Rose Lucile Meunier est originaire de Monnerville dans l'Essonne, d'une famille modeste puisque ses deux parents sont maraîchers. Elle épouse très jeune Benoni Caron, un pianiste atteint d'une déformation dorsale, ce dernier lui donne l'occasion de monter à Paris mais elle restera attachée à son village d'origine alternant les séjours dans sa demeure familiale à Monnerville (l'ancienne auberge du Cygne) et son appartement à Paris, 4 square du Roule.
Séparée depuis longtemps de son mari, elle divorce en 1886 tout en conservant son nom au théâtre.
Brune, jolie, élancée, elle exerce un certain envoûtement sur ses nombreux admirateurs et son succès lui permet de côtoyer les grands de ce monde. Son charme est grand et reste intact au fil des ans et c'est ainsi qu'autour de la cinquantaine[2] elle rencontre Georges Clemenceau dont elle sera la compagne, l'amie dévouée et fidèle, peut-être même la conseillère[3].
En 1878, elle eut une fille, Hélène Pauline, qui épousa en 1908 Georges Victor Sorlin, directeur de banque et qui, en 1920, habitait 53, avenue des Ternes à Paris. En 1911, elle donna à sa mère une petite-fille, Rose-Marie, morte d’une péritonite en ; de ce décès, Rose Caron garda une grande douleur[4].
En 1895, le peintre Antonio de La Gandara réalisa un portrait d'elle qui fut exposé au Salon de la Société nationale des Beaux-arts cette même année. Le tableau n'est pas localisé à ce jour.
Elle meurt à Paris le à 72 ans, quelques mois après Georges Clemenceau (), et est enterrée au cimetière de Monnerville dans le caveau familial.
Sur son acte de décès, il est mentionné qu'elle est membre du Conseil supérieur du Conservatoire de Paris et chevalier de la Légion d'honneur[6].
Vie professionnelle
Cantatrice classique douée d'une belle voix de soprano et d'un joli physique, elle entre au Conservatoire de Paris en 1875. Elle étudie aussi ensuite avec Jules Massenet puis avec Marie Sasse[7], elle-même grande tragédienne lyrique[8].
En 1878, elle termine sa scolarité au Conservatoire de Paris et obtient un deuxième prix en chant et un premier accessit en opéra.
En 1885, elle crée le rôle de Brünnehilde dans Sigurd d'Ernest Reyer et rencontre un très grand succès à tel point que l'auteur, Ernest Reyer, demanda spécifiquement que le rôle de Brünnehilde soit confié à Rose Caron lorsque le directeur de l’Académie nationale de musique de l'Opéra de Paris veut monter son œuvre à Paris[10].
Pour ce rôle-titre, Alfons Mucha la représenta sur une "séduisante affiche, couverte de mystérieuses parures pseudo-orientales" (Potez; cf. la lithographie de 1896 reproduite par Ellridge dans Mucha - Le triomphe du Modern style).
En 1888, elle crée le rôle de Laurence dans l'opéra Jocelyn de Benjamin Godard, œuvre tirée d'un poème de Lamartine refusée à l'Opéra de Paris et qui sera créée au théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
Son départ de l'Opéra Garnier empêcha tout d'abord Verdi de faire représenter son Otello à Paris, car le maître ne pouvant imaginer d'autre cantatrice que Rose Caron pour le rôle de Desdémone, elle créera néanmoins le rôle le [12].
↑L'Illustration, no 2134 du : Sigurd à Bruxelles. L'œuvre de M. Reyer a trouvé à Bruxelles une interprétation digne d'elle : les rôles de Sigurd et de la Walkyrie, attribués à M. Jourdain et à Mme Caron, sont remarquablement tenus. Mme Caron a une voix chaude et bien timbrée, une prononciation d'une extrême pureté et elle donne à son rôle un cachet dramatique auquel sa jeunesse et sa beauté ajoutent un charme irrésistible. Sa place est marquée à l'Opéra de Paris).
↑Bailbé, Joseph-Marc, « Salammbô de Reyer : du roman à l'opéra », Romantisme, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 12, no 38, , p. 93–103 (DOI10.3406/roman.1982.4579, lire en ligne, consulté le ).
↑Ces musiciens qui ont fait la musique: autographes et manuscrits musicaux du XVIe au XXe siècle : Musée royal de Mariemont26 octobre 1985-31 mars 1986, Musée royal de Mariemont, Gérard Pinsart Publié par Le Musée, 1985