Sainte-Chapelle de Dijon
La Sainte-Chapelle de Dijon a été la chapelle particulière des ducs de Bourgogne et le siège de l'ordre de la Toison d'or jusqu'à la mort de Charles le Téméraire et le déplacement de l'Ordre au palais de Coudenberg à Bruxelles. Elle était particulièrement chère aux ducs capétiens, aux ducs valois puis aux rois de France. Elle fut jusqu'à la fin de l'Ancien Régime intimement liée à l'histoire de la Bourgogne, aux services solennels, aux victoires et aux pompes funèbres des princes[1]. Les souverains et les gouverneurs y marquaient leur passage et les feux d'artifice y étaient tirés. Elle fut détruite en 1802. Les originesLe duc Hugues III de Bourgogne partit en 1171 pour un premier pèlerinage en Terre Sainte, où il mourut en 1192 à Saint-Jean-d'Acre. Au milieu d'une tempête au cours de laquelle il faillit perdre la vie, il fit le vœu, s'il échappait au naufrage, de faire construite dans l'enceinte de son hôtel de Dijon une église dédiée à Notre Dame et à Saint Jean l'Évangéliste. De retour à Dijon, il fait don au Saint-siège du terrain sur lequel sera construite l'église et fonda en 1172 un collège de dix chanoines avec d'importants privilèges[2]. La chapelle était de ce fait exempte de la juridiction de l'archevêque-duc de Langres et relevait directement de celle du Pape. Le nombre de chanoines fut porté par la suite à vingt en 1214, puis à vingt-quatre plus le doyen afin d'être identique au nombre initial de Chevaliers de la Toison d'Or à la fondation de l'Ordre en 1430[3]. La constructionLa Sainte-Chapelle de Dijon était attenante à l'est du palais ducal, reliée à sa tour d'angle, dite Tour de Bar, par une allée couverte. Commencée modestement par le chapitre, dont les ressources étaient limitées, dans le style d'architecture romane de la fin du XIIe siècle, la Sainte Chapelle a été rebâtie plus amplement au XIIIe siècle grâce aux indulgences conférées en 1244 par le pape Innocent IV pour engager les fidèles à aider financièrement le projet. La construction de la nef dans le style gothique bourguignon du XIVe siècle fut lente, avec un portail très simple qui fut terminé qu'en 1400. Dans son testament, qui est conservé, le duc Eudes IV (1295-1349) fait un legs en faveur de la Sainte Chapelle de Dijon. Le sculpteur renommé Claus Sluter, chargé par le duc Philippe le Hardi (1342-1404) de construire et de décorer la Chartreuse de Champmol, lieu qu'il a acquis en dehors de Dijon pour y être inhumé en habit de chartreux, y a réalisé le Puits de Moïse, avant de réaliser sur la façade de la Sainte-Chapelle un cadran solaire aux armes ducales dont le gnomon se terminait par un soleil doré par Jean de Beaumetz. Le duc Philippe le Bon (1396-1467) poursuivit l'œuvre de ses prédécesseurs pour y installer son Ordre dans une grande salle voûtée sur quatre croisées d'ogives, située à l'étage inférieur d'une des deux tours encadrant la façade de la Sainte-Chapelle, appelée Tour Neuve, et attenante au Palais ducal. L'autre tour, située à l'est, était appelée la Tour Saint-Médard. Le pignon était surmonté à sa pointe d'une statue de Saint Jean l'Évangéliste haute de deux mètres de haut. L’ordre de la Toison d'OrEn 1432, le duc Philippe le Bon choisit la Sainte-Chapelle de Dijon comme « lieu, chapitre et collège » de l'ordre de la Toison d'or, créé le jour de son mariage avec Isabelle de Portugal le [1]. En raison des guerres multiples et des menaces pesant sur les frontières, Dijon ne put pas recevoir l'ordre avant le jour de la Saint André (le ) de 1433, pour son troisième chapitre[4]. La Sainte