Le volcan Baranovski (en russe : Барановский вулкан, Baranovski voulkan), appelée localement la « roche Rouge » (en russe : Красной скале)[2], est un volcan éteint s'élevant à 160 mètres d'altitude dans la vallée de la Suifen, dans le sud-est du kraï du Primorié en Russie. Il a la particularité quasi unique au monde, et le seul de Russie, d'avoir été coupé en deux par l'érosion causée par la Suifen, son flanc oriental ayant été totalement emporté. Il a été formé il y a environ 2 à 3 millions d'années et sa dernière éruption remonte à environ 700 000 ans.Il appartient à la zone de rift de l'Oussouri-Amour. Le sommet est nommé d'après le village voisin de Baranovski abritant moins de 500 habitants. Sa position, comme promontoire sur la Suifen, a fait de son relief un endroit privilégié pour les différentes peuples ayant peuplé la région. Ainsi, une colonie du Néolithique y a été découverte à côté et, en 1905, il fut transformé en place forte alors que la guerre russo-japonaise avait lieu. Mais sa découverte, à cause de sa morphologie unique, ne remonte qu'à 1930, lorsque des géologues soviétiques s'aperçurent du caractère volcanique du lieu.
Le volcan Baranovski est un volcan fortement érodé. Son sommet, qui culmine à 160 mètres d'altitude[1],[3], est fortement érodé, et agit comme un promontoire sur l'ensemble de la vallée de la Suifen. Seule sa partie occidentale subsiste bien conservée[4]. Le sommet, aplati au cours du XXe siècle, ne domine cependant pas le plateau, qui lui culmine à environ 200 mètres d'altitude. La base du volcan a un diamètre variant de 800 à 1 000 mètres[5]. La Suifen, qui passe à son pied, forme à son niveau un méandre[6].
Accès
Son accès est très facile, grâce à sa faible hauteur. Depuis Vladivostok, la distance est de moins d'une centaine de kilomètres par la route, par la route fédérale A370, jusqu'à la sortie de Baranovski[7]. La route 05A-214 passe près du volcan, à Terekhovka, qui mène de l'A370 à Khassan.
Le village de Baranovski(ru), située sur l'autre rive, possède une gare, la gare de Baranovski(ru)[8], le rendant visible depuis cette dernière section du Transsibérien qui y passe[4]. Un pont routier permet de rejoindre l'autre rive, où se trouve le village de Terekhovka(ru), au pied du volcan. Une route, la 05K-326, mène de Terekhovka à Krasni Iar au nord, qui permet l'ascension par la route du volcan[7],[9].
Géologie
Le volcan se situe dans la zone de rift de l'Oussouri-Amour, un rift mineur situé sur la plaque de l'Amour, où se trouvent plusieurs petits volcans, dont la plaine du Khanka. Ce rift, qui est très profond, est par ailleurs actif[10]. Il coupe le plateau de Baranovo, petit plateau d'origine volcanique s'étant formé il y a environ 25 millions d'années[3] en bordure des montagnes mandchoues-coréennes. Le plateau est prolongé à l'est par un piémont du Sikhote-Aline.
Sa morphologie, coupée par le fleuve, le rend quasi unique au monde et unique en Russie[14].
Histoire
Histoire volcanique et morphologique
Le volcan en lui-même s'est formé il y a environ 2 à 3 millions d'années, au Quaternaire[5]. À cette époque, le fleuve Suifen, qui naît dans l'actuelle préfecture autonome coréenne de Yanbian, ne se jetait pas dans la mer du Japon mais était une rivière du bassin de l'Amour. Mais pendant le Pléistocène inférieur, il y a environ 500 000 ans, le cours de la Suifen fut bloqué par la surrection des monts de Khorol dans la plaine du Khanka. En conséquence, ne pouvant plus rejoindre l'Oussouri et ainsi l'Amour, la Suifen dut percer le plateau de Baranovo, partie la moins haute entre les montagnes mandchoues-coréennes et le Sikhote-Aline, et devint un fleuve[14]. Lors de cette période, toute la partie méridionale et occidentale du volcan fut emportée, ne laissant que le nord et l'est[15]. Le Suifen a profité des roches volcaniques friables pour les « scier ».
Lorsque le volcan était actif, la zone était couverte de laves dans toutes les directions sur 20 à 30 mètres. Comme les volcans du Khanka, la lave était visqueuse. Ses effusions étaient accompagnées de puissantes explosions, avec de fortes quantités émises de cendres, de fumées et avec des orages volcaniques[11].
Le volcan, au cours de son activité, a produit des coulées de lave, des tufs de cendres et projeté des bombes volcaniques, ces dernières jusqu'à deux mètres de diamètre, éléments toujours visibles pour la partie non érodée[3].
Sa dernière éruption remonte au Pléistocène, il y a environ 700 000 ans[8]. Désormais, le volcan est considéré comme éteint[3].
Histoire humaine
Une colonie datant du Néolithique, vers 7 à 8 mille ans AP, a été retrouvée sur un versant sud de la colline en face du volcan.
