Sphoeroides marmoratus, le Compère de Guinée, Compère collier ou Tétrodon marbré, est une espèce de poissons marins de la famille des Tetraodontidae.
Description et caractéristiques
Les membres de la famille des Tetraodontidae, dont fait partie cette espèce, se caractérisent par une peau résistante souvent dotée de petites écailles épineuses, des dents formant une plaque en forme de bec, et une ouverture branchiale en fente située près de la nageoire pectorale. Ces poissons n’ont pas de nageoires pelviennes ni de rayons épineux, mais possèdent une nageoire dorsale et une nageoire anale, toutes deux courtes et dépourvues de structures osseuses spécifiques comme des côtes[1].
Selon la description originale faite par Lowe[2] :
« Ce petit poisson-crapaud semble étroitement apparenté à T. Spengleri, qui correspond également à T. Plumieri Lacépède selon Cuvier, bien qu'il ne puisse être attribué avec certitude à cette espèce ou à une autre décrite par Artedi, Linné ou Lacépède. Sa longueur ne dépasse guère six pouces. Les épines cutanées sont comprimées, très courtes et peu visibles, étant dissimulées dans de petites fossettes ou pores ; celles situées sur le ventre sont disposées de manière régulière en quinconce. Les nageoires dorsales et pectorales sont pâles, tandis que la nageoire caudale est d’un brun foncé, comme la partie supérieure du corps, avec une bande verticale claire près de la base. La nageoire anale, quant à elle, est blanche. »
— Lowe, 1838
Habitat et écologie
Sphoeroides marmoratus est un poisson qui vit principalement autour des récifs rocheux, qu’ils soient naturels ou artificiels, jusqu’à une profondeur de 100 mètres. On l’observe également sur des fonds sableux, comme dans la baie de Porto Pim, à Faial, dans les Açores, où il semble être un résident permanent des substrats meubles.
Les Tetraodontidae sont connus pour leur capacité à se gonfler en absorbant de l’eau lorsqu’ils se sentent menacés. Ils produisent également des toxines puissantes, comme la tétrodotoxine et la saxitoxine, qui peuvent s’accumuler dans leur peau, leur foie et leurs gonades. La toxicité varie en fonction de l’espèce, de la zone géographique et des saisons. En outre, cette famille est remarquable pour détenir les plus petits génomes connus parmi les vertébrés[1].
Répartition
Carte de distribution de S. marmoratus d'après l'UICN (2025)
La distribution de Sphoeroides marmoratus a mis du temps à être correctement décrite. L'espèce a été souvent diagnostiquée à tort comme étant S. spengleri, en particulier à la suite des travaux de Collignon[3] et de Blache[4] et leur utilisation dans le Catalogue des Poissons de l’Atlantique du nord-est et de la Méditerranée (CLOFNAM)[5] de l'UNESCO qui a longtemps fait autorité pour les poissons de l'Atlantique nord-est et la Méditerranée. Au début des années 2000 plusieurs travaux[6],[7],[8] ont commencé à mettre en évidence ces erreurs d'identification qui avaient conduit a décrire l'espèce S. spengleri comme présente « des deux côtés de l'Atlantique tropical (de Madère à l'Angola et de la Nouvelle-Angleterre au Brésil) »[5],[9]. Parallèlement, la présence de S. marmoratus dans ces régions n'est pas mentionnée dans les ouvrages de référence comme le CLOFNAM[5].
L'espèce a été décrite à l'origine par Richard Thomas Lowe[2], sous le nom de Tetrodon marmoratus et le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Sphoeroides marmoratus (Lowe, 1838)[10]. Ce dernier nom d'espèce a été qualifié[11] de « Nomen Protectum » qui est une mesure exceptionnelle de l'ICZN destinée à garantir la stabilité des noms scientifiques[a].
Le genre Sphoeroides nécessite une révision taxonomique, car il a été identifié comme paraphylétique[1],[12], ce qui signifie que tous les membres ne partagent pas un ancêtre commun exclusif.
