Tjader Plays Mambo est un album studio de Cal Tjader enregistré en trois séances au cours du deuxième semestre de 1954 avec une formation quintette et orchestre. Il est sorti en 1954 et contient 12 titres dont les singles « It ain't necessarily so[1] » et « Have You Met Miss Jones?[2] ».
Cal Tjader choisit d'enregistrer 4 morceaux (dont le single extrait) avec une formation originale qualifiée d'orchestre, avec la présence de 4 trompettes[6]. Il revient ensuite à une formation plus classique intitulée « Cal Tjader's Modern Mambo Quintet » pour enregistrer les autres titres. La dernière session est marquée par le départ[7] d'Edgardo Rosales qui sera remplacé pour la dernière session par Luis Miranda. On le retrouve cependant sur 7 titres de l'album.
Enregistrements studio d'abord en 2 sessions : le , puis courant au Marines Memorial Theater de San Francisco et complétée par une session d'enregistrement en fin d'année 1954 toujours au Marines Memorial Theater de San Francisco[8] (Californie). Masters Fantasy Records.
Description : Image en noir et blanc, très contrastée. Prise de vue d'une femme habillée en tenue de soirée, vêtue d'une robe manifestement bicolore, laissant les épaules nues et fichue d'un « boa » en plûmes négligemment posé sur la tête et retombant sur les épaules. Position : Elle regarde le photographe, elle semble prendre sa pose malgré son déséquilibre arrière[15] et tient une coupe de champagne (?) qu'elle porte à ses lèvres pour boire, son bras gauche est en l'air et part dans le coin haut droit. Le cadrage est particulier : personnage dans le coin bas et à droite laissant beaucoup d'importance à la matière du fond blanc. Typographie de titrage : police de caractère de style « cartoons », lettres en bdc[16] avec patin. Sur le bord gauche de la pochette, figurent sur un alignement à gauche, et un centrage dans la hauteur, tous les titres de l'album en bdc. Typographie et logo Fantasy de couleur verte. L'album est sobrement intitulé « Tjader Plays Mambo ». (Voir la pochette[17]).
Après[24] trois années d'un travail acharné pour le George Shearing Quintet, en 1954, le vibraphoniste/percussionniste Cal Tjader qui enchante la scène jazz de ses percussions et sons latins, retourne dans sa ville natale de San Francisco et s'y est établi comme un des représentants permanents de jazz de la ville.
Presque toujours dans la célébration de ce retour au pays, Tjader s'est livré à un grand nombre de sessions d'enregistrements pour Fantasy Records entre et , soit plus de 20 plages (côtés de 3 minutes pour des singles de 78 et de 45) avec une section de rythme latine basée à San Francisco.
Les sélections sur ce LP, alors, sont parmi les premières à établir Tjader comme le grand maître du Latin jazz, du Latin pop et Latin soul des années 1950. Combiné avec « Mambo With Tjader[25] », cet album fournit une approche complète des premières racines du Latin jazz par Cal Tjader.
Avec Manuel Duran, Carlos Duran, Bayardo Velarde, Edgard Rosales, Luis Miranda, Dick Collins, Al Porcino, Charlie Walp et John Howell[26].
Observations
Cet album est composé en très grande partie de reprises de standards remodelées par Cal Tjader et de l'enregistrement de l'une de ses toutes premières compositions « Mambo Macumba ».
« Out Of Nowhere » est une composition populaire de Johnny Green[29] sur des paroles d'Edward Heyman[30]. Elle fut interprétée[31] en 1931 par Bing Crosby en solo et deviendra son premier succès no 1 dans les Charts. Il existe aussi une version instrumentale très célèbre de ce titre interprété par le saxophoniste ténor Coleman Hawkins accompagné par Benny Carter et Django Reinhardt (1937). Charlie Parker en enregistrera aussi une version ballade en 1947.
« Fascinatin' Rhythm[32] » a été écrite en 1924 par le compositeur George Gershwin sur des lyriques d'Ira Gershwin. Elle fut interprétée la première fois[33] par Cliff Edwards, Fred Astaire et Adele Astaire dans une comédie musicale de Broadway « Lady Be Good ». C'est un standard de jazz[34] dont on ne compte plus les reprises. La liste des enregistrements[35] fait état de beaucoup de musiciens contemporains de Cal Tjader : on peut donc penser qu'il avait choisi une valeur sûre pour espérer un succès, cependant comme à son habitude, il apporte sa touche particulière en la transformant en rumba Latin jazz.
« Guarachi Guaro » fut interprété pour la première fois en 1948 par son compositeur Dizzy Gillespie accompagné par Sabu Martinez aux percussions latines et à la voix. Le premier enregistrement de Cal Tjader en 1954 passera plutôt inaperçu, et il faudra attendre son réenregistrement dans une nouvelle version remaniée, sortie en 1965 sous le nom de « Soul Sauce », pour que le public fasse de ce titre un succès.
« Bei Mir Bist Du Schoen » est la version anglicisée de l'allemand « Bei mir bist Du schön » dont l'origine est une chanson yiddish[45] : « Bei Mir Bist Du Shein ». Ce titre que nous livre Cal Tjader, ici, est une version instrumentale teinté de sons latins mambo.
« I Concentrate On You », chanson écrite par Cole Porter en 1940 pour le film musical « Broadway Melody of 1940[46] » a été interprété la première fois par Douglas McPhail[47]. Elle a été notamment reprise par Ella Fitzgerald (1956), Frank Sinatra (1950) et (1961). Cal Tjader est accompagné sur cette version par les 4 trompettes de la formation dite « orchestre ».
