Vœu de Champagney« Vœu de Champagney » désigne l'article 29 du cahier de doléances des habitants de Champagney qui en 1789, demande l'abolition de l'esclavage des Noirs. Ce document est parfois présenté comme une exception, mais plusieurs autres cahiers de doléances contiennent des revendications équivalentes, certaines visant également le commerce des esclaves (la traite). Toutefois, celui de Champagney a donné lieu à la création d'un mémorial de l'esclavage, la Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme. ContexteEn 1789, les villages et villes de France eurent à rédiger leurs cahiers de doléances pour la convocation des États généraux. Les habitants de Champagney (Haute-Saône), incluent dans leur cahier un article que l'on retrouve rarement dans les cahiers de doléance (l'article 29), condamnant énergiquement l'esclavage et réclamant son abolition[1]. ContenuVoici le texte de cet article[2] :
Ce texte d'avant-garde fut vraisemblablement suggéré par un noble originaire de Champagney, Jacques-Antoine Priqueler, proche de la « Société des amis des Noirs » créée à Paris en 1788. Ce sont cependant l'esprit de fraternité et le respect de la dignité de son prochain qui font office de justification, en tant que qualités inhérentes à la foi chrétienne[3]. Ce texte est rédigé le au nom des « habitants et Communauté de Champagney », il est signé par la quarantaine de représentants de la communauté[4]. Le cahier de doléances ne va pas plus loin que le bailliage de Vesoul, probablement jugé soit indigne d'intérêt, soit trop audacieux[5]. PostéritéEn 1971, René Simonin (1911-1980), natif de Champagney, tire ce texte de l'oubli[6]. Le vœu suscite l'intérêt de l'équipe municipale et notamment de celui qui sera maire de la commune de 1989 à 2015, Gérard Poivey : « À l'époque, j'étais adjoint. Quand on nous a appris l'existence de ce document en conseil municipal, nous nous sommes regardés avec des yeux tout ronds. Il a fallu que l'on voie les écrits pour y croire. » La décision est prise de fonder un lieu de mémoire, la Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme : « Il a fallu un an de réunions publiques, mais la décision a été prise à l'unanimité. Au fur et à mesure que les habitants ont eu connaissance d'aïeux solidaires des esclaves, ils ont approuvé le projet[5]. » Une voie de la commune de Fort-de-France (Martinique), dans le quartier de la Savane, porte le nom d'allée du Vœu de Champagney depuis le [7]. L'émancipation des Noirs dans les cahiers de doléanceLa députée Christiane Taubira-Delannon déclare dans le rapport parlementaire aboutissant à la Loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité adoptée en 2001 : « En France, à l'exception - notable - du village de Champagney, dont les habitants ne pouvaient « penser aux maux que souffrent les nègres dans les colonies, sans avoir le cœur pénétré de la plus vive douleur », la question de l'esclavage fut absente des cahiers de doléances rédigés avant la réunion des États Généraux. Il fallut en effet attendre les années 1790 pour que cette question passât de la discussion intellectuelle au débat politique »[8]. Cela n'est pourtant pas exact et les habitants de Champagney ne furent pas les seuls à réclamer l'abolition de l'esclavage. Cette revendication reste rare cependant, mais fut plusieurs fois associée à la demande d'abolition de la traite, ce qui n'est pas le cas pour Champagney :
Par exemple, les habitants de Toulon-sur-Arroux expriment dans l'article 10 de leur cahier de doléance une revendication d'une bien plus grande portée, visant l'esclavage, la traite, et l'abolition universelle de celle-ci au moyen d'un accord international, en ces termes[10] :
Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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