À la fin du XIXe siècle, le Transsibérien s'est frayé un chemin sur l'autre rive, rendant la position extrêmement stratégique pour tout pouvoir souhaitant contrôler Vladivostok et l'axe de transport Vladivostok - Khabarovsk. Pendant la guerre russo-japonaise, différents travaux dont le terrassement du sommet furent menés, la Russie craignant des batailles dans le Primorié contre les Japonais. Les Cosaques de l'Oussouri ont érigé une croix sur le volcan quelques années plus tard.
En 1928, une petite grotte fut découverte par des élèves d'un club archéologique sur le versant nord, avec des peintures rupestres qui furent relevées. Mais pendant la Seconde Guerre mondiale, la trace de cette grotte fut perdue, à cause des travaux qui furent effectués sur le volcan.
En 1930, le volcan fut identifié par des géologues. Sa forme unique rend son caractère volcanique presque impossible à identifier pour une personne non spécialisée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, de la pierre ponce a été extraite près du volcan. Dans des fosses, des explosifs ont été placés afin de ralentir les Japonais s'ils venaient à envahir le Primorié, alors qu'ils avaient déjà le contrôle de la Mandchourie. Un sentier pittoresque entre la rivière et le sommet fut d'ailleurs appelé pendant la Seconde Guerre mondiale le chemin « Partisan » par les réservistes qui y étaient stationnés.
Depuis le , le volcan Baranovski est un monument naturel d'importance régionale. L'aire protégée a une superficie de 14,5 hectares. La description officielle du site est la suivante « Un objet géologique unique, qui est une section de la bouche d'un volcan éteint exposée par des processus d'érosion. Le cône ouvert représente une coupe presque verticale d'une partie du volcan et de la lave »[c],[16].
Le site est un point d'observation sur la vallée de la Suifen[17]. Il est prisé par les jeunes géologues, car toutes les couches sont clairement visible, avec ses couleurs rouges qui ressortent bien[14].
Le volcan est appelé « roche Rouge » (en russe : Красной скале) à cause de sa couleur[2]. Selon une légende, des Jürchen vivaient autrefois dans le village aujourd'hui appelé Terekhovka. Lorsque le volcan a commencé à entrer en éruption, les gens pensaient que les dieux étaient en colère contre eux. Afin de les apaiser, ils auraient sacrifié une belle fille, le volcan s'est éteint, puis une pierre rose est apparue. La pierre rose, bien réelle, est aujourd'hui une curiosité pour les amoureux de la région. Mais la légende est bien fausse, les éruptions n'ayant pas eu lieu depuis environ 700 000 ans[8],[2].
↑en russe : Уникальный геологический объект, представляющий собой вскрытый процессами эрозии разрез жерла потухшего вулкана. Вскрытый конус представляет почти вертикальный разрез части вулкана и лавы
↑ a et b(ru) « Барановский Вулкан » [« Volcan Baranovski »], sur turizm25.ru (consulté le )
↑ ab et c(ru) « Барановский вулкан » [« Volcan Baranovski »], sur ИдиЛесом.com (consulté le )
↑(ru) Gouvernement du Primorié, Постановление Администрации Приморского края от 26.11.2012 N 357-па (ред. от 14.01.2021) "Об утверждении Перечня автомобильных дорог общего пользования регионального или межмуниципального значения" [« Décret de l'administration du kraï du Primorié du 26 novembre 2012 N 357-pa (tel que modifié le 14/01/2021) « Sur approbation de la Liste des routes d'importance régionales ou d'importance intercommunale" »], Vladivostok, 25 p. (lire en ligne [PDF])
↑(ru) TASCHI SM (Candidat en sciences géologiques et minéralogiques, Chercheur principal, Laboratoire de géomorphologie, Institut de géographie du Pacifique, Branche extrême-orientale de l'Académie russe des sciences.), « Рельеф, геоморфологическое строение » [« Relief, structure géomorphologique du kraï du Primorié. »], sur Institut géologique d'Extrême-Orient de la branche extrême-orientale de l'Académie des sciences de Russie (consulté le )
↑ a et b(ru) Путешествие по Приморскому краю, « Край потухших вулканов » [« Terre de volcans éteints »], (consulté le )
↑(ru) N.I. Belianina (Institut de géographie du Pacifique FEB RAS, Vladivostok), P.S. Bélianine (Institut de géographie du Pacifique FEB RAS, Vladivostok) et E.V. Mityureva (Institut géologique d'Extrême-Orient, branche extrême-orientale de l'Académie russe des sciences, Vladivostok), « ПЕРЕОРИЕНТАЦИЯ СТОКА Р. РАЗДОЛЬНОЙ В ПЛЕЙСТОЦЕНЕ, ЮЖНОЕ ПРИМОРЬЕ » [« Réorientation de l'écoulement de la Razdolnaïa au Pléistocène, Primorié sud. »], Institut géologique RAS, (résumé, lire en ligne)