Xylopia nitida est un arbre, à contreforts abrupts, atteignant 20-35 m de hauteur pour 25-50 cm de diamètre.
Les jeunes tiges sont densément couvertes de poils blancs, apprimés.
Les feuilles mesurent environ 5-8(-10) × 1,5-2(-3) cm pour les plus grandes, avec un pétiole mesurant 5-6 x 1 mm et le limbe subcoriaces, de forme étroitement elliptique, à apex aigu ou courtement acuminé, de couleur vert argenté au dessus, et densément recouvert de poils soyeux, longs, blancs, apprimés sur la face inférieure, avec des nervures secondaires et tertiaires peu visible.
Les fleurs très parfumées naissent pour la plupart dans des inflorescences de 3-5 fleurs à l'aisselle des feuilles, portées par des pédicelles mesurant 2-5 x 1 mm.
Le calice est de couleur jaune-vert, long de 2-3 mm, faiblement couvert de poils appressés, en forme de coupe, avec les sépalesconnés.
Les pétales sont linéaires, de couleur blanchâtres à orange-ocre terne (marron foncé sur la face adaxiale) et séreux sur la face abaxiale.
Ceux externes mesurent 15-17(20) x 2 mm, et ceux internes sont légèrement plus petits.
On compte environ 25 carpelles de forme étroitement oblongues, rétrécis, longs de 35-40 mm, sur un stipe mesurant environ 10 × 1 mm, et contenant 4-7 graines vertes devenant rouge foncé.
À maturité, les graines sont de couleur bleu-noir avec un arille bleu-gris[7],[8].
Au Venezuela, Xylopia nitida pousse dans les Forêts semi-décidues, sempervirentes de plaine et submontagnardes, autour de 200-700 m d'altitude[7].
Dans le centre de la Guyane, on rencontre Xylopia nitida dans les forêts de terre ferme de basse altitude, où il fleurit en mai, et fructifie en septembre-novembre[8].
Utilisations
En Guyane, certains Wayãpi considèrent l'écorce de Xylopia nitida comme fébrifuge[5]. Les graines de cette espèce étaient employées comme condiment (cf. Aublet, 1775[9]).
Son bois de bonne qualité est souvent utilisé. L'anatomie de son bois a été décrite[10].
Chimie
L'huile essentielle des feuilles de Xylopia nitida a été analysée[11]. On y trouve principalement du γ-terpinène (44.1%), du p-cymène (13.7%), de l'α-terpinène (12.6%) et du limonène (11.3%)[12].
Dans les racines de Xylopia nitida, on a isolé des molécules originales dont un diterpène (ent-kaur-16-en-18,19-diol) et un alcaloïdeaporphine (5,6,6a,7-tetrahydro-1-methoxy-(6aS)-4H-benzo[de][1,3]benzodioxolo [5,6-g]quinoline), mais aussi du ent-trachylobane, du ent-trachyloban-18,19-diol, de l'acide ent-trachyloban-18-oïque, de l'acide ent-trachyloban-19-oïque, de la (−)-xylopine, du 1-O-ethyl-β-D-glucopyranose et un mélange de β-sitostérol et de stigmastérol[13].
Arbor trunco viginti-pedali, & ampliùs, in ſummitate ramoſo ; Kamis hinc & indè ſparſis ; ramulis folioſis. Folia alterna, ovata, acuta, glabra, integerrima, ſubſeſſilia. Flores ſolitarii autbini, axillares. Folia & lignum odorem aromaticum exhalant. Fructus eſt ſaporis acris & aromatici. Nigritæ loco piperis utuntur in obſonis. Florebat, fructumque ferebat Aprili. Habitat in ſylvis Timoutou. Nomen Gallicum POIVRE DES NÈGRES.
[…]
LA MANIGUETTE.
Le tronc de cet arbre s'élève à vingt pieds & plus, ſur environ un pied de diamètre. Son écorce eſt cendrée. Son bois eſt blanc & peu compacte. Il pouſſe à ſon ſommet des branches longues, droites, chargées de quelques rameaux longs & flexibles. Les branches & les rameaux ſont garnis de feuilles ſeſſiles, alternes, vertes, liſſes, entières, ovales, terminées par une pointe mouſſe ; les plus grandes ont cinq pouces de longueur, ſur un & demi de largeur.
Les fleurs naiſſent ſolitaires, ou deux enſemble à l'aiſſelle des feuilles. Leur pédoncule eſt long de quatre lignes.
Le calice de la fleur eſt d'une ſeule pièce en forme de coupe, dont le bord eſt diviſé en trois larges dentelures aiguës.
La corolle eſt à ſix pétales oblongs, ovales & aigus. Ils ont chacun un onglet large & concave. Les extérieurs ſont fermés, épais, couverts en deſſous, d'un duvet cendré ; en dedans ils ſont liſſes & violets. Les trois intérieurs placés deſſus & entre les extérieurs, ſont moins grands, moins larges, & de couleur violette obſcure. Tous ces pétales ſont attachés par leurs onglets au deſſous des étamines.
