Robert de Gravel

Robert de Gravel
Fonctions
Représentant du roi à la Diète d'Empire
(1663-1674),
ambassadeur de France en Suisse
(1676-1684).
Titres de noblesse
Seigneur de Marly
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Conjoint
Henriette de Villiers
Enfant
Jules de Gravel, marquis de Marly, seigneur de Neufmoutiers
Autres informations
Distinction
chevalier de Saint-Michel

Robert de Gravel est un diplomate et ambassadeur français, né en 1616 et mort à Soleure le .

Biographie

Robert de Gravel est issu d'une famille de diplomates. Il a commencé sa carrière dans les armées en Alsace et en Allemagne. Il a le titre de résident pour le roi à Cologne pendant l'hiver 1653, et de résident à Strasbourg de à la fin . Il surveille pour le comte de Mazarin les agissements du comte d'Harcourt, gouverneur de l'Alsace, pendant la Fronde. De Bâle, il signale à Mazarin l'arrivée de François-Paul de Lisola, venu discuter avec un officier du comte d'Harcourt. En 1654, il s'est établi à Belfort pour étudier la question de l'Alsace.

Il a été l'un des secrétaires de Mazarin, et un peu son homme d'affaires.

Robert de Gravel est envoyé à la diète de députation de Francfort après être passé chez l'électeur de Mayence, le duc de Wurtemberg, le duc de Neubourg et l'électeur de Bavière, qui sont des clients de la France. Il reçoit ses premières instructions du cardinal Mazarin en [1]. Mazarin l'a envoyé pour y rencontrer les délégués des princes et électeurs du Saint-Empire, sous prétexte d'empêcher toute infraction à la paix de Westphalie, mais en réalité pour détourner les électeurs de procéder à l'élection de l'archiduc Léopold comme roi des Romains, en prétextant qu'il n'avait pas 18 ans après la mort de son frère aîné, Ferdinand IV de Habsbourg, en . Cette manœuvre n'a pas réussi et Léopold Ier a été choisi. Il a été élu empereur du Saint-Empire romain germanique à la mort de Ferdinand III de Habsbourg malgré les intrigues du cardinal Mazarin. Il a dû signer auparavant une capitulation de 45 articles, dont l'un lui interdit de venir en aide aux Habsbourg d'Espagne dans leurs guerres d'Italie.

Il a ensuite été le représentant du roi auprès du Conseil de l'Alliance du Rhin formée de plusieurs princes et États d'Allemagne, l'archevêque de Mayence, l'archevêque de Trèves, l'archevêque de Cologne, les comte palatin du Rhin, duc de Bavière, de Juliers, de Clèves et de Mons, le roi de Suède comme duc de Brême, de Verde et seigneur de Wismar, les ducs de Brunswick et de Lunebourg, le landgrave de Hesse. Un traité a été signé entre cette alliance et Louis XIV le [2].

Robert de Gravel est à Paris au moment de la mort du cardinal Mazarin à Vincennes vers mars 1661, mais il n'a pas été mentionné dans son testament et se plaint de la médiocrité de sa fortune. Pour le rembourser des dépenses qu'il a faites pour fêter la naissance du dauphin au cours de son séjour à Francfort, le roi lui a attribué 3 000 livres d'indemnité. Il a 12 000 livres d'émoluments. En 1665, il obtient pour son frère, l'abbé Jacques de Gravel, une abbaye. Ce dernier a été envoyé comme résident auprès de l'électeur de Mayence. En 1671, Louvois lui écrit que le roi lui a attribué l'abbaye de Saint-Symphorien de Metz et lui demande de lui envoyer le nom de celui de ses enfants sur lequel il veut mettre le bénéfice. Il s'inquiète pour ses propriétés quand les troupes y logent et songe à retourner à Metz, ce que le roi lui interdit.

Il est le représentant du roi à la diète d'Empire de Ratisbonne en 1663. François-Paul de Lisola, représentant de l'empereur, se plaint de l'influence de Robert de Gravel sur les membres de la diète. Une guerre de plume a alors sévi entre les deux représentants et où Gravel a développé ses dialectique et rhétorique latine pour répondre aux pamphlets de Lisola qui avait publié contre les prétentions de Louis XIV sur les Pays-Bas espagnols : le « Bovclier D'Estat Et De Justice contre le dessein manifestement découvert de la Monarchie Universelle », en 1667. Face à l'occupation du duché de Lorraine par Louis XIV, la Diète n'a pas réagi. Lisola se plaint que les plus forts des princes allemands, les Wittlesbach de Munich, Heidelberg, Cologne, les Guelfes, les Hohenzollern, ont été gagnés par l'or du roi et par des promesses. Robert de Gravel écrit qu'il s'ennuie à Ratisbonne et demande à être envoyé à Vienne, puis comme intendant en Alsace après le départ de Charles Colbert de Saint-Marc, sans succès. Il fait des visites aux princes allemands clients de la France, et une courte visite dans sa propriété de Marly, près de Metz[3]. En 1670, il a signé avec l'électeur de Bavière Ferdinand-Marie un traité secret dans lequel des arrangements sont pris pour un règlement équitable de la succession d'Espagne et pour poursuivre en commun l'élection de Louis XIV comme empereur du Saint-Empire et de l'électeur de Bavière comme roi des Romains[4].

