Église Saint-Vincent-de-Paul de New York

Église Saint-Vincent-de-Paul de New York
Image illustrative de l’article Église Saint-Vincent-de-Paul de New York
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattachement Archidiocèse de New York
Début de la construction 1868
Fin des travaux 1869
Architecte Henry Engelbert
Anthony J. DePace
Style dominant Néoroman
Géographie
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
État État de New York
Ville New York
Coordonnées 40° 44′ 37″ nord, 73° 59′ 37″ ouest

Carte

L’église Saint-Vincent-de-Paul de New York, aux États-Unis, est une église catholique située 123 West 23e rue, dans le quartier de Chelsea, dépendante de l’archidiocèse de New York. Elle était connue à l’origine comme l’église des Français[1] ou sous le nom de Saint-Vincent-de-Paul-des-Français[2] et fut un « point de ralliement » des francophones de la ville[3].

Fondée en 1841, l'église actuelle est inaugurée en 1869[3]. Elle est la seule paroisse nationale (en)[Note 1] française aux États-Unis. Elle ferme en 2013.

Les protestants français de New York avant la fondation de la paroisse

Les premiers Français à organiser leur pratique religieuse à la Nouvelle Amsterdam (devenue New York en 1664) étaient de confession huguenote.

En 1628[4], à Pâques, fut fondée la première église française de la ville, l’église protestante française du Saint-Esprit [Note 2] où huguenots français et protestants wallons pouvaient assister à l'office dans leur langue. En , cette communauté a rejoint la confession épiscopalienne.

Histoire

La paroisse catholique doit sa création à Monseigneur de Forbin-Janson (1785-1844), évêque de Nancy et de Toul. Dès 1814, celui-ci, participa avec Jean-Baptiste Rauzan (1757-1847), à la fondation de la Compagnie des Missionnaires de France[5] dont l'objectif était de ré-évangéliser la France post-révolutionnaire. Pendant la monarchie de Juillet, la compagnie fut dissoute[6]. Rauzan, exilé à Rome, réforma la congrégation qui devint la Congregatio Presbyterorum a Misericordia ou congrégation des pères de la Miséricorde.

Du fait de son exil, Forbin-Janson renoua avec l’œuvre missionnaire à laquelle il participait avant d’accéder à l’épiscopat. Le pape lui confia alors la tâche de se rendre aux États-Unis auprès de ses compatriotes. Il arriva à New York en 1830, accompagné de deux pères de la Miséricorde dont le travail devait se concentrer sur les descendants des Français de Louisiane et du Canada.

Le 21 février 1841[7] « In this great city of New York where Catholics of Irish and German birth have hesitated at no sacrifice to secure churches and priests of their own nationality, how is it possible that the French, so famous for the faith of their fathers, should remain indifferent? In truth how can they hope to maintain their traditions on a foreign soil without the strong ties of religion? Such a church is desired most strongly by Bishop Hughes, who expects great things for his Diocese from it. »[Quoi ?]

En 1857, le terrain pour la construction d’une nouvelle église est acheté à Chelsea (Manhattan) et Henry Engelbert est choisi pour être l’architecte. La construction de l’église de style néoclassique commence en 1868. En 1910, la paroisse ouvre une filiale, l'église Notre-Dame, qui devient paroissiale en 1919[8]. En 1911, l’église est rénovée dans le goût néoclassique avec un plafond à caissons voûté en berceau. L'église à trois nefs séparées par des colonnes grecques aux chapiteaux corinthiens se termine par une abside en hémicycle recouverte de fresques ; elle est surmontée d'une coupole décorée de fresques sur la vie de saint Vincent de Paul et des scènes du Nouveau Testament. En 1939, une nouvelle façade de style néoclassique en calcaire avec quatre pilastres corinthiens est construite contre l’ancienne par l’architecte Anthony J. de Pace[9].

Après la Première Guerre mondiale, un monument aux morts est installé à l'intérieur de l'église, notamment en mémoire des membres de l'escadron Lafayette et d'autres Américains morts en ayant combattu pour la France.

Le , plus d'un millier d'exilés français et de militaires français, ainsi que des New-yorkais, assistent à la messe de midi de Saint-Vincent-de-Paul pour prier pour la libération de la France, alors que les troupes alliées s'apprêtent au débarquement[10]. Une cérémonie identique se tient à la chapelle Notre-Dame de la cathédrale Saint-Patrick. L'église est consacrée après la guerre. Le général de Gaulle assiste à la cérémonie.

En 1960, les Pères de la Miséricorde quittent leur église qui est confiée directement à l'archidiocèse de New York. La pratique des fidèles s'effondre dans les années 1970 avec les changements post-conciliaires et le bouleversement des mœurs. Au tournant des XXe et XXIe siècles, une messe hebdomadaire est encore célébrée en français ; la plupart des fidèles sont désormais originaires des pays francophones d'Afrique occidentale ou des Antilles.

Mariage notable

Fermeture

Vue de l'église murée en 2017.

