Il passe les premières années de sa vie aux bons soins de sa nourrice Léontine Moreau dans le village du Petit-Pressigny[7],[8]. Après cette prime enfance campagnarde, on lui fait rejoindre, en 1949, sa famille rue des Plantes à Paris où son père dirige l'école privée Godéchoux[9],[10]. Ses parents se séparent en 1954 et Axel reste avec sa mère et son frère Olivier[3]. En 1957, sa mère fait une rechute de tuberculose et se fait soigner une année durant dans un sanatorium. Axel est envoyé en pension à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines.
Le , son père se suicide en laissant, à lui seul plus jeune garçon de sa fratrie, un message : « […] au plus capable de faire durement les choses nécessaires, […] sois raisonnable et humain […] »[15],[16], événement qu'il considère comme ayant eu une grande importance dans sa vie[9],[17],[18]. En 2004, il fera encore de cette injonction le titre d'un de ses ouvrages[19],[20].
Axel Kahn est le père de trois enfants issus de son premier mariage en 1969 avec Viviane Seillon[2]. Il épouse en deuxièmes noces, le dans le 15e arrondissement de Paris, Pascale Briand, une chercheuse scientifique française ; ils se séparent en juin de la même année[21].
Il effectue l'ensemble de sa carrière de chercheur à l'Inserm, devenant directeur de recherche de seconde classe en 1978, de première classe en 1988, puis de classe exceptionnelle en 1993[22]. En parallèle de ses activités de recherche, il exerce la médecine jusqu'en 1992, notamment à l’hôpital Beaujon[9].
Il est également membre fondateur et le rédacteur en chef, de 1986 à 1997, de la revue scientifique franco-québécoise Médecine/sciences[23].
Travaux de recherche
Ses travaux portent sur la génétique moléculaire appliquée à l’étude de maladies héréditaires, notamment hématologiques, et à celle des mécanismes de la différenciation et de la régulation de l’expression des gènes[22]. Il est l'auteur avec ses équipes de plus de 450 articles parus dans des revues scientifiques de premier plan[24].
À la fin des années 1970, Axel Kahn commence à s’intéresser au génie génétique pour étudier la synthèse des enzymes mutés[28]. Après avoir cloné l’ADN complémentaire et le gène de la pyruvate kinase, Axel Kahn et son équipe contribuent de manière significative à la compréhension de la régulation de ce gène par le glucose[29]. En collaboration avec l'unité Inserm 293 de Nathalie Josso, il dirige l'équipe qui clone l'ADN complémentaire et le gène de l’hormone antimüllérienne[30]. Avec Jamel Chelly, il met en évidence le mécanisme de la transcription illégitime dans lequel n’importe quel gène peut être transcrit dans n’importe quel type de cellule[31],[32].
Il s'oriente dans les années 1990 vers la thérapie génique en dirigeant des équipes de recherche qui étudient les possibilités thérapeutiques du transfert de gènes. Elles montrent, en 1993, l'efficacité d'une thérapie génique locale sur la souris pour la myopathie de Duchenne[33]. Dans le même temps, les travaux du groupe emmené par Livia Poenaru établissent la possibilité du transfert de gènes dans les cellules du cerveau[34]. Cette méthode sera utilisée pour tenter de traiter la dégénérescence moto-neuronale chez la souris[35]. Une autre équipe évalue quant à elle la possibilité de repeupler le foie de la souris grâce au transfert d'hépatocytes résistants à l’apoptose[36]. Avec Christine Perret-Mayeux, il dirige les travaux qui démontrent, en 1998, l'importance des mutations du gène codant la β-caténine dans les carcinomes hépatocellulaires chez la souris et chez l’homme[37].
Enfin en 2001, l’équipe de Sophie Vaulont, qu'il supervise, découvre en même temps que l'équipe de l’unité Inserm 522 dirigée par Christiane Guillouzo l'implication de l’hepcidine dans le métabolisme du fer[38],[39]. Son groupe identifie par la suite les mécanismes d'action de cette nouvelle hormone[40],[41],[42],[43],[44].
