Les traductions de la Bible en français ont pu être effectuées, dans l'ordre chronologique, à partir du latin, de l'hébreu ou du grec pour l'Ancien Testament, et du grec ou du latin pour le Nouveau Testament. Les premières réalisées ne sont pas toujours complètes.
1226-1250, traduction de Jean Le Bon de l'Université de Paris. Inachevée et poursuivie au XIVe siècle par Jean de Sy et les dominicains Jehan Nicolas, Guillaume Vivien, et Jehan de Chambly.
1297 la Bible historiale de Guyart Desmoulins ou Guyart des Moulins. Traduction et compilation de l’Historia Scholastica de Pierre le Mangeur, la plus grande partie de la Bible (d'une traduction libérale), et un assemblage de gloses et d'autres matériaux de plusieurs sources. Le contenu des manuscrits est variable, et des versions successives semblent y ajouter des livres de la Bible qui manquaient à la traduction de Guyart.
1476, Nouveau Testament. Traduit de la Vulgate et imprimé par Guillaume Le Roy[1].
Traductions du XVIe siècle
1530, la Bible d'Anvers, par Jacques Lefèvre d'Étaples (Nouveau Testament en 1523, Ancien Testament en 1528), à partir de la Vulgate. Réimprimée en 1534 en 1541, mais prohibée par Charles Quint, en 1546[2].
1550, Bible de Louvain (révisée en 1572), version remaniée de celle d'Anvers (faite à partir de la Vulgate) — qui avait été interdite en 1546—, par Nicolas de Leuze, assisté de François de Larben, sous la responsabilité de Pierre de Corte[2], avec quelques emprunts à celle de Neuchâtel[3].
1555, Bible de Castellion (d'abord en latin, en 1551), à partir de l'hébreu et du grec. « d'abord décriée et violemment critiquée, notamment par J. Calvin et Th. de Bèze, elle fut ensuite presque oubliée pendant quatre siècles[4] ». Rééditée en 2005 par Bayard.
1562 ou 1588, la Bible de Genève : révision de la Bible d'Olivétan (faite à partir des textes hébreux et grecs) par Calvin. Réédition de 1588 révisée par Théodore de Bèze et Corneille Bertram.
1566, Bible de René Benoît, publiée à Paris, mais interdite car accusée de tendances calvinistes.
1578, Bible dite de Louvain, mais parue à Anvers ; elle est différente de la première Bible de Louvain et s'inspire de la traduction de René Benoît ; elle est diffuse fortement à la fin du XVIème et tout au long du XVIIème siècle[2].[5]
Traduction du XVIIe siècle
1643, La Sainte Bible de Jacques Corbin, traduction d'après la Vulgate, condamnée par la Sorbonne, malgré le patronage de Louis XIII.
1644, La Sainte Bible de Jean Diodati, traduite de la version italienne du même, faite à partir de l'hébreu et du grec, et imprimée à Genève.
1662, La Sainte Bible traduite de la Vulgate et annotée par l'abbé de Marolles. Seuls la Genèse, l'Exode et une partie du Lévitique ont été imprimés, l'édition ayant été interrompue sur ordre du chancelier Pierre Séguier parce que certaines notes reprenaient les théories d'Isaac La Peyrère sur les préadamites.
1666 à 1670, Nouveau Testament du père Denis Amelote, membre de la congrégation de l'Oratoire ; traduction depuis la Vulgate, effectuée à la demande de l'Assemblée Générale du Clergé de France de 1655 .
1667, Nouveau Testament d'Antoine et Louis-Isaac Lemaître de Sacy« selon l'édition Vulgate, avec différences du grec » ; les différences sont décrites dans d'abondantes notes marginales. Imprimé à Amsterdam sous le pseudonyme de « Gaspard Migeot, libraire à Mons »[6].
1669, édition importante de la Bible de Genève, (faite à partir des textes hébreux et grecs) révisée par Samuel des Marets et son fils Henri des Marets, imprimée à Amsterdam. Cet énorme in-folio (432 × 277 mm) de 1680 pages avec de nombreuses annotations, comportant des cartes du Paradis terrestre, de l'exode des Israélites, du voyage des apôtres et de la Palestine, est « un monument de la typographie, une curiosité et une rareté bibliographiques »[7].
