1491 : Nouvelles Révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb
1491 : Nouvelles Révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb est un livre documentaire scientifique sur les Amériques précolombiennes écrit par l'auteur scientifique américain Charles C. Mann, publié en 2005 (version originale) et dont la traduction française a été publiée en 2007 (nouveau tirage en 2010). L'auteur est journaliste et l'ouvrage est autant un livre de vulgarisation que d'érudition. Mann fait valoir qu'un ensemble de découvertes récentes dans divers domaines de recherche suggère que les populations de l'Hémisphère Occidental - c'est-à-dire les peuples autochtones des Amériques - étaient plus nombreux, étaient arrivés plus tôt, avaient des cultures plus élaborées, et avaient eu une influence plus grande sur les écosystèmes et les paysages que ce que l'on avait toujours pensé jusqu'ici. Il note que deux des six centres indépendants de civilisation dans le monde se développèrent aux Amériques, Le premier, Norte Chico ou Caral-Supe, dans le nord de l'actuel Pérou, et celui de Mésoamérique dans l'actuelle Amérique Centrale. RésuméMann développe son argumentaire à partir de nombreuses réévaluations de positions scientifiques établies de longue date sur le monde précolombien, en se basant sur des découvertes récentes en démographie, en climatologie, en épidémiologie, en économie, en botanique, en génétique, en analyse d'image, en palynologie, en biologie moléculaire, en biochimie et en science des sols. Bien qu'il n'y ait pas de consensus sur son analyse - et Mann admet qu'il y a controverse - il affirme que la tendance générale parmi les scientifiques est plutôt au consensus. 1. (a) les niveaux de population des Autochtones Américains étaient probablement plus élevés que ce qui est traditionnellement admis par les scientifiques, et proches des estimations les plus optimistes. (b) Les humains sont probablement arrivés aux Amériques plus tôt que ce qu'on pensait, par nombreuses vagues successives de migration vers le Nouveau Monde (et non pas uniquement par le Détroit de Behring durant une courte période); 2. Le niveau de développement culturel était plus élevé et la diversité des peuplements était plus grande que ce qu'on avait imaginé jusqu'ici, et 3. Le Nouveau Monde n'était pas un milieu sauvage au moment du Contact avec les Européens, mais un écosystème que les peuples autochtones avaient modelé à leur profit depuis des milliers d'années, principalement par le feu. Ces trois points majeurs (origines/population, culture, et environnement) servent de base aux trois parties du livre. Dans l'introduction[1], Mann réfute la thèse selon laquelle "Les Amérindiens seraient arrivés par le Détroit de Behring il y a 20.000 à 25.000 ans, et qu'ils avaient eu tellement peu d'impact sur leur environnement que même après des millénaires de présence sur le continent celui-ci restait essentiellement sauvage". Première Partie : Des Chiffres tirés de Nulle Part ?Mann traite en premier lieu de la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle. Il est en désaccord avec l'idée populaire que les technologies européennes auraient été supérieures à celles des Amérindiens, en s'appuyant spécifiquement sur l'exemple des fusils.. Les Amérindiens considéraient les fusils comme n'étant guère plus que des "faiseurs de bruits", et conclurent qu'ils étaient moins précis que les arcs et flèches. Le célèbre colon John Smith de la colonie méridionale de Jamestown notait que "la terrible vérité... il [le fusil] ne pouvait pas tirer aussi loin qu'une flèche pouvait voler"; les mocassins étaient plus confortables et robustes que les bottes que portaient les Européens, et beaucoup les préféraient à cette époque car leur semelle souple permettait des déplacements guerriers plus silencieux; les canoés étaient plus rapides et plus manœuvrants que n'importe quel petit bateau européen, Mann explore la chute de l'Empire Inca et essaye de comparer leur population avec les armées des Conquistadors tels que Francisco Pizzaro. Il expose l'importance d'un grand nombre de maladies infectieuses nouvellement introduites et la probabilité que celles-ci aient joué un rôle plus décisif dans le déclin des Amérindiens que les armements ou les agissements des Européens. Il note que bien que les Européens n'aient pu tirer qu'un moindre parti de leur cavalerie en raison des routes pavées en escaliers des territoires Incas, les Incas ne tirèrent pas non plus convenablement parti de leurs inventions anti-cavalerie pour arrêter les envahisseurs espagnols. Selon lui, l'Empire Inca s'écroula parce que lorsque les Européens arrivèrent, la variole et d'autres épidémies les avaient précédés dans les villes Inca en raison du manque d'immunité des autochtones contre les maladies eurasiennes. Cette première partie expose enfin les écarts d'estimation démographique entre les historiens "Populationnistes" et les "Dépopulationnistes". Parmi les premiers, Henry F Dobyns estime le nombre d'Amérindiens précolombiens proche de 100 millions, tandis que parmi les critiques du "Populationnisme" on trouve David Henige, qui a écrit le livre Des Chiffres tirés de Nulle Part[2]. Deuxième Partie : De Très Vieux OsMann traite dans cette partie de la provenance et de la datation des restes humains qui pourraient faire la lumière sur cette période de premier peuplement des Amériques. La Culture Clovis du Nouveau Mexique fut la première à être datée au Carbone 14. Bien qu'elle semble être apparue il y a 13 500 à 12 900 ans à la suite d'une immigration depuis la Sibérie au travers du Détroit de Behring, émergé pendant la dernière glaciation, des preuves récentes montrent que des Paléoaméricains étaient présents à des périodes encore antérieures, Dans cette section Mann traite également du thème de l'agriculture, notamment celle des cultures Andines et Mésoaméricaines. La culture sélective du maïs à partir de précurseurs non comestibles tel que le teosinte a significativement augmenté les surplus agricoles et les populations, et permis l’avènement de cultures complexes. Le maïs a été un aliment et un élément décisif dans l'éclosion de civilisations telles que celle des Olmèques. Mann note que les Mésoaméricains n'avaient pas la chance de pouvoir copier les inventions des autres puisqu'ils étaient géographiquement isolés comparativement aux cultures eurasiennes, ce qui n'a pas permis l'adoption d'inventions qui ont joué un rôle fondamental dans les autres cultures (telle que la roue), non plus que la domestication de grands herbivores. Troisième Partie : Paysages avec FiguresDans la troisième partie, Mann propose une synthèse centrée sur les Mayas, dont la croissance démographique semble avoir été aussi rapide que le déclin. Selon lui, la théorie canonique à propos de la disparition de la civilisation Maya - qui est aussi appliquée à beaucoup de cultures Amérindiennes - a été énoncée par Sylvanus Morley de la façons suivante :
Mann discute ensuite de l'accumulation progressive et continue de preuves qui réfutent l'idée que les Amérindiens ne travaillaient pas à transformer leurs territoires. La plupart des Amérindiens transformaient leur environnement par le feu, employant la technique des brulis pour créer des terres agricoles ou bien des prairies pour développer le gibier. Les Amérindiens domestiquèrent certes moins d'animaux que les Européens et cultivèrent les végétaux différemment, mais ils le firent de manière plus intensive. L'auteur suggère que des préjugés racistes sur les peuples autochtones, ainsi que le manque de langue commune, a souvent mené à une méconnaissance de ces dynamiques, ce qui historiquement s'est exprimé dans des conclusions telles que "la loi de la limitation environnementale de la culture" (Betty J Meggers) : quoique les Amérindiens auraient pu avoir fait avant leurs brulis - selon cette logique - aurait dû fonctionner grâce aux vastes étendues de forêts saines présentes avant l'arrivée des Européens - autrement dit "si on ne voyait rien, c'est qu'il y avait eu très peu d'Amérindiens" Mann explique que les Amérindiens furent une clé de voute de leur écosystème : une espèce qui "affecte la survie et l'abondance de nombreuses autres espèces". La thèse qu'il défend est que lorsque les Européens arrivèrent en nombre pour supplanter les populations autochtones des Amériques, les peuples dominants avaient déjà été presque complètement éliminés principalement par les maladies apportées par les premiers Européens et par leurs conséquences disruptives sur les sociétés et sur l'environnement. C'est cette perte de contrôle des Amérindiens sur leur environnement qui a mené à l'explosion de la population du bison américain ou du pigeon voyageur. Et c'est parce que les brulis avaient cessé que les forêts étaient redevenues aussi denses et aussi étendues. Le monde découvert par Christophe Colomb allait commencer à changer dès l'instant du premier Contact, et Colomb fut aussi un des derniers à le voir dans son aspect originel. Mann conclut qu'on doit regarder le passé pour écrire le futur. "Les Amérindiens ont organisé le continent comme ils le jugeaient bon, et les nations modernes devraient faire de même. Si leur but est de reconstituer autant que possible le paysage de 1491, il leur faudra créer les plus vastes jardins que la terre ait portés" AccueilEn 2005, la revue littéraire du New York Times écrivait ceci :
Éditions
SuiteEn 2011, Mann publie une suite, 1493 : Comment la Découverte de l'Amérique a transformé le Monde dans laquelle Il explore le résultat de la colonisation européenne des Amériques, un sujet entamé dans l'ouvrage de 1972 par Alfred W. Crosby, L'Échange Colombien qui examinait les échanges de plantes, animaux, maladies, et technologies après le Contact européen avec les Amériques. Mann a ajouté une somme d'études effectuées dans les 40 ans passés depuis la parution de l'ouvrage de Crosby. Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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