Conseils et expertise
Axel Kahn préside de 1988 à 1997 la Commission du génie biomoléculaire auprès du ministère de l'Agriculture et de la Pêche[45], chargée d’évaluer les risques liés à l'utilisation de PGM, plantes génétiquement modifiées[46]. Ardent défenseur des applications agricoles de la génétique qu'il qualifie « d'industrie aux promesses prodigieuses »[47]. Il quitte la présidence de la Commission du génie biomoléculaire début 1997[48] lorsque le gouvernement français interdit la culture du maïs transgénique en France. Il est ensuite nommé directeur scientifique adjoint pour les sciences de la vie de la société Rhône-Poulenc de 1997 à 1999, ce qui aux yeux de certains[Qui ?] lui fait perdre en crédibilité dans le débat sur les OGM[47],[49], car cette compagnie en était l'acteur français le plus important.
Au niveau de la Commission européenne, il est nommé président du Groupe d'experts de haut niveau pour les Sciences de la Vie (un organe de conseil sur les biosciences et les biotechnologies) de 2000 à 2002 par le commissaire européen chargé de la recherche Philippe Busquin[50].
Axel Kahn termine son internat en hématologie à l'hôpital Beaujon au sein de l'unité Inserm 24, « Physiopathologie hépatique », dans l'équipe de Pierre Boivin. Il devient chargé de recherches en 1974, puis intègre en 1976, l'unité Inserm 129, « Enzymologie pathologique », dirigée par Jean-Claude Dreyfus, et située rue du Faubourg-Saint-Jacques sur le campus de l'hôpital Cochin[28]. Après le départ à la retraite de ce dernier en 1984, Axel Kahn prend la tête de l'unité Inserm 129 devenue un laboratoire de génétique moléculaire, réorganisée sous le nom « Recherche de génétique et pathologie moléculaires »[58]. Elle compte en 1986 plus de cinquante personnes travaillant dans cinq équipes de recherche. Axel Kahn est le responsable scientifique de trois d'entre elles[28]. En 1998, l'unité 129 renommée « Recherche en physiologie et pathologie génétiques et moléculaires » est composée de plus de 80 personnes réparties dans sept équipes de recherche[59]. Axel Kahn la dirige jusqu'en 2002[60].
L'Institut Cochin de génétique moléculaire (ICGM) est créé en 1990 rue Méchain sous l'impulsion de Jean-Paul Levy et avec le soutien d'Axel Kahn[61]. Il s'agit d'un institut fédératif qui met en commun les ressources de plusieurs unités de recherche dont l'unité 152 de Jean-Paul Levy et l'unité 129 d'Axel Kahn. L'Institut Cochin est créé le sur les bases de l'ICGM en fusionnant les unités de recherche qu'il associait et en agglomérant d'autres. Ce nouvel ensemble est un centre intégré de recherche biomédicale pluridisciplinaire placé sous la triple tutelle de l'Inserm, du CNRS et de l'université Paris Descartes[62]. Il compte à sa création près de 550 personnes dont 190 chercheurs[63], travaillant dans 43 équipes de recherche regroupées en six départements[64]. Axel Kahn, qui en est à l'origine, en est le premier directeur jusqu'en 2007[62]. Il prend également la direction de l'Institut fédératif de recherche Alfred-Jost (IFR 116) dont l'Institut Cochin constitue la plus grande partie.
En 2004, comme quelques personnalités de l'Institut Cochin, il soutient très activement le mouvement des chercheurs Sauvons la recherche[65],[66].
Axel Kahn a pris position en faveur de la réforme sur l'autonomie des universités (mettant jusqu'à sa présidence de Paris-Descartes en jeu[72]) ainsi qu'en faveur du décret sur les universitaires, qui suscite l'opposition d'un nombre important d'enseignants-chercheurs en 2009. Il s'est toutefois désolidarisé du président Nicolas Sarkozy qui, lors d'une émission télévisée le , s'est réclamé de son soutien « comme personnalité de gauche ». Le dans une interview sur Europe 1, Axel Kahn a refusé d'être « pris en otage », a reproché au président ses propos méprisants et blessants sur les chercheurs tenus à l'Élysée le et lui a déclaré que, dans ces circonstances, sa réforme « maintenant mal emmanchée » ne passerait pas[73]. Une semaine plus tard, il déclare la nouvelle version du décret « acceptable » tout en affirmant qu'il « serait inacceptable de compenser par des surcharges de service le manque d'enseignants-chercheurs »[72].
