Ville impériale de Kaysersberg

Ville impériale de Kaysersberg
(de) Reichsstadt Kaysersberg


(386 ans)

Blason
Blason de Kaysersberg
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Informations générales
Statut Ville d’Empire
État du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Capitale Kaysersberg
Langue(s) Alémanique/alsacien, allemand, français
Religion Catholicisme
Bailliage Grand-Bailliage d'Alsace
Cercle impérial Cercle du Haut-Rhin
Histoire et événements
Achat du château de Kaysersberg par Henri VII du Saint-Empire
Mise en gage aux Ribeaupierre par Rodolphe Ier
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire ») accordée par Adolphe Ier
Mise en gage au roi Jean Ier de Bohême par Louis IV et installation du siège du bailliage impérial (Reichsvogtei)
Reprise de la ville par d'autres villes de la plaine d'Alsace
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole
Prise de la ville par les rustauds pendant la guerre des Paysans
Prise de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn lors de la guerre de Trente Ans
Mise sous protectorat du Roi de France
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie)
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue)
Révolution française et fin de la constitution municipale

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La ville impériale de Kaysersberg (en allemand : Reichsstadt Kaysersberg) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre et .

Histoire

Village construit autour du château édifié aux alentours de et , Kaysersberg se développe sous l’autorité des Hohenstaufen qui siègent sur le trône impérial et possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. Lorsqu'il achète le château le , Henri VII promet aux seigneurs de Ribeaupierre et de Horbourg de ne jamais élever le bourg au rang de ville pour éviter de dépeupler leurs seigneuries de leurs serfs[1]. Le Grand Interrègne provoque un affaiblissement du pouvoir impérial. Le prince-évêque de Strasbourg profite alors de l'instabilité politique pour s'emparer de Kaysersberg en . Le château et le bourg sont repris en par Rodolphe de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace, qui les met en gage auprès des seigneurs de Ribeaupierre en [2]. À la suite de son élection au trône du Saint-Empire en , Adolphe Ier accorde à Kaysersberg une charte de franchises le . Cette franchise est adressée à l’avoué (en latin : advocatus), représentant local du pouvoir impérial, ainsi qu’aux bourgeois et membres du conseil[2]. Le statut de « ville d'Empire » est reconnu à la cité qui dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière[3]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région.

Un bailliage intermédiaire est créée pour administrer les villes impériales de Munster, Turckheim et Kaysersberg où le siège de l'instance est transféré en . Le bailliage impérial de Kaysersberg (Reichsvogtei zu Kaysersberg) est alors subordonné au Grand-Bailliage[4]. La même année l'empereur Louis IV met en gage la ville et le château auprès du roi Jean Ier de Bohême. Kaysersberg est reprise à ce dernier après un siège mené le par les cités de Haguenau, Colmar, Mulhouse, Obernai, Rosheim et Sélestat[5]. Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Kaysersberg forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. Le bailliage est engagé de à , puis de à 1383 auprès du duc Venceslas Ier de Luxembourg, frère de l'empereur Charles IV. La guerre des six Deniers éclate en entre la noblesse de Haute-Alsace et Mulhouse. Celle-ci reçoit l'aide de ses alliées Kayserberg, Munster et Turckheim dont les soldats incendient les châteaux d'Eguisheim la même année. En , la cité est à nouveau engagée auprès de Konrad Stürtzel (de), chancelier de Maximilien Ier[5]. L'économie de la ville repose sur l'activité artisanale ainsi que la production et le négoce de vins d'Alsace. La qualité des cépages de Kaysersberg est louée par le savant Sebastian Münster, puis par le graveur Matthäus Merian[6]. Ces produits s’exportent alors dans la vallée du Rhin, la Confédération suisse et le duché de Lorraine[7]. La détérioration des conditions sociales et le mécontentement de la population rurale provoquent la guerre des Paysans. Une armée de 13 000 rustauds ravage la vallée de la Weiss et atteint Kaysersberg qui capitule le après un jour de siège[8]. La ville est pillée mais très vite abandonnée par les insurgés. Des travaux de fortification sont entrepris par le bailli impérial Lazare de Schwendi vers [9]. Ayant combattu les Ottomans en Hongrie, il a rapporté des plants de vigne hongrois de Tokaj et en fait don à Kaysersberg XVIe siècle. Le « Tokay d'Alsace » est ainsi cultivé par les vignerons locaux et accroit la réputation de la cité à la fin du XVIe siècle.

Plusieurs figures de l'humanisme ont vécu à Kaysersberg notamment Jean Geiler, professeur à l'université de Fribourg-en-Brisgau et prédicateur à la cathédrale de Strasbourg, ainsi que l'imprimeur Wolfgang Angst (de)[10]. La Réforme protestante est introduite à la même époque par des prédicateurs mais n'est pas adoptée par les dirigeants de la cité qui restent catholiques comme la majorité des habitants. Lors de la guerre de Trente Ans la ville est occupée en par les troupes du royaume de Suède conduites par Gutaf Horn[11]. Les villes occupées par les Suédois sont confiées aux armées françaises qui y établissent des garnisons[12]. Les ravages du conflit poussent Kaysersberg à se placer sous protectorat du royaume de France en . Les privations et les épidémies font baisser la population et affectent profondément la vie économique qui ralentit ainsi que la culture des vignes. Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [13].

Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance de Kaysersberg qui est rattachée au territoire français[14]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [15].

Notes et références

  1. Vogler 2009, p. 215
  2. a et b Lichtlé 2020
  3. Nicollier 2012, p. 215
  4. Wunsch 1976, p. 66
  5. a et b Mengus et al. 2013, p. 173-174
  6. Vogler 2009, p. 228
  7. Encyclopédie de l'Alsace 1984, p. 4439
  8. Vogler 2009, p. 217
  9. Vogler 2009, p. 220
  10. Vogler 2009, p. 238-239
  11. Vogler 2009, p. 62
  12. Vogler 2009, p. 221
  13. Kintz 2017, p. 276-280
  14. Kintz 2017, p. 346-348
  15. Kintz 2017, p. 356

Annexes

Bibliographie

  • [Encyclopédie de l'Alsace 1984] « Kaysersberg », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 7 : Hemmerlé-Kientzheim, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 4433-4441.
  • [Bischoff 2011] Georges Bischoff, La guerre des paysans : l'Alsace et la révolution du Bundschuh, 1493-1525, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 487 p. (ISBN 978-2-7165-0755-4).
  • [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
  • [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
  • [Koch et Lichtlé 2020] Jacky Koch et Francis Lichtlé, « Kaysersberg (Haut-Rhin) », dans Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace (XIIe – XVe siècle), ARTEHIS Éditions, coll. « Suppléments à la Revue archéologique de l’Est », (ISBN 978-2-915544-65-7, lire en ligne), p. 129–138.
  • [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
  • [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
  • [Lichtlé 2020] Francis Lichtlé, « Kaysersberg », sur dhialsace.bnu.fr, (consulté le ).
  • [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
  • [Nicollier 2012] Béatrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
  • [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).
  • [Wunsch 1976] Robert Wunsch, « Le Grand-Bailliage d'Empire en Alsace (1273-1648) », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 64-78 (ISSN 0048-9018).

Articles connexes

Liens externes