Alocasia macrorrhizos

songe caraïbe, taro géant, oreille d'éléphant

Le Songe caraïbe, Alocasia macrorrhizos (L.) G. Don, est une espèce de plantes de la famille des Araceae, originaire de l'Asie du Sud-Est. Elle est aussi appelée Alocasie, Alocasie à grandes racines, Alocasie à grosse racine, taro géant ou oreille d'éléphant.

Description

Planches anatomiques de 海芋 - Alocasia macrorrhizos et - 水芋 - Colocasia esculenta, ouvrage japonais de 1804

Alocasia macrorrhizos est une grande plante tropicale, connue pour ses feuilles massives en forme de cœur ou de flèche, qui peuvent mesurer jusqu'à 1,5 mètre de long. Ces feuilles épaisses, d'un vert éclatant, poussent sur des pétioles robustes qui jaillissent d'un rhizome souterrain charnu. La plante peut atteindre entre 3 et 5 mètres de hauteur dans des conditions tropicales optimales.

Aspect général d'un jeune plant, Jardin botanique de la reine Sirikit, Thaïlande
Feuilles, Jardin des plantes de Toulouse, France
Fleur

Les fleurs de Alocasia macrorrhizos sont typiques de la famille des Araceae. Elles apparaissent sous forme d'inflorescences en spadice, une structure florale cylindrique enveloppée par une grande bractée appelée spathe. La spathe est généralement verte ou jaunâtre, et elle entoure le spadice, qui porte les petites fleurs minuscules et sessiles (sans pédoncule). Chez cette espèce, les fleurs sont peu voyantes, car la plante est principalement cultivée pour son feuillage spectaculaire.Les fleurs sont unisexuées, les fleurs mâles et femelles étant présentes sur le même spadice, mais à des endroits différents. La floraison est assez rare en culture, surtout dans les environnements en dehors des zones tropicales. Lorsque la floraison a lieu, elle n'est pas particulièrement parfumée ou décorative, contrairement à d'autres espèces d'Araceae.

Après la floraison, Alocasia macrorrhizos produit des fruits sous forme de petites baies. Les baies sont souvent rouge vif à maturité, renfermant plusieurs graines. Cependant, la plante est principalement multipliée par division des rhizomes ou des tiges, car la fructification reste rare dans les cultures hors habitat naturel.

Répartition et habitat

Originaire des régions tropicales d'Asie du Sud-Est, Alocasia macrorrhizos s'est répandue dans de nombreuses régions du monde, notamment en Océanie, en Afrique tropicale, et dans les Amériques. Elle pousse dans des zones chaudes et humides, préférant les sous-bois ombragés des forêts tropicales et les sols bien drainés mais riches en nutriments.

Le taro géant a été domestiqué à l'origine aux Philippines, mais on a découvert les premiers spécimens sauvages à Taïwan. Des Philippines, il s'est répandu vers le reste de l'Asie du Sud-Est maritime et vers l'est jusqu'en Océanie où il est devenu l'une des cultures de base des insulaires du Pacifique. Il s'agit de l'une des quatre principales espèces d'aroïdes (taros) cultivées par les Austronésiens principalement comme source d'amidon, les autres étant Amorphophallus paeoniifolius, Colocasia esculenta et Cyrtosperma merkusii, chacune avec plusieurs variétés cultivées. Leurs feuilles et leurs tiges sont également comestibles si elles sont bien cuites, bien que cela soit rarement fait pour le taro géant car il contient des quantités plus élevées de raphides qui provoquent des démangeaisons.

Culture

Alocasia macrorrhizos est principalement cultivée pour son aspect ornemental dans les jardins tropicaux et subtropicaux, mais aussi en intérieur dans les climats tempérés. En extérieur, elle est souvent utilisée pour créer un effet luxuriant et exotique, grâce à ses larges feuilles qui dominent l'espace.

  • Exposition : Lumière vive indirecte, éviter le soleil direct.
  • Arrosage : Sol toujours humide, mais bien drainé. Les racines peuvent pourrir en eau stagnante.
  • Sol : Riche, bien drainé, légèrement acide à neutre.
  • Température : 18-30°C, éviter les températures inférieures à 10°C. Si on rentre la plante en intérieur l'hiver elle doit être près d'une fenêtre et loin d'un radiateur pour éviter une atmosphère trop sèche
  • Humidité : Supérieure à 60 %.
  • Fertilisation : Engrais équilibré toutes les deux semaines en période de croissance.

Pour la culture en pot, prévoir un rempotage au début du printemps dans un pot plus grand tous les deux à trois ans.

Cette plante ne nécessite pas de taille régulière, mais il est conseillé d’enlever les feuilles jaunies ou abîmées pour encourager une nouvelle croissance et maintenir un aspect soigné.

En raison de la taille de ses feuilles, Alocasia macrorrhizos accumule facilement de la poussière, ce qui peut affecter la photosynthèse . Nettoyez régulièrement les feuilles avec un chiffon humide pour les garder brillantes et saines.

Multiplication

La multiplication de l'oreille d'éléphant se fait principalement par division des rhizomes. La plante peut également être multipliée par bouturage, en coupant des segments de tige qui, placés dans un substrat humide, développent des racines. Les graines, issues des baies, peuvent également être utilisées, bien que ce soit une méthode moins courante en raison de la rareté de la floraison et de la fructification.

Nom usuel

Le nom Alocasia macrorrhiza est synonyme et plus fréquent mais Alocasia macrorrhizos est à privilégier[1].

À La Réunion, où on la retrouve, on l'appelle « songe papangue ».

En Polynésie française, où elle est connue sous ses noms tahitien 'ape ou paumotu kape, sa racine était autrefois utilisée pour l'alimentation. Elle est encore consommée aujourd'hui sous forme de po'e[2].

A Wallis et Futuna, elle est appelée kape en wallisien[3] et en futunien[4].

En Nouvelle-Calédonie, c'est l'appellation de « taro géant » qui est la plus usitée en langue française[5]. On l'appelle koè en ajië, makué en drehu, néévié en drubea, kape en fagauvea, kyo kaan niuk en nemi, wayaca en nengone, wëwé en paicî et kwèè en xârâcùù[5].

Toxicité

Plusieurs cas d'empoisonnement[6],[7] ont été recensés à la suite de l'ingestion de la racine : la plante contient des alcaloïdes et de l'oxalate de calcium pouvant provoquer des troubles neurologiques, gastro-intestinaux ainsi que de graves brûlures des muqueuses.

Le tubercule de cette plante est consommé notamment par les Calédoniens. Il peut constituer une nourriture de disette, après une cuisson longue sur des pierres chaudes[5].

Galerie

Voir aussi

Notes et références

  1. « www.plantnames.unimelb.edu »
  2. « Dictionnaire en ligne », de l'Académie tahitienne [lire en ligne]
  3. Karl H. Rensch, Tikisionalio Faka'uvea-fakafalani. Dictionnaire wallisien-français, Archipelago Press,
  4. Claire Moyse-Faurie, Dictionnaire futunien-français : avec index français-futunien, Peeters Selaf, , 521 p. (ISBN 2-87723-070-8, BNF 37625798, lire en ligne), p. 194
  5. a b et c Emmanuel Kasarhérou, Béalo Wedoye, Roger Boulay, Claire Merleau-Ponty, Guide des plantes du chemin kanak, Nouméa, Agence de développement de la culture kanak, , 77 p. (ISBN 978-2-909407-76-0), p. 8-9
  6. (zh-CN) 谢立璟, 王英伟, 龙鑫 et 孙承业, « 急性海芋中毒救治1例 », 药物不良反应杂志, vol. 13, no 4,‎ , p. 240–3 (lire en ligne, consulté le )
  7. « LAA6 : Jessy au plus mal après avoir mâché du poison, elle fond en larmes et poste des photos », sur Blasting News, (consulté le )

Liens externes

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