Cette abbaye fut extrêmement influente au Moyen Âge. Son histoire nous est connue par son cartulaire, reconstitué au XVIIIe siècle par Noël Loys, un homme de loi de Nîmes[1]. Les plus anciennes de ces chartes, présentées par les moines comme remontant à la fin du VIIIe siècle, sont aujourd’hui reconnues comme des faux[2]. L’abbaye, probablement fondée au VIIe siècle, s’est développée grâce aux dons jusqu’à jouir d’un patrimoine considérable dans tout le Sud de la France.
Histoire
Haut Moyen Âge
L'abbaye de Psalmody fut fondée au VIIe siècle par les moines de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, dont le but était peut-être de profiter d’un emplacement favorable à l’installation de pêcheries sur le Rhône et de salins dans les marais du delta[1]. Les moines la construisent sur une petite éminence qui domine les marais environnants.
L’abbaye jouit de la faveur des empereurs successifs : en 816, Louis le Débonnaire lui accorde sa protection, et en 851, Charles le Chauve lui octroie quelques privilèges. À tout cela s’ajoute l’acte de 791, par lequel Charlemagne confirme les possessions de l’abbaye ; bien que cette charte soit fausse, et fabriquée à la fin du Xe siècle ou au siècle suivant, elle est considérée comme authentique à cette époque et augmente donc le prestige de l’abbaye[2].
En 908, les moines fuient l’abbaye pour se protéger des raids des Sarrasins, qui ravagent l’abbaye[2]. Dès le début du Xe siècle, des marais salants appartenant aux moines sont signalés[2] dont la production est commercialisée par voie fluviale à partir des deux petits ports de l’abbaye, Notre-Dame-des-Ports sur l’Agual Mort et Conse-Haute[3].
Bas Moyen Âge
En 1004, une assemblée de moines, de clercs et de chevaliers a lieu et décide la reconstruction de l’abbaye, en même temps qu’elle reçoit sa première possession outre-Rhône[4].
De 1052 à 1096, l’abbaye perd son autonomie et est dirigée par l’abbaye Saint-Victor[5],[6]. Elle prit une importance considérable, jusqu'à dépendre directement de Rome.[réf. nécessaire] Ses moines la firent rayonner à travers toute la région, notamment grâce au commerce du sel. L'abbaye connut son apogée au XIIe siècle. En 1248, elle vend son port de Notre-Dame-des-Ports sur l’Agual Mort au roi de France, Saint-Louis, qui y construit Aigues-Mortes[3].
En 1537, l’abbaye est sécularisée, les moines se réfugient à la collégiale Notre-Dame de la Salvat. La plus grande partie de ses biens fut attribuée aux évêchés, quelques prieurés allant à la collégiale[7]. Abandonnée, elle tombe peu à peu en ruines, avant d’être incendiée en 1701, durant la guerre des Camisards par Catinat.
Sous la Révolution française, ses biens sont déclarés biens nationaux et vendus.
Aujourd'hui, seules quelques ruines éparses subsistent de l'édifice[8].
↑ a et bChristiane Boekholt, « Les prieurés de Psalmody en Provence », Chroniques de Haute-Provence, Revue de la Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, 2012, n° 369, 132e année, p. 73. ISSN 0240-4672.
↑ a et bPatricia Payn-Echalier, « Entre fleuve et mer, le port d'Arles et le delta du Rhône (XVIe – XVIIIe siècle) », Rives méditerranéennes, no 35, , p. 29-44 (lire en ligne).
[Devic 1872] Claude Devic et Joseph Vaissète, « Note XCIX : Abbaye de Saint-Pierre de Psalmondi », dans Histoire générale de Languedoc, t. 4, Toulouse, Édouard Privat libraire-éditeur, (lire en ligne), p. 506-510
[Rivals-1 1937] Georges Rivals, « Psalmodi », Cahiers d'histoire et d'archéologie : revue méridionale d'histoire locale, de géographie humaine, d'archéologie, vol. 43, , p. 287-299 (lire en ligne)
[Rivals-2 1937] Georges Rivals, « Psalmodi », Cahiers d'histoire et d'archéologie : revue méridionale d'histoire locale, de géographie humaine, d'archéologie, vol. 44, , p. 394-403 (lire en ligne)
[Rivals-3 1937] Georges Rivals, « Psalmodi (suite) », Cahiers d'histoire et d'archéologie : revue méridionale d'histoire locale, de géographie humaine, d'archéologie, vol. 46, , p. 611-632 (lire en ligne)
[Borg 1971] (en) Alan Borg, « Psalmodi », Gesta, vol. 10, no 2, , p. 63-70
[Clébert 1972] Jean-Paul Clébert, Guide de la Provence mystérieuse, Paris, Éd. Tchou,
[Thiébaut 1979] Jacques Thiébaut, « Une église carolingienne découverte à Psalmodi ? », Bulletin monumental, t. 137, no 1, , p. 67 (lire en ligne)
[Stoddard 1981] Whitney Snow Stoddard, « Sarcophage paléochrétien découvert à Psalmodi (Gard) », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 14, , p. 225-237 (lire en ligne)
[Dodds 1982] Jerrilyn Dodds, Bailey K. Young et Brooks W. Stoddard, « Saint-Laurent d'Aigouze (Gard). Ancienne Abbaye de Psalmody », Archéologie médiévale, t. 12, , p. 335-336 (lire en ligne)
[Stoddard 1983] Brooks W. Stoddard, Whitney Snow Stoddard, Jerrilyn Dodds et Bailey K. Young, « Saint-Laurent d'Aigouze (Gard). Ancienne Abbaye de Psalmodi », Archéologie médiévale, t. 13, , p. 282-284 (lire en ligne)
[Stoddard 1984] Whitney Snow Stoddard, Brooks W. Stoddard, Jerrilyn Dodds et Bailey K. Young, « Saint-Laurent d'Aigouze (Gard). Ancienne Abbaye de Psalmodi », Archéologie médiévale, t. 14, , p. 329 (lire en ligne)
[Stoddard 1988] Whitney Snow Stoddard, « Saint-Laurent-d'Aigouze (Gard). Ancienne abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Psalmodi », Archéologie médiévale, t. 18, , p. 388 (lire en ligne)
[Dodds 1989] Jerrilyn Dodds, Brooks W. Stoddard, Whitney Snow Stoddard, Bailey K. Young et Kitch Carter-Young, « L'ancienne abbaye de Psalmodi (Saint-Laurent-d' Aigouze, Gard) premier bilan des fouilles (1970-1988) », Archéologie médiévale, t. 19, , p. 7-55 (lire en ligne)
[Pérouse 1996] Jean-Marie Pérouse de Montclos (sous la direction de), « Psalmodi : Abbaye », dans Le guide du Patrimoine : Languedoc, Roussillon, Paris, Hachette, , 606 p., sur (ISBN2-01-242333-7), p. 470.
[Bonato 2001] Cédric Bonato, Aux origines de Psalmodie (mémoire de maîtrise), Aix-en-Provence, Université d'Aix-Marseille,
[Bonnery 2010] André Bonnery, « Architecture préromane en Languedoc : Aniane et Psalmodi », Bulletin monumental, t. 168, no 1, , p. 104-105 (lire en ligne)
[Boudet 2017] Gérard Boudet, « Les abbayes du sel en Languedoc au Moyen-Âge », Bulletin de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, vol. 48, , p. 1-10 (lire en ligne)