Wolfgang Döblin (également connu sous le nom de Vincent Doblin), né à Berlin le et mort à Housseras le , est un mathématicien français d'origine allemande[1].
Sur sa tombe, est inscrit « Vincent Doblin. Mort pour la France ». Il est enterré à Housseras entre son père Alfred Döblin et sa mère[2].
Ses travaux portent sur les chaînes de Markov et il commence à s'intéresser aux processus en temps continu, un domaine alors en plein essor, notamment grâce aux travaux d'Andreï Kolmogorov. Lycéen à Berlin, il était passionné par la politique et par l'économie, domaine lié aux probabilités et aux statistiques.
En , il obtient la nationalité française[3], avec ses parents et deux de ses frères. Il adopte le nom de « Vincent Doblin ». En tant que mathématicien, il continue de signer « Wolfgang Doeblin ».
Après sa thèse d'État, il est incorporé, en , pour faire son service militaire de deux ans. Refusant, jusqu'au printemps 1940, toute formation d'officier, il reste simple soldat. Malgré ses activités militaires, il réussit à poursuivre son travail, en s'attaquant entre autres à l'équation de Chapman-Kolmogorov, qui est à la base du lien entre la théorie des probabilités et celle des équations aux dérivées partielles. Fin , il est affecté comme téléphoniste dans le 291e régiment d'infanterie, stationné dans les Ardennes, à Givet, puis à Sécheval, jusqu'en .
Il termine la rédaction de son mémoire Sur l'équation de Kolmogoroff en cantonnement, en Lorraine (à Athienville précisément), et l'envoie sous forme de « pli cacheté » à l'Académie des sciences (pli cacheté 11-668)[3]. Il se bat héroïquement sur le front de la Sarre et en Lorraine et est décoré de la croix de guerre.
Trois jours après la demande d'armistice par la France et à la suite de la dislocation de son régiment, il se sépare de ses camarades au col de la Chipotte (Vosges), au soir du . Le lendemain matin, il se suicide, dans le village de Housseras, au nord-est d'Épinal, plutôt que de tomber aux mains des Allemands. Inhumé le même jour comme « soldat anonyme », son corps ne sera identifié qu'en 1944.
Ses parents seront enterrés à ses côtés en 1957.
Une plaque commémorative est déposé au 5 square Henri Delormel, Paris XIVe, sur l'immeuble où la famille Döblin s'est installée à son arrivée à Paris en 1934.
Le pli cacheté 11-668
Le pli cacheté 11-668 qu'il envoya à l'Académie des sciences lorsqu'il se trouvait sous les drapeaux, à la mi-, ne fut ouvert qu'en 2000.
Il contenait des travaux sur la résolution de l'équation de Kolmogorov (théorème démontré indépendamment en 1965), c'est-à-dire des calculs sur la densité de la position d'une particule soumise à des phénomènes de diffusion, mais en utilisant des méthodes trajectorielles sur ces généralisations du mouvement brownien plutôt que des méthodes analytiques. Ces idées, sur lesquelles sont fondées le calcul stochastique ou calcul d'Itō, seront retrouvées indépendamment à partir des années 1940, notamment par le mathématicien Kiyoshi Itō.
L'enveloppe du pli cacheté comporte en titre Sur l'équation de Kolmogoroff de W. Doeblin.
W. Doeblin, Sur l'équation de Kolmogoroff, Pli cacheté déposé le , ouvert le , Comptes-Rendus à l'Académie des sciences de Paris, série 1, 331, 1031-1187, 2000.
M. Petit, L'équation de Kolmogoroff. Vie et mort de Wolfgang Doeblin, un génie dans la tourmente nazie, Ramsay, 2003. (ISBN2-84114-641-3)
Ph. Alexandre, J. Cressanges, M. Durand, Döblin père et fils - l'expérience créatrice, [1]