1696, Nouveau Testament de David Martin, exilé aux Pays-Bas à la suite de la révocation de l'édit de Nantes[8].
De 1697 à 1703, Le Nouveau Testament traduit par le père Bouhours, aidé par les jésuites Le Tellier et Besnie, une autre version d'opposition à la version de Sacy.
Traductions du XVIIIe siècle
1701-1706, Commentaire littéral sur tous les livres de la Bible, par Louis de Carrières, oratorien, en 24 volumes in-12°, puis 1750 en 6 volumes in-4°.
1707, La Sainte Bible de David Martin : révision de la Bible de Genève (faite à partir des textes hébreux et grecs) accompagnée de notes, imprimée à Amsterdam. Plusieurs rééditions entre 1712 et 1742[8].
1707-1726, La Sainte Bible d’Augustin Calmet, dite Bible d'Avignon, reprend, corrige et augmente le Commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament de Louis de Carrières ; 1707 : la Genèse, 1726 : l'Apocalypse.
1736, Révision de l'édition de Martin de la Bible de Genève par le pasteur Pierre Roques, imprimée à Bâle.
Traductions du XIXe siècle
1820‑1824, Sainte Bible (traduction nouvelle), par Antoine Eugène Genoud (dit l'abbé de Genoude), Paris, Imprimerie royale.
1831‑1851, La Bible, Traduction Nouvelle par Samuel Cahen : Bible juive, édition bilingue hébreu et français.
1843, Sainte Bible de Jean-Jacques Bourassé et Pierre-Désiré Janvier[9], appelée aussi Bible de Tours traduite à partir de la Vulgate. Éditée en 1866 en version de luxe illustrée par Gustave Doré, rééditée en 1985 chez Jean de Bonnot.
1860, Pentateuque, traduction depuis l'hébreu par le rabbin Eléazar (nom de naissance Lazare Wogue).
1865, L'Ancien Testament par Pierre Giguet : traduction d'après le texte grec de la Septante, tomes 1 et 2. Les tomes 3 et 4 parurent en 1872. Il faudra attendre 1979 (les Psaumes, par le père Placide), puis 1986 (le livre de la Genèse, dans la collection La Bible d'Alexandrie) pour que paraissent de nouvelles traductions de la Septante.
1866, Ancien Testament par Henri-Auguste Perret-Gentil et Eugène Arnaud, en 2 vol., d'après les textes hébreux et grecs.
1874, L'Ancien Testament de Louis Segond, d'après les textes hébreux et grecs[10].
1876, Traduction nouvelle avec Notes et Commentaires par Édouard Reuss, traduction des textes hébreux et grecs inspirée des méthodes exégétiques allemandes, en 17 volumes, plus un volume de tables générales. La publication s'échelonna de 1876 à 1881.
1877, Le Nouveau Testament selon la Vulgate : traduit en français avec des notes par l'abbé Jean Baptiste Glaire, P. Didot.
1880, Le Nouveau Testament et La Bible de Louis Segond d'après les textes hébreux, araméens et grecs. Elle a été (et continue d'être) la plus largement utilisée par les protestants francophones[10].
1885, Ancien Testament de John Nelson Darby (à l'origine du dispensationalisme) : à partir de l'hébreu et sans prétention scientifique mais avec le souci de rendre la langue originale le plus littéralement possible[12].
1886‑1896, Bible rationaliste par Eugène Ledrain : d'après les textes hébreux et grecs, Paris.
1889-1906 : La Sainte Bible avec commentaire, d'après dom Calmet, par l'abbé J.-A. Petit, éd. Arras : Sueur-Charruey. En 17 tomes.
1900, La Bible annotée : traduction et commentaire de l'Ancien Testament ; ouvrage collectif par une équipe de théologiens de Neuchâtel, sous la direction de Frédéric Godet (traduction de Félix Bovet).
