Fondée avant 646[1] par l'épouse du roi Clovis II, sainte Bathilde, l'abbaye de Chelles reçut un soutien constant de cette reine. Elle agrandit l'oratoire de Clotilde et fit bâtir une nouvelle église consacrée à la Sainte Croix. Vers 665 elle s'y retira elle-même, et à la suite de son trépas le en 680 ou 681, y fut inhumée[2], plus précisément, dans un mausolée placé au fond de l'abside orientale de l'église Sainte-Croix[a 2].
Il est probable que l'abbaye était également soutenue par saint Éloi, l'un des conseillers les plus importants de la reine. En effet, plusieurs objets précieux de ce monastère suggéraient un lien étroit avec ce saint[a 3],[3].
L'abbaye accueille successivement plusieurs femmes de la famille carolingienne en qualité d'abbesses. Parmi elles, Helvide fait, le , retirer le sarcophage de Bathilde de l'ancienne sépulture[4]. Puis, le , en présence de l'évêque de Paris et après la célébration de la messe, les ossements de la reine sont déposés dans une chapelle nouvellement construite derrière l'autel. Sous le même règne de Louis le Pieux († 840), le culte de sainte Bathilde, célébré les et , est adopté[a 4]. La particularité de cet office se trouve dans ses répons par lesquels était félicitée la vie de sainte Bathilde selon la Vita Bathildis écrite au VIIIe siècle[a 5].
Lors de la guerre de Cent Ans et des guerres civiles sous le règne de Charles VII, les établissements religieux, comme le reste du pays, ont en général abondamment souffert matériellement et spirituellement. Fin XVe et début XVIe, un vent de réforme souffle sur eux. De 1500 à 1518 les religieuses de Chelles contribuent à réformer treize abbayes - dont celle de Notre-Dame du Val-Profond nouvellement renommée abbaye du Val-de-Grâce, l'abbaye de Montmartre à Paris, et d'autres[5].
Par une bulle du pape Innocent III (entre 1198 et 1216), l'abbaye était dorénavant directement liée au Saint-Siège. Or, cet établissement gardait encore le rapport avec la famille royale, notamment dans le domaine des célébrations[1].
Sont encore visibles, les églises Sainte-Croix et Saint-Georges, aujourd'hui réaménagées en centre de culture contemporaine, et les vestiges du cloître intégrés à la mairie. Des documents et pièces de l'abbaye sont exposés au musée Alfred-Bonno.
L'église Saint-Georges fut édifiée aux XIe et XIIe siècles à l’emplacement du sanctuaire construit au VIe siècle, et l'église Sainte-Croix au XIIIe siècle et remaniée au XVIe siècle. Les anciens jardins de l'abbaye correspondent sensiblement à l'actuel parc du souvenir Émile Fouchard.
Les restes du cloître et les sols de l'ancienne église abbatiale ont été classés au titre des monuments historiques le alors que les églises Sainte-Croix et Saint-Georges ont été classées le [6].
Différentes fouilles archéologiques au XXe siècle ont mis au jour des fragments de sculptures provenant de l'abbaye détruite. Ils datent du XIIe siècle, certains des années 1110-1120, d'autres des alentours de 1140, et sont conservés au musée Alfred-Bono[7].
Le cloître est de nos jours intégré à l'hôtel de ville de Chelles dont la commune est le propriétaire[8].
Abbesses
Sainte Bathilde.Louise-Adelaïde d'Orléans (abbesse).Anne de Clermon-Chaste de Gessans (abbesse).
680-702 : Sainte Bertille de Chelles, amie de sainte Bathilde et première abbesse de Chelles[a 2].
Thérèse-Angélique de Pasquier de Franclieu, ancienne religieuse de l'abbaye de Chelles, abbesse de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres de 1770 à 1792, morte à Éraine hameau de Bailleul-le-Soc, le 10 décembre 1814, à l’âge de 84 ans, et inhumée à Bailleul-le-Soc (Oise).
