Religion étrusqueLa religion étrusque comprend un ensemble d'histoires, de croyances et de pratiques religieuses de la civilisation étrusque, qui remonte au VIIe siècle av. J.-C. de la culture villanovienne de l'âge du fer précédente, fortement influencée par la mythologie de la Grèce antique et de la Phénicie, et partageant des similitudes avec la mythologie et la religion romaines. Les cités étrusques ayant été intégrées à la République romaine au IVe siècle av. J.-C., la religion et la mythologie étrusques ont été partiellement intégrées à la culture romaine classique, suivant la pratique romaine consistant à absorber certains des dieux locaux et les coutumes des terres conquises. CroyancesMalgré une somme considérable de travaux, la religion étrusque reste obscure. L'essentiel de la documentation la concernant se trouve chez des auteurs latins, à partir du premier siècle avant notre ère, qui ont souvent « alourdi, gauchi la tradition » qu'ils voulaient sauver[1]. Les études s'étendent sur ce qui est le mieux connu, c'est-à-dire l'art divinatoire qui a particulièrement intéressé les érudits romains aux dépens de la théologie et des fêtes du calendrier qui sont pratiquement ignorées[1]. Georges Dumézil rappelle enfin que « c'est une gageure de vouloir décrire la religion d'un peuple dont on ne peut lire aucun texte, qu'aucun auteur ancien n'a essayé de caractériser dans son ensemble... »[1]. Le système de croyance étrusque était un polythéisme immanent, c'est-à-dire que tous les phénomènes visibles étaient considérés comme des manifestations du pouvoir divin et que ce pouvoir était incarné par des divinités agissant continuellement sur le monde mais pouvant être dissuadées ou persuadées par des hommes mortels. Sénèque dit, bien après l'assimilation des Étrusques, que la différence entre les Romains et les Étrusques était que :
MythologieLa mythologie étrusque est abordée par Tite-Live qui nous a laissé le témoignage de la profonde religiosité du peuple étrusque : « L'Étrurie […] tenait plus que toute autre nation à l'observation des rites religieux »[3]. En effet, il n'est rien qui ne fût religieux dans leur culture, en dépit de l'amour pour la vie qu'ils manifestaient, jusque sur les peintures de leurs tombes. La mythologie chez les Étrusques est née de la révélation faite aux hommes par la nymphe Bégoé, ou Végoia, et le génie Tagès. La première était liée à la fertilité et les rituels (consignés dans un traité) dépendaient de celle-ci. Le second passait pour être un enfant chauve, enfant-vieillard, sorti d'un sillon de la terre. Cette révélation, aux dires des anciens, a été consignée dans le corpus des livres sacrés, sous le nom d’Etrusca disciplina. Ce thème de la révélation d'un « livre saint » ou d'une doctrine secrète par un être surnaturel n'est pas rare et est attesté en Égypte et en Mésopotamie, en Inde et au Tibet. Ce fait devint même populaire à l'époque hellénistique et le scénario du puer aeternus (enfant éternel) qu'est Tagès rappelle l'hermétisme. Cicéron précise que les Grecs l'assimilaient à Hermès chthonien (Hermès Trismégiste).
