Née en 1930[1], elle est la fille de Garmy Ndiaye et de Saloum Fall.
« Depuis que je chante et Dieu sait depuis combien de temps, le public sénégalais a toujours apprécié mes chansons, ce qui m' encourage à continuer. Le public attend mes nouvelles chansons avec impatience. Quand je chante tout le monde applaudi. Le public adore ce que je fais. Enfant je vendais des cacahuètes devant le lycée Faidherbe et occasionnellement le cinéma. En matinée ou en soirée. J'ai ainsi pu voir des films avec d'excellents chanteurs comme Louis Armstrong, Mahalia Jackson, Aretha Franklin ou Tino Rossi » Ainsi s'exprime Aminata Fall dans Mambety Blues de Franck Schneider.
Carrière artistique
Chanteuse
Star Jazz de Saint-Louis
Après avoir été vendeuse de cacahuètes à l'entrée de cinéma, Aminata Fall débute en 1958 dans la musique à Saint Louis, dans l'orchestre Star jazz de Papa Samba Diop dit Mba qui anime Le cocotier un Club situé rue Neuville à Saint-Louis[2],[3],[4]. Elle y reste pendant 8 ans[2], et s'y illustre avec deux chansons Yaye boye dédiée à sa mère et Mbeuguel[3]. Sa parfaite maîtrise des negro spiritual du blues et du jazz lui vaut le surnom de "Mahalia Jackson sénégalaise"[3].
Du au , Aminata Fall et la Compagnie Madior participent à la 24e édition du Grenoble Jazz Festival. Elle se produit au Cargo le avec Eddie Palmieri. Le , dans le cadre d'une grande soirée Contes-Musiques, elle se produit avec la Compagnie Madior à Grenoble.
En 1992, dans Bandits Cinéma, le premier court-métrage de Bouna Medoune Seye, elle interprète, gracieusement en live, une de ses compositions Sandeye Ndongo. Selon son agent, Mamadou Gueye : « À travers cette chanson, le problème de la mendicité est remis sur la sellette. Le jeune garçon placé en éducation auprès d'un marabout (islam) est obligé pour se nourrir d'aller mendier. Les paroles qu'il prononce et, la déclame d'Aminata Fall font la chanson ». Lorsqu'il lui demande de jouer, Aminata Fall, vraiment souffrante, prend une aspirine, se rend sur le plateau de tournage et chante. Le film est récompensé par le Prix de la ville de Milan et le Prix Qualité du Centre National de Cinématographie (CNC).
En 1990, Aminata Fall participe à un long métrage de la réalisatriceIrène Lichtenstein consacrée à Toto Bissainthe, L'Haïtienne, rencontre au Sénégal griots et artistes, pour un dialogue de mémoires à mémoires, sur l'esclavage, à travers les mots, la musique et la danse. Elle obtient le Prix Karl Lévêque du meilleur film "Images créoles" au Festival Vues d'Afrique de Montréal 1991.
Bouna Medoune Seye, dit d'elle : « Aminata Fall, voilà une femme, qui est pour moi une vraie Diva, et qu'on n'a jamais utilisé. Voilà une femme qui a une voix en or, qui dans n'importe quel pays développé, ou civilisé du Monde aurait fait une carrière internationale incroyable, et la voilà elle n'a jamais fait de disque, elle n'a jamais rien fait, juste des petits trucs, quand elle chante, moi j'ai la chair de poule. »
Kan Foré (« Chant dans lequel elle met en valeur la bravoure et le courage d'un enfant, qui a réussi à tuer un lion qui terrorisait les populations dans le nord du Sénégal. Il s'en suivi une histoire d'amour, car il épousera une belle jeune fille du nom de Astou Ndiaye appartenant à une très grande famille. » - Mamadou Gueye).
Taw ba Ngui nieuw (« L'eau c'est la vie, dit-on. Vérité ne peut être plus claire que celle-là. En Afrique l'eau est liée aux génies, presque dans toutes les zones. Dans cette chanson, Aminata demande la pluie, l'eau à Dieu et aux génies protecteurs censés détenir des forces sur l'eau des fleuves, des mers et du ciel. » - Mamadou Gueye).
Boo ma rombée (« Un homme d'un certain âge demande la main d'une jeune fille, n'étant pas très sûr d'être aimé en retour, il promet une dot assez élevée, des gadgets et un voyage de noces. L'énumération des promesses est si pittoresque, qu'elle agrémente la beauté du morceau. » - Mamadou Gueye).
Face B :
Sandeye Ndongo (« À travers cette chanson, le problème de la mendicité est remis sur la sellette. Le jeune garçon placé en éducation auprès d'un marabout (islam) est obligé pour se nourrir d'aller mendier. Les paroles qu'il prononce et, la déclame d'Aminata Fall font la chanson. » - Mamadou Gueye).
Yaye boye (« Un hommage à toutes les mères du Monde, ce chant dont les paroles font ressortir toutes les étapes que traverse l'enfant jusqu'à son adolescence sous la protection de sa maman, est un acte de reconnaissance à l'endroit de la femme. » - Mamadou Gueye).
Gane Dou Deuk (« Elle dénonce l'apartheid et l'esclavage, retraçant d'une manière dont elle seule garde le secret, la situation telle qu'elle était vécue à Gorée. » - Mamadou Gueye).
Aminata Fall est nommée au grade de "Chevalier" dans l'Ordre des Arts et des Lettres pour l'année 2000[6].
La chanteuse souffrait depuis les années 1990 d’une longue et douloureuse maladie paralysant peu à peu ses membres. En 1997, une opération en France, est rendue possible grâce aux concours d'artistes sénégalais, qui avaient organisé le un concert de solidarité à l'Institut français Léopold Sédar Senghor.
Le , dans son no 2199 du journal Sud Quotidien de Dakar, Hawa Bousso titrant "Sos pour Aminata Fall" lance un appel pressant à l'ensemble de la communauté artistique et à l'État du Sénégal pour la prise en charge des frais d'hospitalisation de Fall. Elle est internée dans un état critique (avec le pied gauche entièrement infecté), au pavillon des opérés récents de l'hôpital Principal de Dakar. Seul l'Ipress étant venu au secours de l'artiste. À partir de 2001, elle se déplace en chaise roulante[2].
Elle meurt dans la nuit du [1], entourée de ses enfants, dans sa maison familiale du quartier Gokhou Mbathie à Saint-Louis (Sénégal). Aminata Fall repose au cimetière de Thiaka Ndiaye[4],[7].
Notes et références
↑ a et bBigué Bob, « Un hommage à Aminata Fall », Seneplus, (lire en ligne)