La prophylaxie, appelée aussi mesure prophylactique, désigne le processus actif ou passif ayant pour but de prévenir l'apparition, la propagation ou l'aggravation d'une maladie[1], par opposition à la thérapie curative, qui vise à la guérir. En défense des cultures, les mesures prophylactiques désignent des méthodes préventives appliquées avant même la mise en place de la culture, protégeant la plante contre une maladie et, par extension, contre tout ennemi[2].
Le terme fait aussi bien référence à des procédés médicamenteux qu'à des campagnes de prévention ou à de « bonnes pratiques » adaptées. Une prophylaxie peut amener à suivre un traitement médical, mais il s'agit avant tout d'un processus liant la prise de conscience d'un risque constaté ou pressenti, à une réponse médicale ou sanitaire.
la prévention primaire doit empêcher l'apparition d'une maladie chez une personne ;
la prévention secondaire vise à réduire la gravité d'un problème de santé, notamment par le dépistage, la prise en charge et l'éducation thérapeutique ;
la prévention tertiaire concerne l’évitement des complications de maladie déjà cliniquement manifestes et la mise en place de procédures de réhabilitation ;
soit l'ensemble des soins palliatifs auprès de malades qui ont dépassé le stade des soins curatifs et qui se trouvent en phase terminale. La prévention quaternaire inclut aussi l'accompagnement des mourants. Les termes soins palliatifs sont cependant préférables[3] et plus répandus[4],
soit la prévention de la médecine non nécessaire ou la prévention de la surmédicalisation selon le tableau ci-dessous.
La prophylaxie concerne aussi bien les maladies infectieuses que les accidents du travail, les parasitoses ou le développement psychomoteur.
À ce titre, les campagnes de vaccination systématique — BCG, variole, etc. —, la déclaration de certaines maladies contagieuses, les démarches de prévention diverses d'hygiène de vie — anti-alcoolique, anti-tabac… —, la médecine du travail, le dépistage précoce de certaines maladies — cancer, par exemple —, les rééducations en milieu psychiatrique, etc., sont autant d'entreprises prophylactiques.
Pratiques magiques
Les sociétés anciennes, à la médecine plus impuissante ou aux effets plus limités qu'actuellement, ont eu recours à des pratiques prophylactiques magiques compensant cette science insuffisante.
Les chapelles construites sur les chemins, à l'entrée d'un village, avaient ainsi un rôle prophylactique. Le saint vénéré dans ces chapelles était souvent un saint antipesteux[6], comme saint Roch, saint Sébastien, saint Antoine ou saint Barthélemy[7],[8].
La croyance dans les pouvoirs de l'écrit était aussi forte, et sa valeur prophylactique était aussi utilisée dans des formules qu'on retrouve dans les tombeaux égyptiens[9] ou dans le christianisme[10].
Il était ainsi de coutume de multiplier les objets à vertus prophylactiques, voire d'en parer tous les objets familiers, de l'épée[11],[12],[13], aux bagues[14], en passant par les intailles[15]. Les motifs les plus courants auxquels on prêtait des vertus prophylactiques sont l'œil, que l'on retrouve par exemple à l'avant des bateaux grecs[16], mais aussi sur des objets très courants, comme la fibule[17], et le phallus[18],[19].
Notes et références
↑Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), « Définition de prophylaxie », (consulté le )
↑Eliane Lachuer, La défense des cultures, Éducagri éditions, , p. 177.
↑(de) Kuehlein T, Sghedoni D, Visentin G, Gérvas J, Jamoule M, « Quartäre Prävention, eine Aufgabe für Hausärzte », PrimaryCare, 2010;10(18):350-354. cité dans Stefan Neuner-Jehle, « Trop bien ? Traitons la polypharmacie »
↑« Pourquoi des chapelles peintes ? », Introduction générale à la visite des chapelles, Ministère de la Culture, consulté le 15 février 2014.
↑Robert Favreau, « Rex, lex, lux, pax » : jeux de mots et jeux de lettres dans les inscriptions médiévales, Bibliothèque de l'école des chartes, 2003, tome 161, livraison 2, p. 632, note 44.
↑René Mouterde, « Le glaive de Dardanos. Objets et inscriptions magiques de Syrie », Mélanges de l'université Saint-Joseph, tome XV, p. 54-136, 1931.
↑Marie-Cécile Truc, « Trois riches tombes du VIe siècle sur le site de "La Tuilerie" à Saint-Dizier (Haute-Marne) », Archéologie funéraire et anthropologie, in Jacques Guillaume, Édith Peytremann (directeurs de publication), L’Austrasie. Société, économies, territoires, christianisation, Actes des XXVIe Journées internationales d’archéologie mérovingienne, Nancy 22-25 septembre 2005, Mémoires publiés par l’Association française d’archéologie mérovingienne, tome XIX, Nancy, 2009, p. 323.