Tefnout
Tefnout (ou Tefnut ou Tefnet ou Tphenis), déesse de la mythologie égyptienne, fait partie de la grande Ennéade d'Héliopolis. Naissance mythologiqueSelon la mythologie héliopolitaine, elle naquit, tout comme son frère jumeau — qui sera aussi son parèdre Shou (ou Chou) — du dieu Atoum, le créateur. Tefnout et Shou forment ainsi le premier couple divin. Cette naissance divine est citée dans les Textes des Pyramides, l'un des corpus religieux les plus anciens du monde. À la ligne 465 des textes couvrant les parois du caveau de Pépi Ier, il est précisé que Shou et Tefnout sont issus de la semence du dieu Atoum[1]. La scène de la création est explicitement donnée dans ces textes sacrés qui accompagnent le roi dans sa destinée funéraire, lui promettant une renaissance avec les dieux :
— Textes des Pyramides, §1248 Plus tard dans la version de la cosmogonie héliopolitaine, la création des dieux jumeaux met en scène le dieu Khépri avec lequel les dieux Atoum et Rê s'identifient. Voici comment la naissance des deux dieux est relatée :
— Mythe de la création héliopolitaine[2] Dans une version ultérieure encore, les deux dieux finissent par être issus du simple crachat du dieu soleil. On notera, qu'étymologiquement le nom de la déesse est formé à partir du verbe tfn qui signifie littéralement « cracher » ainsi que du verbe tf tf, signifiant lui « expectorer »[3],[4]. Rôle et culteTefnout est la première divinité féminine à venir à l'existence dans l'univers, et avec son époux Shou assure la première procréation sexuée du monde. Ayant le soleil comme coiffure, elle est le symbole de la fournaise solaire[5], tandis que Shou son frère et époux est celui de l'air, de la lumière et de la vie. Les deux entités sont complémentaires et indispensables au cycle du renouveau de la vie et dans l'esprit des anciens Égyptiens à l'assurance que chaque matin le dieu soleil pouvait renaître. De leur union naquirent les deux autres dieux jumeaux Geb (la terre) et Nout (le ciel). Ils représentent ainsi avec leurs deux enfants les quatre éléments primordiaux. Tefnout, qu'on associait aussi à la pluie, à la rosée et aux nuages, était le symbole de l'eau et de son pouvoir créateur, la source de vie. Elle incarne l'air humide (soit le changement des éléments) en complément de son époux qui lui incarne l'air sec (ou la conservation). Elle était honorée à Oxyrhynque et on la représentait sous la forme d'une femme à tête de lionne avec un disque solaire sur la tête ou d'une lionne. À Léontopolis, Chou et Tefnout sont vénérés sous la forme d'un couple de lions. Représentation et hypostaseLa déesse Tefnout est le plus souvent représentée sous la forme d'une déesse anthropozoomorphe, à corps de femme avec une tête de lionne coiffée d'un disque solaire en raison de son origine mythologique. Cette iconographie la rapproche de celle de la déesse Sekhmet avec laquelle elle finit par se confondre dans le mythe de l'œil de Rê. Une lionne était consacrée en tant qu'hypostase vivante à Tefnout au temple de Léontopolis. La ville tire d'ailleurs son nom de la présence de cet animal sacré qui vivait dans le temple en compagnie d'un autre lion lui-même hypostase du dieu Shou. Les deux dieux souvent cités l'un avec l'autre, sont représentés parfois comme deux lions assis adossés l'un à l'autre entre lesquels s'élève le disque solaire. SyncrétismeEn raison de son iconographie léonine et de son rôle de fille de Rê, Tefnout est associée à la personnification de la déesse Lointaine. Elle prend alors l'aspect et les attributs des déesses dangereuses et incarne l'œil de Rê, le cycle du soleil brûlant et dévastateur. Selon le mythe, La Lointaine, fille du dieu soleil, s'enfuit dans le désert de Nubie où elle laisse libre cours à sa férocité. Son époux le dieu Shou et le dieu Thot furent chargés par Rê de la ramener, ce qu'ils firent après l'avoir enivrée de vin. Apaisée, La Lointaine retrouva son aspect bénéfique, l'Inondation, et rentra en Égypte[6]. En tant que fille d'Atoum, Tefnout est également identifiée à la déesse Maât. Au chapitre 80 des Textes des Sarcophages, le dieu annonce ainsi :
— Textes des Sarcophages, ch.80 HommageTefnout est l'une des 1 038 femmes dont le nom figure sur le socle de l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago. Elle y est associée à la Déesse primordiale, première convive de l'aile I de la table[7]. Notes et références
Bibliographie
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