Durant l'année 1895, Marty se lance dans la démocratisation des objets dit « d'art décoratif », adhérent au concept d'« art social » développé par Roger Marx et Paul Desjardins, en fondant L’Artisan moderne, sans doute sur le modèle de la Maison Bing. Il ouvre une première galerie au 7 rue Racine, exposant des objets d’art, meubles et ensembles décoratifs, mais aussi des cartes d’invitation, menus, papiers peints[7]. En octobre 1896, il lance le périodique Le Livre vert, recueil mensuel d'opinions et de documents artistiques (5 livraisons, oct. 1896 – mars 1897). Il y annonce son programme[8] :
« Appliquer à des objets usuels et artistiques le procédé de l’édition limitée en usage pour les estampes et la librairie était une idée séduisante. Le principe de souscription entre amateurs, si bien mis en pratique par Octave Uzanne pour les livres de grand luxe et par l’Estampe originale pour les gravures et les lithographies, se trouve réalisé pour les objets par l’Artisan moderne. Une réunion de cent amateurs souscrivant une somme fixe relativement minime suffit à couvrir tous les frais d’un modèle dû au meilleur artiste, d’une fabrication irréprochable et d’une utilisation pratique certaine ; chacun y trouvant son compte mieux que dans les tentatives de rénovation qui se sont produites jusqu’ici : les frais commerciaux sont nuls, l’artiste reçoit une rémunération convenable, et l’amateur est rassuré sur la rareté et la valeur de son acquisition ; car il est évident pour quiconque s’est occupé d’estampe et de librairie qu’une édition à cent exemplaires répandue dans tous les pays est une édition rarissime. »
Toulouse-Lautrec, Qui ? L'Artisan moderne, affiche lithographiée, 1896.
Marty associa à L'Artisan moderne, Albert Charpentier et Henry Nocq, qui produisirent entre autres deux objets, respectivement une céramique (Pot à vin nouveau) et une broche (Masque fantastique). Il y eut au moins trois expositions jusqu'au début de l'année 1899, en lien avec le groupe L'Art dans Tout[9]. Marty demanda à Toulouse-Lautrec de composer une affiche (L'Artisan moderne, 1896)[10].
En 1901, il édite Études de langue française, un ouvrage inédit et posthume de son père.
En mai 1905, sa fille Suzanne, née de son mariage avec Adrienne-Jeanne Leménil[1], épouse l'historien Amand Rastoul (1877-1946)[11].
En avril 1907, il publie sur ses propres presses son essai L'Histoire de Notre-Dame-de-Paris en estampes et pour le compte du Journal des débats par souscription, Prosper Mérimée, l'homme, l'artiste l'écrivain illustré de gravures.
Il fut membre de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île de France et de la Société d'iconographie parisienne[13].
Autres publications
Gustave Geffroy, Musée du soir aux quartiers ouvriers : le Temple, le Marais, le faubourg Saint-Antoine..., Marty, 1890.
[catalogue] L'Art dans Tout, galerie des Artistes modernes, 19, rue Caumartin. 3e exposition, du 15 décembre 1898 au 17 janvier 1899), Paris, éd. A. Marty - H. Floury, [1898].
L'Imprimerie et les procédés de gravure au Vingtième Siècle : étude accompagnée de 40 planches hors texte, couverture et typographie de George Auriol, éd. Marty, 1906 — lire sur Gallica.
L'Histoire de Jeanne d'Arc d'après les documents originaux..., avec Marius Sepet, éd. Marty, 1907.
Les Neuf de dix thermidor, an IIe de la République..., préface de G. Lenotre, éd. Marty, 1908.
La Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec Amand Rastoul et André Pératé, éd. Marty, 1911.
Pierre de Nolhac, Histoire du château de Versailles : Versailles sous Louis XIV , éd. Marty, 1911.
↑(en) Patricia Eckert Boyer, « L’Estampe originale and the Revival of Decorative Arts in Late Nineteenth-Century France », in: L’Estampe originale: Artistic Printmaking in France 1893-1895, Zwolle, 1991, pp. 26–49.
↑P. Eckert-Boyer (dir.), The Nabis and the Parisian Avant-Garde, New Brunswick, 1988, pp. 42-45.
↑Le Livre vert, recueil mensuel d’opinions et de documents artistiques, Paris, 57, rue de Seine, éd. André Marty, n° 2, novembre 1896.
↑« Le statut ambigu de l’objet », in: Rossella Froissart Pezone, L'Art dans tout, chapitre V, CNRS éditions, 2005, pp. 161-186 — sur OpenEdition.