Le choix de cette dissolution est pris après la défaite de la liste Renaissance aux élections européennes qui ont eu lieu le 9 juin 2024[1]. Les 104 candidats dans 14 circonscriptions, soit une moyenne de 7,5[2], sont moins nombreux qu'en 2022.
Est élu au premier tour le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal au quart des électeurs inscrits dans la circonscription, soit 25 %. Si aucun des candidats ne satisfait ces conditions, un second tour est organisé entre les candidats ayant réuni un nombre de voix au moins égal à un huitième des inscrits, soit 12,5 %. Les deux candidats arrivés en tête du 1er tour se maintiennent néanmoins par défaut si un seul ou aucun d'entre eux n'a atteint ce seuil. Au second tour, le candidat arrivé en tête est déclaré élu[5],[6].
Le seuil de qualification basé sur un pourcentage du total des inscrits et non des suffrages exprimés rend plus difficile l'accès au second tour lorsque l'abstention est élevée. Le système permet en revanche l'accès au second tour de plus de deux candidats si plusieurs d'entre eux franchissent le seuil de 12,5 % des inscrits. Les candidats en lice au second tour peuvent ainsi être trois, un cas de figure appelé « triangulaire ». Les second tours où s'affrontent quatre candidats, appelés « quadrangulaire » sont également possibles, mais beaucoup plus rares[4],[7].
Partis et nuances
Les résultats des élections sont publiés en France par le ministère de l'Intérieur, qui classe les partis en leur attribuant des nuances politiques. Ces dernières sont décidées par les préfets, qui les attribuent indifféremment de l'étiquette politique déclarée par les candidats, qui peut être celle d'un parti ou une candidature sans étiquette[8].
Tous les autres partis se voient attribuer l'une ou l'autre des nuances suivantes : EXG (extrême gauche), DVG (divers gauche), ECO (écologiste), REG (régionaliste), DVC (divers centre), DVD (divers droite), DSV (droite souverainiste) et EXD (extrême droite). Des partis comme Debout la France ou Lutte ouvrière ne disposent ainsi pas de nuances propres, et leurs résultats nationaux ne sont pas publiés séparément par le ministère, car mélangés avec d'autres partis (respectivement dans les nuances DSV et EXG)[11].
Trois dynamiques semblent se distinguer dans le Rhône à l'occasion de ces élections législatives : dans Lyon et sa proche banlieue, la gauche progresse sensiblement pour emporter deux sièges supplémentaires face aux macronistes[12] ; dans les secteurs périurbains, où la coalition présidentielle résiste plutôt, cédant un siège au RN[13] ; et dans le nord du département, où LR voit son électorat s'éroder au profit de l'extrême droite.
Dans Lyon, le Nouveau Front populaire opère un coup de force en emportant les quatre circonscriptions de la ville[12]. La jeune sortante écologiste Marie-Charlotte Garin est réélue dès le premier tour pour un deuxième mandat[14]. Malgré les controverses entourant le sortant Hubert Julien-Laferrière[15], Boris Tavernier, militant associatif[16], est largement réélu pour Les Écologistes à sa suite, manquant de peu l'élection au premier tour. Les deux autres secteurs observent un scénario similaire avec une triangulaire après un premier tour où la candidate NFP a pris plusieurs points d'avance sur le ou la sortante Renaissance avec le RN à environ 18 %. Alors que la progression par rapport à 2022 est sensible pour le parti d'extrême droite, gagnant 9 à 10 points dans ces deux circonscriptions, le parti perd plusieurs voix entre les deux tours. Et ainsi, dans les deux cas, les sortants Renaissance, en poste depuis 2017, ne parviennent pas à combler leur retard et la gauche l'emporte. La nouvelle députée de la 1re circonscription est l'insoumise Anaïs Belouassa-Cherifi, nouvelle benjamine de la délégation parlementaire du Rhône, de quelques mois la cadette de Mme Garin. La quatrième députée de Lyon, quant à elle, est la socialiste Sandrine Runel, tête de liste PS aux municipales de 2020 dans la capitale des Gaules, et depuis adjointe au maire. Sandrine Runel qui devient la 1re députée de gauche de son secteur, celui-ci ayant longtemps été le fief de Raymond Barre.