Traductions du XXe siècle
1902, La Bible du Rabbinat de Zadoc Kahn : avec de nombreux collaborateurs. Éditée en bilingue hébreu–français.
1904, La Sainte Bible Commentée d'après la Vulgate et les textes originaux par l'abbé Louis-Claude Fillion.
1904, La Bible du chanoine Augustin Crampon faite à partir des textes hébreux, araméens et grecs. [note 2].
1910, La Sainte Bible, actuellement considérée comme la Bible Segond, en fait une révision, réalisée après la mort de Louis Segond, de la version de 1880.
1918, La Bible du Centenaire : sous la direction d'Alfred Lods et de Maurice Goguel, elle fête le centenaire de la Société biblique.
1950, La Bible de Maredsous, par les moines bénédictins de l'abbaye de Maredsous, éd. Zech, Braine-le-Comte. Cette première traduction catholique moderne de la Bible, par le père Georges Passelecq (initialement appelé père Paul), sera rééditée par Brepols en 1968 et 1977 avec la collaboration de l'abbaye de Hautecombe. Une nouvelle édition sous le titre de Bible Pastorale est parue chez Brepols en 1997. Depuis 2014, elle est aussi éditée par Éditions Fidélité comme Bible de Maredsous.
1951, La Bible Liénart : nouvelle édition de La Sainte Bible, publiée sous le patronage de la Ligue Catholique de l'Évangile et la direction du cardinal Liénart[note 3].
1952, nouvelle édition de La Bible du chanoine Augustin Crampon[note 2]. Révision de l'Ancien Testament par J. Bonsirven, S. J. La traduction du Nouveau Testament a été retraduite par le chanoine Alphonse Tricot.
1970, La Bible Osty[14], du chanoine Émile Osty associé à Joseph Trinquet (Éditions Rencontre – Lausanne ; puis Le Seuil en 1973, pour l'édition complète en un volume, appelée Bible Osty-Trinquet ou Bible d'Osty et Trinquet).
1967‑1975, La Traduction œcuménique de la Bible (TOB) (à partir des textes hébreux, araméens et grecs) . Première révision en 1988, deuxième révision 2010.
1979, Les Psaumes, prières de l’Église : traduction du Psautier de la Septante par le P. Placide Deseille, réimpr. Monastère Saint-Antoine-le-Grand (à St Laurent en Royans) 1999.
1979, La Nouvelle Édition de Genève (Nouvelle Version Segond Révisée) publiée par la Société biblique de Genève.
1988‑1990, Les 4 Évangiles Luc - Marc - Matthieu - Jean , traduction juxtalinéaire des Évangiles directement du grec en français par Sœur Jeanne d'Arc, Desclée de Brouwer (édition bilingue grec-français).
1991, Les Évangiles, traduction de Claude Tresmontant, O.E.I.L.. L'originalité de cette traduction est qu'elle part d'un texte hébreu préalablement reconstitué supposé être sous-jacent au texte grec. Cette édition rassemble les quatre Évangiles publiés séparément en 1984 (Jean), 1986 (Mathieu), 1987 (Luc) et 1988 (Marc).
1992, La Bible du semeur[14], sous l'égide de la Société biblique internationale. Révisée en 2000 par une quinzaine de théologiens évangéliques francophones. Version d'étude en 2001 (Bible d'étude semeur). Révisée en 2015.
1995, Les Saintes Écritures – Traduction du monde nouveau : Éditions révisée avec notes et références.
1996 (réimpression 1999; 2002; 2008), La Sainte Bible d'Ostervald, mise à jour de l'édition de 1886 d'une révision publiée pour la première fois en 1881 par La Société biblique de France. Mission Baptiste Maranatha (Éditeur).
1997, révision de la Bible en français courant de 1982.
1997, Nouveau Testament interlinéaire grec /français, édition de l'Alliance biblique universelle, par Maurice Carrez, Georges Metzger et Laurent Galy, traduction littérale mot à mot, accompagnée de la TOB et de La Bible en français courant. 1 vol. in 8° (pour l'A.T., voir 2007).