Maladie et mort
Il lui est diagnostiqué un cancer avec des atteintes osseuses en [74]. En , après une première rémission[19], il s'avère atteint d'un cancer généralisé[75]. Il s'exprime à ce sujet sur plusieurs médias pour expliquer et témoigner de sa future disparition[76]. Notamment, dans un entretien à France Inter le , il déclare avoir fait ses adieux à ses proches et entrer à l'hôpital le [77]. Deux jours plus tard, le , il publie un texte d’adieu sur Facebook[78]. Il donne également un entretien à L'Obs et à La Croix[76]. Il publie sur son blog[79] les pensées qui l'animent alors qu'il sait qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre. Il quitte la présidence de la Ligue le , qui est alors assurée par Daniel Nizri, l’un des trois vice-présidents[74].
Grand randonneur et amoureux de la nature, il a notamment traversé la France à pied[19],[1].
Homme de devoir — notion qui l'obsède —, il est passionné par la question du bien et du mal, « une question fondamentale », selon lui[19].
Axel Kahn est l'auteur ou le coauteur de nombreux livres de vulgarisation et de réflexion, notamment philosophique et éthique. Il intervient également régulièrement dans le débat public sur ces questions.
Positions scientifiques
Depuis 1990, Axel Kahn s'est engagé dans plusieurs débats médiatiques. En 1991, il lance avec d'autres une pétition critiquant l'emploi du test génétique pour déterminer le sexe chez les athlètes féminines[84]. Depuis 1992, il milite contre la brevetabilité des gènes par les États-Unis et l'Europe[85]. Il proteste également contre l'exhumation d'Yves Montand afin de pratiquer, sur sa dépouille, des tests de paternité[86].
En 2000, Axel Kahn s'est opposé non seulement au clonage reproductif mais aussi au principe du clonage thérapeutique, dénonçant la réification de l'embryon humain[87]. Mettant en question les possibilités thérapeutiques de cette méthode, il la contestait pour des raisons morales. Il a dénoncé le discours des médecins et des scientifiques la présentant comme porteuse d'exceptionnelles promesses médicales. Pour lui, il s'agissait là plus d'un lobbying que d'une réelle information du public. En 2005 et 2006, il a insisté pour que, même si le Parlement finissait par autoriser cette recherche, ce soit pour des raisons scientifiques explicites, et non en arguant des perspectives thérapeutiques alors difficilement réalisables au moins à court et moyen terme. Certains ont interprété cette analyse comme le signe d'un léger infléchissement de sa position ces dernières années[réf. nécessaire].
Chargé par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) d'instruire la saisine ministérielle sur le sujet, Axel Kahn s'oppose vivement à la jurisprudence de la Cour de cassation sur l'affaire Perruche. Cette jurisprudence indiquait que des praticiens ayant commis une erreur de diagnostic prénatal devaient indemniser non seulement les parents, mais aussi, toute leur vie durant, les enfants handicapés[88].
Toujours dans le cadre de son combat contre le réductionnisme génétique, il répond[89],[90] en 2007 à Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République. Ce dernier dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray[91] avait fait part de sa conviction d'une origine génétique de la pédophilie et des tendances suicidaires chez les jeunes[92]. En , avec Didier Sicard président du CCNE, il s'oppose vivement à l'amendement[93] présenté par le député Thierry Mariani portant sur l'utilisation des tests génétiques dans le cadre du regroupement familial[94], qu'il déclare « immorale » et « illégitime »[95].
De mai à , Axel Kahn parcourt la France à pied en soixante-douze étapes, depuis Givet dans les Ardennes à la frontière espagnole au Pays basque. Il partage au quotidien sur les réseaux sociaux ses impressions d'étape et réflexions qui font aussi l'objet d'un livre[96]. De mai à fin , il réalise, également en soixante-douze étapes, une seconde traversée diagonale du pays dans l'autre sens, de la Pointe-du-Raz dans le Finistère à Menton dans les Alpes-Maritimes[97].
En 2019, il dément avoir été mis au courant de l'affaire du charnier du Centre de don des corps de l'université Paris-Descartes dont il était le président entre 2007 et 2011. Informé de la situation en par le directeur en exercice du centre, il lui conseille de saisir le Comité consultatif national d'éthique et en prévient le président. Alexandre Mignon assure avoir eu un entretien téléphonique à ce sujet en 2012. Cette assertion est fermement démentie par Axel Kahn [98].
Opinions et engagements philosophiques et politiques
Axel Kahn se montre très critique vis-à-vis du libéralisme lorsque celui-ci aboutit à réduire les valeurs à leur dimension marchande, et préfère mettre en avant le « propre de l'homme », c'est-à-dire « la responsabilité de s'imposer un devoir et de s'y conformer », qui est centrale, car « elle constitue le moyen de refonder un humanisme non essentialiste [non réduit au déterminisme] dans une perspective agnostique »[99].
