Bob De Moor naît le [1] à Anvers[2]. Il est le fils d'un dessinateur industriel[2]. Ses premiers dessins paraissent pendant l'occupation allemande en Belgique, où il publie des caricatures anti-britanniques, dans Les Hommes au travail[1].
En 1945, il dessine Bart le Moussaillon dans le magazineKleine Zondagsvriend ainsi que des histoires mettant notamment en scène l'inspecteur Marks, le professeur Hobbel et son assistant Sobbel. Fin 1945 et en 1946, il figure au sommaire d'ABC et réalise de nombreux dessins d'humour.
En 1947, il conçoit un premier album en français, Le Mystère du vieux château-fort, scénarisé par John van Looveren tout en continuant à fournir de nombreuses histoires à la presseflamande (Moneke et Johnekke, Janneke et Stanneke, Het Leven van J.B. de la Salle). Bob De Moor fonde Artec-Studio et multiplie encore ses créations dans les magazines néerlandophones.
Thyl et Lamme
En 1950, De Moor entame une collaboration avec le journal Het Nieuws van den Dag(nl), succédant dans ce journal à Lucien De Roeck et Raf Van Dijck. De Moor lance la bande dessinée de De Nieuwe Avonturen van Tijl Uilenspiegel [« Les Nouvelles Aventures de Till l'Espiègle »] le . Le récit est centré sur le héros populaire flamand Till l'Espiègle et son acolyte Lamme Goedzak et les amène du XVIe siècle à nos jours. Certains récits, comme Het Vals Gebit [« Les Fausses Dents »], sont essentiellement de la propagandenationaliste flamande, critiquant la répression d'après-guerre des collaborateurs nazis, le bombardement de la tour de l'Yser en 1946 et l'abdication forcée du roi Léopold III. Au total, quatre histoires de Till l'Espiègle sont publiées dans ce quotidien, dont le dernier épisode est publié le . La série paraît également dans les journaux apparentés : 't Vrije Volksblad, De Nieuwe Gids(nl) et De Antwerpse Gids[2]. En 1978, les éditions bruxelloises Chlorophylle éditent l'album des aventures de Thyl et Lamme intitulé : Le Lama de Laïbona.
Kuifje
En 1949, Bob de Moor travaille pour le journal Kuifje[1], l'équivalent flamand du Journal de Tintin, en aidant notamment son ami d'enfance Willy Vandersteen et ses nombreuses séries, dont Bob et Bobette. La même année, Bob de Moor entre au journal Tintin[3], introduit par Karel Van Milleghem, en illustrant d'abord Le Lion des Flandres puis Les Gars des Flandre. Il réalise également les gags de Bouboule et Noiraud puis de Monsieur Tric. Encouragé par Hergé, il conçoit Barelli[1], un jeune comédien et détective, et Cori le Moussaillon[1] tout en illustrant Conrad le Hardi. C'est aussi lui qui invente le slogan de l'hebdomadaire : « le journal des jeunes de 7 à 77 ans »[3].
Studios Hergé
Le , c'est l'entrée dans les Studios Hergé[1] où il devient très vite premier assistant, place laissée vacante par Edgar P. Jacobs. Contrairement à ce dernier, il ne demandera jamais à Hergé à devenir cosignataire de Tintin. Jusqu'à la mort du maître des lieux, il supervise tous les dessins secondaires mettant en scène Tintin et ses amis (publicité, produits dérivés…). Il participe également à l'animation du personnage dans les longs métragesLe Temple du Soleil et Tintin et le Lac aux requins. Preuve de la complicité entre les deux hommes, Hergé et Bob de Moor font en 1956 une traversée de la mer du Nord à bord du cargoReine Astrid pour effectuer des croquis préparatoires pour l'album Coke en stock. Il n'est pas rare que de Moor serve lui-même de modèle, mimant les attitudes des personnages croqués par Hergé.
En 1959, De Moor crée l'humoristique Pirates d'Eau Douce et illustre à partir de 1965 quelques gags de Balthazar, toujours dans Tintin. Au milieu de quelques histoires brèves, il reprend en 1970 la série Lefranc de Jacques Martin le temps d'un épisode avec Le Repaire du loup. En 1979 et 1980, Bédéscope réédite sept de ses histoires sous le titre Oncle Zigomar.
