Il entame des études d'allemand et, titulaire de la licence, obtient en 1957 une bourse pour poursuivre ses études à Berlin. Il y découvre le prestigieux Berliner Ensemble, dirigé depuis la mort de Bertolt Brecht par sa veuve, Hélène Weigel, et devient l'assistant de certains des metteurs en scène qui y travaillent. C'est dans ce cadre qu'il signe son premier spectacle, avec L'Exception et la Règle. À Berlin également il rencontre Erika Schegel, qui deviendra sa femme et jouera dans ses premiers spectacles français.
En 1963, il fonde, avec le même collectif d'amateurs[2], l’Ensemble théâtral de Gennevilliers (ETG)[3], qui donne ses représentations dans la vaste salle des fêtes de l'avenue des Grésillons. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de Sobel, qui est le patronyme de sa mère. Entre 1964 et 1970, il met en scène 14 pièces, dont de nombreuses créations en France, mais aucun « classique » français. La plupart de ces mises en scène sont co-signées par Jean Dufour, qui sera l'administrateur du théâtre jusqu'à sa mort en 1988.
La première création « professionnelle » a lieu en 1970 avec Homme pour homme de Brecht.
Espace de création, de réflexion sur les implications de l'acte théâtral dans la cité (les premiers spectacles se jouent parfois hors de l'enceinte théâtrale), l'ETG est le tremplin de metteurs en scène de renom, comme Patrice Chéreau, Jacques Lassalle ou Bruno Bayen.
En 2003, avec la collaboration de la ville de Gennevilliers, il crée l’Université populaire des Hauts-de-Seine, « lieu d’imagination, de formation, d’apprentissage à l’exercice de la pensée critique », proposant des cours et des conférences ouverts à tous.
Il quitte le théâtre de Gennevilliers en 2006, après y avoir assuré la mise en scène d'une cinquantaine de spectacles[3]. Il crée alors la Compagnie Bernard Sobel, avec laquelle il a présenté plus d'une dizaine de spectacles dans divers lieux théâtraux.
Autres activités
En 1974, il fonde, avec Max Denes, la revue bimestrielle Théâtre/Public, qui ouvre ses pages aux réflexions et débats que suscitent la fonction du « théâtre ».
En 1978, il travaille à l'établissement de la version française du film-fleuve[4] de Hans-Jürgen Syberberg, Hitler, un film d'Allemagne : la traduction complète du texte ayant été assurée par François Rey, celui-ci réalise les sous-titres des parties dites à l'image, tandis que Sobel se charge du doublage des voix off.
Dans le cadre du théâtre musical d'Avignon, Bernard Sobel a mis en scène Le Pavillon au bord de la rivière du dramaturge chinois Guan Hanqing (musique de Betsy Jolas), Mario et le magicien d'après Thomas Mann (musique de Jean-Bernard Dartigolles), Va et vient et Pas moi (textes de Beckett et musique de Heinz Holliger) ; Le Cyclope d'Euripide (opéra de Betsy Jolas).
Bernard Sobel est également réalisateur de télévision. On lui doit un certain nombre de documentaires, des fictions dramatiques, ou encore les adaptations pour le petit écran de plusieurs spectacles de Patrice Chéreau, dont Lulu et Wozzeck d'Alban Berg ; d'Ariane Mnouchkine pour Mephisto et L'Indiade ; de Klaus Michael Grüber avec Bérénice. Son travail, très personnel, ne consiste pas à « capter » par caméra un spectacle, mais à le réinventer, à lui donner une nouvelle approche. Il en est de même avec ses propres mises en scène théâtrales (Edouard II).
Depuis cinquante ans, il a pour principale collaboratrice Michèle Raoul-Davis[5], qui a travaillé comme dramaturge, traductrice et assistante à la plupart de ses spectacles français[3].
« L'engagement de Vilar passe par le répertoire, son approche politique autant que littéraire vous oblige à réfléchir. Il met en scène La Résistible Ascension d'Arturo Ui au moment de la guerre d'Algérie, en 1960. Devenue journaliste, j'assiste aux répétitions, qui, pour moi, sont un symbole de sa méthode. À la fois distanciation et émotion. Sur le plateau, un jeune homme, qui ne s'appelle pas encore Sobel, mais Bernard Rothstein, vient parler de la doxa de Brecht. Il arrive de Berlin-Est, où il a été assistant au Berliner Ensemble. Dans la salle, Jean Vilar l'écoute. Mais quand il se met à répéter avec les acteurs, il n'en fait qu'à sa tête. Sans solliciter par le maquillage les références historiques. Pas de moustache d'Hitler, mais un chapeau mou. »
↑Parmi les nombreux comédiens qui sont passés, pour un temps plus ou moins longs, dans ce collectif, on peut citer : Jean Soustre, Micheline Muc, Alain David, Maurice Valin, Claudine et Georges Mavros, Daniel Deliquiet, Bernard Delaneau, Alain Girault, et d'autres.
↑Michèle Raoul est « membre de l’ETG dès 1964 avec son époux Yvon Davis. Ils en sont des figures emblématiques et ont porté sur de très nombreux fronts le projet du théâtre aux côtés de Bernard Sobel. » Elle est « occasionnellement vidéaste, aussi bien que comédienne et intervenante en milieu scolaire, ouvrier ou militant […] »sur theatre2gennevilliers.com.
↑S. Z., « Le soutien des intellectuels divise la gauche de la gauche », Le Monde du 4 juin 2009, p. 11.