L'origine du nom « Hautefeuille » est incertaine. Une hypothèse est que la rue était bordée d'arbres hauts et touffus et que les moines du couvent des Cordeliers allaient jouer au jeu de paume sous les « hautes feuillées[1] », ou en raison du nom de ruines romaines découvertes en 1358, lors du creusement des fossés de l'enceinte de Charles V et que l'on dénomma sous le nom d'Altum folium[2]. Cette hypothèse formulée par Jacques Hillairet est contredite par l'analyse chronologique d'Hercule Géraud, qui date Le Dit des rues de Paris aux premières années du XIVe siècle, dans lequel la rue porte déjà le nom de « Haute Feuille[3] ».
Historique
La rue Hautefeuille est une très ancienne rue de Paris, qui au Moyen Âge allait jusqu'au faubourg Saint-Jacques. Elle fut coupée en deux par l'enceinte construite par Philippe Auguste entre 1190 et 1215[4]. La construction au XIIe siècle du couvent des Cordeliers raccourcit de nouveau la rue qui s'arrête maintenant rue de l'École-de-Médecine, ancienne rue des Cordeliers.
En 1292, elle est désignée dans un document fiscal comme « la rue qui va droit à Saint-Andri », ce qui laisse penser qu'elle n'avait alors toujours pas de nom connu de tous[3].
À la fin du XIIe au XVIe siècle, elle est appelée « rue du Chevet-Saint-André », « rue Saint-André » puis « rue de la Vieille-Plâtrière », avant de prendre son nom actuel.
No 4 : « a appartenu au XVIIe siècle à François de La Mothe Le Vayer (1588-1672)[5] », « auteur De la vertu des païens, protégé du cardinal de Richelieu, qui « reçoit une pension royale […] et entre à l’Académie française en 1639. […] Il est nommé en 1647 précepteur du duc d’Anjou [Philippe, fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, il avait alors 7 ans], […] la reine l’appellera finalement à collaborer en 1652 à l’instruction du Dauphin [futur Louis XIV, qui avait alors 14 ans][6] ». « En 1727, à de Montgeron ; en 1735, à son fils Carré de Montgeron (1686-1754), défenseur de la mémoire du diacre Pâris et des convulsionnaires de Saint-Médard, ce qui le fit embastiller[5]. Jean-Baptiste Treilhard (1742-1810) l’habita avant la Révolution ; il était alors avocat au Parlement de Paris. Autre locataire vers 1788, le jurisconsulte Henrion de Pansey (1742-1829) ».
No 5 : hôtel des abbés de Fécamp, ou hôtel de Fécamp, édifice Classé MH (1948). Cet hôtel particulier, situé au croisement entre la rue Hautefeuille et l'impasse Hautefeuille, date du XVIe siècle et a été construit en remplacement d'une ancienne demeure des abbés de Fécamp qui datait de 1292. Le bâtiment possède une tourelle d'angle, ou échauguette, en cul-de-lampe, du début du XVIe siècle, classée monument historique. Elle est fortement détériorée mais il subsiste toutefois les sculptures en dentelles de l'encorbellement et les perles et entrelacs de la corniche. Les façades et toitures font l'objet d'une inscription par arrêté du et la tourelle d'angle fait l'objet d'un classement par arrêté du [7].
No 6 : Léon Vanier (1847-1896) ouvrit ici, vers le début des années 1870, sa première librairie, puis une maison d'édition. Il quitta les lieux en 1878 pour s'installer au no 19 quai Saint-Michel.
No 8 : hôtel particulier construit sous Louis XIII, ayant été la propriété de l'évêque de Césarée de Maurétanie, Bonaventure Rousseau. Le quartier ayant accueilli de nombreux éditeurs, cet hôtel n'échappa pas à la règle et en 1812 le libraire-imprimeur-éditeur Jean-Jacques-Pierre Deterville, cousin de Nicolas Roret, y résida. Plus tard, une imprimerie y fut installée. M. et Mme Flamand, fondateurs des Éditions du Seuil, une des plus importantes maisons d’édition françaises, ont ensuite été locataires du 1er étage et d’une partie du second, de 1932 à 1950. Les Éditions du Seuil ont d'ailleurs vu le jour dans cet hôtel particulier en 1945, au 1er étage.
No 12 : Nicolas Roret demeura en ces lieux à son arrivée à Paris au début du XIXe siècle.
No 13 : Manufacture de vitraux Didron.
No 17 : le poète Charles Baudelaire est né à cette adresse, dans une maison qui n'existe plus[1] ; une plaque lui rend hommage.
Au même numéro vécut le général de division François-Étienne Damas, comme il le signale dans une lettre de 1801 au ministre de la Guerre.
No 19 : c'est ici que le l'éditeur Jean-Baptiste Baissière (1797-1885) installe sa nouvelle maison d'édition dans laquelle il meurt en 1885. Une plaque commémore l'événement.
Le terrain semble avoir appartenu par la suite à Pierre Sarrazin qui le vendit en 1252 aux chanoines de l'abbaye de Prémontré pour y installer le collège Danville. L'hôtel particulier actuel dit « hôtel Bullion », a appartenu en 1703 à Angélique Charlotte de Bullion[10], en 1755 au capitaine de Coëtlosquet et, en 1805, à Arthus Bertrand. Au début du XXe siècle, le bâtiment était occupé par l'Association corporative des étudiants en médecine. En 1923, les éditions Georges Crès et Cie y sont installées[11]. Le bâtiment possède une tourelle d'angle octogonale à deux étages datant du XIVe siècle, classée monument historique depuis 1992.
Le no 21, rue Hautefeuille en 1869-1870.
Le no 21, rue Hautefeuille en 2008.
Autre vue en 2014.
Maison de la rue Hautefeuille, estampe d'Émile Ollivier.
No 23 : le libraire-éditeur Arthus Bertrand réside à cette adresse en 1808. Il a fait l'acquisition des fonds de monsieur Buisson et de madame veuve Desaint.
La brasserie Andler, située vers le milieu de la rue, était dans les années 1840-1860 un lieu de rendez-vous animé des étudiants, artistes et personnalités de la gauche républicaine. La fréquentaient entre autres Gambetta, Jules Vallès, Courbet, Corot, Daumier, André Gill[1].
No 32 : le peintre Diogène Maillart (1840-1926) avait un atelier à cette adresse en 1872.
↑ a et bHercule Géraud, Paris sous Philippe le Bel. D'après des documents originaux et notamment d'après un manuscrit contenant le rôle de la taille imposée sur les habitants de Paris en 1292, Imprimerie de Crapelet, 1837, p. VIII. Lire en ligne.