Martine du Moulin, religieuse à Chelles, avant de devenir abbesse triennale de l'abbaye de Montmartre, puis de l'abbaye Notre-Dame de Gercy de 1515 à 1535, année de sa mort à l'âge de 86 ans[14],[Note 2] ; apparentée à la famille du Moulin, seigneurs de Fontenay en Brie, Servon, etc., elle gouverna jusqu'en 1535, date de sa mort, à l'âge de 86 ans. Elle avait été religieuse à l'abbaye de Chelles, avant d'être abbesse triennale à Montmartre.
Louise Adélaïde d'Orléans, fille du régent, abbesse de 1719 à 1734 : à l'époque, elle portait le nom de Mademoiselle d'Orléans.
Chelles. Paroisse Saint-Georges. Sépultures. 12 décembre 1762 : « Messire Pierre Ezéchiel Levasseur de Roche, prêtre du diocèse d'Orléans, Grand Chapelain de l'Église cathédrale de Meaux, et Maître de Musique de l'Abbaye royale de ce lieu [de Chelles], âgé de 54 ans quelques mois, décédé d'hier, a été inhumé dans l'église de la dite Abbaye ». Il était né à Orléans en 1708[15].
Propriétés, revenus
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Rue Saint-Hilaire puis des Carmes : trois quartiers de vigne à Saint-Hilaire vendus par l’abbesse de Chelles au Chapitre de Paris, 1179[16]
Notes et références
Notes
↑Le duc de Saint-Simon écrivit d'Adélaïde d'Orléans : « Tantôt austère à l’excès, tantôt n’ayant de religieuse que l’habit, musicienne, chirurgienne, théologienne, directrice, et tout cela par sauts et par bonds, mais avec beaucoup d’esprit, toujours fatiguée et dégoûtée de ses diverses situations, incapable de persévérer en aucune, aspirante à d’autres règles et plus encore à la liberté, mais sans vouloir quitter son habit de religieuse… ». Source : Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon. Source Mémoires, Nouvelle édition par A. de Boislile, Paris, 1928, T. XXXVI, p. 200-201.
↑Martine du Moulin (1449-1535) . Dom Antonio de Yepes de la Congrégation de Saint Vanne et saint Hidulphe, abbé de Saint-Benoit de Valladolid, dans son ouvrage : Chroniques générales de l'Ordre de Saint Benoist, traduit de l'espagnol par dom Martin Rethelois, chez J. et J.-F. Laurent, 1674, t. II, p. 698 la donne morte en 1515, alors que Lebeuf, t. XIII de son Histoire des paroisses du diocèse de Paris, doyenné du Vieux Corbeil, pages 172 et suivantes la donne mutée à Gercy.
↑Fille de Charles II le Chauve. En 922, Charles III le Simple essaie de donner l'abbaye à son favori, le lorrain Haganon, qui mènera à une révolte de la noblesse et à la chute du roi en 923.
↑Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, 1843, voir les pages 201-203 1ère citation : Jean-Rigaud de Scorailles, comte, puis marquis de Roussille, seigneur, baron de Fontanges, de Montjoui, de Cropières et de Saint-Jouéry, servit pendant les guerres de la minorité de Louis XIV, et devint … .Il épousa, le 27 janvier 1640, Aimée-Eléonore de Plas, fille d’Annet, seigneur de Curemonte, et de Jeanne-Françoise de Robert-Lignerac, … .; à la page 203 (leurs enfants) citation : 3° Jeanne, abbesse de l’abbaye de Chelles en 1680; … .
↑Jean Lebeuf, Histoire des paroisses du diocèse de Paris, doyenné du Vieux Corbeil, chez Prault, père, 1757, t. XIII, pp. 172-180 - Alexis Martin, Promenades et excursions dans les environs de Paris-Région sud, A. Hennuyer, Imprimeur-éditeur, 1896.