Curtis YarvinCurtis Yarvin
Curtis Guy Yarvin (né le 25 juin 1973), également appelé Mencius Moldbug, est un informaticien et blogueur américain d'obédience néo-réactionnaire[1]. Ses écrits de philosophie politique jouent un rôle important dans la formation des Lumières obscures[5]. L'œuvre de Curtis Yarvin inspire le philosophe anglais Nick Land et s'inscrit dans la philosophie politique néoréactionnaire (dite NRx) : les « Lumières obscures » (Dark enlightenment)[6]. Le néo-réactionnisme et les lumières obscures constituent un des fondements philosophiques de l'alt-right[1],[7], mais contrairement à celle-ci, l'approche de Curtis Yarvin et Nick Land est considérée comme élitiste et non populiste[8]. BiographieNé en 1973, Curtis Yarvin intègre l'université Brown en 1988 et en sort diplômé en 1992 avec une licence (Bachelor of Arts) en informatique[9]. Il poursuit ses études à l'université Berkeley dans le programme doctoral (PhD) du département d'informatique qu'il ne termine finalement pas[10]. Il blogue sous le pseudonyme de Mencius Moldbug à partir de 2007[11]. En 2013, Yarvin a moins travaillé sur ses blogs, pour revenir à l'un de ses sujets professionnels : un algorithme qu'il développe depuis 10 ans environ (depuis 2002) qui se veut être l'épine dorsale d'Urbit, un produit informatique qui, selon lui, restructurerait la façon dont les gens utilisent Internet[12]. En 2013, il a lancé la société Tlon, basée à San Francisco, pour superviser le développement d'Urbit. Selon Wolfe-Pauly, l'un de ses associés, la société est financée par la branche de capital-risque de Thiel, Founders Fund, mais Thiel ne se serait pas personnellement impliqué. L'un des cofondateurs de la société, John Burnham, qui ne travaille plus avec Yarvin et Wolfe-Pauly, se présente comme récipiendaire de la bourse Thiel, dont il aurait utilisé les recettes pour des projets sans rapport avec ceux de Yarvin[12]. En 2015, son invitation concernant Urbit à la conférence de Strange Loop est annulée à la suite de plaintes faites par d'autres participants concernant ses positions racistes[13],[14]. En 2016, son invitation à la conférence de programmation fonctionnelle LambdaConf entraîne le retrait de cinq intervenants, deux sous-conférences, et plusieurs sponsors[15],[16]. Il attire l'attention publique en février 2017 quand Politico rapporte que Steve Bannon, figure américaine de l'alt-right (extrême droite) alors nommé conseiller stratégique de Donald Trump (durant sept mois avant d'être licencié), aurait été en contact via des intermédiaires avec Curtis Yarvin et lirait son blog[17]. L'histoire est publiée par d'autres magazines et journaux, dont The Atlantic[18], The Independent[19], et Mother Jones[20]. Yarvin (sous le nom de Moldbug) a notamment écrit sur son blog « Qu'y a-t-il de si mauvais chez les nazis ? »[12], et un an plus tôt Breitbart News (média politique ultra-conservateur et d'extrême droite, présidé depuis 2012 par Steve Bannon) avait élogieusement décrit le travail de Yarvin, en le présentant comme « les premières pousses d’une nouvelle idéologie conservatrice ». Mais en 2017, Yarvin dément être en contact avec Bannon « directement ou indirectement »[21]. En 2019, après une absence presque totale de cinq années de la blogosphère, Yarvin reprend son travail comme blogueur[22]. Philosophie et opinions politiquesAu début, Yarvin appelle sa philosophie politique dans laquelle il insiste sur l'alignement du droit de propriété avec le pouvoir politique le formalisme[6],[23] d'après le concept de formalisme juridique (en). Il la renomme plus tard le néo-caméralisme : « J'ai choisi le mot principalement pour son absence de résultats sur Google, mais il doit rappeler aussi le caméralisme, la philosophie de Frédéric le Grand, dont l'Anti-Machiavel est une bonne lecture pour quiquonque se demande ce qui a mal tourné aux XIXe et XXe siècles »[24]. Le néocaméralisme aligne le fonctionnement du parlement sur celui d'une assemblée générale d'actionnaires qui élisent un