Charles-François Lebrun
Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, né le à la Bouchelière, hameau de Saint-Sauveur-Lendelin dans le diocèse de Coutances (Manche), et mort le à Sainte-Mesme (Yvelines) est un homme d'État français. D'abord député du tiers état, il siège à l'Assemblée nationale constituante à partir de 1789. Lebrun occupe ensuite la fonction de troisième consul de la Première République et devient prince-architrésorier du Premier Empire dès 1804. BiographieJeunesse et période précédant la RévolutionQuatrième fils de Paul Lebrun ( - ), petit propriétaire exploitant (pour qui il achètera en 1777 la charge de secrétaire du roi près le parlement de Grenoble) et de Louise Le Crosnier ( - ), Charles-François est éduqué comme ses sept autres frères par un abbé et une parente leur donnant les bases d'une instruction, avant de l’envoyer au collège de Coutances, puis au Collège des Grassins, composante de l'ancienne Université de Paris qui accueille principalement des jeunes gens du diocèse. Il y apprend le latin, le grec, l’italien, l’espagnol et l’anglais, langues qu’il parle couramment à l’âge de 20 ans. Il poursuit ensuite des études de philosophie au collège de Navarre, autre composante de l'Université de Paris. Découvrant Montesquieu, il souhaite ardemment étudier la constitution du royaume de Grande-Bretagne. Pour cela, il part dans un long périple le menant en Belgique, en Hollande et arrive enfin en Angleterre en 1762. Il assiste régulièrement aux séances du Parlement et apprend à apprécier ce système qu’il aurait aimé pouvoir adapter à la France. De retour en France, il entreprend des études de droit auprès du professeur Lorry, qui le présente au premier président du parlement de Paris, René Nicolas de Maupeou, par qui il est engagé comme précepteur pour son fils aîné. Durant cette période il traduit l'Iliade d’Homère, plus tard il traduit aussi l'Odyssée[1]. Grâce à la bienveillance de Maupeou, Lebrun est nommé censeur royal dès 1765. Maupeou est nommé chancelier en 1768. Lebrun achète alors un office de payeur des rentes[2]. De 1771 à 1774, Maupeou réforme la justice. Lebrun qui est son secrétaire rédige les préambules des édits, à tel point que l’on dit : « Que serait Maupeou sans Lebrun ? ». Il est alors "inspecteur du domaine de la Couronne", qualité qu'il déclare lors de son mariage en 1773 avec Anne Delagoutte, fille d'un avocat au Parlement de Paris[3],[4]. La disgrâce de Maupeou, venant avec la mort de Louis XV, entraîne celle de Lebrun, mais aussi l’arrêt de la réforme et donc le rétablissement des parlements. Bien que suivant son protecteur dans sa disgrâce, Lebrun conserve ses revenus et se lance dans l’écriture. Il publie peu après une traduction du Tasse : La Jérusalem délivrée. La légende veut que ce livre ait fait partie des lectures de Bonaparte encore à Brienne. En 1779, il achète le château de Grillon[5], près de Dourdan, ancienne demeure de Jean-François Regnard. Il s’y retire souvent loin de l’agitation parisienne, pour vivre selon les principes de Rousseau. Il faut attendre le gouvernement de Necker pour que l’on refasse un peu appel à lui mais seulement en tant que conseiller et sûrement par amitié de la part de Necker. De la Révolution au 18 brumaireEn 1789, peu avant la Révolution, il publie La voix du Citoyen, livre que certains qualifient de prémonitoire sur la suite des événements. Le 1789, il est élu député du tiers-état du bailliage de Dourdan aux états généraux. À cette occasion, il renonce à ses privilèges «pécuniaires et onéreux pour le tiers état». Le , il prête le Serment du jeu de paume. Il s’investit beaucoup dans la fonction de député : nommé membre du comité des contributions de la Constituante, il en est le rapporteur ; il est également rédacteur de nombreux projets de loi. Il fait en sorte de n'adhérer à aucun club et par conséquent de rester indépendant. Ceci lui vaut l'amitié de nombreux députés modérés, à tel point qu’il est proposé à la présidence de l'assemblée, mais il est battu par l'abbé Montesquiou. À la suite de la dissolution de l'assemblée constituante, le , et de l'impossibilité pour ses députés de se représenter pour un mandat de député, il retourne dans son département de Seine-et-Oise dont il devient président du directoire. L’année 1792 marque un tournant, avec l'assassinat du maire d'Étampes, Simonneau, puis le pillage des appartements du roi par la foule