Les étamines ſont en très grand nombre, & couvrent le ſupport du piſtil. Leur filet eſt très court. Les anthères ſont longues, à quatre ſillons longitudinaux. Elles ſont à deux bourſes qui s'ouvrent en deux valves. Leur extrémité ſupérieure eſt mouſſe & un peu charnue.
Le piſtil eſt compoſé de pluſieurs ovaires preſſés les uns contre les autres, attachés ſur un réceptacle commun, à trois angles. Ces ovaires ſont grêles, cylindriques, terminés par un stigmate aigu.
Les ovaires deviennent autant de capſules comme noueuſes, cylindriques & rouſſâtres. Leur longueur eſt d'un pouce & plus. Elles ont a une de leurs faces une côte ou rainure qui règne dans toute leur longueur. Leur nombre varie ; j'en ai compté douze, vingt & plus, attachées a un même réceptacle. Je ne les ai pas vu s'ouvrir. Elles contiennent depuis une juſqu'à ſix graines placées les unes ſur les autres, & attachées à un placenta intérieur qui répond a la rainure extérieure.
Les fruits de cet arbre ſont piquants, aromatiques, & employés par les Nègres au défaut d'autre épicerie. Ils ſont connus ſous les noms de POIVRE DES NÈGRES ou POIVRE D’ETHIOPIE.
J'ai trouvé cet arbre dans les forêts de la Guiane, & ſurtout dans celles de Timoutou.
II étoit en fleur & en fruit dans le mois d'Avril.
L'on a groſſi les parties de la fleur.
Cet arbre eſt auſſi naturel à l'Iſle de France ; il y en à deux eſpèces que les Nègres nomment & diſtinguent en BOIS BLANC À GRANDE FEUILLE, & BOIS BLANC À PETITE FEUILLE.
J'ai obſervé ces deux arbres, en abondance dans les ravines & forêts qui ſont au bas de la montagne qu’on deſcend pour arriver à la plaine des Hollandois, allant du port Louis au port du ſud-eſt par Moka. »
[branches rugueuses, feuilles oblongues-lancéolées au-dessus des nitides, fleurs groupées, petites grappes, pédicelles bractéolés. Rencontré dans les monts d'Oyack à proximité de Cayenne. "Martin". 5 (v.s.h.DC.) Arbre moyen à Branches ridées, droites, ligneuses. Les feuilles sont oblongues-elliptiques, nervurées en dessous, pâles, sub-soyeuses, avec des poils minuscules visibles à l'œil nu, vertes dessus, brillantes, glabres, marginées, à marges parfois enroulées. Racèmes à 4-5 petites fleurs, sub-corymbeuses. J'embrassai les pédoncules et les pétioles des bractées brunes subarrondies. Calice urcéolé, subentier, coriace, brun. Corolle oblongue-linéaire, triangulaire. Pétales aigus, fermés, à base reliant androcée/gynécée. Fruits inconnus.] »
↑ a et bPierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 128
↑Marie Fleury, "BUSI-NENGE" - LES HOMMES-FORÊT : Essai d'etnobotanique chez les Alukus (Boni) en Guyane Française, université de Paris 6, coll. « thèse de doctorat », (lire en ligne)
↑ abc et d(en) Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 2, Pteridophytes, Spermatophytes, Acanthaceae–Araceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 706 p. (ISBN9780915279746), p. 351
↑ a et b(en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN978-0-89327-445-0), p. 285-287
↑ ab et cJean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , pp. 605-607 (lire en ligne)
↑(pt) Eliane Francisca de Almeida, Ada Kenneth Damasceno da Silva et Pedro Luiz Braga Lisboa, « ANATOMIA DO LENHO DE Xylopia benthamii R. E. FRIES E Xylopia nitida DUNAL (ANNONACEAE) », FAMAZON - 1e Forum De Anatomistas De Madeira Da amazonia, 2005? (lire en ligne)
↑(en) Fournier, G., Hadjiakhoondi, A., Charles, B., Leboeuf, M. et Cave, A., « Volatile Constituents of Xylopia nitida Leaf Oil1 », Planta medica, vol. 59, no 2, , p. 185-186 (DOI10.1055/s-2006-959643)
↑(en) José Guilherme S. Maia, Eloisa Helena A. Andrade, Ana Carla M. da Silva, Jorge Oliveira, Léa Maria M. Carreira et Josiele S. Araújo, « Leaf volatile oils from four Brazilian Xylopia species », Flavour and Fragrance Journal, vol. 20, no 5, , p. 474-477 (DOI10.1002/ffj.1499)
↑(en) Mariano G.S. Vieira, Nilce V. Gramosa et Edilberto R. Silveira, « Chemical composition of Xylopia nitida: Diterpenes and alkaloids », Biochemical Systematics and Ecology, vol. 104229, (DOI10.1016/j.bse.2021.104229)
↑(pt) Isabel Pereira de Oliveira, EWdilberto Rocha Silveira et Nilce Viana Gramosa, Diterpenes from Xylopia nitida dual [Diterpenos de Xylopia nitida dunal], , 526 p. (lire en ligne)