Claudia JonesClaudia Jones
Claudia Jones (née Claudia Vera Cumberbatch le et morte le ) est une journaliste et féministe radicale trinidadienne. Sa famille a émigré aux États-Unis où elle devient une activiste politique du nationalisme noir à travers le Parti communiste des États-Unis d'Amérique, utilisant le pseudonyme de « Jones » pour se protéger[1]. À cause de ses activités politiques, elle est expulsée en 1955 et s'installe au Royaume-Uni. Elle fonde le premier journal noir britannique, The West Indian Gazette, en 1958[2]. JeunesseClaudia Vera Cumberbatch est née à Port-d'Espagne, Trinité-et-Tobago, le . Quand elle eut 9 ans, sa famille émigra à New York à la suite de la chute des prix du cacao dans son pays d'origine. Sa mère meurt 5 ans plus tard et son père trouve du travail pour entretenir sa famille. Jones gagne le Theodore Roosevelt Award pour « Bonne Citoyenneté » à son école. En 1932, à cause de ses conditions de vies précaires, elle contracte la tuberculose, une maladie qui endommage irrémédiablement ses poumons et qui la tourmentera jusqu'à la fin de sa vie. Elle sort diplômée du lycée, mais sa famille est si pauvre qu'elle ne peut assister à la cérémonie de remise des diplômes[3]. Carrière aux États-UnisMalgré ses capacités intellectuelles, elle est classée dans la catégorie des femmes émigrantes, ce qui limite ses choix de carrières. Au lieu d'entrer à l'université, Jones travaille dans une blanchisserie puis trouve d'autres emplois à Harlem. Pendant ce temps, elle rejoint un groupe d'art dramatique et écrit une rubrique appelée "Claudia Comments" pour un journal d'Harlem[4]. En 1936, alors qu'elle essaie de trouver des organisations pour soutenir les Scottsboro Boys[5],[6], elle adhère au Parti communiste des États-Unis d'Amérique. En 1937, elle rejoint l'équipe éditoriale du Daily Worker, elle est promue rédactrice du Weekly Review en 1938. Après que la jeune ligue communiste soit devenue Ligue des jeunes communistes des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Jones devient rédactrice pour le mensuel Spotlight. Après la guerre, elle devient secrétaire exécutive au Women's National Commission, secrétaire pour la Commission des femmes du parti communiste des États-Unis (CPUSA) et, en 1952, elle prit le même poste au National Peace Council. En 1953, elle prend la direction éditoriale de Negro Affairs[7]. An End to the Neglect of the Problems of the Negro Woman!Jones est connue pour avoir écrit An End to the Neglect of the Problems of the Negro Woman! (En finir avec la négligence des problèmes de la femme noire !) qui parait en 1949 dans le magazine Political Affairs. Elle y développe ce qui deviendra plus tard une analyse intersectionnelle dans un cadre marxiste, Elle écrit :
Traduction :
ExpulsionÀ cause de son appartenance au Parti communiste des États-Unis d'Amérique, et de diverses activités associatives, Jones est arrêtée en 1948 et condamnée dans un premier temps à une peine de prison[9]. Incarcérée à Ellis Island, elle est menacée d'expulsion vers la Trinité. À la suite d'un interrogatoire avec le service d'immigration et de naturalisation, on la déclare en violation du McCarran Act car elle n'était pas citoyenne américaine et a rejoint le Parti Communiste. Plusieurs témoins certifient qu'elle a joué un rôle dans les activités du parti, et elle avait elle-même déclaré être membre du parti depuis 1936. Elle est condamnée à l’expulsion le [10]. En , à seulement 36 ans et en prison, elle souffre de sa première attaque cardiaque[7]. La même année, elle est jugée et condamnée avec 11 autres personnes, dont son amie Elizabeth Gurley Flynn, d'« activité anti-américaines » en vertu du Smith Act[11] et plus particulièrement d'activités contre le gouvernement des États-Unis[3]. La Cour suprême rejette son appel. En 1955, Jones purge sa peine d'un an et un jour à la Federal Reformatory for Women d'Alderson (Virginie-Occidentale)[7]. Elle est relâchée le 23 octobre 1955[12]. On lui refuse de retourner à Trinité-et-Tobago, en partie à cause du gouverneur, le Major General Sir Hubert Elvin Rance qui considère qu'elle pourrait provoquer des troubles[11]. On lui offre finalement de vivre au Royaume-Uni pour des raisons humanitaires et les autorités fédérales donnent leur accord dès qu'elle arrête de contester son arrêt d’expulsion[13]. Le 7 décembre 1955, à l'Hotel Theresa à Harlem, 350 personnes se rassemblent pour son départ[7]. Carrière au Royaume-UniClaudia Jones arrive à Londres deux semaines plus tard, à l'époque de la construction de l'Empire Windrush et de l'expansion de la Communauté afro-caribéenne du Royaume-Uni. Mais en rejoignant la même communauté politique qu'elle vient de quitter aux États-Unis, elle est déçue de constater que beaucoup de britanniques communistes sont hostiles envers une femme noire[14]. ActivismeElle arrive en Angleterre au moment où beaucoup de propriétaires, de magasins et même quelques établissements publics affichent des pancartes marquées « Pas d'irlandais, pas de noirs, pas de chiens »[réf. nécessaire]. Jones commença par s'impliquer dans la Communauté afro-caribéenne du Royaume-Uni pour organiser l'accès aux services de base, ainsi que le jeune mouvement pour l'égalité des droits[9]. Encouragée par