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Marie Amélie Louise Hélène d’Orléans (en portugais, Dona Maria Amélia Luísa Helena de Orleães), plus connue sous le nom d'Amélie d’Orléans, né le , à Twickenham (Royaume-Uni) et morte le , au Chesnay (France), est princesse d'Orléans, puis par son mariage reine consort de Portugal de 1889 à 1908.
Amélie d’Orléans a perdu sa famille proche dans des circonstances dramatiques : son mari le roi Charles Ier ainsi que son fils Louis-Philippe meurent lors du régicide de 1908 vingt-quatre ans plus tard, elle apprend la mort de son autre et dernier fils, le roi Manuel II ; quant à sa fille Marie-Anne de Bragance, elle meurt à la naissance, l'accouchement étant prématuré à la suite de l’incendie du château.
Elle est également liée à deux autres prétendants au trône de France : son frère, Philippe (1869-1926), duc d'Orléans et prétendant sous le nom de « Philippe VIII », et son beau-frère Jean, duc de Guise et prétendant sous le nom de « Jean III ».
Le , elle épouse le futur Charles Ier de Portugal (1863-1908), lui-même fils du roi Louis Ier de Portugal (1838-1889) et de son épouse la princesse Maria Pia de Savoie (1847-1911). La célébration fastueuse[1] — voire tapageuse[2] — des fiançailles eut lieu quelques jours plus tôt. La chronique qu'en firent les journaux monarchistes, en particulier Le Figaro, soulève la consternation des milieux républicains. S'ensuivent de nombreuses attaques contre les Orléans et les Bonaparte concourant au vote de la loi d'exil du 11 juin.
La princesse Amélie passe son enfance en Angleterre, où elle voit le jour, du fait de la loi d’exil qui touche sa famille depuis la révolution de février 1848. C’est seulement à partir de la loi d'abrogation du que la princesse et sa famille peuvent revenir vivre en France[3].
Mariage
La princesse rencontre l’héritier du trône de Portugal au cours d'une partie de chasse à Chantilly, chez son riche oncle, le duc d'Aumale. Les fiançailles sont annoncées le et le mariage a lieu à Lisbonne le suivant.
Son père, le comte de Paris, organise le une somptueuse réception pour les fiançailles du couple à l’hôtel Galliera (futur hôtel de Matignon), dans la capitale française. Le luxe que déploient à cette occasion les Orléans et la chronique qu’en font les journaux monarchistes (et, en particulier, l'article de Philippe de Grandlieu dans Le Figaro) soulèvent la consternation des milieux républicains[4]. Cet événement donne lieu à de nombreuses attaques contre les Orléans et les Bonaparte (telle la chanson satirique L'Expulsion) et aboutit au vote, le , d’une nouvelle loi d’exil. Mais à la différence de la première, cette loi ne touche que les prétendants au trône ainsi que leurs fils aînés, ce qui explique que la princesse Amélie puisse revenir vivre en France quand la république est proclamée au Portugal. Ses parents sont contraints de quitter la France pour l'Angleterre, ils font leurs adieux au château d’Eu puis s’embarquent au Tréport[5].
Reine consort de Portugal
En 1889, l’époux d’Amélie, dom Carlos, monte sur le trône portugais et la jeune femme devient reine. Amélie commence alors à jouer un rôle culturel et social important dans le pays. En 1892, elle fonde l’Institut d’aide aux naufragés et, en 1905, le Musée des carrosses royaux (actuel Musée national des carrosses), mais la reine crée surtout l’Assistance nationale aux tuberculeux, qui combat la plus terrible maladie de l’époque[7].
Cependant, le Portugal traverse une grave crise au tournant du XIXe et du XXe siècle. Comme en Espagne ou en France, la famille royale est divisée en deux branches (les Bragance et les Saxe-Cobourg) qui s’opposent pour le trône tandis que les mouvements républicains et anarchistes rencontrent un succès croissant au sein de la population. En 1907, pour faire face aux difficultés que le pays traverse, Charles Ier appelle au pouvoir un général autoritaire, João Franco, mais celui-ci se rend très rapidement impopulaire.
L’attentat de 1908
Le couple royal et ses enfants décident quand même de se rendre en visite officielle en France, à la fin de l’année. Le voyage s’y déroule très bien et la reine retrouve avec plaisir son pays. Un drame se produit lorsque la famille regagne Lisbonne, après des journées passées à Vila Viçosa, dans la province de l'Alentejo. Le , alors que les souverains se dirigent en landau vers le palais royal, un attentat se produit Praça do Comércio (« place du Commerce ») durant lequel le roi Charles Ier et son fils aîné, dom Louis-Philippe, sont assassinés. Debout dans la voiture, faisant de son corps un rempart pour protéger son plus jeune fils Manuel, la reine Amélie parvient cependant à tenir en respect l’un des terroristes en le frappant avec son bouquet de fleurs[8].