le . À la suite d'une intervention à la tribune de l’assemblée, le faisant taxer de « fougueux modéré » ou d’« aristocrate forcené » par les Jacobins, il sent la tension monter et préfère démissionner de son poste de directeur et se retire une nouvelle fois à Dourdan le 7 août. La prise des Tuileries le , le choque particulièrement, lui qui reste royaliste. Vers la fin août, il est désigné, par la population de Dourdan qui continue de l’estimer, pour faire partie du collège électoral chargé d’élire les députés de Seine-et-Oise à la Convention. Poussé par ses compatriotes, il accepte de se présenter, ce qui déclenche une nouvelle cabale contre lui. Il est arrêté à deux reprises durant la Terreur :
Après le coup d'État du 9 Thermidor et l'installation du Directoire, il est élu au Conseil des Anciens. Royaliste modéré, il y est considéré comme un spécialiste des questions financières. Il prône notamment la réconciliation nationale ou l’amnistie des émigrés, en s’opposant par exemple aux proscriptions décrétées après le coup d'État anti-royaliste de fructidor. Le 18 brumaire et ses suitesSous le Consulat, le 13 décembre 1799, il devient troisième consul, particulièrement chargé des finances. Avec Bonaparte et Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, il est l’un des fondateurs de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. C’est donc tout naturellement qu’il devient ensuite prince-architrésorier du Premier Empire, en 1804. Napoléon Ier le fait Grand aigle de la Légion d'honneur ([6]), duc de Plaisance en 1806 et en 1807, il participe à la création de la Cour des comptes. En 1810, il est chargé d’organiser le rattachement à la France du royaume de Hollande mais devant l'échec de Lebrun, l'empereur doit finalement envoyer Pierre-François Réal pour rétablir le calme[7]. Il s'éprend vers 1810 - 1811 de la marquise génoise et comtesse d'Empire : Anna Pieri Brignole Sale d'une des premières maisons de Gênes qui avait donné de nombreux et prestigieux doges à la République. Elle est veuve depuis peu et remarquable tant par ses charmes que par son esprit. Son fils Anton Brignole Sale est ministre d'État et elle, suivante de l'impératrice. Le mariage projeté ne se fait pas à cause du fils de Lebrun qui demande à l'empereur de s'y opposer arguant d'une certaine légèreté de Madame de Brignole envers les hommes[8]. Lors de la chute de Napoléon, il est nommé pair de France par Louis XVIII. Il accepte pendant les Cent-Jours la charge de grand maître de l’Université, ce qui le prive de la pairie lors du retour de la monarchie. Il se retire alors dans son château de Sainte-Mesme, où il meurt à l’âge de 85 ans. Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. HommagesLe nom de Charles-François Lebrun a été donné au lycée de Coutances et sa statue se trouve non loin de la cathédrale. Un vitrail de l’église de Saint-Sauveur-Lendelin célébrant la participation de Lebrun à l'élaboration du concordat et à la paix religieuse, a été inauguré en septembre 2002, ainsi qu'un monument situé dans le village. Un portrait en habit d'architrésorier est exposé dans la Mairie, un portrait en pied par Robert Lefèvre est conservé au musée de Coutances, un autre orne la salle Lebrun de la Cour des Comptes. Le Grand Dictionnaire Encyclopédique du XIXe siècle fournit la conclusion d'une brève biographie de Lebrun : « Il est un des hommes de la Révolution dont l'élévation a été la plus surprenante, car elle ne fut l'œuvre ni de l'ambition, ni de l'intrigue. Comblé de faveurs (…), il sut toujours garder son indépendance et son franc-parler. C'était l'homme de la modération ». Union et postéritéLe frère ainé de Charles-François Lebrun est Jean-Baptiste Lebrun ( - Saint-Sauveur-Lendelin † - Paris), est député de la Manche (1800), sénateur (1803), comte de Rochemont et de l'Empire (), pair de France.
IconographieLe buste de Lebrun en habit consulaire apparaît, aux côtés de ceux de Bonaparte et de Cambacérès, sur une célèbre médaille réalisée par le graveur Romain-Vincent Jeuffroy en 1802. Il s'agit d'une commande du Corps législatif destinée à commémorer les premiers succès du consulat. Le revers porte la légende : "paix intérieure, paix extérieure". Plusieurs exemplaires de cette médaille sont conservés au musée Carnavalet.
Notes et références
Voir aussiSources
Bibliographie
Article connexeLiens externes
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