Roger GrosjeanRoger Grosjean
Roger Grosjean, né à Chalon-sur-Saône le et mort à Ajaccio le [1], est un archéologue français spécialiste de la préhistoire corse. Pilote de chasseIl passe sa jeunesse dans le Nord de la France (Lunéville, Briey, Lille) et à Paris. Dès 1938, il obtient son brevet de pilote civil. En 1939, il devient pilote de chasse de l'Armée de l'air et appartient, entre autres, au groupe de chasse 2/1 jusqu'à sa démobilisation en 1942. Il aura participé à la campagne de France et aura été blessé par des éclats de DCA sur son Morane 406 puis accidenté sévèrement en 1941 à la suite d'une panne moteur sur son Bloch MB 152 (convalescence en 1942)[2]. Afin de rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre, il fait croire aux Allemands qu'il est prêt à espionner pour leur compte s'ils l'aident à passer en Espagne. De là, il se fait évacuer par les Anglais et lorsqu'il atteint l'Angleterre, il révèle le stratagème[3]. Il rejoint les FAFL en août 1943 et intègre l'état-major au Deuxième Bureau et au bureau "chiffre"[2]. Tout en rendant service aux services secrets anglais (MI5) sous le pseudonyme « Fido » et dans le système Double Cross, il participe à l'effort de guerre français en travaillant au 2e bureau (sous le pseudonyme de François Perrin à partir de juillet 1944 et pour un an à Alger[2]) des FAFL où il est promu lieutenant. Pour ses faits de guerre, il reçoit un certain nombre de décorations dont la Légion d'honneur et la Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre[4]. Après un passage à la base aérienne de Meknès (Maroc) de juillet à décembre 1944, il est affecté à la base aérienne de Lille puis au ministère de l'Air à Paris en 1945 et 1946. Il quitte l'Armée de l'air en 1946. DécorationsArchéologueAprès la guerre, il s'initie à l'archéologie préhistorique, notamment avec l'abbé Breuil et Raymond Vaufrey, et entre au CNRS en 1954 où il demande un poste en Corse. Sa première mission sera de recenser et fouiller les sites, gisements et monuments pré- et protohistoriques de l'île et d'établir une classification des civilisations et cultures concernées[5],[6]. L'ethnologue Dorothy Carrington l'accompagne à Filitosa non loin de Propriano où Charles-Antoine Cesari a fait la découverte de ce site exceptionnel. Ce dernier attend l'arrivée d'un archéologue depuis 1946 pour y effectuer des fouilles. Dès 1955, Roger Grosjean y commence une campagne de fouilles qui durera dix-huit ans en tout. Il y découvre la statue-menhir Filitosa V[7] ainsi que le monument central qui comporte plusieurs autres statues-menhirs, dont la célèbre Filitosa IX[8]. La nouvelle fait sensation bien au-delà de la Corse[9]. Dès 1957, et les années suivantes, Roger Grosjean ouvre des chantiers de fouilles sur d'autres sites : Foce, Balestra, Torre, Cucuruzzu (dans l'Alta Rocca, dont la fouille sera reprise par l'un de ses collaborateurs, François de Lanfranchi), Tappa... Grâce à son travail acharné et à ses réussites, il est nommé chargé de recherche au CNRS et plus tard, directeur de recherche. À partir de 1964, il occupe également le poste de directeur du Centre de préhistoire corse. En 1964, il entreprend une campagne de fouilles sur le plateau de Cauria où découvre plusieurs statues-menhirs. En 1967, il commence des fouilles à Araghju, un monument torréen important[10]. Ses travaux sur les statues-menhirs du groupe corse et sur les sites torréens, le conduise à développer la théorie de l'invasion shardane pour expliquer l'origine de ces monuments en Corse. Selon cette théorie, les statues-menhirs et les sites torréens de Corse seraient les témoins du conflit qui aurait opposé la population autochtone à des envahisseurs, d'origine shardane, qui, après leur défaite vers 1 200 av. J.-C face à Ramsès III, se seraient dispersés sur les rivages de la Méditerranée, notamment en Corse et en Sardaigne. Cette thèse, critiquée dès son origine, mais qui connaîtra un grand succès à une période où les théories expansionnistes étaient très en vogue pour expliquer les évolutions historiques, ne sera définitivement abandonnée par la communauté scientifique qu'au début des années 1990, à la suite notamment des travaux de Gabriel Camps[11]. Son livre, La Corse avant l'histoire, sort en 1966 et cette même année, il accueille à Ajaccio le 18e Congrès préhistorique de France, dont il est le secrétaire général. En 1968, il devient le président de la Société préhistorique française et, dans son discours inaugural, il fait rejaillir l'honneur qui lui est conféré sur la Corse[12]. En 1970, il prend possession du Centre de préhistoire corse, un musée-dépôt à Sartène qui comprend une partie recherche et une partie publique. (Cette structure deviendra en 1977 le musée départemental de préhistoire corse et d'archéologie de Sartène). C'est en y travaillant en qu'il est victime d'un grave infarctus. Il meurt à Ajaccio quelques semaines plus tard, à 55 ans. En l'espace d'une vingtaine d'années, Roger Grosjean aura mené des fouilles sur une trentaine de sites corses, comprenant monuments torréens, dolmens, statues-menhirs, abris sous roche, coffres mégalithiques, et sépultures. Ses nombreux écrits - livres, plaquettes, articles, chapitres, notes, réflexions - ont été répertoriés par Gérard Bailloud en 1975 dans le Bulletin de la Société préhistorique française[13]. Publications
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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