André est l'aîné des trois garçons. Brillant élève, il collectionne les prix au lycée (prix d'honneur en classe de Première puis en classe de Philosophie), poursuit après le baccalauréat en « lettres supérieures », et est admis en au concours d'entrée à l'École normale supérieure, section Lettres. Selon l'usage, il effectue une première année de service militaire (dont la durée est alors de deux ans) avant d'intégrer l'École en . À la Sorbonne il est l'élève de Gustave Lanson, à qui il soumet son projet de travailler sur les écrivains du XVIIIe siècle. Il soutient son Diplôme d'études supérieures, puis se présente à l'agrégation de Lettres, mais échoue — « au grand étonnement de tous ses maîtres », dira Lanson. Il poursuit néanmoins ses travaux, qu'il consacre désormais à Charles Bordes. À l'issue de sa deuxième année de service militaire (dont la durée a été portée à trois ans), il se présente de nouveau à l'agrégation en 1914. Admissible, il est à Paris en juillet pour l'oral lorsqu'il est rappelé en garnison au 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand. Dès la déclaration de guerre, son régiment est envoyé au front dans une zone réputée dangereuse. Le , près de Brouderdorff, au cours d'un affrontement violent, le sous-lieutenant Ruplinger est tué d'une balle dans la tête alors qu'il franchissait une crête pour aller prendre les ordres de son chef de corps. Il est cité à l'ordre du régiment. En 1917, sa qualité de « mort pour la France » sera officiellement reconnue[3].
Comme beaucoup de catholiques de son époque, André Ruplinger a sans doute épousé certaines idées de la droite ou de l'extrême droite. Il figure ainsi au tableau d'honneur des morts de l'Action française[4]. Cependant, sa correspondance[2] montre qu'il s'est également intéressé aux idées de Marc Sangnier et du mouvement Le Sillon. A sa mort, des personnalités politiques de divers tendances lui rendront hommage, comme Maurice Barrès ou Édouard Herriot[5]. Ce dernier écrira d'ailleurs la préface de l'ouvrage de son père, Jean Ruplinger[6] : "Also sprach Germania". C'est également sous son mandat de maire de Lyon que le conseil municipal votera pour qu'une rue de la ville porte son nom[7].
Son jeune frère Henri, étudiant en médecine, mourra en 1915 d'une maladie contractée dans l'hôpital militaire où il était affecté[3]. Son autre frère Pierre, gazé, sera ramené sur les arrières, et survivra[8].
André, Henri, et Pierre (décédé en 1979) sont enterrés au cimetière de Loyasse, à Lyon.
Ouvrages
Les travaux d'André Ruplinger ont été publiés après sa mort, à la diligence de Camille Latreille, professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, collègue et ami de Jean Ruplinger, et président de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, à qui André avait soumis ses textes peu auparavant. Gustave Lanson a tenu à préfacer l'ouvrage principal sur Charles Bordes[9], en hommage à son élève qu'il estimait.
Un Contradicteur de J.-J. Rousseau : le Lyonnais Charles Bordes, Revue d'Histoire de Lyon, 1914, Fascicule V (septembre-octobre), p. 305-321, Lyon, A. Rey.
Un représentant provincial de l'esprit philosophique au XVIIIe siècle en France, Charles Bordes, Membre de l'Académie de Lyon (1711-1781), préface de Gustave Lanson, Lyon, A. Rey, 1915.
Les noms d'André et de son frère Henri figurent sur la plaque commémorative de la Grande Guerre dans l'église Notre-Dame de l'Assomption de Neuville-sur-Saône (Rhône), ville où leur famille avait (et a toujours) une propriété.
Son nom est cité dans différents établissements qu'il a fréquenté : monument commémoratif du lycée Ampère de Lyon, monument commémoratif 1914-1918 de l'École normale supérieure, plaque commémorative 1914-1918 de la Sorbonne.
↑« Morts au champ d'honneur », Le Figaro, , p. 3 (lire en ligne)
↑ a et bFrançoise Bayard, « Les réseaux d’André Ruplinger, normalien (1908-1914) », dans Les acteurs du développement des réseaux, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques », (ISBN978-2-7355-0872-3, lire en ligne), p. 13–26
« André Ruplinger [...] avait été gagné, vers la fin de ses études avec plusieurs de ses condisciples, à la vérité politique. [...] Son père, professeur honoraire de l'Université "rallié" lui-même aux doctrines de l'Action française "par l'active propagande" de ce jeune esprit si précoce, a fait imprimer pour honorer sa mémoire, l'étude qu'il avait consacrée au lyonnais Charles Bordes, contradicteur et adversaire du "républicain" Jean Jacques. »
↑ a et bÉdouard Herriot, « L'hommage aux écrivains morts pour la France », Les Annales politiques et littéraires, , p. 558 (lire en ligne)
↑Société d'histoire littéraire de la France, Revue d'histoire littéraire de la France, Armand Colin, (lire en ligne)
↑Louis Botella, « RUPLINGER Pierre », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
↑Gustave Reynier, « ANDRE RUPLINGER. Un représentant provincial de l'esprit philosophique au XVIIIe siècle en France: Charles Bordes, membre de l'Académie de Lyon (1711-1781) », dans Société d'histoire littéraire de la France, Revue d'histoire littéraire de la France, Armand Colin, (lire en ligne), p. 620
↑« Aux écrivains morts pour la France, l'émouvante cérémonie au Panthéon », Le Temps, (lire en ligne)
↑« rue Ruplinger », sur www.ruesdelyon.net (consulté le )
Sources
André Ruplinger, par Raoul Stéphan, in Anthologie des écrivains morts à la guerre (1914-1918), publiée par l'Association des Écrivains combattants, Tome 4, p. 692-695. Édgar Malfère, Amiens, 1926.
Gustave Lanson, préface à l'ouvrage d'André Ruplinger Un représentant provincial de l'esprit philosophique au XVIIIe siècle en France, Charles Bordes, Membre de l'Académie de Lyon (1711-1781) (cf. supra), présentation très documentée de la vie et de l'œuvre d'André Ruplinger.
Le service militaire d'André Ruplinger, par Françoise Bayard, in Neuville-sur-Saône et sa région, Actes des journées d'études 2015, XXVIII, Union des Sociétés historiques du Rhône et de Lyon-Métropole, (ISBN978-2-906998-33-9), p. 155-166.
Françoise Bayard, « Les réseaux d’André Ruplinger, normalien (1908-1914) », dans Les acteurs du développement des réseaux, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques », (ISBN978-2-7355-0872-3, lire en ligne [PDF])