Couvent des Carmes de Caen
Le couvent des Carmes de Caen, appelé autrefois Notre-Dame du Carme[1], est un ancien établissement religieux fondé au XIIIe siècle par les Carmes dans le quartier Saint-Jean de Caen. Désaffecté à la Révolution française, le couvent a été détruit au XIXe siècle et l'église pendant la bataille de Caen. SituationLe couvent se trouvait approximativement sur le pâté d'immeubles compris entre le quai Vendeuvre, la rue des Carmes, la rue de la Miséricorde et la rue Henri Brunet. Il est construit au pied des fortifications de Caen, sur l'île Saint-Jean, mais à l'extrémité méridionale de la paroisse Saint-Pierre[2]. HistoireLes premières constructionsLes religieux de l'ordre du Carmel s'installent vers 1278 sur les terrains de l'hôtel de Troarn, propriété appartenant à l'abbaye Saint-Martin de Troarn[3]. Ils construisent tout d'abord une première chapelle dédiée à sainte Anne. De l'extrême fin du XIIIe siècle jusqu'à la fin du XIVe siècle, ils érigent leur église constituée d'une nef dédiée à la Trinité. L'ancienne chapelle est conservée contre son chevet. Les bâtiments monastiques semblent avoir été construits à l'ouest de l'église. Trois corps de bâtiment assez bas s'organisaient autour du cloître de forme rectangulaire dont le dernier côté était formé par la façade occidentale de l'église. Au sud, s'étendait un jardin non planté. Le tout était accessible depuis la rue des Carmes par une étroite cour. Au milieu du XVe siècle, l'église est agrandie vers le sud par la construction d'une deuxième nef dédiée à la sainte Vierge. Le , est fondée la confrérie (ou charité) de la Trinité et de la Passion qui s'établit dans la chapelle Saint-Sébastien et Saint-Roch dans le chœur de l’église[4]. Les reconstructionsL'église est reconstruite en partie après les deux sièges subis par la ville pendant la guerre de Cent Ans. De mai 1562 au jeudi saint de l'année suivante, les moines sont chassés par les Huguenots qui pillent le couvent, brulent les boiseries de l'église et dispersent les archives. En 1612, de gros travaux bouleversent l'architecture des lieux. Dans l'église, des baies sont condamnées alors que de nouvelles sont ouvertes. À l'emplacement des jardins, un nouveau couvent, composé de trois bâtiments conventuels reposant sur des caves, est construit autour d'un cloître qui cette fois-ci s'appuie sur le mur sud de l'église. En 1633, les jardins contigus à l'établissement des Ursulines sont réaménagés à la française et traversés par un bassin alimenté par la Fontaine de Troarn. En 1635 et 1639, la chapelle Sainte-Anne est remaniée. En 1625, la foudre frappe le clocher raccommodé quatre ans plus tôt ; trente ans plus tard, en 1665, les Carmes font construire une nouvelle tour octogonale en remplacement du clocher médiéval qui se trouvait en bas de l'église[5]. En 1677, les voûtes de l’église sont reconstruites et recouvertes de scènes peintes. À la même époque, le grand jubé en pierre entre la nef et le chœur est démoli[6]. Il semble qu'à la fin du XVIIIe siècle les bâtiments étaient en très mauvais état. Pour faire face à leur dépense, les Carmes doivent ainsi faire fondre en 1710 les cloches qui avaient été installées dans leur nouveau clocher dans les années 1660[7]. La destruction progressive du couventComme tous les ordres monastiques français, l'ordre des Carmes est aboli par le décret des 13 et . L'inventaire des biens du monastère est dressé le 11 janvier et . Les frères quittent définitivement les lieux le suivant et leur biens sont vendus en octobre[8]. Le couvent devient une prison pour les prêtres hostiles à la constitution civile du clergé et un hôpital pour les soldats de la garnison atteint de maladie vénérienne. L'église sert un temps au culte protestant, puis elle est transformée en salpêtrière en 1794. En 1796, le couvent est vendu à deux particuliers. Le cloître sert alors d'entrepôt à bois, le port de Caen étant tout proche. En 1802, la gendarmerie s'installe dans le couvent. En 1815, la chapelle, pratiquement en ruine, est transformée en grenier à sel. En 1839, l'état de dégradation alerte les autorités qui décident de démolir le couvent. Le clocher est détruit en 1860 et le reste du couvent, mis en vente en 1863[9], est rasé en 1864. Seule l'ancienne église est conservée. Pendant la bataille de Caen, l'église est sévèrement touchée. Malgré son intérêt architectural et bien que son état de conservation le permette, les autorités renoncent à entreprendre la restauration du bâtiment. Lors de la Reconstruction de Caen, les autorités décident donc de raser les derniers vestiges. L'église, classée monument historique, est déclassée le [10] et la façade ouest, ainsi qu'un fragment de mur, restés debout sont détruits en [11]. Le nom de la rue est donc le dernier souvenir qu'il reste du couvent.
ArchitectureDeux nefs composaient l'église de ces religieux. La nef la plus petite était couverte d'une voûte en pierre ; l'intersection entre les arceaux aux arêtes prismatiques était ornée de clef. La voûte de la nef principale était en bois. La voûte en berceau reposait sur des lambris sur laquelle on avait représenté l'histoire de la vie de Jésus.
Ces panneaux ont en fait été peints par le frère Lucas La Haye (ou Delahaye), premier maître de Robert Tournières, qui se serait fortement inspiré de la Mise au tombeau du Christ du Titien et du Portement de Croix d'Eustache Le Sueur[13]. Au milieu du XIXe siècle, les murs étaient encore couverts d'un semis de fleur de lys et de monogrammes réalisé à la peinture à l'eau grâce à des pochoirs[14]. Au nord de l'église, s'ouvrait un portail en saillie sur la façade. Il formait une sorte de loggia aménagée entre deux contreforts et ornée d'une balustrade percée d'orifice en quatre-feuilles. MobilierAu XVIe siècle, l'historien M. de Bras nous renseigne à propos d'un contre autel et d'un tableau présents dans cette église, dans les termes suivants :
Dans la même église des Carmes un Trespassement de Notre Dame placé au-devant du pupitre et eslevé à grands personnages de la Vierge Marie et des douze Apostres selon le naturel et si bien représentez qu ils sembloyenl déplorer le trespas de ceste Vierge mère. Au XVIIe siècle, un maître-autel a été monté dans l'église. Après la Révolution, il a été remonté dans le transept sud de l'église Saint-Jean de Caen. Cette œuvre du XVIIe siècle, endommagée en 1944, a été classée au titre d'objet le [15]. Des statues sont posées de chaque côté de l'élévation du retable : à gauche, saint Joseph et à droite sainte Thérèse d'Ávila. Au centre, on trouve une statue de taille plus réduite représentant sainte Catherine. Le centre du retable est orné par une toile représentant l'Annonciation. Cette toile ne semble pas avoir été conçue pour ce retable[13]. Alors que l'ensemble date de la fin du XVIIe siècle, il semble que le tableau soit antérieur à 1620. Notes et références
Sources bibliographiques
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