Ville impériale de Colmar

Ville impériale de Colmar
(de) Reichsstadt Colmar
(la) Colmaria civitas imperialis


(401 ans)

Blason
Blason de Colmar jusqu'au XVIIe siècle
Description de cette image, également commentée ci-après
Colmar vers 1644 par Matthäus Merian.
(Herzogin Anna Amalia Bibliothek, Weimar)
Informations générales
Statut Ville d’Empire
État du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Capitale Colmar
Langue(s) Alémanique/alsacien, allemand, français
Religion Catholicisme puis protestantisme
Bailliage Grand-Bailliage d'Alsace
Cercle impérial Cercle du Haut-Rhin
Démographie
Population () ~ 8 000 hab.[1]
Histoire et événements
Confirmation des franchises et privilèges de la ville par Guillaume Ier du Saint-Empire
Le prévôt Roesselmann repousse les troupes du prince-évêque de Strasbourg
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire ») et charte de franchises accordées par Rodolphe Ier
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole
Constitution municipale de confirmée par Charles IV
Adoption de la Réforme protestante
Prise de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn lors de la guerre de Trente Ans
Traité de Rueil par lequel Colmar se place sous protectorat du Roi de France
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie)
Prise de la ville par le marquis de Coulanges et début de l'occupation militaire française
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue)
Révolution française et fin de la constitution municipale

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La ville impériale de Colmar (en allemand : Reichsstadt Colmar, en latin : Colmaria civitas imperialis[2]) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre et .

Vaste domaine agricole depuis l'époque romaine mentionné pour la première fois en , Colmar devient une ville au Moyen Âge notamment par la construction d'un premier mur d'enceinte vers [3],[4] puis d'un second mur en [5]. Ses habitants se dotent progressivement d'institutions sous l’autorité des Hohenstaufen qui siègent sur le trône impérial et possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. Pourvue d'un sceau en [6], la cité est administrée par un conseil de bourgeois dirigé par un prévôt (Schultheiss) à partir de . Celui-ci rend la justice au nom du seigneur qui est le souverain du Saint-Empire[7],[8]. Guillaume Ier confirme en les franchises et privilèges que Frédéric II a précédemment accordés à la ville. Le Grand Interrègne provoque un affaiblissement du pouvoir impérial. Le prince-évêque de Strasbourg, Walter de Geroldseck, profite alors de l'instabilité politique pour tenter de s'emparer de Colmar en . Ses troupes sont repoussées par le prévôt Johannes Roesselmann, partisan de Rodolphe de Habsbourg, landgrave de Haute-Alsace et protecteur de la cité.

À la suite de son élection au trône du Saint-Empire en , Rodolphe Ier accorde à Colmar une charte de franchises (Freiheitsbrief) le [9]. Ce texte renforce l’autonomie de la cité[10]. Le statut de « ville d'Empire » est définitivement reconnu à la cité qui dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière[11],[12]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région. Les institutions municipales sont définitivement établies au milieu du XIVe siècle avec l'adoption d'une première constitution en , puis une nouvelle loi en . Celle-ci fixe à trente le nombre de membres du conseil : huit sièges reviennent à la noblesse, deux aux familles bourgeoises alliées aux nobles et vingt à la bourgeoisie, dont les représentants des corporations[13],[14]. Le texte est approuvé par Charles IV le . À la tête du conseil se trouvent les bourgmestres (Bürgermeister) et les stettmestres (Stettmeister) renouvelés chaque année comme les maîtres des corporations (Zunftmeister)[15]. Mentionnés dès les bourgmestres et stettmestres sont au nombre de quatre, deux nobles et deux bourgeois. Ils élisent annuellement un chef de l’exécutif chargé des affaires militaires et des corporations qui s'avère être le véritable maître de la cité (Obristmeister)[16].

Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Colmar forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. La cité devient un foyer artistique important grâce au talent des peintres qu'elle accueille, notamment Gaspar Isenmann, Martin Schöngauer, auteur de La Vierge au buisson de roses, et Matthias Grünewald qui a réalisé le Retable d'Issenheim[17]. La Réforme protestante est adoptée en par les autorités municipales avant d'être abolie en , durant la guerre de Trente Ans, puis réintroduite lorsque la cité est prise en par les troupes du royaume de Suède conduites par Gutaf Horn[18]. Les villes occupées par les Suédois sont confiées aux armées françaises qui y établissent des garnisons[19]. Les ravages du conflit poussent Colmar à se placer sous protectorat du royaume de France en signant le traité de Rueil en [20]. Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [21]. La ville frappe sa dernière pièce aux armes impériales en 1675 puis cesse de battre monnaie[22].

Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance de Colmar qui est rattachée au territoire français[23],[24]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [25].

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • [Encyclopédie de l'Alsace 1983] « Colmar », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 3 : Cathédrale-Colmar, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 1824-1970.
  • [Braeuner et Lichtlé 2006] Gabriel Braeuner et Francis Lichtlé, Dictionnaire historique de Colmar, Colmar, Association pour la restauration des édifices historiques de Colmar, , 302 p. (ISBN 2-9528302-0-7 et 978-2-9528302-0-1).
  • [Buchholzer-Remy 2014] Laurence Buchholzer-Remy, « Schwörtage sans Schwörbriefe ? : le serment collectif à Colmar (XIIIe siècle - époque moderne) », Revue d'Alsace,‎ , p. 9-40 (lire en ligne).
  • [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
  • [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
  • [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
  • [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
  • [Lichtlé 2019] Francis Lichtlé, « Colmar (ville de, 1214-1815) », sur dhialsace.bnu.fr, (consulté le ).
  • [Livet 1983] Georges Livet, Histoire de Colmar, Toulouse, Privat, , 331 p. (ISBN 2-7089-8204-4).
  • [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
  • [Nicollier 2012] Béatrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
  • [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).
  • [Zeiller et Merian 1644] (la) Martin Zeiller et Matthäus Merian, Topographia Germaniae : Topographia Alsatiae, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes