Sur le site a d'abord été construite au IVe siècle une église liée à l'Ascension du Christ[5] par Constantin sous la direction de sa mère Hélène qui lui donna comme nom Église des Disciples[6]. Égérie nous donne dans le Peregrinatio Silviæ des indications sur le rite de l'Église de Jérusalem de l'époque en expliquant que l'archidiacre invitait d'abord les fidèles à rentrer dans l'Éléona, d'où une procession partait vers le mont des Oliviers. Après cela, on descendait à nouveau dans l'église, où les vêpres étaient chantées[7] et où étaient lus les chapitres 24 et 25 de l'Évangile selon Matthieu[8].
Adossé au mont des Oliviers, le bâtiment était construit sur trois niveaux reliés par des escaliers :
l'église, au plus haut niveau, sur un rectangle de 30 × 18,6 mètres, formée d'une allée flanquée de deux rangées de colonnes. L'abside était à l'est face au soleil levant. Un baptistère se trouve à sa porte sud ;
l'atrium : une avant-cour à colonnades de 25 mètres de longueur, avec au centre une citerne voûtée sur piliers qui recueille l'égout des toits[9] ;
le plus bas niveau côté ouest : un portique sur six colonnes.
Son emplacement avait été complètement oublié, et elle ne fut redécouverte qu'en [11]. L'excavation qui s'enfonce dans une tombe du Ier siècle[12] se trouve sous le côté est de l'église. Sur le fronton de l'entrée est gravée l'inscription latine : Spelunga in qua docebat Dominus apostolos in Monte Oliveti[13] qui signifie « Grotte dans laquelle le Seigneur a enseigné à ses apôtres sur le mont des Oliviers ».
Il ne reste de l'édifice originel que quelques éléments architecturaux. Des travaux de reconnaissance non destructifs y ont été entamés en [14].
Elle est encore appelée crypte du Credo[15] ou grotte du Credo[16],[17].
Destructions
Selon Eutychius, Jérusalem fut incendiée par les Perses dirigés par Schahr-Barâz en [18], faisant environ un millier de victimes sur le mont des Oliviers, d'après Stratègios. Plus tard en , elle fut rasée par les Arabes[19]. À la fin du VIIe siècle, Adomnan d'Iona dans De Locis sanctis l'évoque comme étant toujours debout ou reconstruite.
Elle semble avoir été détruite à nouveau en par Al-Hakim bi-Amr Allah[23]. Les croisés ayant reconquis la ville après le siège de Jérusalem en , ils construisirent un petit oratoire au milieu des ruines entre [24] et [25]. Le croisé Bertulphe de Nangis semble la décrire dans sa chronique Gesta Francorum Iherusalem expugnantium, et son état de ruine est confirmé par Sæwulf.
Une église est totalement reconstruite en [26] grâce à Svend Svendsson, évêque de Viborg[27], et à son frère Sveinsson Eskill, amiral du Jutland, qui furent enterrés dans l'église en [28] (leurs tombes furent redécouvertes en et ils furent réinhumés dans la nouvelle église).
Les Pères blancs entreprennent de nouvelles fouilles en –. Sont mises au jour les fondations de l'église d'Hélène, un atrium entourant une citerne, un baptistère et la fameuse crypte du Credo. Sont aussi découverts ossements, tablettes et monnaies.
Dès , un projet de restauration de la basilique de l'Éléona est envisagé mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale suspend les travaux. Le projet connaît très vite une nouvelle vigueur en avec l'idée d'une basilique dédiée au Sacré-Cœur, soutenue par Jean-Augustin Germain, archevêque de Toulouse.
Les Pères blancs lancent les travaux en . Des vestiges anciens sont démolis pour reconstituer un sanctuaire couvrant la grotte. Pour permettre la reconstruction de la basilique, une partie du cloître est également détruit. Faute d'argent, le projet est arrêté. Divers travaux d'aménagement ad minima sont alors menés par l'Association des amis de l'Éléona en (architecte Charles Couasnon) puis en – par la France (architecte Yves Boiret)[35].