ses amis Trevor Carter, Nadia Cattouse, Amy Ashwood Garvey, Beryl McBurnie, Pearl Prescod et son mentor Paul Robeson, Jones fit campagne contre le racisme et les discriminations raciales en matière de logement, d'éducation et d'emploi. Elle prit la parole lors de rassemblements pour la paix et des congrès syndicaux, elle visita le Japon, la Russie, et la Chine, où elle rencontra Mao Zedong[15]. Au début des années 1960, malgré sa faible santé, Jones aide à organiser des campagnes contre le 1876 Immigration Act, qui rendait plus difficile la migration vers le Royaume-Uni pour les non-blancs. Elle fit également campagne pour la libération de Nelson Mandela, et s'exprima contre le racisme[9]. The West Indian Gazette et Afro-Asian Caribbean News, 1958Claudia Jones était d'avis que les « gens sans voix étaient comme des agneaux à l'abattoir »[15]. Par conséquent, en 1958 au-dessus d'un barbier, à Brixton[11], elle fonde et édite le journal anti-impérialiste et anti-raciste, The West Indian Gazette and Afro-Asian Caribbean News (WIG)[16]. Le journal devint un contributeur clé à la prise de conscience de la communauté noir britannique[15]. Jones écrit son dernier essai, The Caribbean Community in Britain, dans Freedomways[17]:
Traduction :
Toujours à court d'argent, WIG ferma huit mois et quatre éditions après la mort de Jones en décembre 1964[7]. Notting Hill riots et Caribbean Carnival, 1959En août 1958, des émeutes raciales éclatent dans les quartiers de Londres de Notting Hill ä Londres et de Robin Hood Chase à Nottingham[18]. Jones se met en lien avec des leaders de la communauté noire britannique ainsi qu'avec divers leaders nationalistes noirs dont Cheddi Jagan de la Guyane britannique, Norman Manley de Jamaïque, Eric Williams de Trinité-et-Tobago, Phyllis Shand Allfrey et Carl La Corbinière[n 1] de la Fédération des Indes occidentales[7]. Jones éprouva le besoin de « laver le goût de Notting Hill et de Nottingham de nos bouches » (wash the taste of Notting Hill and Nottingham out of our mouths)[7]. Il fut suggéré que la communauté noire britannique devait avoir un carnaval ; c'était en décembre 1958, donc la question suivante fut : « En hiver ? ». Jones utilisa alors ses connexions pour obtenir l'utilisation du St Pancras Town Hall en janvier 1959 pour le premier carnaval de Mardi gras[19], qui fut dirigé par Edric Connor[20],[21] et qui présenta la troupe de danse Boscoe Holder (en), le guitariste de jazz Fitzroy Coleman et la chanteuse Cleo Laine[20]; il a été retransmis à la télévision par la BBC. Ces premières célébrations ont été incarnées par le slogan : « A people's art is the genesis of their freedom » (L'art d'un peuple est la genèse de leur liberté)[18]. Une note de bas de page sur la couverture de la brochure souvenir originelle de 1959 était : « A part of the proceeds [from the sale] of this brochure are to assist the payments of fines of coloured and white youths involved in the Notting Hill events » (Une partie des recettes de la vente de cette brochure est destiné à payer les amendes de jeunes de couleur et blancs impliqués dans les événements de Notting Hill)[22]. Jones et la West Indian Gazette (en) ont également organisé cinq autres carnavals annuels en intérieur dans des salles de Londres : Seymour Hall (à Seymour Place (en)), Porchester Hall (en) et Lyceum Ballroom, événements considérés comme des précurseurs du grand carnaval de Notting Hill[18]. MortJones mourut la veille de Noël 1964, âgé de 49 ans, et a été trouvée le jour de Noël à son appartement. Un examen post-mortem a déclaré qu'elle avait eu une crise cardiaque, dû à la maladie de son cœur et à la tuberculose[11]. Ses funérailles ont eu lieu le 9 janvier 1965 ; de nombreuses personnalités politiques ont assisté à la cérémonie. Sa tombe est à gauche de celle de son héros, Karl Marx, au cimetière de Highgate, dans le nord de Londres[23]. Un message de Paul Robeson y a été lu[11] :
Traduction :
HéritageLes membres noirs du National Union of Journalists' ont dédié un jour annuel à la mémoire de Claudia Jones Memorial en octobre, pendant le Mois de l'histoire des Noirs, pour honorer Jones et célébré sa contribution au journalisme noir britannique. La fondation Claudia Jones fut fondée à Londres en 1982 pour soutenir les femmes et familles de l'héritage Africain-Caribéen[24]. La pièce de théâtre A Rock in Water de Winsome Pinnock (en) en 1989 est inspirée de la vie de Claudia Jones[25],[26]. En octobre 2008, la poste britannique Royal Mail commémore Jones avec l'édition d'un timbre spécial[27]. En août 2008, une plaque bleue fut posée au coin sud de Tavistock Road et Portobello Road commémorant Claudia Jones en tant que « Mère du carnaval Caribéen au Royaume-Uni »[28],[29]. Elle fait face à une autre plaque bleue (au coin nord de la même intersection) commémorant Rhaune Laslett-O'Brien (en), elle aussi fortement inscrite dans la genèse du carnaval de Notting Hill[30]. Jones est citée dans la liste des 100 Grands noirs britannique[32].
Bibliographie
D'autres lectures
Notes et référencesNotes
Références(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Claudia Jones » (voir la liste des auteurs).
Articles connexesLiens externes
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