Reine douairière
De cet événement, la reine ne se remettra jamais complètement ; après l’attentat, elle se retire dans le palais de Pena, à Sintra, d’où elle ne sort désormais que pour appuyer le jeune Manuel II, alors que les institutions du pays ne cessent de se dégrader ; finalement, la république portugaise est proclamée le .
En 1932, la reine Amélie subit une nouvelle épreuve avec la mort de son fils Manuel : elle devient alors la dernière représentante de la branche portugaise des Saxe-Cobourg.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement du président du Conseil portugaisSalazar offre à la reine l’asile politique mais celle-ci le refuse, préférant vivre sous le régime de l’Occupation avec ses concitoyens français en jouissant de l'immunité diplomatique. Lors de son séjour au château de Voisins, en , le maréchal Pétain lui rend visite[12], celle-ci l'accueille en l'embrassant et en lui déclarant : « Mon cher maréchal, je vous aime : montrez-vous à la foule que j'aie la joie d'entendre crier : « Vive Pétain ! »[12] ».
Une fois la guerre terminée, Amélie revient en voyage au Portugal le ; elle se rend en pèlerinage à Fátima et revoit tous les lieux où elle a vécu, excepté Vila Viçosa, résidence pour laquelle elle ressent de trop forts sentiments[13].
La reine Amélie s’éteint en France, le dans sa résidence de Belle-vue, située au 15, rue du Plateau Saint-Antoine au Chesnay[10], à côté de Versailles ; son petit-neveu Michel de Grèce évoque la fin de sa triste existence dans ses Mémoires Insolites.
En 2013, un documentaire-fiction, intitulé La reine Amélie, une Française au Portugal !, réalisée par David Jankowski et Antoine de Meaux, lui est consacré dans le cadre de l'émission Secrets d'Histoire. Le reportage retrace les grandes étapes de sa vie, tout en proposant une visite des principaux lieux du patrimoine architectural portugais[25].
Notes et références
Notes
↑En 1824, le roi Charles X de France octroie au duc d’Orléans (futur Louis-Philippe Ier), à sa famille et au duc de Bourbon le prédicat d’altesse royale ; les Orléans et le duc de Bourbon étaient auparavant altesses sérénissimes[16].
Références
↑Christine Rousseau, « La reine Amélie, une Française au Portugal », Le Monde, (lire en ligne).
↑Jean Foyer, Titre et armes du prince Louis de Bourbon, aîné des Capétiens (texte de la plaidoirie prononcée devant la Première Chambre de la Cour d'Appel de Paris, le 22 novembre 1989), Paris, D. U. C. (Diffusion — Université — Culture), 1990, 64 p., p. 39.
↑Maxime Petit, Histoire de France contemporaine de 1871 à 1914, Larousse, , p. 40
↑Marcel Barrière, Les Princes d'Orléans, Gallimard, , p. 62
↑Laurence Catinot-Crost, La reine Amélie de Portugal, Atlantica, , p. 69
↑Laurence Catinot-Crost, La reine Amélie de Portugal, Atlantica, , p. 58
↑Laurence Catinot-Crost, La reine Amélie de Portugal, Atlantica, , p. 123
↑Jean Pailler, Charles Ier, roi de Portugal : destin maudit d'un roi sacrifié, Atlantica, , p. 11
↑Laurence Catinot-Crost, La reine Amélie de Portugal, Atlantica, , p. 225
↑« Il n'y a jamais eu de princes de France, princes d'Artois, de Bourbon, d'Orléans, etc. Disons que le Gotha et le Glucksburg sont fautifs. Il y a des Enfants et Petits-Enfants de France (fils, filles, etc.). On parle aussi de Frère (Sœur) du Roi. Plus personne ne porte légalement le nom de France. Le reste était : Princes du sang (royal de France) » : Hervé Pinoteau, Héraldique capétienne, Paris, Éditions Patrice de La Perrière, (1re éd. 1954), 139 p. (ISBN2863770040 (édité erroné), BNF36599636), p. 29.
Georges Poisson, Les Orléans, une famille en quête d’un trône, Perrin, Paris, 1999.
Chantal de Badts de Cugnac et Guy Coutant de Saisseval, Le Petit Gotha, Paris, Éditions Le Petit Gotha, coll. « Petit Gotha », (1re éd. 1993), 989 p. (ISBN2-9507974-3-1).