Comme on le voit ci-dessus, la sélection de titres faite par Cal Tjader ne laisse aucune place au hasard. Les mélodies adaptées sont toutes des succès devenus avec le temps des standards de jazz. Ces thèmes musicaux connus d'un large public, ont permis à Cal d'installer son style Latin jazz qu'il étoffera encore plus tard dans ses albums de la fin des années 1950.
Avis critiques de cet album
Selon Richard S. Ginell[48] de Allmusic Guide, Cal Tjader, qui vient de terminer son engagement avec George Shearing en 1954, fortement imprégné de sons latins, se prend en main tout seul pour se consacrer à sa propre carrière, enregistrant plusieurs courtes tranches d'un Latin jazz lancinant, dont une douzaine a été choisie pour cet album.
Beaucoup de titres de cette sélection sont des standards réarrangés avec des incorporations de rythmes latins, entrecoupés et mis en forme pour s'adapter à l'ancienne limite de 3 minutes pour les formats courts de disques 45 Single ou leurs ancêtres : les microsillons en 78 tr/min.
Toujours selon lui, l'ambiance cristalline du vibraphone de Cal Tjader fait équipe avec une section de percussions latines de San Francisco. Cette formation instille succinctement, à l'occasion sur chaque morceau, une émulation collégiale de sons latins inspirés des musiques de George Shearing (« East of the Sun »).
Ailleurs, Cal expérimente, avec une section de cuivres formée de 4 trompettes masculines et chaleureuses. On les retrouve sur 4 titres de l'album, dont le meilleur d'entre eux est une version rumba de « Fascinating Rhythm ». Est aussi inclut dans ce disque, le premier enregistrement de Cal Tjader « Guarachi Guaro » (connu plus tard[49] sous le titre réarrangé et réenregistré de « Soul Sauce[50] »).
Et ce dernier de conclure : « Cette sélection de titres au son précurseur a vraiment contribué à lancer le style Latin jazz de Cal Tjader, et plusieurs décennies après, ils sonnent musicalement toujours aussi frais contrairement à beaucoup d'autres points de repère musicaux historiques qui eux sonnent datés ».
Notes et références
↑Références : Fantasy Records F-534 (Source : Rate Your Music)
↑Références : Fantasy Records (N° inconnu) (Source : musicstack.com Consultation du 9 mars 2010.
↑Données de temps du disque LP issus du site « Discogs.com ».
↑L'intitulé est curieux puisque le single est enregistré avec la formation « orchestre », à moins qu'il n'y ait eu avec le temps des dérives bibliographiques : ledit « orchestre » est en fait le « Cal Tjader Modern Mambo Quintet » avec une section de 4 trompettes (cuivres).
↑Dans les sessions d'enregistrement du site « jazzdisco.org », on trouve précédemment la session du LP intitulé « Trombone Rapport / Four Trombones » : ce qui a certainement donné des idées à Cal Tjader quant à la composition de cet orchestre.
↑N.B : Les raisons du départ d'Edgard Rosales ne sont pas connues.
↑Cal Tjader And His Orchestra : Formation alignée pour l'enregistrement de l'album le 21 septembre 1954 à San Francisco, Californie.
↑Cal Tjader's Modern Mambo Quintet : Formation supposée alignée pour l'enregistrement de l'album, courant octobre 1954 à San Francisco, Californie. Une date de session du 21 février 1956 figure sur la réédition CD, par contre le site « Jazzdisco.org » indique dans ses carnets de sessions qu'il en est tout autre. On sait que Luis Miranda a remplacé Edgard Rosales aux congas pour la dernière session d'enregistrement de cet album. Les informations données ne font pas état d'autres musiciens, on peut donc supposer que cette liste est juste sauf descriptif du site CDuniverse qui mentionne Edward Verlardi et qui serait l'autre nom d'artiste de Bayardo Velarde.
↑« Edward Verlardi » (ou aussi orthographié « Bayardo Velardi ») est cité comme musicien de cet album par le descriptif du site CDuniverse, mais non repris dans les autres informations, c'est également ici que l'on trouve la date de session du 21 février 1956 vraisemblablement erronée.
↑Cal Tjader's Modern Mambo Quintet : Formation alignée pour l'enregistrement de l'album en fin d'année 1954 à San Francisco, Californie.
↑Cf. Information figurant sur la réédition en version CD.
↑On peut s'interroger sur ce déséquilibre équivoque : position de danse mambo ou ivresse… ivresse de musique ou ivresse d'alcool dans les soirées où l'on s'amuse et l'on danse en écoutant des disques de mambo? Un éclairage historique de l'artiste sur cette prise de vue serait le bienvenu.
↑bdc : bas-de-casse ou minuscule d'imprimerie, langage d'imprimerie.
↑Selon les premières règles d'attribution de numéro de disque en vigueur chez Fantasy Records à cette époque, il faut rajouter un tiret après le 3, soit F 3-221.
↑Le titre possède un "s" à la fin, ce qui permet de le différencier de la chanson composée par John Lennon et Paul Mc Cartney intitulé « yesterday » (1965) qui n'a aucun rapport.
↑Johnny Green dédicaça “Out of Nowhere” à sa première épouse, Carol, qui l'encouragea à abandonner sa carrière financière et, à poursuivre une carrière dans la musique contre la volonté de son père. (Sources : Jazzstandards.com).
↑Le titre « Soul Sauce » est son plus grand succès commercial. Il a dépassé les 100 000 exemplaires vendus en single. Voir l'album du même nom : Soul Sauce (1965).