Dans les années 1950, 1960 et 1970, De Moor fait toujours partie des Studios Hergé : il a continué à y collaborer très activement pour les décors des aventures de Tintin depuis On a marché sur la Lune en 1953, la refonte de L'Île Noire en 1966 demandée par l'éditeur anglais[4], le merchandising, la publicité et les dessins animés. C'est lui qui réalise par exemple la grande planche de l'album lunaire représentant la fusée de plain-pied dans le premier album. Sa collaboration avec le père de Tintin va croissante, jusqu'à devenir prépondérante dans le dernier album terminé d'Hergé : Tintin et les Picaros, où le style de Moor est perceptible dans les seconds rôles et l'encrage.
Après la mort d'Hergé en 1983, il rêve de terminer Tintin et l'Alph-Art que son maître a laissé à l'état d'ébauche[5], mais Fanny, la veuve de Georges Remi, décide après de longues hésitations de laisser l’œuvre inachevée[6]. Les Studios Hergé sont dissous la même année, mais de Moor continue cependant de travailler sur Tintin en supervisant la réalisation de la fresque Tintin dans le métro bruxellois, dévoilée en 1988 dans la station Stockel.
En dehors de Tintin, de Moor a créé deux séries dans deux styles très différents : Barelli et Cori le Moussaillon (dont l'album L'Expédition maudite remporte le Prix Jeunesse au festival d'Angoulême 1988[7]).
Enfin de Moor réussit à changer de style : style Hergé, style carré (Barelli 3), style rond (Barelli 1-2), style gravure (les aventures de Cori le moussaillon) et adopte le graphisme de deux autres grands dessinateurs (Martin et Jacobs) et reprenant les personnages principaux de chacun : Lefranc et Blake et Mortimer.
En 1989, il termine Mortimer contre Mortimer, la seconde partie des Trois Formules du professeur Satō, restée inachevée à la mort de son grand ami Edgar P. Jacobs. La même année, il est nommé directeur artistique aux éditions du Lombard et préside également le conseil d'administration du CBBD (Centre belge de la bande dessinée) à Bruxelles jusqu'à sa mort. À l'été 1992, son ultime œuvre signée est destinée à la page de couverture de l'ouvrage documentaire d'Hervé Laronde et Fabien Sabatès, La 22, enquête sur une mystérieuse Citroën, publié aux éditions Rétroviseur en 1994 (ISBN2-84078-014-3). Il meurt à la fin de l'été, le , d'un cancer du poumon, à l'âge de 66 ans[8].
Son fils Johan De Moor, aidé de Stephen Desberg au scénario, termine son dernier album, de la série Cori le Moussaillon (Dali Capitan), qui est publié en par les éditions Casterman.
En outre, il participe à de nombreux albums collectifs dont : Il était une fois... Les Belges (Le Lombard, 1980), 35 ans du journal Tintin - 35 ans d'humour (Le Lombard, 1981), Spécial Hergé (Casterman, 1983),
L'Agenda du Journal Tintin 1984 (Le Lombard, 1983), L'Aventure du journal Tintin - 40 ans de bande dessinée (Le Lombard, 1986), Pétition - À la recherche d'Oesterheld et de tant d'autres ! (Amnesty International - Belgique francophone ASBL Groupe 64, 1986), Parodies - ... par leurs vrais auteurs ! (M.C. Productions, 1987), La B.D. chante Brel - Le Plat Pays + Les Prénoms (Brain Factory, 1988), Images du scoutisme - 50 ans de calendrier FSC (FSC, 1991).
Vie privée
Il avait quatre fils Dirk, Johan, Chris, Stefaan et une fille prénommée Annemie employée aux Studios Hergé et Casterman[9].
Réédition Bédéscope, coll. « Prestige » en 1980, en couleurs de Véronique Grobet par le Centre belge de la bande dessinée, coll. « Philabédé » en 2002, dans La Trilogie des Flandres, BD Must, 2016 (ISBN978-2-87535-259-0).
Les Gars de Flandre
One shot
Les Gars de Flandre[12],[11], Bédéscope, Bruxelles, 1978 Scénario et dessin : Bob de Moor - Couleurs : noir et blanc,
Réédition en couleurs par le Centre belge de la bande dessinée, coll. « Philabédé », préface de Jean Auquier en 2002 (ISBN2-930196-26-2), dans La Trilogie des Flandres vol. 2, BD Must, 2019 (ISBN978-2-87535-260-6).