En , dans le cadre de l'élection présidentielle, il compare dans un tweet le rassemblement des partisans de Nicolas Sarkozy sur l'esplanade du Trocadéro le à Paris aux rassemblements nazis de Nuremberg (« Images et symboles sont mobilisés par le Nuremberg du tout petit d'hier, ceux de Résistance et du chant des partisans s'imposent à moi »), avant de s'excuser dans un second tweet dans lequel il demande « pardon à tous » et déclare avoir été bouleversé. Il expliquera plus tard avoir réagi aux « images et aux symboles » qu'évoquait pour lui ce meeting politique de soutien au candidat-président[104],[105].
Axel Kahn prend une part active à la vie associative. Il est ainsi notamment :
membre fondateur et rédacteur en chef de la revue médecine/sciences (1985-1998)
membre correspondant de l’Académie des sciences - Institut de France (1990).
président dans les années 1990 de l'Association de Prévention et d'Études des Maladies Moléculaires fondée par Georges Schapira en 1960. Il en devient président d'honneur à l'issue de son mandat[110].
membre de l’European Molecular Biology Organization - EMBO (1997), de la Société française de génétique (1997), de la Société de génétique humaine (1997), de la Société de biologie moléculaire et cellulaire (1997), de la Société française de biologie (1997).
membre de la Royal Society of Biochemistry, UK (1997), de l’American Society for Biochemistry and Molecular Biology (1997), de l'American Society for Gene Therapy (2000), de l’American Diabetes Association (2000).
membre titulaire de l’Académie européenne des sciences, des arts et des lettres (2001).
membre depuis 2002 du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix[111].
↑ a et bDenis Sergent, « Axel Kahn : « Mon dimanche est un jour de marche ou de chevauchée » », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Joelle Marie, Marie-Pierre Simon, Jean-Claude Dreyfus et Axel Kahn, « One gene, but two messenger RNAs encode liver L and red cell L′ pyruvate kinase subunits », Nature, vol. 292, , p. 70-72 (DOI10.1038/292070a0, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Thierry Ragot, Nathalie Vincent, Philippe Chafey et Emmanuelle Vigne, « Efficient adenovirus-mediated transfer of a human minidystrophin gene to skeletal muscle of mdx mice », Nature, vol. 361, , p. 647-650 (DOI10.1038/361647a0, lire en ligne, consulté le )
↑Saïd Akli et al., « L'adénovirus : un vecteur efficace pour le transfert de gène dans le cerveau », Médecine/Sciences, no 9, , p. 236-237 (lire en ligne)
↑(en) G. Haase, P. Kennel, B. Pettmann et E. Vigne, « Gene therapy of murine motor neuron disease using adenoviral vectors for neurotrophic factors », Nature Medicine, vol. 3, , p. 429–436 (DOI10.1038/nm0497-429, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Alexandre Mignon, Jacques E. Guidotti, Claudia Mitchell et Monique Fabre, « Selective repopulation of normal mouse liver by Fas/CD95-resistant hepatocytes », Nature Medicine, vol. 4, , p. 1185–1188 (ISSN1078-8956, DOI10.1038/2681, lire en ligne, consulté le )
↑Didier Ribes, « Création du Comité Veil de réflexion sur le préambule de la Constitution », Blog Français de Droit Constitutionnel, (lire en ligne, consulté le )
↑Décret n° 2008-328 du 9 avril 2008 portant création d'un comité de réflexion sur le Préambule de la Constitution, (lire en ligne)
↑Mélissa Simon, « Je vous dis au revoir » : le cancérologue Axel Kahn publie une lettre d'adieu poignante », Midi Libre, (ISSN0397-2550, lire en ligne).
↑Axel Kahn, La Chose, le Vivant et l'Humain, Libération, 13 décembre 1991 : il conviendrait plutôt d'identifier le sexe « hormonal » qui commande la masse musculaire : « Ce qui fait la différence entre un homme et une femme, sur le plan de la compétition, c'est une hormone mâle, la testostérone. C'est elle qui conditionne la puissance musculaire et donne l'avantage aux hommes, comme le savent les spécialistes du dopage. C'est elle que devraient rechercher les organisateurs des JO ». Citations dans François Baillette, La mâle donne (lire en ligne).
↑Le Gène, matière première, par Axel Kahn dans Et l'homme dans tout ça ?, Nil Ed., Paris, 2000.