Valérie André est la fille de Philibert et Valérie André[1]. Adolescente, elle est fascinée par l'aviation, et, en 1939, profite de la croissance de l'aviation populaire pour prendre des cours de pilotage à l'aéroclub de sa ville natale sur un avion Potez. Quand la Seconde Guerre mondiale commence, elle doit quitter le cours.
Après la guerre, Valérie André obtient son diplôme de médecine de l'université de Paris[1] pour l'année scolaire 1946-1947. Elle choisit comme sujet de thèse de doctorat la « pathologie du parachutisme », ce qui lui permet d’associer ses deux passions, aviation et médecine. Le parachutisme, dit-elle « est un sport qui fait appel aux ressources les plus profondes de l'être pour l'exécution d'un acte considéré comme antinaturel : le saut dans le vide. Parce qu'il développe des qualités de calme, de sang-froid, de maîtrise de soi ; qu'il fait appel à l'esprit de camaraderie et développe l'esprit d'équipe, car si le saut est un acte purement individuel, la préparation à ce saut est un acte collectif ; enfin, que chaque saut est pour le parachutiste une victoire remportée sur lui-même »[3]. Elle encadre médicalement une préparation militaire parachutiste et fait ses premiers sauts[4]. Puis elle suit un cours de planeur sur Caudron C.800 et de vol à voile à l'aéro-club universitaire de Beynes[2] et obtient son brevet de parachutisme à Bayonne au cours de l'année 1948[5], au moment où elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France. Elle retourne en France en 1950, pour obtenir la licence de pilote d'hélicoptère à l'école de vol de Pontoise sur Hiller. Elle a le brevet numéro 33 de l’Aéro-Club de France[6]. Elle ne recevra un brevet de pilote militaire qu'en 2010 alors qu’il a été créé en 1956.
En 1948, à la suite d'une pénurie de médecins militaires, Léon Binet, doyen de la faculté de médecine de Paris propose aux étudiants qui le veulent de servir en Extrême-Orient. Elle saisit l'occasion et rejoint l'Indochine en tant que médecin militaire avec le grade de capitaine[7] pendant l'hiver 1948-1949[1]. Affectée au premier hôpital de Mỹ Tho, elle devient plus tard adjointe de neurochirurgie à l'hôpital de Saïgon[4].
Après avoir appris qu'elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l'amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre le Viêt-Nam et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage.
En Indochine en effet, elle s'était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d'accès pour les avions du transport médical. De retour en Indochine, le , elle se spécialise dans le service d'évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34 dans l’équipe du capitaine Alexis Santini[8]. Entre sa première mission, le , et son départ de l'Indochine en 1953, elle effectue 129 vols d'exploitation, assurant l'évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou vers l'hôpital le plus proche.
Le , elle participe à une mission d'évacuation immédiate de blessés de Tu Vu sur la rivière Noire. Le seul hélicoptère disponible, stationné près de Saigon, est partiellement démonté, puis transporté à bord d'un avion Bristol Freighter à Hanoï, où il est remonté. Il s'envole ensuite vers Tu Vu, malgré le brouillard et le feu antiaérien intense ; elle y soigne les blessés, évacués deux par deux à Hanoi[9].
Le , elle devient la première femme à apponter sur la plate-forme du porte-avions Arromanches qui se trouve en opérations en Baie d’Along qui a demandé en urgence un hélicoptère pour évacuer les blessés à la suite d'un accident grave qui s’est produit à bord[10].
De 1959 à 1962, elle sert[1] en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la Base aérienne 142 Boufarik, puis en tant que commandant de l'hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la Base aérienne 146 La Réghaïa, près d’Oran. Devenue pilote d'hélicoptère d'activation Aérospatiale SA-318 Alouette II, Djinn, Alouette III puis Sikorsky H-34, Vertol H-21 et Sikorsky S-58 en trois ans de service, elle effectue plus de 350 missions. En 1961, elle est nommée médecin-chef de l'ensemble de la base de Reghaïa. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d'officier du service de santé, promue lieutenant-colonel en 1965 et colonel en 1970. Elle est d'abord chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM).
