Carles Gabarró est un artiste peintre espagnol né le à Barcelone (Province de Barcelone). On lui connaît également une brève activité de graveur, limitée à l'année 1992.
Carles Gabarró est élève de l'Université de Barcelone, successivement à la faculté de physique-chimie de 1973 à 1978 puis, après deux années passées à Paris et soutenu par des bourses du Ministère de la culture et de la Généralité de Catalogne, de la faculté des beaux-arts de 1980 à l'obtention du diplôme supérieur d'arts plastiques en 1985[1]. Il compte alors parmi ses professeurs José Milicua (1921-2013) en histoire de l'art, parmi ses condisciples et amis Ferran García Sevilla(es) (1949-) et Xavier Grau(es) (1951-2020).
Il vit de 1986 à 1991 dans un atelier situé au n°86 de la calle de Bailén à Barcelone, s'installant dans un deuxième atelier du Centre d'art contemporain Piramidón(ca), de même à Barcelone, en 1992[2], année où il expérimente la gravure par le tirage de six épreuves à l'eau-forte, à l'aquatinte et au carborundum pour la Galerie Maeght de Barcelone[3]. Il emménage enfin en 2015 en un troisième atelier situé à L'Hospitalet de Llobregat[4].
Les ateliers
Calle de Bailén, 1986
Piramidón Centre d'art contemporain, 2012
L'atelier de 2024
Dans le texte Mots et choses qu'il consacre à l'œuvre figurative de Carles Gabarró, le critique d'art Manel Clot(es) analyse que les objets (des livres et des crânes enserrés ensemble dans des rayons de bibliothèques, des carcasses animales, des lits, des caisses, des barques, des crayons, des bols, des casques, des croix…) ou paysages (des forêts, des phares, des usines…) représentés « ne sont pas un répertoire extrait directement et uniquement de la réalité ou de ses multiples et probables déformations : il ne s'agit pas d'un répertoire scientifique d'outils, ni d'un inventaire taxinomique prosaïque, mais d'une synthèse rigoureuse de toutes ces présences, une opération de signification en vertu de laquelle les choses que nous voyons renvoient davantage au mot qui les désigne qu'à leur propre statut physique. En ce sens, nous entrons dans le domaine de la métaphore ou de l'allusion à demi-voilée »[5]. Abondant dans le même sens dans son texte Creusets, Daniel Giral-Miracle(es) ajoute : « À partir de ces références aussi réelles qu'évidentes, on pourrait établir une herméneutique qui évoluerait seulement dans le monde des symboles et risquerait de nous faire oublier la peinture »[1].
Œuvres
Biblioteca-vanitas, huile sur toile 180x120cm, 2010 (série des Bibliothèques)
Cabezo, huile sur toile 160x200cm, 2011 (série des Usines)
Palette, huile sur toile 180x150cm, 2015
Piaule à Montparnasse, huile sur toile 50x50cm, 2020
Galerie Arthur, Paris, décembre 1989 - février 1990 (Carles Gabarró - Creusets)[1],[8],[9], février 1991 (Carles Gabarró - La Forêt inconnue)[10], juillet 1991 (Carles Gabarró - Paysages de la mémoire)[11],[12].
Galerie Maeght, Barcelone, décembre 1993 - janvier 1994 (Carles Gabarró - Jardins)[13], décembre 1994[14], mars-avril 1998 (Carlos Gabarro - Magma)[15], mai 2001[16].
Carles Gabarró - Monuments, Galerie Arrêt sur l'image, Bordeaux, 1995.
Gabarró - Entre el placer y el goce, Agua Amaga, Almería, octobre 1998 ; El celler del Roser, Lérida, décembre 1998 - janvier 1999[17].
Give me two - Carles Gabarró, Sabine Finkenauer, Galerie Flamicelli, Barcelone, 2015.
Les artistes en résidences d'ateliers du Piramidón de Barcelone, château des Benedormiens, Castell d'Aro, mars-mai 2023[46].
Réception critique
« Tous ces crânes, qui pourraient figurer autant de méduses, de têtes d'aigle, déléphants ou de têtes de mort (au choix du spectateur et de l'humeur du peintre) composent unrituel insidieux, une danse immobile et silencieuse d'entités suspendues dans la toile. Gabarró oppose là un véritable bouclier hypnotique, il nous oblige à fixer la toile, à chavirer en elle avant de nous laisser pénétrer dans son univers. Et c'est seulement après cette première épreuve initiatique que nous est donnée à voir l'évidence de ces objets propulsés là à partir du néant, comme des météorites échus sur un pré, dotés d'une présence si insolente qu'elle ne peut être mise en doute… Les objets s'imposent au tableau de la même façon que le peintre pose le regard sur le monde, c'est-à-dire sans concession aucune, effrontément. » - Mónica Regàs[10]
« C'est une peinture de l'intimité vers l'intimité, une réflexion éminemment métaphysique surgissant de la profondeur d'une expérience psychique. Carles Gabarró dépasse les choses vues ou les souvenirs épidermiques de certaines images. Ce qui incite et dynamise sa création se trouve à un niveau plus profond, cet état où la perception se mue en mémoire. C'est pour cette raison que j'ai parlé de métaphysique, car tout en suivant la méthode classique de l'analyse philosophique, il surpasse les limites des objets physiques pour les emmener vers les paysages de la mémoire… Les sujets oscillent parmi un répertoire d'éléments aussi réduits qu'emblématiques : la barque, la caisse, l'arbre, les racines, les tours et les phares, les flammes et les feux, le casque ou le bol, la croix et d'autres éléments dérivés qui pourraient s'inscrire dans ce que Carl Gustav Jung dénommait les Urformen, c'est-à-dire les formes les plus anciennes et profondes, les archétypes. » - Daniel Giralt-Miracle(es)[11]
« La bibliothèque n'est pas qu'un meuble ou un symbole. Le crâne n'est pas qu'une citation iconographique ou une manifestation de pessimisme. La peinture de Gabarró contemple avec fascination la multiplicité des dos de livres, l'effet de mosaïque et la structure orthogonale qui s'y produit. La bibliothèque établit une grille, une composition de base. C'est pourquoi, dans les usines que Gabarró peint également, on retrouve la sérialité et la frontalité des bibliothèques et le vide noir des yeux des crânes. La peinture permet d'établir des relations, des analogies et des métaphores qui ne s'expliquent pas discursivement et demeurent dans une indétermination féconde. Dans le travail de sa figuration, dans l'ambiguïté produite par sa contemplation, le tableau propose un mécanisme de réflexion à la fois ouvert et secret. » - Àlex Mitrani[22]
« The Spanish artist Carles Gabarró articulates his work in series to look in the deep sense of things for an answer to the pictural and existential question, while his work constitutes a meditation on human fragility. The motifs for his painting show the poetic continuity of both the inheritance of the weight of history and of modern tradition, and invite personal reflection, from freedom, ethics, moral demands, and the emotional impulse of speeches and forms of the pictural fact. » - Joaquín Escuder Viruete[47]
↑ Maria et Lorena M. de Correl, commissaires d'esposition, Alejandro Castelote, Neus Miró, Muestra de Arte Injuve, catalogue d'exposition, Instituto de la Juventud, 2010.
↑ Joaquín Escuder Viruete, « La memoria solida de Carles Gabarró - The solid memory of Carles Gabarró », Estudio (Issue 31), vol.11, juillet septembre 2020.
Àlex Mitrani, Carles Gabarró - Arborencènses, éditions du Centre d'études catalanes, Paris, 2012 (consulter en ligne).
Mercè Vila, Gabarró - Pfaff, éditions du Centre d'art contemporain Piramidón, Barcelone, 2013 (consulter en ligne).
Àlex Mitrani, Carles Gabarró - Pintura davant la llibreria, éditions du Musée de Montserrat, 2013.
Joaquín Escuder Viruete, « La memoria solida de Carles Gabarró - The solid memory of Carles Gabarró », Estudio (Issue 31), vol.11, Lisbonne, juillet-septembre 2020.
Albert Mercadé, Carlos Gabarró - Hypothèses d'existence éditions du Centre d'art Tecla Sala, L'Hospitalet de Llobregat, 2022.
Carles Gabarró, Albert Mercadé et Rafael Pérez Hernandez, Carles Gabarró, éditions Galerie Rafael Pérez Hernando, Madrid, 2023 (consulter en ligne).
Àlex Mitrani, Francesc Puntí et Mercè Vila Rigat, Carles Gabarró - La fragilitat de la pintura a l'època del "fast-food, Fondation Vila Casas/Musée Can Framis, Barcelone, 2024 (consulter en ligne).