Robert Lindet
Robert Lindet, né le à Bernay, mort le à Paris 11e, est une personnalité politique de la Révolution française. Conseiller au procureur sous l'Ancien Régime, Lindet siège à l'Assemblée nationale législative entre 1791 et 1792, puis à la Convention nationale entre 1792 et 1795, où il vote la mort de Louis XVI et où il siège au Comité de salut public. Évincé après la réaction thermidorienne, il est brièvement ministre des Finances sous le Directoire. Il se retire de la vie politique après le coup d'État du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte. BiographieFamilleOrigines familialesRobert Lindet est issu d'une famille de la bourgeoisie commerçante. Son père Thomas Lindet, mort en 1790, est marchand de bois et négociant à Bernay. Il épouse en 1741 Anne-Marie Jouvin, fille d'un marchand. De leur union naissent cinq enfants. Son frère Robert- Thomas Lindet est également homme politique : il est élu représentant du clergé lors des États-généraux de 1789. Sa sœur Marie Anne Thérèse Lindet, née en 1751, morte en 1819, épouse en 1772 Charles Depierre de Villeneuve, lui aussi issu de la bourgeoisie marchande. Elle entretient une correspondance avec ses deux frères. Son frère François Lindet, né en 1752, mort en 1826, est membre de la société populaire de Bernay. DescendanceLe 18 floréal an VI (), alors réfugié à Caen, il épouse Marie Agathe Élisabeth Mesnil[1]. De leur union naît une fille, Élisabeth Arsenne qui épousera le 22 août 1829 Alexandre Bodin, homme politique de la Deuxième République et du Second Empire. Carrière politiqueSous l'Ancien régimeEn 1776, Robert Lindet obtient la charge de conseiller au procureur de l'élection de Bernay[2]. Mandat à la LégislativeEn septembre 1791, la France devenue une monarchie constitutionnelle en application de la constitution, Lindet est élu député du département de l'Eure, le premier sur onze, à l'Assemblée nationale législative[3]. Il siège à gauche dans l'hémicycle. En février 1792, il vote en faveur de la mise en accusation de Bertrand de Molleville, le ministre de la Marine[4]. En avril, il vote pour que les soldats du régiment de Châteauvieux, qui s'étaient mutinés lors de l'affaire de Nancy, soient admis aux honneurs de la séance[5]. En août enfin, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[6]. Mandat à la ConventionLa monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est destitué et incarcéré ainsi que sa famille à la tour du Temple. En septembre 1792, Lindet est réélu député du département de l'Eure, le troisième sur onze, à la Convention nationale, derrière François Buzot et son frère aîné Thomas[7]. Lindet siège sur les bancs de la Montagne. L'historien Bernard Gainot estime qu'il forme cependant, avec Bertrand Barère et Louis-Bernard Guyton-Morveau, un « tiers-parti » de « juristes préoccupés de la continuité de l’État ». Dès le 10 décembre 1792, il présente au nom de la Commission des Vingt-et-Un un Rapport sur les crimes imputés à Louis Capet[8]. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[9]. Le 8 mars 1793, Lindet est envoyé en mission, ainsi que son collègue Jean-Baptiste Mailhe, dans la section parisienne du Panthéon[10]. Le surlendemain, il présente à la Convention un rapport qui décrète la création du tribunal criminel extraordinaire[11]. En avril, il vote contre la mise en accusation de Jean-Paul Marat : il juge que celui-ci « s'est déclaré l'ami du peuple et l'ennemi des tyrans »[12]. En mai, il vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[13]. Le 25 mars 1793, il est élu suppléant de la Commission de salut public[14]. Le 7 avril, il est élu suppléant du Comité de salut public, mais est admis à siéger à la faveur du désistement pour des raisons de santé de Jean Antoine Debry[15]. En juin 1793, Lindet est envoyé en mission à Lyon. Il est remplacé au Comité de salut public par Jean-Baptiste-Charles Mathieu. En juillet, il est envoyé en mission, aux côtés de Jean-Michel Duroy, dans les départements de l'Eure et du Calvados en proie aux insurrections fédéralistes, et près l'armée des côtes de Cherbourg. Le 10 juillet 1793, il est réélu membre du Comité de salut public, le neuvième et dernier, par 100 voix[16]. Il y siège sans discontinuer jusqu'en vendémiaire an III (octobre 1794)[17], détenant avec Bertrand Barère le record de longévité au sein du Comité. En floréal an II (avril 1794), Lindet est élu président de la Convention. Ses secrétaires sont Pierre Pocholle, Nicolas Hausmann et Claude-Pierre Dornier[18]. Lindet ne prend pas part à l'arrestation des Indulgents, au terme de laquelle Georges Danton et Camille Desmoulins. Il ne prend pas non plus une part active à la chute de Robespierre. En revanche, Lindet siège parmi les « derniers Montagnards ». La quatrième sans-culottide an II (20 septembre 1794), il prononce un discours dans lequel il prône l'unité et fait adopter une batterie de décrets qui assouplissent les mesures révolutionnaires[19]. Il se solidarise avec ses collègues Barère, Billaud-Varenne et Collot-d'Herbois, inculpés pour leurs responsabilités au Comité de salut public. Le 9 prairial an III (), il est décrété d'arrestation, ainsi que ses anciens collègues du Comité de salut public, Jeanbon Saint-André, et les membres du Comité de Sûreté générale de l'an II (Joseph-Nicolas Barbeau-Dubarran, André-Antoine Bernard « de Saintes », Jacques-Louis David, Grégoire Jagot, Élie Lacoste, Louis-Charles de Lavicomterie, et Jean-Henri Voulland). Il bénéficie de l'amnistie votée lors de la séparation de la Convention[20]. DirectoireSon élection au Conseil des Cinq-Cents en octobre 1795 par les départements du Nord et de la Seine, sont invalidées, car il a été déclaré inéligible. Il bénéficie de l'amnistie du 26 octobre 1795, mais refuse ensuite les postes qu'on lui propose. Impliqué dans la conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf, il se réfugie à Caen. Il est acquitté par la Haute-Cour de Vendôme[21]. Il est élu député par l'Eure et par la Seine aux élections législatives de 1798, mais son élection est de nouveau invalidée par la loi du 22 floréal an VI. Ministre des Finances du 27 thermidor an VII () au coup d'État du 18 Brumaire de Napoléon. Du Consulat à la RestaurationRobert Lindet quitte la vie politique après le coup d’État de Napoléon Bonaparte et reprend son activité d'avocat. Il ne signe pas l'Acte additionnel lors des Cent-Jours. Aussi, bien qu'il ait voté en faveur de la mort de Louis XVI, il n'est pas frappé par la loi du 12 janvier 1816 et n'est pas contraint à l'exil. Il meurt à Paris et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Écrits
HommagesUne rue de Bernay, surnommée « rue des révolutionnaires », porte son nom, ainsi que deux voies parisiennes situées dans le 15e arrondissement, la rue Robert-Lindet et la villa Robert-Lindet. Robert Lindet dans les arts et la littérature
Notes et références
Bibliographie
Liens externes
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