De nouveaux aménagements du site sont réalisés dans les années (rampe d'accès et installation de sanitaires) puis en où un jardin d'oliviers est ouvert aux visiteurs et aux pèlerins.
Elle divise son terrain en trois, une partie (dont la grotte du Pater) fut donnée à la France, une partie aux sœurs carmélites, et une partie aux Pères blancs. La France confie la garde du sanctuaire aux carmélites en [35].
Fondation du Carmel
Sur les conseils de Père Alphonse Ratisbonne, Mère Xavière du Cœur de Jésus, du Carmel de Lisieux, rencontre la princesse Aurélie de La Tour d'Auvergne, et fondèrent un couvent de carmélites contemplatives en , le Carmel du Pater[37],[35]. L'église est inaugurée en et les travaux du monastère commencent l'année suivante. C'est au cours de ces travaux que sont découverts les peintures dans la crypte du « Credo ».
Plaques multilingues sur les murs du cloître
Des plaques reproduisant le texte du Pater Noster en plus de 170 langues (nationales ou régionales) sont apposées sur les murs du cloître[35],[38],[39]. Les Sœurs du Carmel continuent de promouvoir l'œuvre de la princesse de La Tour d'Auvergne. De nouvelles traductions sont régulièrement ajoutées.
Décédée à Florence en , la princesse fut le , conformément à ses dernières volontés, enterrée dans le cloître[40], dans un mausolée de marbre blanc, surmonté de son effigie, que Napoléon III fit exécuter. Une urne, déposée dans une niche au-dessus du mausolée, renferme le cœur du père de la princesse, Joseph Aurèle de Bossi.
Marcel Favier, architecte français chargé de la reconstruction de la basilique antique d'Eléona ( et après)[43].
Annexes
Bibliographie
Silvano Giordano (photogr. Girolamo Salvatico), « Le Carmel de Jérusalem », dans Le Carmel en Terre Sainte : des origines à nos jours, Paris, Médiaspaul, , 222 p. (ISBN2-7122-0535-9), p. 166–172 [lire en ligne].
Siméon Vailhé, « L. Cré, des Pères Blancs : L'Éléona et autres sanctuaires de Jérusalem reconnus à Rome dans la mosaïque du IVe siècle de Sainte-Pudentienne, dans La Terre Sainte » (compte-rendu), Échos d'Orient, t. 5, no 3, , p. 185 (lire en ligne).
↑Martine Daire, Impressions et souvenirs. Terre Sainte, 1908 : « Arnulphe, au VIIe siècle, rattache à ce sanctuaire le souvenir des repas du Maître avec ses disciples, et voit dans la grotte quatre tables de pierre, où Jésus et ses apôtres s'asseyaient en convives ».
↑Science Catholique, revue des questions sacrées et profanes, 15 août 1894Ilin. Burdig. Tobler et Molinier, I, 18 : « Ibi facta est jussu Constantini Basilica mire pulchritudinis. » Pseudo-Eucher, de locis sanctis parle des deux églises célèbres du mont des Oliviers, l'une où le Christ enseignait ses disciples, l'autre où il quitta la terre.
↑A Study of the Roman Breviary« …the archdeacon invited the people to assemble in the "Eleona", from whence a procession was made to the summit of the Mount of Olives. Here, psalms and antiphons were sung, the Gospel was read and the blessing given. After this, the people descended again into the "Eleona", where Vespers were sung… »
↑Melchior de Vogüé (1829-1916), Jérusalem, hier et aujourd'hui. Notes de voyage, 1912, page 47 : « Au centre de l'atrium de la basilique d'Éléona se trouve une belle citerne voûtée sur piliers, à la romaine, qui recueillait l'égout des toits et fournissait d'eau la fontaine des ablutions rituelles. Au flanc méridional de la basilique est accolé un baptistère avec bassin central, pavé en mosaïque. »
↑Guy Couturier, « Éléona, ou l'église du Pater », sur interbible.org, . Également, c'est dans cette église que les évêques de Jérusalem étaient ensevelis, depuis 350 environ, dont le célèbre Cyrille de Jérusalem, mort en 386.
↑A princess built the church Excavations by archaeologists in 1911 found the cave exactly where she (Princess de La Tour d'Auvergne) had predicted it to be. It was partly collapsed when it was discovered.