Admise dans la 2e section des officiers généraux en 1981, Valérie André prend la tête de la commission d’étude prospective de la femme militaire[14]. Elle y travaille à la promotion de l'emploi des femmes dans les forces armées. Elle quitte les champs de bataille pour un autre combat, celui de l'égalité homme-femme au sein de l'Armée. Dans les années 1970, sur le plateau de TF1 Actualités, présenté par Yves Mourousi, elle déclare[15] :
« Les femmes comme les hommes sont parfois désireuses d’assumer des postes à haute responsabilité et ce n’est pas propre qu’à l’Armée. »
Elle épouse à Issy-les-Moulineaux le [22], le pionnier des hélicoptères de l'Armée de l'air, le colonelAlexis Santini (1914-1997), premier pilote d'hélicoptère de l'Armée de l'air (brevet no 23, février 1950)[23],[24],[25] qui lui a appris à piloter un hélicoptère en Indochine, oncle de l'homme politique André Santini, dont elle est la tante par alliance. Elle adopte Antoine, le fils issu de la précédente union de son époux, commando parachutiste durant la guerre d’Algérie[26].
Prix littéraire de la Saint-Cyrienne 2007 pour l’ensemble de son œuvre[19].
Publications
Ouvrages
La pathologie du parachutiste (thèse de doctorat de médecine), Paris, Imprimerie de R. Foulon, , 84 p. (BNF31720453).
Ici ventilateur ! Extraits d'un carnet de vol (souvenirs), Paris, Calmann-Lévy, , 229 p. (BNF31720454) — Avec planches, cartes et portrait couleur en couverture.
Martine Gay, Femmes dans un ciel de guerre - Sorcières la nuit furies le jour, éditions JP Otelli, , 151 p. (ISBN978-2373010725)
Filmographie
2021 : Madame le Général, une femme d'exception, film documentaire sur la vie de Valérie André, la première femme Général des Armées en France, écrit et réalisé par Jean-Pierre C. Brouat, produit par Ladybirds Film[28].
Compléments
Toponymie
Divers espaces publics portent son nom :
l'héliport de Paris est renommé Héliport de Paris - Issy-les Moulineaux - Valérie-André en mars 2022[29] ;
Depuis le , une promotion (FI-SSSM 2018) du Service de santé et de secours médical de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) porte son nom[36].
La 43e promotion du master « Droit et politiques de défense et de sécurité nationale » de l'université de Lille a choisi comme nom de baptême celui de promotion « Médecin inspecteur général Valérie André » (promotion 2021-2022)[37].
Madame le général Valérie André a accepté d'être la marraine de la 3e promotion de la Classe de Défense et de Sécurité globale (CDSG) 3e Marmoutier-14e CMA de Tours sous la dédicace « Médecin Général Valérie André » (promotion 2022-2023).
↑ a et bMarie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air. Une longue quête », Revue historique des armées, no 272, , p. 12–23 (ISSN0035-3299, lire en ligne, consulté le ).
↑Michel Décla, « Pouillon : dimanche 12 septembre, l’esplanade des Droits-de-l’homme portera le nom de Valérie André », sud-ouest, (lire en ligne, consulté le ).
Martine Gay (préf. Ernest Hantz), Femmes dans un ciel de guerre - Tome 2, Valérie André : seule à bord pour sauver des vies, Éditions Jean-Pierre Otelli, , 141 p. (ISBN978-2-37301-096-1).
Martine Gay, Colonel Alexis Santini et Général Valérie André, l’officine, (ISBN978-2355513657)
(en) Charles Morgan Evans, Helicopter Heroine: Valérie André—surgeon, Pioneer Rescue Pilot, and Her Courage Under Fire, stackpole Books, , 585 p. (ISBN978-0811771924)
Jean Mercier, Alexis Santini (1914-1997) : « pionnier des EVASAN par hélicoptère », Ajaccio, Société d'histoire Corse Méditerranée "A bandera",
Général Michel Fleurence, Colonel Bertrand Sansu et al. (préf. général d'armée aérienne Jean-Paul Palomeros), Histoire des unités d'autogires et d'hélicoptères des forces aériennes françaises, Vincennes, Association Hélicoptères Air, , 667 p. (ISBN978-2-7466-3439-8, OCLC870299330)