Élections législatives palestiniennes de 2006
Les élections législatives palestiniennes de 2006 ont lieu le afin de renouveler les sièges du Conseil législatif palestinien. Les précédentes élections de cette assemblée date de 1996. Le scrutin est repoussé à plusieurs reprises, à cause de la situation du conflit israélo-palestinien. Les électeurs de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est sont appelés aux urnes par l'Autorité palestinienne. Le nouveau conseil législatif comprend 132 sièges, contre 88 dans le précédent. La moitié des représentants sont désignés à la proportionnelle. Contexte politiqueL'assemblée est dominée jusqu'en 2006 par le mouvement Fatah des présidents palestiniens Yasser Arafat puis Mahmoud Abbas. La principale opposition est le mouvement islamiste Hamas qui n'avait pas participé (boycott) au scrutin de 1996. FatahLe Fatah détient 68 des 88 sièges. Toutefois, des divisions internes se font sentir dans le mouvement et de nouvelles personnalités ont émergé dans la « jeune garde » et s'élèvent contre la corruption du parti, tel que Marouane Barghouti mais il purge une peine de prison en Israël, étant condamné pour ses responsabilités au sein du tanzim et des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa, structure armée proche du Fatah). Sa nouvelle faction, Al-Moustaqbal, doit initialement présenter Barghouti comme tête de liste. Des négociations entre les deux courants conduisent, le , à une liste unique avec Barghouti pour tête de liste, malgré les divergences profondes qui continuent de les opposer. La vieille garde et Al-Moustaqbal se mobilisent au sein du Fatah. Leur réconciliation est vue par un grand nombre d'observateurs comme motivée par une peur de voir une victoire du mouvement islamiste Hamas qui est leur principal rival. HamasLe Hamas, ayant refusé de participer aux élections législatives palestiniennes de 1996 pour protester contre les négociations avec Israël, n'a jamais été représenté dans le conseil législatif palestinien. Ce mouvement ne reconnait pas à Israël le droit d'exister comme État juif et jugeait donc illégitime l'Autorité palestinienne créée par les accords d'Oslo. Le Hamas ressort avec un prestige renforcé de la fin de l'occupation israélienne de la bande de Gaza en septembre 2005[1]. Après son succès considérable aux élections municipales palestiniennes de 2005, la perspective d'un nouveau conseil législatif dominé par le Hamas effraie la plupart des gouvernements occidentaux qui le considèrent généralement comme un groupe terroriste. Ces gouvernements sont également ceux qui apportent la plus grande partie de l'aide étrangère dans le budget de l'Autorité palestinienne. Palestine indépendanteUne troisième liste se présente aux élections sous la tête de liste Moustafa Barghouti, lointain parent de Marouane Barghouti. Cette liste souhaite proposer une troisième voie à la majorité silencieuse palestinienne en ne favorisant « ni le fondamentalisme du Hamas, ni l'autocratie et la corruption du parti Fatah au pouvoir ». Le programme de ce nouveau mouvement promet de lutter contre la corruption, demande le démantèlement de ce qui est appelé le mur de l'apartheid et se veut démocratique et indépendant. Déroulement de la campagneLe , certains dirigeants israéliens ont manifesté leur intention d'empêcher la tenue du scrutin à Jérusalem-Est qui, contrairement aux autres localités palestiniennes où le vote doit se dérouler, est sous contrôle civil et militaire israélien (l'annexion consécutive à la guerre des Six Jours de 1967 n'a jamais été reconnue par la majorité des gouvernements étrangers ni par les Palestiniens qui revendiquent la ville pour capitale d'un futur État). Israël a précisé que son opposition à la tenue d'élections à Jérusalem n'était pas motivée par une question de souveraineté sur la ville (les Palestiniens de Jérusalem avaient pu voter en 1996) mais par une inquiétude face à la participation du Hamas (et potentiellement par sa victoire) aux élections. Les dirigeants palestiniens ont répliqué que les élections ne se tiendraient pas sans une participation des Palestiniens de Jérusalem-Est[2]. Fin de la trêveLe Jihad islamique et plusieurs factions armées liées au Fatah, comme les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, ont déclaré le , à quelques heures de l'expiration de la trêve des attaques contre Israël négociée en mars au Caire, qu'ils ne la reconduiraient pas forcément en 2006. Quelques jours plus tard, le Hamas déclare également la fin de la trêve. RésultatsD'après la Commission électorale centrale, un premier taux de participation est annoncé à près de 77,6 % des 1,35 million d'électeurs inscrits. Chaque électeur a l'index de la main gauche, enduit d'encre, indélébile afin d'empêcher les votes multiples. Selon les résultats officiels des législatives, le Hamas obtient la majorité absolue au Parlement palestinien. Ismaël Haniyeh, l'un des dirigeants du Hamas, est nommé Premier ministre par le président Mahmoud Abbas le , et il annonce la formation de son gouvernement le . La mission d'observation des élections mandatée par l'Union européenne déclare que le scrutin s'est déroulé en toute régularité. Elle n'en reconnait cependant pas les résultats du fait de la victoire du Hamas, qualifié de terroriste par l’UE[3]. En , le journal américain Vanity Fair publie des documents qui prouvent que les États-Unis ont tenté d'évincer le Hamas après sa victoire aux élections, en armant une force palestinienne menée par des partisans du Fatah et dirigée par Mohammed Dahlan[4],[5].
Analyse
Références
|