population de 1 869 personnes était apparue dans les publications préliminaires : elle ne figure plus dans la publication du . Selon Yoann Morvan — anthropologue au CNRS —, la communauté juive aurait compté plus de 100 000 personnes en Géorgie à l’époque soviétique, elle serait de l’ordre de 10 000 en 2016 et plus de 125 000 Juifs géorgiens vivraient à l’étranger[Note 3].
Population par âge et par sexe (recensement de 2014)
Lors du recensement du 5 au , la population se répartissait par âge et par sexe de la manière suivante[1],[18]
Âge
Total
Hommes
Femmes
%
Total
3 713 800
1 772 900
1 940 900
100
0-4
255 100
132 700
122 400
6,86
5-9
230 000
121 200
108 800
6,19
10-14
206 200
109 500
96 700
5,55
15-19
226 000
118 900
107 100
6,08
20-24
266 100
135 300
130 800
7,16
25-29
278 700
139 900
138 700
7,50
30-34
262 100
129 900
132 100
7,05
35-39
248 500
121 900
126 600
6,69
40-44
243 300
118 300
125 400
6,54
45-49
239 400
114 000
125 400
6,43
50-54
271 400
126 700
144 700
7,30
55-59
245 400
111 600
133 800
6,59
60-64
211 400
92 400
119 000
5,69
65-69
155 700
64 900
90 800
4,19
70-74
123 600
48 500
75 100
3,32
75-79
135 800
49 900
85 900
3,65
80-84
71 700
25 100
46 600
1,93
85-89
34 500
10 200
24 300
0,92
90-94
7 500
1 600
5 900
0,20
95-99
1 200
200
1 000
0,03
100+
300
0
300
0, 008
Analyse
Outre les guerres de sécession, les pertes de territoire et les migrations croisées (Abkhazes et Ossètes d'une part, Géorgiens d'autre part, mais aussi départ des Russes du territoire sous contrôle de Tbilissi), les facteurs économiques favorisent l'émigration : le niveau de chômage se maintient depuis deux décennies[19] et la monnaie nationale voit sa parité baisser, entraînant des pertes de pouvoir d'achat[20]. Un facteur additionnel accentue cette tendance, la généralisation de la langue anglaise comme première langue étrangère et l'appétence des jeunes générations diplômées à une formation universitaire à l'étranger et leurs souhaits d'expatriation définitive[21].
A contrario, l'Église orthodoxe géorgienne a entrepris une campagne afin de relancer la natalité[22] et le Gouvernement a créé un Secrétariat d'État à la diaspora afin de garder le contact avec les émigrés et en particulier encourager les retours[23] : son existence est néanmoins discutée[Note 4],[Note 5].
Si certains universitaires français se posent la question de la pérennité de la Géorgie[24], l'OTAN estime que sa population devrait descendre à 3 563 000 habitants en 2050[25].
Notes
↑Les statistiques de population géorgienne publiées par la CIA pour l'année 2018 contiennent une surestimation de près de 10% par rapport aux statistiques officielles de la Géorgie et des Nations unies
↑Pour la population totale à fin 2014, une différence de 104 personnes apparait entre le tableau ci-dessus et le rapport du concernant le recensement de , tous deux publiés par l'Office national de statistiques de Géorgie
↑Conférence EHESS : « Les Juifs de Géorgie : entre exils, repolarisations et retours », Yoann Morvan, 15 décembre 2016
↑Si les années sans recensement l'Office national des statistiques de Géorgie reprend dans ses publications les estimations annuelles de population qu'effectuent les régions administratives, il est rappelé que les chiffres publiés dans les tableaux précédents jusqu'en 2014 relèvent exclusivement de recensements. Des surestimations administratives ne sont pas à exclure durant ces années intermédiaires, les subventions régionales étant tributaires du nombre d'habitants
↑Le taux de variation de la population 2018[3] correspond à la somme du solde naturel 2018[3] et du solde migratoire 2018[3] divisée par la population au 1er janvier 2018[3].
↑L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) pour 2018[3] est la somme des taux de fécondité par âge observés en 2018[3]. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d'enfants qu'aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés en 2018[3]. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de 2018[3].
↑ Le taux de natalité 2018[3] est le rapport du nombre de naissances vivantes en 2018[3] à la population totale moyenne de 2018[3].
↑ Le taux de mortalité 2018[3] est le rapport du nombre de décès, au cours de 2018[3], à la population moyenne de 2018[3].
↑Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre d'enfants décédés à moins d'un an et l'ensemble des enfants nés vivants.
↑L'espérance de vie à la naissance en 2018 est égale à la durée de vie moyenne d'une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de 2018. C'est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de 2018.
↑L'âge médian est l'âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune et l'autre moitié est plus âgée.
Denis Dafflon, Construction de la nation et gestion de la diversité ethnique dans l'espace post-soviétique : la Géorgie face à sa minorité arménienne (2004-2013) (thèse de doctorat), Fribourg, , 258 p. (lire en ligne).
Sources
L'Office national des statistiques de Géorgie publie régulièrement des documents concernant la population et la démographie : ils contiennent parfois des chiffres légèrement différents pour les mêmes rubriques :