La Révolte des Gueux
Rendez-vous en 2009, Fédération des Industries chimiques de Belgique, 1988
Le Vaisseau miracle[13], BD Must, Bruxelles, mars 2020 Scénario et dessin : Bob de Moor - Couleurs : Benoît Fauviaux - (ISBN978-2-87535-527-0),
Cette BD est publiée pour la première fois en album et la traduction française est fidèle au texte original néerlandais de 1949.
Guerre dans le cosmos[14], BD Must, coll. « Les Inédits de Bob de Moor », Bruxelles, 27 novembre 2021 Scénario et dessin : Bob de Moor - Couleurs : Benoît Fauviaux - (ISBN978-2-87535-694-9),
Cette histoire paraît pour la première fois en couleur avec le texte original de 1948-1949.
Collectifs
Il était une fois... Les Belges[15], Le Lombard, Bruxelles, 1980 Scénario et couleurs : collectif - Dessin : collectif dont Bob de Moor
Participation : Les Bons Comptes.
35 ans du journal Tintin - 35 ans d'humour[16], Le Lombard, Bruxelles, septembre 1981 Scénario et dessin : collectif dont Bob de Moor - Couleurs : quadrichromie,
Participation : La Journée d'un dessinateur.
Spécial Hergé[17] ! , Casterman, Tournai, avril 1983 Scénario : collectif - Dessin : collectif dont Bob de Moor - Couleurs : quadrichromie,
Réédition en 2003, sous le titre L'Hommage de la bande dessinée (ISBN2-203-01713-9).
L'Agenda du Journal Tintin 1984[18], Le Lombard, Bruxelles, 1983 Scénario et dessin : collectif dont Bob de Moor - Couleurs : quadrichromie - (ISBN2-8036-0421-3),
Participation : Une aventure de Monsieur Tric : La Piscine.
L'Aventure du journal Tintin - 40 ans de bande dessinée[19], Le Lombard, Bruxelles, novembre 1986 Scénario et couleurs : collectif - Dessin : collectif dont Bob de Moor - (ISBN2-8036-0574-0)
Collectif dont Bob de Moor[20], Pétition : À la recherche d'Oesterheld et de tant d'autres !, Amnesty International - Belgique francophone ASBL Groupe 64, , 47 p. (présentation en ligne)
1. Parodies - ... par leurs vrais auteurs !, M.C. Productions, Toulon, octobre 1987 Scénario et dessin : collectif dont Bob de Moor - Couleurs : quadrichromie - (ISBN2-907143-02-6),
Participation : Barelli (2 planches)
INT1. La B.D. chante Brel - Le Plat Pays + Les Prénoms, Brain Factory, septembre 1988 Scénario : collectif - Dessin : collectif dont Bob de Moor - Couleurs : quadrichromie - (ISBN1-87085-805-0),
Contribution : Jojo (4 planches).
Images du scoutisme - 50 ans de calendrier FSC[21], FSC, Bruxelles, 1991 Scénario et couleurs : collectif - Dessin : collectif dont Bob de Moor,
↑Jean-Marie Wynants et Robert Rouyet, « Décès de Bob De Moor, homme de l'ombre de la BD : Gentleman Bob rejoint Hergé et Jacobs », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).
Danny De Laet et Yves Varende, Au-delà du septième art : histoire de la bande dessinée belge, Bruxelles, Ministère des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement, coll. « Chroniques belges » (no 322), , 302 p., ill. (OCLC301693218, lire en ligne).
Livres
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(nl) Jan Hoet et Dany Vandenbossche, « Bob De Moor », dans De wereld van de strips in originelen [« Le Monde de la bande dessinée en originaux »], Bruxelles, Vlaams Parlement, , 68 p., PDF (OCLC901366732, lire en ligne), p. 15.
Périodiques
1951 : L'Énigmatique Monsieur de Moor, Journal de Tintin no 115
1970 : Qui fait votre journal ? Rendez-vous avec... Bob de Moor, Journal de Tintin no 1112
Bob de Moor (interviewé par Jean-Louis Lechat), « Bob de Moor : Les défis gagnés », Hello Bédé, no 14, , p. 16-18.
Articles
Robert Rouyet, « En souvenir de Bob de Moor : Ses personnages gardent le sourire ; on n'est pas près de les oublier », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).