C'est l'intervention des troupes françaises commandées par Turenne dans le duché de Clèves, au début de la guerre de Hollande en 1674, qui va entraîner les princes allemands à accuser le roi de France de violation de la neutralité de l'Empire. Le Saint-Empire romain germanique, par la voix de la Diète d'Empire, proclame la guerre à la France le . Robert de Gravel est expulsé de Ratisbonne. Pour éviter d'être arrêté par les Lorrains et revenir en France, il est passé par la Bavière et la Suisse, avant de se rendre à Metz car des officiers impériaux avaient annoncé qu'ils avaient reçu l'ordre de brûler le village de Marly et la maison de Gravel.

Après son retour en France, Simon Arnauld de Pomponne lui écrit : « Cependant, Monsieur, je puis vous assurer de toute la satisfaction que vous trouverez dans le Roi de vos services et de la capacité et du zèle que avec lequel vous avez soutenu si longtemps ses intérêts dans la Diète ».

Il est nommé ambassadeur du roi auprès des cantons suisses en 1674. Il a réussi à maintenir les Confédérés aux côtés de la France. En 1682, pour améliorer les relations avec les cantons après le renvoi des troupes suisses en 1682, il offre une fête somptueuse pour la naissance du fils du dauphin, Louis de France.

En 1683, il a posé la première pierre de l'église des jésuites à Soleure, offerte par Louis XIV.

Famille

  • Robert de Gravel est marié à Henriette de Villiers.
    • En , il perd sa fille âgée de 14 ans. Il a alors deux fils, dont :
    • Jules de Gravel, marquis de Marly, seigneur de Neufmoutiers, secrétaire de son père à partir de 1677, qui a été appelé à diverses missions diplomatiques après la mort de son père. Il est envoyé extraordinaire en Suisse en 1684, envoyé extraordinaire auprès de l'électeur de Cologne et de l'électeur de Trèves, en 1685. En 1688, il est envoyé extraordinaire auprès de l'électeur de Brandebourg, mais après la mort de l'électeur et son successeur Frédéric Ier de Prusse ayant décidé de quitter l'alliance avec la France, il reçoit l'ordre de quitter Berlin le . Il est mort le , dans sa 72e année et son domaine de Bellevue, à Neufmoutiers-en-Brie[5],[6]. Il était marié à Marie-Thérèse Bernard du Chemin.
      • Maximilien Henri de Gravel, né à Metz ou à Saint-Symphorien[Où ?], marquis, maréchal de camp en 1745, capitaine aux Gardes Françaises, chevalier de Saint-Louis, mort à Paris le à 67 ans[7],[8] ;
      • Guillaume-François de Gravel, religieux bénédictin ;
      • Anne-Henriette de Gravel, religieuse bénédictine ;
      • Marie-Thérèse de Gravel ;
  • Jacques de Gravel, abbé d'Argentan, a été envoyé extraordinaire du roi auprès des électeurs de Trèves et de Mayence.
  • Maximilien-Henri de Gravel, abbé de Saint-Symphorien, à Metz[9].

Distinction

Il est fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel en 1670 en présence du corps diplomatique.

Notes et références

  1. Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, avec une introduction et des notes par Bertrand Auerbach, XVIII, Diète germanique, Ministère des affaires étrangères, 1912, p. 28-36).
  2. Pp. 749-750 (lire en ligne).
  3. Il avait aussi une maison à Paris près du Louvre.
  4. Marquis de Vogüé, « Villars diplomate », dans Revue des Deux Mondes, 1885, tome 70, p. 763 (lire en ligne).
  5. Maurice Pignard-Péguet, Histoire générale illustrée des départements - Seine-et-Marne, Auguste Gout et Cie, Orléans, 1911, p. 275-276 (lire en ligne).
  6. Albert Waddington, Un mémoire inédit sur la cour de Berlin en 1688, dans Revue historique, janvier-avril 1902, tome 78, p. 74-94 (lire en ligne).
  7. Pinard, Chronologie historique-militaire, contenant l'histoire de la création de toutes les charges, dignités et grades militaires supérieurs, de toutes les personnes qui les ont possédé[e][s] ou qui y sont parvenues depuis leur création jusqu'à présent, chez Claude Hersant, Paris, 1765, tome 7, p. 233-234 (lire en ligne).
  8. Table ou abrégé des 135 volumes de la Gazette de France depuis son commencement en 1631 jusqu'à la fin de 1765, tome 2, p. 200-201, Gravelle (lire en ligne).
  9. Morts, Mercure de France, octobre 1726, p. 2400-2401 (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Commission des archives diplomatiques du ministère des affaires étrangères, Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France : depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, avec une introduction et des notes par Albert Waddington, XVI, Prusse, Félix Alcan éditeur, Paris, 1901, Gravel de Marly p. XLIV-L , 221-233 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article ;
  • Bertrand Auerbach, La France et le saint Empire Romain germanique depuis la paix de Westphalie jusqu'à la Révolution française, Librairie ancienne Honoré Champion, Paris, 1912, p. 45-53, 80-87, 172-185 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article ;
  • Georges Livet, Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France des Traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, XXXe, Suisse, tome 1, Les XIII cantons, p. 81-89, éditions du Centre national de la recherche scientifique, Paris, 1983 ;
  • Édouard Rott, Histoire de la représentation diplomatique de la France auprès des cantons suisses, de leurs alliés et de leurs confédérés, Stæmpli et Cie imprimeurs, Berne, 1923, tome 8, 1676-1684 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article.

Liens externes