En 2006, des paroissiens et des personnes soucieuses de la préservation de l'église commencent à préparer un dossier pour inscrire l'édifice au statut de monument protégé et de le sauver de la démolition[11]. Le groupe se forme en association intitulée « Save St. Vincent de Paul »[11]. Elle reçoit le soutien du président Nicolas Sarkozy qui écrit directement au cardinal Dolan, archevêque de New York, et à Michael Bloomberg, maire de New York, pour exprimer l'intérêt du gouvernement français à la préservation de cette église[11], précisant à ce dernier que cette église est « un élément important de l'identité française et de la présence francophone au cœur de Manhattan ». Richard Gottfried, député démocrate de l'Assemblée de l'État de New York, appuie cette demande[12] auprès de la commission de la préservation des monuments. Mais en 2012 la New York City Landmarks Preservation Commission rejette la demande, précisant que la façade néoclassique a peu d'intérêt et que l'architecte est peu connu[13],[11]. L'église est donc menacée de fermeture d'autant plus qu'elle fait partie d'une liste de paroisses destinées à être fermées ou fusionnées par le diocèse[3]. Une campagne de récolte de fonds est organisée, mais la somme nécessaire est importante car estimée entre 4 et 8 millions d'euros[3]. En outre, son état se dégrade faute de rénovation en raison du manque de moyens. Les vitraux sont ébréchés, le toit n’est plus étanche et les bas-côtés sont interdits d’accès par précaution[14].

L'église ferme ses portes le dimanche [15] après une dernière messe emplie d'émotion. Les issues sont désormais murées.

D'anciens paroissiens tentent de bloquer la décision de l'archevêché en appelant à Rome, mais, en , la Signature apostolique rend sa décision finale déclinant de prendre en considération le recours en appel des paroissiens[16].

En outre, l'édifice subit des dommages dus à l'attentat islamiste de la 23e rue en septembre 2016 : la rosace centrale est pulvérisée et deux vitraux sont détruits par le souffle de l'explosion[15].

Notes et références

Références

  1. Revue L'Univers, 13 novembre 1846, p. 1
  2. Bulletin du comité catholique des amitiés françaises à l’étranger, octobre 1957, no 26, p. 17
  3. a b c d et e « À New York, l’église francophone Saint-Vincent-de-Paul menacée de fermeture », La Croix (consulté le )
  4. (fr) « Le 17e siècle..... », sur www.stespritnyc.net (consulté le )
  5. (fr)[PDF]« Fonds du Père J.-B. Rauzan, des missionnaires de France et de la congrégation de la Miséricorde », sur daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr (consulté le )
  6. Le 25 décembre 1830
  7. (en) Henry Binsse, « The church of Saint Vincent de Paul (the French church) », New York, in The Catholic historical review volume 4, 1919, p. 541
  8. « Communauté Catholique Francophone de New York », sur Catholiques francophones dans le monde, (consulté le )
  9. (en) The Architecture of St. Vincent de Paul: A True ‘Classical Revival’ Gem, sur savestvincentdepaul.org, consulté le 29 septembre 2013.
  10. Les photographies de cette messe et de la foule qui y assiste sont visibles sur Flashbak.com Photos Of New Yorkers After Learning About The D-Day Invasion – June 6, 1944 https://flashbak.com/photos-of-new-yorkers-after-learning-about-the-d-day-invasion-june-6-1944-381282/
  11. a b c et d David W. Dunlap, « A French Church Nears Its End, but Not Without a Contretemps », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Letter Re: St. Vincent de Paul Church from Assemblyman Richard N. Gottfried to Robert Tierney, Chair, Landmarks Preservation Commission (September 23, 2009).
  13. Our decision not to recommend its designation to the full commission was based on a careful review of the building's architectural and historical qualities. We found that the existing facade, a neo-Classical facade that replaced the original Romanesque Revival facade in 1939, was designed by a little-known architect and lacked architectural distinction."
  14. « A Manhattan, l'église française où s'est mariée Edith Piaf refuse de mourir », sur www.20minutes.fr, publié le 24 mai 2012, consulté le 29 septembre 2013.
  15. a et b (en) Samantha Schmidt, « After Explosion, Chelsea's 23rd Street Slowly Comes Back to Life », New York Times,‎ (lire en ligne).
  16. (en) Melanie Grayce West, Battle to Save New York's St. Vincent de Paul Ends in Rome, Wall Street Journal, 7 février 2016.

Notes

  1. Pour l’existence des « paroisses nationales (en) » ou « paroisses personnelles », voyez Can. 518 : « En règle générale, la paroisse sera territoriale, c’est-à-dire qu'elle comprendra tous les fidèles du territoire donné ; mais là où c’est utile, seront constituées des paroisses personnelles, déterminées par le rite, la langue, la nationalité de fidèles d’un territoire, et encore pour tout autre motif. »
  2. Le siège de cette église est situé depuis 1941 au 109 East 60th Street, entre Park et Lexington Avenues. Voyez son site officiel.

Annexe

Article connexe

Lien externe