HostieOn y conservait la « Sainte Hostie » remise à Philippe le Bon par le pape Eugène IV, le , en reconnaissance du soutien que le duc de Bourgogne lui avait apporté au concile de Bâle. Elle fut déposée par le chanoine de Paris, Robert Anclou, son représentant à la Curie romaine, dans la chapelle de la Sainte-Hostie qui ouvrait sur le chœur de la Sainte-Chapelle du côté de l'épître. Il s'y trouvait un décor en bois dû au sculpteur Pierre Maistrier[5]. Il s'agissait « d'une Hostie qui porte l'image du Sauveur assis sur un thrône, (sacrement admirable du corps du seigneur) laquelle Hostie a été percée en plusieurs endroits de coups de couteau par la barbarie d'un misérable, & est teinte de gouttes de sang aux endroits des coups[6],[7]. » Le , commença l'établissement de la confrérie et la cérémonie du bâton de l'hostie miraculeuse[8]. La Sainte Chapelle du XVe au XVIIIe siècleTous les ducs nés à Dijon, sont baptisés à la Sainte Chapelle qui est leur paroisse, le dernier sera Charles le Téméraire, baptisé le . Arrivé à Dijon le , deux ans après la mort misérable de Charles le Téméraire à Nancy, Louis XI confirma les privilèges par ses lettres patentes datées d'août[9]. Louis XII recouvra d'une maladie et lui fit hommage, le , en envoyant deux Héraults d'armes porter la couronne d'or qu'il portait le jour de son sacre à Reims pour être attachée sur le vaisseau ou est exposée la sainte Hostie[10]. Le , il y eut une procession solennelle de la sainte Hostie après six mois de sécheresse, et bien heureusement une pluie abondante se déclencha quatre jours plus tard[10]. Saint François de Sales, alors évêque de Genève résident à Annecy, vient y prêcher le Carême 1604. C'est à l'occasion de ce séjour à Dijon qu'il fait connaissance avec Jeanne, baronne de Rabutin et de Chantal qui lui soumet son projet de statuts pour fonder l'Ordre de la Visitation. Une autre procession eut lieu contre la peste qui avait envahi la ville de Dijon. Et le , toute la ville suivit la procession et la contagion cessa. Une fois encore en 1637, la peste fut stoppée par une procession de la Sainte Hostie, qui reçut des dons de cinq cents écus de tous les magistrats de la ville pour redécorer la Sainte-Chapelle de tapisseries neuves[11]. Le grand Condé lui fit don des drapeaux enlevés à la bataille de Rocroi, le . Sépultures(liste non exhaustive) Le , une cérémonie funèbre est organisée devant le catafalque vide du duc Jean Sans Peur tué sur le pont de Montereau, en présence de sa veuve Marguerite de Bavière et de ses filles Marguerite, Anne et Agnès de Bourgogne. Ce n'est que le suivant que le corps affreusement mutilé du feu duc sera ramené à Dijon, puis enterré à la Chartreuse de Champmol, avec ces prédécesseurs depuis Philippe le Hardi (1342-1404).
Les chevaliers de la Toison d'Or pouvaient élire la Sainte-Chapelle de Dijon comme sépulture à condition de doter le chapitre d'une rente annuelle de dix livres.
La destructionDurant les premières années de la Révolution, la Sainte-Chapelle de Dijon fut livrée au saccage :
Pendant un certain temps, on y enferme des prisonniers. Les plombs des charpentes sont volés. Les vitraux brisés ou retirés. L'état du bâtiment se dégrade, la mairie n'ayant rien fait pour le protéger. Il est décidé de le démolir en 1801. La mise aux enchères de la démolition rapportera autour de 38 000 francs. La Sainte-Chapelle de Dijon et le cloître attenant furent détruits à partir de 1802 et jusqu'en 1804[14]. Chanoines illustres
Notes et références
Voir aussiArticles connexesSources et bibliographie
Liens externes
|