La Vie fragile : violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle (d), Dire et mal dire, l’opinion publique au XVIIIe siècle (d), Logiques de la foule : l’affaire des enlèvements d’enfants, Paris, 1750 (d)
Après des études de droit, elle part faire une thèse de doctorat aux États-Unis à Ithaca, où elle découvre le féminisme américain et les luttes pour les droits civiques. Sa thèse Le Vol d’aliments à Paris au XVIIIe siècle est publiée en 1974, et elle se dédie à rendre l'histoire des populations pauvres de Paris au XVIIIe siècle visible en analysant les archives de la police judiciaire. De retour en France elle adhère au Mouvement de libération des femmes et est remarquée par Michel Foucault, avec lequel elle écrit Le Désordre des familles. Un de ses livres les plus connus, Le goût de l'archive, est traduit en plusieurs langues.
Elle reçoit en 2016 le prix Dan-David pour l'ensemble de son œuvre.
Biographie
Jeunesse et formation
Arlette Farge naît en 1941 dans une famille modeste des Ardennes, arrivée à Charleville par les aléas de la guerre ; elle est issue d'une fratrie de trois enfants[3].
Sa famille ne la prédestine pas aux études, mais elle y parvient tout de même. Après le lycée Hélène-Boucher à Paris, elle fait des études de droit pour devenir juge des enfants, puis sur les conseils d'une de ses professeures, s'oriente vers l'histoire et passe un DEA d'histoire du droit et des institutions[4].
Elle rencontre l'historien Robert Mandrou, disciple de Lucien Febvre, directeur d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et pionnier de l’histoire des mentalités[5]. Il accepte de diriger sa thèse en histoire moderne et lui propose de travailler sur les archives de la police. Elle décide de s'intéresser à la petite délinquance, et plus particulièrement au vol d'aliments dans la société parisienne du XVIIIe siècle[6], menant des investigations dans les archives judiciaires de la Bastille[5] pour documenter l'histoire des petites gens invisibles dans le cours de l'histoire jusque-là[6]. Elle se spécialise alors dans l'étude des milieux les plus pauvres de la capitale[4].
En 1974, elle publie sa thèse, intitulée Le Vol d’aliments à Paris au XVIIIe siècle[7].
Carrière d'historienne
Un de ses écrits publié en 1979 Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle est remarqué par Michel Foucault. Ils s'intéressent tous deux aux archives policières et judiciaires pour capter les voix historiques invisibilisées dans l'histoire, cependant Foucault adopte une approche philosophique[4]. Il lui apprend l'analyse des mécanismes du pouvoir[8]. Ils publient ensemble en 1982 Le Désordre des familles[7], ouvrage qui s'intéresse aux lettres de cachets[5]. Elle partage avec le philosophe une passion pour les archives, ce qu'elle décrit dans Le Goût de l’archive au Seuil en 1989[6], ouvrage qui la fait connaitre[7].
Par la suite, ses recherches portent sur la rumeur et la parole, et elle publie en 1992 Dire et mal dire. L'Opinion publique au XVIIIe siècle et en 1994 Cours ordinaire des choses dans la cité du XVIIIe siècle[9].
Avec son équipe de recherche du « groupe d’histoire des femmes », elle travaille par la suite sur les thèmes des identités populaires au XVIIIe siècle, des relations hommes-femmes et de l’écriture de l’histoire[7],[10]. Elle collabore sous la direction de Michelle Perrot et Georges Duby à un ouvrage, Histoire des femmes. Elle devient également directrice de recherches au CNRS[9].
Myriam Cottias et Arlette Farge, De la nécessité d'adopter l'esclavage en France: comme moyen de prospérité pour nos colonies, comme punition pour les coupables, comme ressource en faveur des indigens, Bayard, (ISBN978-2-227-47704-9).
Essai pour une histoire des voix : au dix-huitième siècle, Bayard, (ISBN978-2-9564919-5-8).
Condamnés au XVIIIe siècle, éditions Thierry Magnier, coll. « Troisième Culture », , 134 p.
Un ruban et des larmes, procès en adultère au XVIIIe siècle, éd. des Busclats, 2011'"`uniq--ref-00000051-qinu`"'..
The allure of the archives, Yale University Press, coll. « The Lewis Walpole series in eighteenth-century culture and history », (ISBN978-0-300-17673-5 et 978-0-300-19893-5).
La déchirure: souffrance et déliaison sociale, XVIIIe siècle, Bayard, (ISBN978-2-227-47821-3).
La capucine s'adonne aux premiers venus : récits, suppliques, chagrins au XVIIIe siècle, Éd. la Pionnière, (ISBN978-2-908092-70-7).
Arlette Farge, Thomas Scott-Railton et Natalie Zemon Davis, The allure of the archives, Yale University Press, coll. « The Lewis Walpole series in eighteenth-century culture and history », (ISBN978-0-300-17673-5 et 978-0-300-19893-5).
Arlette Farge et André Zysberg, « Les théâtres de la violence a Paris au XVIIIe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 34, no 5, , p. 984–1015 (ISSN0395-2649, lire en ligne, consulté le ).
↑Anne Martin-Fugier, « Le groupe d’histoire des femmes au Centre de Recherches Historiques », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques. Archives, no 36, (ISSN0990-9141, DOI10.4000/ccrh.3066, lire en ligne, consulté le )
↑Christine Bard (54e année), « Review : De la violence et des femmes by Cécile Dauphin and Arlette Farge », Annales. Histoire, Sciences Sociales, Cambridge University Press, no 1, janvier - février 1999, p. 158-161 (JSTOR27585847, lire en ligne)