Après des études en ingénierie à l'Institut de l'industrie pétrolière et gazière de Moscou, il travaille au journal Smiéna. Il en est licencié faute de ne pas avoir rejoint le Komsomol, organisation de jeunesse soviétique. Il gagne alors sa vie en illustrant des livres, et a environ 50 publications à son actif.
L'écrivain fait ses débuts de poète en 1972 dans le journal Za kadry neftyanikov. Puis il publie des romans.
Son œuvre est traduite en français à partir de 1985, d'abord sous la forme d'un recueil de six histoires publié dans le magazine parisien A-Ya, puis sous la forme d'un roman, La queue (Lieu commun, 1986).
En 2019, il fait partie des auteurs russes invités au Salon du livre de Paris[1].
En France, il est nommé chevalier dans l'ordre des Arts et des lettres[2].
Enjeux politiques
Pour Vladimir Sorokine, la littérature est politique : « Un écrivain russe a deux possibilités : soit avoir peur, soit écrire. Moi, j’écris. »[3]
Du fait de ses écrits dystopiques, Sorokine est présenté comme un écrivain rebelle[4]et « destructeur d'idoles » par les membres du corps religieux russe[5].
En 2002, une organisation étudiante conservatrice pro-Poutine Idouschie vmeste (Ceux qui marchent ensemble) organise une série d'actions contre lui[6]. Une manifestation devant le théâtre Bolchoï réunit 500 personnes. Des happenings sont organisés, où des militants jettent ses livres dans des toilettes géantes, les déchirent ou les brûlent[7]. Un procès pour pornographie a lieu, sans suite, à cause de son roman Le lard bleu qui met en scène une scène d'amour explicite entre des clones de dirigeants soviétiques. Au contraire, la protestation contre son œuvre lui attire de l'attention médiatique[8].
En mars 2014, avec plusieurs autres personnalités de la science et de la culture, il prend position contre la politique du gouvernement russe en Crimée[9].
« l’un des écrivains russes les plus inventifs, un iconoclaste qui témoigne de la dérive autoritaire de son pays. Ses fables subversives font la satire des chapitres les plus sombres de l’histoire soviétique, ses récits futuristes mettent en scène la répression larvée de la Russie du XXIe siècle. »[3]
La Tourmente, Verdier, coll. « Poustiaki », 2011 ((ru) Метель), trad. Anne Coldefy-Faucard, 184 p. (ISBN978-2-86432-657-1), traduction qui remporte une Mention spéciale au Prix Russophonie 2012