1997, Bible Pastorale : nouvelle édition de la Bible de Maredsous de 1950 et 1977, elle en conserve la traduction originelle mais les introductions, annotations, tables liturgiques, lexique, sont entièrement nouveaux. Publiée par Brepols. Nouvelle édition en 2014, en grands caractères.
2001-2008, Henri Meschonnic, éd. Desclée de Brouwer : 2001, Gloires, traduction des Psaumes ; 2002, Au Commencement, traduction de la Genèse ; 2003, Les Noms, traduction de L'Exode ; 2005, Et il a appelé, traduction du Lévitique ; 2008, Dans le désert, traduction des Nombres. Meschonnic avait traduit Les cinq rouleaux en 1970 et Jona en 1981.
2001, le Pentateuque de la Septante en un seul volume.
2001, La Bible[14], appelée aussi La Bible, nouvelle traduction (parfois abrégé BNT), Bible Bayard (de Bayard Presse) ou Bible des écrivains[15], Bible des poètes.
2002, La Nouvelle Bible Segond : présentée notamment dans une édition d'étude, il s'agit d'une nouvelle révision – sous l'égide de l'Alliance biblique universelle – de la traduction de Louis Segond[14].
2006, King James française, traduction depuis l'anglais (commencée en 1994) par Nadine L. Stratford.
2007, Le Nouveau Testament – Version Recouvrement. Version d'étude avec des notes explicatives[16]. Traduction du texte original grec[17] par la section éditoriale de Living Stream Ministry.
2007, Ancien Testament interlinéaire : édition de l'Alliance biblique universelle, rassemblant le texte hébreu de la Biblia Hebraica Stuttgartensia accompagné d'une traduction littérale, ainsi que la TOB et La Bible en français courant.
↑ a et bElle fait partie des Bibles en français dont le texte est actuellement dans le domaine public. L'édition originale comportait six tomes avec le texte latin de la Vulgate en regard de sa traduction française. Une version en un seul volume (sans le texte latin), destinée à un large public, fut publiée dès 1904 et rencontra un grand succès auprès des catholiques jusqu'en 1960. Le clergé la recommandait de préférence à la Bible du protestant Louis Segond. En 1923, cette Bible en un volume fut entièrement recomposée typographiquement (l'imprimerie ayant été détruite durant la Première Guerre mondiale) et par la même occasion corrigée et légèrement révisée. C'est cette édition, dans laquelle le nom de Dieu, Jéhovah, est remplacé par Yahweh, qui fut rééditée en 1989 par les éditions DFT, qui la maintiennent toujours en disponibilité.
↑ ab et cPierre-Maurice Bogaert et Jean-François Gilmont, « La première Bible française de Louvain (1550) », Revue Théologique de Louvain, vol. 11, no 3, , p. 275–309 (DOI10.3406/thlou.1980.1779, lire en ligne, consulté le )
↑Carine Skupien Dekens, « Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555 - Résumé de thèse », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 153, , p. 146-147
↑Alexandre Guillot, « Hugues Oltramare (1813-1891) », dans Pasteurs et prédicateurs de l'Église genevoise depuis Calvin jusqu'à nos jours (lire en ligne), p. 81, 134 et 136.
↑Bible Darby, édition 1980, Éditions et publications chrétiennes, préface, page V.
Jean-Marie Auwers (Dir.), La Bible en français. Guide des traductions courantes, coll. Connaître la Bible, no 11-12, Bruxelles, Lumen Vitae, 2002, 2e éd. augmentée, 144 p. (ISBN2-87324-170-5).
P.-M. Bogaert et R.-F. Poswick (Dir.), Les Bibles en français. Histoire illustrée du Moyen Âge à nos jours, Turnhout-Paris, Brepols, 1991, 280 p. (ISBN2-503-50059-5).
Véronique Ferrer (dir.) et Jean-René Valette (dir.), Écrire la Bible en français au Moyen Âge et à la Renaissance, Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance », , 808 p., 172 x 248 cm (ISBN978-2-600-04770-8, lire en ligne)