Etrusca disciplinaLes Anciens nommaient Etrusca disciplina (c'est-à-dire la «science étrusque» en latin) l'ensemble des rites consignés dans différents traités religieux[4], dont aucun texte original en langue étrusque ne nous est parvenu. Notre connaissance provient uniquement des auteurs latins, et ce qu'ils en ont dit permet toutefois d'avoir la certitude qu'ils ont existé. Selon les auteurs anciens, il existait trois catégories de rites. Les deux premières traitaient de l'art de la divination, tant à travers l'examen des viscères d'animaux sacrifiés que des foudres. La troisième, moins homogène, concernait les rites à observer (cultes pour la fondation des villes, la consécration des sanctuaires, etc.) mais aussi des ouvrages plus spécialisés se rapportant au monde d'outre-tombe ou encore au destin et aux limites de la vie. les Libri haruspicini (livres de l'haruspicine)Attribués à Tagès et complétés par les Libri fatales. La théorie des Haruspices ou Haruspucine, ou Haruspicie selon d'autres, soit la lecture des entrailles des victimes sacrifiées, présuppose la correspondance entre trois niveaux différents : le divin, le cosmique et l'humain. Chaque portion de l'organe examiné indique une décision divine prédisant un évènement historique imminent. Il existe un modèle de foie de mouton en bronze, découvert à Plaisance en 1877, servant de maquette comportant les noms d'une quarantaine de dieux, datant du IIIe ou IIe siècle av. J.-C. et représentant la structure du monde et la distribution du panthéon. les Libri fulgurales (livres des foudres)attribués à Végoia, dont on a connaissance par Sénèque et Pline. La doctrine des foudres exposait la signification des coups de tonnerre pour chaque jour de l'année. La foudre tirait en outre sa signification selon la portion du ciel d'où elle provenait et où elle tombait. Le ciel, divisé en seize sections constituait donc un langage virtuel, lui-même constitué par les phénomènes météorologiques qui s'y produisaient. Onze types de foudres étaient répertoriés, maniés par différents dieux. Aussi le message était-il à chaque fois différent et il incombait aux spécialistes qu'étaient les haruspices de l'interpréter. On peut y voir des analogies avec la doctrine chaldéenne et y percevoir une influence des Meteorologica du pseudo-Aristote. Le schéma fondamental est cependant archaïque et repose sur le binôme macrocosme/microcosme. les Libri rituales (livres rituels)
Le règne de l'au-delàLes Enfers étrusques sont originaux, car bien qu'étant définis au départ comme un lieu terrible gardé par des monstres, on trouve au IVe siècle av. J.-C. des tombeaux ornés de scènes joyeuses tels que des banquets, des danses ou des parties de chasse. Ces enfers communiquaient avec le monde des vivants grâce au mundus. Il n'est cependant pas simple de reconstituer les croyances sur l'existence d'outre-tombe. Les inscriptions funéraires indiquent seulement la parenté maternelle du défunt, et la mère semble avoir été considérée moins comme une personnalité individuelle que comme un membre de référence de sa lignée. Les fresques des tombes étrusques s'inspirent alors de l'art grec, pour représenter ce qui a pu être compris comme des images des Enfers. Mais en réalité, il s'agirait plutôt d'images de la vie des Étrusques, qui accompagneraient le mort, un peu comme on peut le voir en Égypte. Le défunt arrive dans le monde des morts à cheval, est accueilli par un groupe de personnages qui sont probablement ses ancêtres, un banquet l'attend, festin présidé par la version étrusque de Hadès et Perséphone. Toute une variété de démons sont présents, qui ne sont pas d'origine grecque. La divinité psychopompe (chargée de transporter le défunt jusqu'aux Enfers) a été appelée a posteriori Charun, (en référence au Charon grec dont il partageait la tâche). Représenté avec un visage bleu, il assommait le défunt au moyen d'une lourde masse, afin que celui-ci ne puisse tenter de s'échapper jusqu'à être enfermé aux Enfers. Correspondance dans les mythologies grecque et romaineIssues de la mythologie grecque les divinités étrusques seront ensuite adoptées dans la mythologie romaine (un des nombreux apports des Étrusques aux Romains). Le panthéon étrusque
Les douze dieux principaux, rapidement identifiés avec les douze dieux de l'Olympe hellénique, constituaient le second rang de la hiérarchie céleste dans les croyances religieuses des Étrusques. Le premier rang en effet était occupé par des divinités mystérieuses, impénétrables, dont on ne connaît ni le nom ni le nombre, dont il n'existe nulle représentation. On les désignait par des termes vagues, généraux, de « dieux voilés » (dii involuti). Les divinités mineuresLe troisième rang était constitué par des divinités qu'on ne pouvait classer dans les deux autres catégories : les divinités infernales. Venaient enfin le monde des esprits, des démons, des êtres surnaturels, médiateurs entre les hommes et les dieux, innombrables. On les désignait du nom de Pénates, de Lares, de Mânes, ou plus largement de Génies.
Notes et références
Auteurs anciens et sources qui ont laissé des témoignages concernant les Étrusques à ce sujet :
Il faut leur ajouter Hérodote, Tite-Live, Varron et Denys d'Halicarnasse. Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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