PDG dont le rôle est de gérer l'État comme une entreprise cherchant à maximiser son profit[25]. Le journaliste Pablo Stefanini qualifie cette idéologie de « féodalisme entrepreneurial »[26]. Arnold Kling (en) est le premier à qualifier Curtis Yarvin de « néo-réactionnaire » en 2010. Cette étiquette est adoptée par ses partisans[6] et acceptée par Yarvin lui-même, qui lui préfère cependant le terme de « restaurationiste ». La restauration qu'il préconise serait un défaut souverain suivi d'une restructuration de l'État qui ouvrirait « une nouvelle époque où le gouvernement sécurisé, responsable, et efficace peut aussi facilement être considéré comme acquis que l'eau du robinet potable, l'électricité toujours allumée, ou un moteur de recherche qui affiche du porno seulement si on cherche du porno »[27]. L'idéal de Curtis Yarvin est une planète divisée en cités-État techno-autoritaires et en concurrence entre elles afin d'attirer les citoyens[26]. Les citoyens seraient privés de moyen d'expression démocratique. Ils auraient la liberté de déménager d'une cité-État à l'autre[28]. Une cité-État qui userait de l'arbitraire contre ses « citoyens clients » risquerait ainsi de les perdre et donc de faire faillite[29]. Curtis Yarvin s'est réclamé des idées de Ludwig von Mises avant d'adopter celles de Thomas Carlyle. Il remarque : « Comme d'autres personnes, j'ai le désir, et je devrais avoir la possibilité, de vivre dans un régime libéral d'ordre spontané, qui n'est pas planifié d'en haut mais émerge par l'interaction naturelle et incontrôlée d'atomes humains libres. Hayek en particulier, même s'il n'est sûrement pas un Mises, est éloquent sur ce sujet. Ce que ma conversion à la secte de Carlyle a changé - complètement - c'est ma compréhension des moyens par lesquels cette société libre doit être réalisée ». Yarvin considère que la démocratie, qui favorise l'alternance de partis en concurrence pour le pouvoir, encourage un consumérisme effréné et la corruption au lieu de l'investissement à long terme[30]. Il voit une alternative plus efficace dans un « gouvernement autoritaire basé sur une élite issue du monde des affaires, technocratique et blanche »[30]. Alexandra Wolfe la décrit comme « la monarchie ou la dictature »[31]. Pour lui, Donald Trump n'a « pas d'idéologie du tout ». Il lui préfèrerait « un PDG avec un vrai bilan d'exécution stratégique dans une grosse entreprise — un Elon Musk ou Jeff Bezos — qu'il souhaiterait voir se présenter contre Trump » quelle que soit l'idéologie du candidat[32]. Selon Mencius Moldbug, les Américains pourraient en finir avec la démocratie en élisant un président qui promette d'annuler la constitution. Le journaliste Pablo Stefanini voit ici un lien entre les « néo réactionnaires » et les « nationaux populistes » comme Trump et ses partisans[33]. Le journal Le Monde qualifie les idées de Curtis Yarvin d'« incendiaires »[34]. CathédraleIl développe le concept de « Cathédrale » pour désigner ce qu'il perçoit comme une influence dominante d'une alliance entre médias et institutions académiques d'élite sur la société américaine[11]. RacismeIl affirme que les personnes blanches sont génétiquement dotées de quotient intellectuel plus élevés que les personnes noires[15],[14]. En 2007, il écrit sur son blog que, « bien que je ne sois pas nationaliste blanc, je ne suis pas vraiment allergique à cette chose »[35]. Dans un billet de 2009, il promeut une hiérarchisation raciste des populations humaines en s'appuyant sur les écrits de Thomas Carlyle, affirmant que certaines populations seraient biologiquement plus adaptées à être réduites en esclavage[15],[35]. InfluenceSes écrits contribuent à l'émergence du courant néoréactionnaire[34]. Dans les années 2020, ses idées influencent le présentateur Tucker Carlson et les hommes politiques J. D. Vance et Blake Masters (en). Il est considéré comme une figure intellectuelle majeure de la « Nouvelle Droite » américaine[11]. Références
Liens externes
|
Portal di Ensiklopedia Dunia