↑Church of the Pater Noster The cave itself cuts partially into a 1st century tomb and was somewhat collapsed when rediscovered in the early 1900s.
↑Reconnaissances des structures en béton armé de la chapelle et de la grotte du Pater. Domaine de l'ÉLÉONA (Mont des Oliviers, Jérusalem). Le LERM a réalisé une étude exploratoire sur site visant à reconnaître les structures anciennes en béton surplombant la chapelle et la grotte du Pater, par auscultation par radar géophysique : Cette méthode d’investigation non destructive a permis de localiser très précisément l'étendue et l'épaisseur d'une dalle en béton armé, dans un contexte archéologique dense où toutes autres formes de reconnaissances étaient proscrites.
↑Père Barnabé Meistermann, missionnaire apostolique, Nouveau guide de Terre sainte, Paris, Alphonse Picard et Fils, éditeurs, 1907 : « En traversant la grande cour située à droite du cloître, on rencontre à gauche, près de la porte de sortie, une ancienne citerne transformée depuis peu en oratoire sous le nom de crypte du Credo ».
↑Le Palais de Caïphe et le nouveau jardin Saint-Pierre des Pères Assomptionnistes du Mont Sion, par le Père Urbain Coppens, A. Picard et fils, Paris, 1904 : « Dans une propriété des Pères Blancs, sur la même montagne, se trouve une petite piscine oblongue, une espèce de citerne, où, d'après Quaresmius, s'éleva jadis une chapelle dédiée à l'évangéliste saint Marc. Or, le Révérend Père Cré prétend que cette citerne est le saint Cénacle habituel du Christ, la grotte où il instruisit ses apôtres et prédit la fin du monde, la retraite où il passa généralement la nuit avec ses disciples, la crypte de la basilique Éléona, le lieu où les apôtres composèrent le Credo, d'où elle porte aujourd'hui le titre de Crypte du Credo » (La Crypte du Credo. Comment on vient de trouver le grand sanctuaire chrétien construit au mont des Oliviers au IVe siècle, ap. Œuvres d'Orient, Paris, 1897).
↑Les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem Au début, le chef musulman de Jérusalem tolérait les fondations chrétiennes et les pèlerins, reconnaissant officiellement, en 807, le nouvel empereur d'Occident, Charlemagne, en sa qualité de protecteur des chrétiens.
↑André Vauchez, Richard Barrie Dobson, Michael Lapidge, Encyclopedia of the Middle Ages, Volume 1 : « Charlemagne obtained from Hâroun ar-Rachîd … a right of protection over the Latin establishments of Palestine … Several establishments were founded at this time - an abbey at the mount of Olives ».
↑Élisabeth de Boutiny, Souvenirs d'un voyage en Palestine, – : « Chosroès la rasa impitoyablement, mais, sous Charlemagne, des bénédictins la relevèrent de ses ruines que les croisés eurent plus tard à réparer de nouveau ».
↑Dictionaire des antiquités bibliques, Félicien de Saulcy, 1859 : « Des débris de corniches, des chapiteaux corinthiens et des fûts de colonnes ornés de moulures évidemment romaines, ne laissent pas de doute sur l'origine de ce monument ruiné. Ses débris sont charriés à grand-peine, du point où ils ont été déterrés, vers le fond de la vallée de Josaphat, où ils sont vendus aux Juifs, pour être dépecés par eux et devenir des pierres tumulaires à ajouter à l'innombrable quantité de pierres de ce genre, qui tapissent tout le flanc de la vallée, depuis le tombeau d'Absalom jusqu'au village de Siloam ».
↑« Who was a Christian in the Holy Land? His epitaph was discovered in the ruins of the Church of the Eleona on the Mount of Olives » (Revue Éléona, 1975, octobre, p. 8).
↑Le Carmel du Pater. Des milliers de pèlerins provenant de tous les pays et de toutes les confessions viennent visiter la « grotte mystique » des enseignements eschatologiques du Christ pour prier le Pater dans différentes langues, inscrites sur les murs du Sanctuaire et du cloître, qui sont approximativement au nombre de 150.