Le nom de genre Sphoeroides provient du suffixe grec « -oides », signifiant « ayant la forme de », et du mot « sphaera », qui désigne une sphère ou une boule. Il fait référence à la forme arrondie que prend le poisson lorsqu'il se gonfle d'air ou d'eau, particulièrement visible lorsqu'on l'observe de face. Le nom d'espèce marmoratus signifie « marbré » en latin, en allusion aux taches diffuses brun-noir qui ornent son corps[16].
Publication originale
(en) Lowe, R. T., « A synopsis of the fishes of Madeira; with the principal synonyms, Portuguese names, and characters of the new genera and species », Transactions of the Zoological Society of London, vol. 2, no Part 3, article 14, , p. 173‑200 (ISSN0084-5620, lire en ligne)[2].
↑ ab et c(en) Lowe, R. T., « A synopsis of the fishes of Madeira; with the principal synonyms, Portuguese names, and characters of the new genera and species », Transactions of the Zoological Society of London, vol. 2, no Part 3, article 14, , p. 173‑200 (ISSN0084-5620, lire en ligne)
↑Collignon, J., Rossignol, M., Roux, C., Mollusques, crustacés, poissons marins des côtes d’A.E.F en collection au Centre d’Océanographie de l’Institut d’Etudes Centrafricaines de Pointe-Noire, ORSTOM, , 369 p. (lire en ligne), p. 243
↑Blache, J., Liste des poissons signalés dans l’Atlantique tropico-oriental sud du cap des Palmes (4° lat. N) à Mossamédès (15° lat. S) (province guinéo-équatoriale), ORSTOM, , 102 p. (lire en ligne), p. 92
↑ ab et cCheck-list of the fishes of the north-eastern Atlantic and of the Mediterranean: Clofnam I - Catalogue des poissons de l’Atlantique du nord-est et de la Méditerranée, vol. 1, UNESCO, (ISBN92-3-001100-2, lire en ligne)
↑(en) Zenetos, A., Cinar, M. E., Pancucci-Papadopoulou, M. A., Harmelin, J. G., Furnari, G., Andaloro, F., Bellou, N., Streftaris, N., Zibrowius, H., « Annotated list of marine alien species in the Mediterranean with records of the worst invasive species », Mediterranean Marine Science, vol. 6, no 2, , p. 63‑118 (ISSN1791-6763, DOI10.12681/mms.186, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Wirtz, P., Fricke, R., Biscoito, M. J., « The coastal fishes of Madeira Island–new records and an annotated check-list », Zootaxa, vol. 1715, , p. 1‑26
↑(en) Wirtz, P., Brito, A., Falcón, J. M., Freitas, R., Fricke, R., Monteiro, V., Reiner, F., Tariche, O., « The coastal fishes of the Cape Verde Islands–new records and an annotated check-list », Spixiana, vol. 36, no 1, , p. 113‑142
↑(en) UNESCO, « Sphoeroides spengleri » , sur Fishes of the Northeastern Atlantic and Mediterranean (FNAM) (consulté le )
↑(en) Parenti, P., « On the status of some nominal species described by Sarah Lee Bowdich in the account « Excursions in Madeira and Porto Santo during the autumn of 1823 » », Boletim do Museu de Historia Natural do Funchal, vol. LXIX, no Art. 353, , p. 5‑12 (ISSN0870-3876, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Araujo, G. S., Kurtz, Y. R., Sazima, I., Carvalho, P. H., Floeter, S. R., Vilasboa, A., Rotundo, M. M., Ferreira, C. E. L., Barreiros, J. P., Pitassy, D. E., Carvalho-Filho, A., « Evolutionary history, biogeography, and a new species of Sphoeroides (Tetraodontiformes: Tetraodontidae): how the major biogeographic barriers of the Atlantic Ocean shaped the evolution of a pufferfish genus », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 199, no 4, , p. 978‑993 (ISSN0024-4082, DOI10.1093/zoolinnean/zlad055, lire en ligne, consulté le )