Dans la proche banlieue de Lyon, les insoumis conservent le fief de gauche de Vénissieux sans encombre. À Villeurbanne en revanche, l'élection a été plus disputée pour le sortant insoumis Gabriel Amard. Celui-ci devait affronter deux de ses prédécesseurs, l'ancien député RPR Marc Fraysse et surtout l'ancien maire PS de la ville, Jean-Paul Bret. Si le sortant prend une large avance au premier tour, le second se joue sur le fil et Bret s'incline avec 569 voix de retard seulement. Pour le siège de Rillieux-la-Pape-Bron, les électeurs assistent à un match retour entre le sortant, Alexandre Vincendet, ex-maire de Rillieux-la-Pape, et le militant insoumis, Abdelkader Lahmar. Depuis 2022, le premier a été exclu de LR et a rejoint Horizons, et le second représente le NFP et non plus la NUPES. Les résultats s'inversent cette fois avec le candidat de gauche qui l'emporte confortablement, au cours de la triangulaire du second tour, impliquant également le RN. Toutefois, la gauche bute à nouveau sur le siège d'Oullins, tenu par le MoDem Cyrille Isaac-Sibille. Ce dernier prévaut face à la candidate NFP, Lucie Gaillot-Durand, médecin et militante écologiste à Oullins[17], et une jeune militante RN, Clémence Luisier[18].
Les quatre circonscriptions du sud du département de la grande banlieue de Lyon placent Ensemble sur la défensive, l'alliance tenant tous ces sièges avant l'élection, alors que le RN est arrivé en tête dans chacun de ces secteurs aux élections européennes précédentes. Deux de ces circonscriptions sont parmi les cinq seules d'Auvergne-Rhône-Alpes à placer un candidat Ensemble en tête. Le siège de Caluire-et-Cuire reconduit ainsi la députée démocrate Blandine Brocard, pour un troisième mandat, dans un secteur qui n'a jamais élu de député de gauche, depuis 1988. Il en est de même à Saint-Genis-Laval où Thomas Gassilloud, jusqu'ici président de la commission de la défense, n'obtient qu'environ un millier de voix de plus que le RN au premier tour. En 2022, le parti d'extrême droite n'avait pas présenté de candidat ici et en 2017, l'écart était de plus de 17 000 voix. Cependant, le sortant marcheur est largement réélu au second tour, aidé par le désistement de la candidate socialiste au second tour. Le siège de Givors est également disputé entre l'extrême droite, ici représentée par un candidat LR-RN, l'avocat Alexandre Humbert Dupalais[19], et le sortant marcheur, Jean-Luc Fugit, président du Conseil supérieur de l'énergie. Le candidat ciottiste prend dix points d'avance, en tête du premier tour. Il récolte plus de 25 000 voix, à mettre en perspective de l'histoire de la circonscription, au cours de laquelle ni le RN ni le FN n'a jamais dépassé 10 000 voix. De nouveau, le candidat de gauche, ici Abdel Yousfi, conseiller municipal givordin et cheminot communiste[20], se retire du second tour et le sortant marcheur l'emporte. Enfin, à Meyzieu-Décines-Charpieu, l'extrême droite prend à nouveau la tête du premier tour. En la personne de Tiffany Joncour, militante RN et de la Manif pour tous. Elle affronte au second tour Victor Prandt, candidat du NFP et de Révolution écologique pour le vivant, arrivé avec 1200 voix d'avance sur la sortante marcheuse au premier tour. Cette dernière se retire du second tour mais ce retrait ne suffit pas et la candidate d'extrême droite s'impose avec environ 2 000 voix de plus que le candidat de gauche.
L'électorat des deux circonscriptions rurales du nord du département, tenues jusqu'ici par LR, opère également une réorientation en faveur du RN. La poussée du RN demeure contenue à Villefranche-sur-Saône. Ici, Patrick Louis, président de l'ISSEP et ancien eurodéputé[21], prend la tête du premier tour pour l'extrême droite. Il affronte au second tour le sortant LR alors que le PS se retire à nouveau. Alexandre Portier, député depuis 2022 après avoir succédé à Bernard Perrut[22], parvient à remonter la pente pour obtenir un pourcentage similaire à 2022. On peut noter que M. Portier obtient plus de 40 000 voix, fait rare dans l'histoire législative du département depuis 1958. Seuls Philippe Danilo en 1958 et Frédéric Dugoujon en 1978 dans la 7e circonscription y sont également parvenus. Enfin, à Écully-Tarare, la division de l'électorat dans le secteur conduit à une quadrangulaire. Elle oppose Jonathan Géry, fonctionnaire de police et militant RN, arrivé largement en tête et trois candidats au cœur de tergiversations de retrait dans l'entre-deux tours[23]. Parmi eux, Anne Reymbaut, candidate NFP et première adjointe PS au maire de Thizy-les-Bourgs[24], la sortante LR Nathalie Serre et Dominique Despras, de Renaissance, agriculteur et maire du village de Claveisolles[25]. Ce dernier retire finalement ses bulletins pour le second tour mais le RN l'emporte tout de même, le parti obtenant ainsi deux sièges dans le département.